Poèmes à télécharger / Poems to

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Poèmes à télécharger / Poems to
EMMANUEL CHABRIER
Les Mélodies - The Songs
1C1144
Poèmes
Poems
LE SENTIER SOMBRE
M. de la Renaudie
1 THE DARK PATH
M. de la Renaudie
II est un sentier sombre au fond de nos vallées
Où chaque soir
Je viens m’asseoir.
Et là je me souviens des heures envolées.
Alors mon cœur
S’ouvre au bonheur,
There is a dark path deep in the valley
Where every evening
I come to sit
And there I remember those vanished hours
And then my heart opens
To happiness,
Car tous mes souvenirs sont pleins de ta personne.
Et je te vois
J’entends ta voix.
À ce double plaisir mon âme s’abandonne
Comme aux beaux jours
De nos amours.
For all my memories are full of you.
And I can see you
I can hear your voice.
To this twofold pleasure my heart abandons
Like during those beautiful days
Of our love.
L’ÎLE HEUREUSE
E. Mikhaël
2 THE HAPPY ISLE
E. Mikhael
Dans le golfe aux jardins ombreux,
Des couples blonds d’amants heureux
Ont fleuri les mâts langoureux
De ta galère.
Et caressé de doux été,
Notre beau navire enchanté.
Vers des pays de volupté
Fend l’onde claire !
In the bay of shaded gardens
Happy golden-haired lovers
Have flowered the languorous masts
Of your galley.
And caressed by the soft summer
Your beautiful enchanted ship
Towards voluptuous shores
Cleaves through the clear waves!
Vois, nous sommes les souverains
Des lumineux déserts marins.
Sur les flots ravis et sereins
Berçons nos rêves !
Tes pâles mains ont le pouvoir
D’embaumer au loin l’air du soir,
Et, dans tes yeux, je crois revoir
Le ciel des grèves !
You see we are the sovereigns
Of the bright sea deserts
On the gentle delighted waves
Let us rock our dreams!
Your pale hands have the power
To embalm the far off evening air
And, in your eyes, I believe I can see again
The stranded sky!
2
Mais là-bas, là-bas au soleil,
Surgit le cher pays vermeil
D’où s’élève un chant de réveil
Et d’allégresse.
C’est l’île heureuse aux cieux légers
Où, parmi les lys étrangers,
Je dormirai, dans les vergers,
Sous ta caresse !
LIED
Théodore de Banville
But over there, over there in the sun
The vermeil country comes into view
From where awaking
And rejoicing song pours forth
It is the happy isle of light skies
Where among the exotic lilies
I will sleep in the orchards
Under your caress!
3 LIED
Theodore de Banville
Avec ces traits harmonieux, pareils
A ceux des nymphes pures,
Et ce teint rose, et ces anneaux vermeils
Entre les chevelures,
Avec les noirs sourcils, et les grands cils
Dont l’ombre solennelle
Se joue, orgueil de tes regards subtils.
Sur ta vague prunelle.
Ta beauté, Lys exalté, vêtement
Joyeux que rien n’offense,
Garde malgré l’épanouissement,
Comme un duvet d’enfance.
SÉRÉNADE
A. de Chatillon
With the delicate features
Of a nymph, your pink carnation, and the
Gilded silver rings
Among your locks,
The sombre shadows of your dark brow
And your long lashes
Play on the pride of the discerning look
In your faraway eyes
Joyfully dressed, your beauty, wild lily,
Which nothing can offend,
Retains, despite its blossoming,
Something of a childhood’s down.
4 SERENADE
A. de Chatillon
La plus charmante femme,
C’est bien vous, Ô madame.
Belle de traits et d’âme,
Bonne toujours !
Ô reine dont l’empire
Est dans votre sourire,
Je chante pour vous dire
Régnez, régnez toujours !
The most charming woman,
Is you of course oh my Lady.
Beauty of features and of soul,
Always so good!
Oh queen whose empire
Is in your smile,
I sing to tell you
Reign, Reign forevermore!
Quand je vous ai surprise,
L’autre soir à l’église,
Près d’un pilier assise,
Riant toujours !
La nef était bien sombre,
Mais la foule, dans l’ombre,
When I caught you.
The other evening at church,
Sitting near a pillar
Laughing as always!
The nave was so dark
But the crowd, in the shadows
3
Fixait ses yeux sans nombre
Sur vous, sur vous toujours !
Fixed their gaze
On you, forever on you!
La nuit quand le vent pleure,
Devant votre demeure,
Je vais, n’importe l’heure,
Rêver toujours !
A votre porte close,
Triste je me repose
Un instant, car je n’ose
Rester, rester toujours !
At night when the wind cries.
In front of your house.
Always to dream,
I come at any hour.
In front of your closed door
I sadly rest
Just for a moment, for I dare not
Stay, stay forever!
CHANSON POUR JEANNE
Catulle Mendès
5 SONG FOR JOAN
Catulle Mendes
Puisque les roses sont jolies,
Et puisque Jeanne l’est aussi,
Tout fleurit dans ce monde-ci,
Et c’est la pire des folies
Que de mettre ailleurs son souci,
Puisque les roses sont jolies,
Et puisque Jeanne l’est aussi !
Since roses are pretty
And so is Joan
Everything blooms in this world
So it’s madness
To think of, anything else,
Since roses are pretty
And so is Joan!
Puisque vous gazouillez, mésanges,
Et que Jeanne gazouille aussi,
Tout chante dans ce monde-ci,
Et les harpes saintes des anges
Ne feront jamais mon souci,
Puisque vous gazouillez, mésanges,
Et que Jeanne gazouille aussi !
Since you warble, blue-tits.
And so does Joan.
Everything sings in this world
And the angel’s saintly harps
Will never be my concern,
Since you warble blue-tits
And so does Joan!
Puisque la belle fleur est morte,
Morte l’oiselle, et Jeanne aussi...
Rien ne vit dans ce monde-ci !
Et j’attends qu’un souffle m’emporte
Dans la tombe, mon seul souci...
Puisque la fleur est morte,
Morte l’oiselle, et Jeanne aussi !
Since the beautiful flower is dead.
Dead is the bird and Joan too
Nothing lives in this world!
And I’m waiting for my last breath
To take me to grave, my only concern...
Since the flower is dead,
Dead is the bird and Joan too...!
4
COUPLETS DE MARIETTE
Victor de Laprade
6 MARIETTAS SONG
Victor de Laprade
Son absence me désespère,
Et je la vois avec frayeur, avec terreur !
Mais, malgré tout, son image si chère
Sera toujours présente dans mon cœur.
Ah ! douleur amère, malgré moi je sens
Malgré moi je sens mon cœur se serrer.
Toi, toi, toi qui depuis quinze ans
Fut tout pour moi sur terre
Il faut nous séparer.
Nous séparer, hélas, nous séparer.
His absence sorrows me
And I feel it with fear, with terror
But in spite of all, his image so dear
Will always be present in my heart.
Oh! bitter pain, in spite of myself I feel
In spite of myself feel a pang of anguish
You, you, you, who for fifteen years
Meant everything on earth to me
We must part.
Must part, alas must part.
Chaque matin dans ma chaumière
En pleurant je dirai de toi : il pense à moi
Et chaque soir à Dieu dans ma prière
Je confierai mon amour et ma foi
Ô douleur amère, malgré moi je sens
Malgré moi je sens mon cœur se serrer;
Toi, toi, toi qui depuis quinze ans
Fut tout pour moi sur terre,
Il faut nous séparer
Nous séparer, hélas, nous séparer.
In my cottage, every morning
While I cry, I’ll say of you: He’s thinking of me
And every evening in may prayers to God
I’ll confide my love and my faith
Oh bitter pain, in spite of myself I feel
In spite of myself I feel a pang of anguish
You, you, you, who for 15 years
Meant everything on earth for me
We must part
Must part, alas must part.
LES SOLDAT DU ROI
Georges Briant
7 THE KING’S SOLDIER
Georges Briant
Pour rejoindre son régiment
Un jeune et beau capitaine
Chevauchait chantant gaîment
Sur les routes d’Aquitaine ;
Voit la Margotton en passant
La trouve jeune et belle ;
Lui glisse un coup d’œil caressant
Et tendrement l’interpelle :
— Je suis un soldat du Roi
La belle, voulez-vous de moi ? (bis)
To join his regiment
A handsome young captain
Sang gaily while riding
Along the roads of Aquitaine;
He sees Margotton passing by
He finds her young and pretty
And with a twinkle in his eyes
Softly questions her:
I am the king’s soldier
Pretty one, will you have me ? (repeat)
Margot, levant ses jolis yeux,
Lui répond par un sourire
Qui, pour notre homme, vaut bien mieux
Que ce qu’elle pourrait dire.
Le beau capitaine aussitôt
Margot raising her pretty eyes
Answered him with a smile
Which for our man meant much more
Than she could say.
The handsome captain
5
Descend de sa monture
Et prend deux baisers à Margot
Qui rougit de l’aventure :
— Holà ! beau soldat du Roi
Vraiment, vous abusez de moi. (bis)
Jumped down from his horse
And stole two kisses from Margot
Who blushed from the adventure:
— Hey stop! handsome Captain
Really you take advantage (repeat)
De son légitime émoi
La belle est remise à peine
Que déjà le soldat du Roi
galope dans la plaine.
Et Margot, l’air désespéré
S’en va, sous les grands charmes,
— Sur son pauvre cœur déchiré
Verser d’abondantes larmes, (bis)
From her genuine emotion
The beauty has hardly recovered
When the king’s soldier is
Already galloping across the plain.
And Margot with a sorrowful air
Walks away under the great charm
And on her poor broken heart
Sheds many a tear, (repeat)
Braves gens, ne maudissez pas
Le jeune et beau capitaine
Qui chevauche gaîment là-bas
Sur les routes d’Aquitaine ;
Car, la Margotton, sûrement
Trouvera, je le gage,
Pour se consoler un amant
Parmi les gars du village :
— Margot saura, croyez-moi,
Oublier le soldat du Roi ! (bis)
Brave folk, don’t curse
The handsome young soldier
Gaily riding there
Along the roads of Aquitaine
For, Margoton will surely
Find, I wager
A lover to console her
Among the village lads:
Believe me Margot will,
Soon forget the King’s soldier! (repeat)
QUE LES AMANTS ONT DE PEINES !
8 WHAT SORROWS LOVERS HAVE!
Là-bas, dans les verts prés
Y a-t-un’ claire fontaine.
Où s’en vont les amants
Pour y conter leurs peines,
Oh ! oh ! que les amants.
Les amants ont de peines
Oh ! oh ! que les amants
Ont de peine en aimant !
Over in the green meadows
There is a clear fountain
Where lovers go
To tell their sorrows
Oh, what sorrows
Do Lovers have
Oh, what sorrows
Do lovers have in loving !
6
L’INVITATION AU VOYAGE
Charles Baudelaire
9 INVITATION TO TRAVEL
Charles Baudelaire
Mon enfant, ma sœur,
Songe à la douceur
D’aller là-bas vivre ensemble !
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble !
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes.
My child, my sister,
Think of the pleasure
Of living over there together!
To love at leisure
To love and to die
In the country which resembles you
The watery suns
Of the cloudy skies
In my mind have the
Mysterious charms
Of your treacherous eyes,
Shining through their tears
Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
There, all is but order and beauty
Luxury, clam and voluptuousness.
Vois sur ces canaux
Dormir ces vaisseaux
Dont l’humeur est vagabonde ;
C’est pour assouvir
Ton moindre désir
Qu’ils viennent du bout du monde.
Les soleils couchants
Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
D’yacinthe et d’or ;
Le monde s’endort
Dans une chaude lumière !
You can see on the canals
The vessels sleeping
They are in an idle mood
It is to grant
Your every wish
That they come from the end of the world
The setting suns
Cover the fields
The canals, the whole town,
In hyacinth and gold;
Everyone falls asleep
In a warm light!
Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
There all is but order and beauty
Luxury, calm and voluptuousness
LIED
Catulle Mendès
10 LIED
Catulle Mendès
Nez au vent, cœur plein d’aise,
Berthe emplit, fraise à fraise,
Dans le bois printanier,
Son frais panier.
Walking aimlessly, light-heartedly
In the spring woods
Berthe fills one by one with strawberries
Her fresh basket.
7
Les déesses de marbre
La regardent sous l’arbre
D’un air plein de douceur,
Comme une sœur,
The marble goddesses
Look at her gently
Under the tree
As upon a sister
Et, dans de folles rixes,
Passe l’essaim des Nixes
Et des Elfes badins
Et des Ondins.
And fighting wildly
A swarm of nymphs pass by
And playful Elves
And water sprites.
Un Elfe dit à Berthe :
«Là-bas, sous l’ombre verte,
Il est, dans les sentiers,
De beaux fraisiers.»
An Elf tells Berthe :
«Over there in the green, shade,
Along the paths there are
Some lovely strawberries.»
Un Elfe à la moustache
Très fine et l’air bravache
D’un reître ou d’un varlet.
Quand il lui plaît.
An Elf with a fine moustache
And a courageous air of
A ruffian or a menial servant
When it pleases him.
«Conduisez-moi, dit Berthe,
Là-bas, sous l’ombre verte,
Où sont, dans les sentiers,
Les beaux fraisiers !»
«Lead me» said Berthe,
In the green shade
Yonder to the paths
Of the lovely strawberry plants!»
Leste comme une chèvre,
Berthe courait. «Ta lèvre
Est un fraisier charmant,»
Reprit l’amant.
Berthe ran
As nimble as a goat. ‘Your lips
Are a charming strawberry,
The lover continued.
«Le baiser, fraise rose,
Donne, à la bouche éclose
Qui le laisse saisir,
Un doux plaisir !»
«A kiss, strawberry rose
Gives to the ripened mouth
Which receives it
A gentle pleasure»!
«S’il est ainsi, dit Berthe,
Laissons sous l’ombre verte,
En paix, dans les sentiers,
Les beaux fraisiers !»
«If that is so, said Berthe;
Let’s leave in peace
The lovely strawberry plants
Along the paths in the green shadow!»
8
RONDE GAULOISE
J’ai vu la fille du meunier
Ô gué
Comme elle est belle
Ô gué
Avec son ruban de dentelle
Qui voltige au vent printanier.
11 GALLIC ROUND
I saw the miller’s daughter
Fa la la
How pretty she is
Fa la la
With her lace ribbon
Flying in the spring breeze
J’ai vu la fille du meunier
Ô gué
La belle fille
Ô gué
La belle fille chantait
Le long de la charmille.
CHANTS D’OISEAUX
Victor de Laprade
I saw the Miller’s daughter
Fa, la, la
The pretty maid
Fa, la, la
The pretty maid was singing
Along the tree-covered walk
12 BIRD SONG
Victor de Laprade
Quand nous chantons nos amours,
Les vieux chênes sont-ils sourds ?
Non sans doute.
Mais à leurs pieds par bonheur,
Dans l’ombre, un beau promeneur
Nous écoute.
When we sing our love songs
Are the old oak trees deaf?
Surely not.
But by luck at their feet
In the shade, a handsome stroller
Listens to us.
On le devine à ses yeux,
C’est un amant soucieux,
Las d’attendre.
Charmez, oiseaux, son ennui,
Trouvez un chant pour lui.
Vif et tendre.
We can tell by his eyes
He is a troubled lover
Bored with waiting
Charm, birds, his boredom
Find a song for him
Lively and tender.
Battez de l’aile, on entend
Deux soupirs à chaque instant
Se confondre.
Voilà, voilà le fruit d’un baiser.
Il va sans plus s’abaisser
Vous répondre !
Flap your wings, your can hear
Two sighs
Joining at each moment
Here, here the kiss bears fruit
No longer humble
He will answer you.
9
BALLADE DES GROS DINDONS
Edmond Rostand
13 THE BALLAD OF THE FAT TURKEY COCKS
Edmond Rostand
Les gros dindons, à travers champs,
D’un pas solennel et tranquille,
Par les matins, par les couchants,
Bêtement marchent à la file.
Devant la pastoure qui file
En fredonnant de vieux fredons,
Vont en procession docile
Les gros dindons !
With a calm and solemn step
Mornings and evenings
The fat turkey cocks
Are walking stupidly in line
Past the spinner who hums
An old tune.
The fat turkey cocks
Walk in a docile procession.
Us vous ont l’air de gros marchands
Remplis d’une morgue imbécile,
De baillis rogues et méchants
Vous regardant d’un œil hostile ;
Leur rouge pendeloque oscille ;
Ils semblent parmi les chardons,
Gravement tenir un concile,
Les gros dindons !
They look like prosperous tradesmen
Filled with stupid pride
They eye you with the scornful look
Of roguish and nasty bailiffs;
Their red wattle flapping
Among the thistles they seem
To be gravely holding council.
The fat turkey cocks!
N’ayant jamais trouvé touchants
Les sons que le rossignol file,
Ils suivent, lourds et trébuchants,
L’un d’eux, digne comme un édile ;
Et lorsqu’au lointain campanile
L’angélus fait ses lents din ! don !
Ils regagnent leur domicile,
Les gros dindons !
Never being moved by the
Nightingale’s song
They follow with heavy and tottering steps
One of them, as dignified as a town councillor
And when from the distant bell-tower angelus
Rings its slow ding dong
They arrive home.
The fat turkey cocks!
Prud’hommes gras, leurs seuls penchants
Sont vers le pratique et l’utile,
Pour eux, l’amour et les doux chants
Sont un passe-temps trop futile,
Bourgeois de la gent volatile,
Arrondissant de noirs bedons.
Ils se fichent de toute idylle,
Les gros dindons !
Fat and pompous their only likeness is
For the practical and the useful
For them, love and warbling are too
Futile a pastime
Bourgeois of the feathered creatures
With their black potbellies
They have no care for an idyll
The fat turkey cocks!
10
LES CIGALES
Rosemonde Gérard
14 THE CICADAS
Rosemonde Gérard
Le soleil est droit sur la sente,
L’ombre bleuit sous les figuiers.
Ces cris au loin multipliés,
C’est midi qui chante !
Sous l’astre qui conduit le chœur,
Les chanteuses dissimulées
Jettent leurs rauques hululées
De quel infatigable cœur !
The sun shines along the footpath
The shade turns blue under the hg trees
The faraway cries increasing
Its midday singing
Under the star which conducts the choir
The hidden singers
Never tiring, pour forth their
High pitched drone.
Les cigales, ces bestioles,
Ont plus d’âme que les violes.
Les cigales, les cigalons
Chantent mieux que les violons !
The cicadas, those insects
Have more soul than a viola
The cicadas sing better
Than the violins!
S’en donnent-elles, les cigales.
Sur les tas de poussière gris,
Sous les oliviers rabougris
Étoiles de fleurettes pâles ;
Et grises de chanter ainsi.
Elles font leur musique folle.
Et toujours leur chansons s’envolent
Des touffes du gazon roussi !
Giving their all the cicadas
On heaps of grey dust
Under stunted olive trees
Starred with pale flowerets
Carried away with this singing
They make their wild music
And still their songs soar from
The tufts of scorched grass!
Les cigales, ces bestioles, etc.
Cicadas those insects! etc.
Aux rustres épars dans le chaume.
Le grand astre torrentiel,
À larges flots, du haut du ciel,
Verse le sommeil et son baume,
Tout est mort, rien ne bruit plus
Qu’elles, toujours les forcenées.
Entre les notes égrenées
De quelque lointain angélus !
To the peasants scattered in the fields
The great star
Pours in torrents from high
In the sky, sleep and its balm
Everything is dead, there is no other
Humming except their, always busy,
Between the rippling notes of
Some far off angelus.
Les cigales, ces bestioles, etc.
Les cigales, ces bestioles, etc.
VILLANELLE DES PETITS CANARDS
Rosemonde Gérard
15 VILLANELLA OF THE LITTLE DUCKS
Rosemonde Gérard
Ils vont, les petits canards,
Tout au bord de la rivière,
Comme de bons campagnards !
They are off the little ducks,
At the riverside
Like good country folk!
11
Barboteurs et frétillante,
Heureux de troubler l’eau claire,
Ils vont, les petits canards,
Dabbling and quivering
Happy to cloud the clear water
They are off the little ducks
Ils semblent un peu jobards,
Mais ils sont à leur affaire,
Comme de bons campagnards,
They seem a bit gullible
They are at their business
Like good countryfolk!
Dans l’eau pleine de têtards,
Où tremble une herbe légère,
Ils vont les petits canards,
In tadpole filled waters
Where light grass quivers
They are off the little ducks
Marchant par groupes épars,
D’une allure régulière,
Comme de bons campagnards !
Moving in scattered groups
At a regular pace
Like goof countryfolk
Dans le beau vert d’épinards
De l’humide cressonnière,
Ils vont, les petits canards,
In the beautiful spinach green
Of the wet watercress bed
They are off the little ducks
Et quoiqu’un peu goguenards,
Ils sont d’humeur débonnaire
Comme de bons campagnards !
And though a little mocking
They are in an easy-going mood
Like good countryfolk!
Faisant, en cercles bavards,
Un vrai bruit de pétaudière,
Is vont, les petits canards,
Chatting in circles as
Noisy as a bear garden
They are off the little ducks
Dodus, lustrés et gaillards,
Ils sont gais à leur manière,
Comme de bons campagnards !
Plump, shiny and lively
They are gay in their own way
Like good countryfolk
Amoureux et nasillards,
Chacun avec sa commère,
Ils vont, les petits canards,
Comme de bons campagnards !
In love and quacking
Each with its gossip
They are off the little ducks
Like good countryfolk!
12
PASTORALE DES COCHONS ROSES
Edmond Rostand
16 THE PINK PIGS PASTORALE
Edmond Rostand
Le jour s’annonce à l’Orient,
De pourpre se coloriant.
Le doigt du matin souriant
Ouvre les roses !
Et sous la garde d’un gamin
Qui tient une gaule à la main.
On voit passer sur le chemin
Les cochons roses.
Day is on its way from the east
Purple in colour
The smiling finger of morning
Opens the roses!
And under the eyes of a child
Holding a fishing rod in hand
We see the pink pigs
pass by.
Le rose rare au ton charmant
Qu’à l’horizon, en ce moment.
Là-bas, au bord du firmament
On voit s’étendre,
Ne réjouit pas tant les yeux,
N’est pas si frais et si joyeux
Que celui des cochons soyeux.
D’un rose tendre !
A rare pink of a charming tone
Which on the horizon at the moment
Over yonder at the edge of the firmament
Can be seen spreading.
This does not please the eye so much as it
Is not as fresh and joyful
As that of silky pigs
Of a delicate rose!
Le zéphyr, ce doux maraudeur,
Porte plus d’un parfum rôdeur.
Et, dans la matinale odeur
Des églantines.
Les petits cochons transportés
Ont d’exquises vivacités
Et d’insouciantes gaietés
Presqu’enfantines.
The zephyr, that soft prowler
Carries more than a lurking scent
In the morning smell
Of the wild rose.
The little pigs carried away are
Exquisitely lively
And gaily carefree,
Almost childlike.
Heureux, poussant de petits cris.
Ils vont par les sentiers fleuris.
Et ce sont des jeux et des ris
Remplis de grâces.
Ils vont et tous ces corps charnus
Sont si roses, qu’ils semblent nus
Comme ceux d’amours ingénus
Aux formes grasses.
Happily, with little squeaks
They take the flowered paths
And its games and laughter
Full of grace.
They are going and all those fleshy bodies
Are so pink they seem naked
Like the rounded forms
Of naive love.
Des points noirs, dans ce rose clair,
Semblant des truffes dans leur chair.
Leur donnent vaguement un air
De galantine.
Et leur petit trottinement,
The black spots in the pale pink
Seem like truffles in their flesh.
Making them look a little
Like galantine.
And their little trot
13
A cette graisse, incessamment,
Communique un tremblottement
De gélatine.
Seems to make this fat
Shake
Llike jelly.
Le long du ruisseau floflottant,
Ils suivent tout en ronflotant,
La blouse au large dos flottant
De toile bleue,
Ils trottent les petits cochons.
Les gorets gras et folichons.
Remuant les tire-bouchons
Que font leur queue.
Along the flowing stream,
They follow, snorting,
The flapping blue
Cotton smock,
The little pigs trot.
Excited dirty little fat pigs
Wriggling their
Corkscrew tails.
Puis, quand les champs sans papillons
Exhaleront, de leurs sillons.
Les plaintes douces des grillons
Toujours pareilles,
Les cochons, rentrant au bercail.
Défileront sous le portail,
Agitant le double éventail
De leurs oreilles.
Then when the fields without butterflies
Utter forth from their furrows,
The soft moan of the crickets
As always.
The pigs returning to the fold.
Will file under the porch.
Wriggling their two-fanned
Ears.
Et quand, là-bas, à l’occident.
Croulera le soleil ardent.
A l’heure où le soir descendant
Ferme les roses, «
Paisiblement couchés en rond.
Près de l’auge couleur marron,
Bien repus ils s’endormiront.
Les cochons roses !
And when, over in the west,
The hot sun collapses,
At the hour when evening falls
To close the roses,
Quietly curled up,
Near the brown-shaped trough.
Well fed, they’ll fall asleep,
The pink pigs!
ADIEUX À SUZON
Alfred de Musset
17 FAREWELL SUZON
Alfred de Musset
Adieu ! Suzon, ma rose blonde !
Qui m’as aimé pendant huit jours.
Les plus doux plaisirs de ce monde
Souvent font les meilleurs amours.
Sais-je au moment où je les quitte
Où m’entraîne mon astre errant ?
Je m’en vais pourtant ma petite
Bien loin, bien vite, toujours courant.
Farewell Suzon my golden-haired rose!
Who loved me for eight days
The gentlest pleasures of this world
Are often the best loves
Do I know when I leave them
Where my wandering star will lead me?
And yet I’m leaving little one
Far away very quickly, always on the run.
14
SOMMATION IRRESPECTUEUSE Victor Hugo
18 DISRESPECTFUL DEMAND Victor Hugo
Rire étant si jolie.
C’est mal. Ô trahison !
D’inspirer la folie
En gardant la raison !
Laugh when so pretty
Is bad. Oh treason!
To inspire madness
While remaining sane.
Rire, étant si charmante.
C’est coupable à côté
Des rêves qu’on augmente
Par son trop de beauté !
Laugh when so charming.
Is guilty
Considering dreams heightened
By too much beauty!
Une chose peut-être
Qui va vous étonner
C’est qu’à votre fenêtre
Le vent vient frissonner,
One thing which might
Surprise you is that
At your window the wind is
Coming to shiver,
Qu’avril commence à luire,
Que la mer s’aplanit
Et que cela veut dire
Fauvette, fait ton nid !
That April begins to gleam
That the sea smoothens
And that means
Warbler, make your nest!
Belle aux chansons naïves.
J’admets peu qu’on ait droit
Aux prunelles très vives
Ayant le cœur très froid.
Beauty of naive songs
I can hardly admit to be entitled
To the lively eyes
With a cold heart.
Quand on est si bien faite
On devrait se cacher,
Un amant qu’on regrette,
À quoi bon l’ébaucher ?
When one is so attractive
One should hide.
A lover that you regret
Why start with him?
On se lasse, ô coquette
D’être toujours tremblant ;
Vous êtes la raquette
Et je suis le volant.
One gets bored oh coquette
To be always trembling
You are the racket
And I am the shuttlecock.
Le coq battant de l’aile,
Maître en son pachalick
Nous prévient qu’une belle
Est un danger public !
A worn out cock.
Master in his domain
Warns us that a beauty
Is a public enemy!
Il a raison : j’estime
Qu’en leur gloire isolés
Deux beaux yeux sont un crime,
Allumez, mais brûlez !
He is right. I consider
That in their isolated glory
Two beautiful eyes are a crime
Light up, but burn !
15
Craindre ceux qu’on captive,
Nous fuir, nous lier,
Etre la sensitive
Et le mancenillier,
To fear those we capture
To flee from each other, bind us together
To be the sensitive one
And the euphorbiacca.
C’est trop !... aimez, madame,
Quoi donc ?... Quoi ! mon souhait,
Où j’ai tout mis mon âme,
Mes rêves, me hait !...
It’s too much love, my lady
What is it? what my wish.
Where I put all my soul
My dreams; detest me!
L’amour nous vise ; certes
Notre effroi peut crier.
Mais rien ne déconcerte
Cet arbalétrier.
Love targets us; of course
Our fear can cry
But nothing disconcerts this
Crossbowman.
Sachez donc, ô rebelle,
Que souvent trop vainqueur.
Le regard d’une belle
Ricoche sur son cœur !...
Know this, oh rebel
When often too victorious
The look of a beauty
Rebounds on her heart!
Vous pouvez être sûre
Q’un jour vous vous ferez
Vous-même une blessure
Que vous adorerez.
You can be sure that one
Day you will wound
yourself
And you will adore it
Vous connaîtrez l’extase
Voisine du péché
Et que l’âme est un vase
Toujours un peu penché !
You will know ecstasy.
Which is next to sin
And that the soul is a vase
Always a little tilted.
Vous saurez, attendrie.
Le charme de l’instant
Terrible où l’on s’écrie :
Ah ! vous m’en direz tant !
You will know, full of tenderness
The charm of the terrible
Moment when one cries out.
Ah you will tell me about it!
Vous saurez, vous qu’on gâte.
Le destin tel qu’il est.
Les pleurs, l’ombre et la hâte
De cacher un billet !
You will know you whom we spoil
Destiny as it really is,
Tears, the dark feeling and the haste
With which you hide a billet!
Oui, pourquoi tant remettre ?
Vous sentirez, qui sait.
La douceur d’une lettre
Qui tiédit le corset.
Why put it off?
Who knows, you will feel
The softness of a letter
Which warms your corset.
16
Vous riez ! votre joie
À tout préfère rien...
En vain l’aube rougeoie.
En vain l’air chante ! eh bien !
You laugh, above all your joy
Prefers nothing...
Daybreak blushes in vain
The wind sings in vain, well,
Je ris aussi ! tout passe !
Ô Muse ! allons-nous en !
J’aperçois l’humble grâce
D’un toit de paysan !
I laugh too. everything passes,
Oh muse let’s away!
I can see the simple charm
Of a peasants’roof!
L’arbre, libre volière.
Est plein d’heureuses voix,
Dans les pousses de lierre,
Le chevreau fait son choix,
A tree, open aviary
Full of happy voices
In the sprouting ivy
The kid makes its choice,
Et, jouant sous les treilles,
Un petit villageois
A pour pendants d’oreilles
Deux cerises des bois !
And playing under the climbing vine
A little villager
Wears as earrings
Two wild cherries!
TES YEUX BLEUS
Maurice Rollinat
19 YOUR BLUE EYES
Maurice Rollinat
Tes yeux bleus comme deux bluets
Me suivaient dans l’herbe fanée,
Et près du lac aux joncs fluets.
Où la brise désordonnée
Venait danser des menuets !
Your eyes as blue as two cornflowers
Followed me through the withering grass
And near the lake of slender rushes
Where in the wild breeze,
Comes to dance minuets!
Chère ange, tu diminuais
Les ombres de ma destinée,
Lorsque vers moi tu remuais
Tes yeux bleus !
Dear angel, you lessened
The shadows of my destiny
When your blue eyes
Settled upon me!
Mes spleens, tu les atténuais
Et ma vie était moins damnée
À cette époque fortunée.
Où dans l’âme à frissons muets
Tendrement tu m’insinuais
Tes yeux bleus !
You lightened my melancholy
And my life was less damned
At that happy time
Where in my silent quivering soul
You tenderly insinuated
Your blue eyes!
17
L’ENFANT
Victor de Laprade
20 THE CHILD
Victor de Laprade
L’enfant est roi parmi nous
Sitôt qu’il respire ;
Son trône est sur nos genoux
Et chacun l’admire.
Il est roi. le bel enfant.
Son caprice est triomphant
Dès qu’il veut sourire !
The child is king among us
As soon as he breathes
His throne is our knees
And everyone admires him
He is king of lovely child,
His caprices are triumphant
As soon as he smiles!
Il fait de ses cheveux d’or
L’anneau qui nous lie,
Il fait qu’on espère encor,
Il fait qu’on oublie.
Lorsqu’un orage a grondé,
Que les pleurs ont débordé,
Il réconcilie !
With his golden hair
He forms a ring which binds us
He makes us hope again
He makes us forget
When a storm has brewed
When tears have flowed
He brings peace!
C’est pour lui qu’on a semé,
Qu’on remplit la grange.
Le pain blanc reste enfermé
Pour le petit ange.
C’est pour lui, joyeux garçon,
Que chacun dit sa chanson,
Pour lui qu’on vendange.
We have sown our seeds for him
We have filled the barn for him
The white bread is locked up
For the little angel
Everyone sings their song for him
Happy boy
We harvest for him.
RUY BLAS (À quoi bon entendre)
Victor Hugo
21 RUY BLAS (What’s the use of listening)
Victor Hugo
À quoi bon entendre
Les oiseaux des bois,
L’oiseau le plus tendre
Chante dans ta voix.
What’s the use of listening
To the birds in the wood
When the most tender bird
Sings in your voice.
Que Dieu montre ou voile
Les astres des cieux,
La plus belle étoile
Brille dans tes yeux !
If God reveals or veils
The stars in the sky
The most beautiful star
Shines in your eyes!
Qu’avril renouvelle
Le jardin en fleur,
La fleur la plus belle
Fleurit dans ton cœur.
Let April replenish
The garden with flowers
The most beautiful flower
Blossoms in your heart
18
Cette vive flamme.
Cet astre du jour,
Cette fleur de l’âme
S’appelle l’amour.
TOUTES LES FLEURS
Edmond Rostand
This lively flame
This star of the day
This flower of the soul
Is called love.
22 ALL FLOWERS
Edmond Rostand
Toutes les fleurs, certes, je les adore !
Les pâles lys aux saluts langoureux.
Les lys fluets dont le satin se dore.
Dans leur calice d’ors poudreux !
Et les bluets bleus
Dont l’azur décore
Les blés onduleux
Et les liserons qu’entrouvre l’aurore
De ses doigts frileux
Mais surtout, surtout je suis amoureux.
Cependant que de folles gloses
S’emplissent les jardins heureux
Des lilas lilas.
Et des roses roses !
Of course I love all flowers
Pale lilies, with their languorous wave
Slender lilies their satin turning gold
In the calyx of powdered golds!
And the blue cornflowers
The blue which decorates
The waving corn
And the convolvulus which
Dawn half opens with shivering fingers
But most of all I am in love
While glosses
Happy gardens fill.
With lilac lilac
And roses, pink roses!
Toutes les fleurs, certes, je les adore !
Les cyclamens aux fragiles bouquets.
Les mimosas dont le buisson se dore.
Et les chers jasmins si coquets.
Et les doux genêts
Dont la brise odore,
Et les fins muguets.
Les muguets d’argent, si frais quand l’aurore
Mouille les bosquets.
Mais surtout, surtout je suis amoureux.
Cependant que de folles gloses
S’emplissent les jardins heureux.
Des lilas lilas,
Et des roses roses !
Of course I love all flowers
The delicate bunches of cyclamen
The mimosa bushes covered in gold
And the dear jasmine so coquette
And the gentle broom
Of which the breeze is scented
And the delicate lily of the valley
The silver lily of the valley so fresh
When dawn moistens the copses
But most of all T am in love
While glosses,
Happy gardens fill
With lilac lilac
And roses, pink roses!
Toutes les fleurs, certes je les adore !
Toutes les fleurs dont fleurit la beauté.
Les clairs soucis dont la lumière dore
Tes cheveux aux blondeur de thé.
L’iris velouté Qui te prête encore
Of course I love flowers
All the flowers from which your beauty flower
The light marigolds whose golden light turns
Your hair into a blend of tea The velvety iris
Which lends you
19
Sa gracilité.
Et l’œillet qui met ta joue et l’aurore
En rivalité !
Mais surtout, surtout je suis amoureux,
Dans tes chères lèvres décloses
Et dans les cernes de tes yeux,
Des lilas lilas
Et des roses roses !
CREDO D’AMOUR
Armand Silvestre
Its gracefulness.
And the carnation which makes rivals of your
Cheek with the dawn!
But most of all I am in love
For in your hardly parted lips
And the shadows of your eyes
Reflect lilac lilac
And roses, pink roses!
23 CREED OF LOVE
Armand Silvestre
Je crois aux choses éternelles
De la lumière et de l’amour !
Car la beauté comme le jour
Allume un feu dans les prunelles !
Car les femmes portent en elles
L’ombre et la clarté tour à tour !
Je crois aux choses éternelles
De la lumière et de l’amour !
I believe in eternal things
In light and love
For beauty like daylight
Lights a flame in the eyes
For in them, women bear
Darkness and light in turn
I believe in eternal things
In light and love
Je crois que tout vit, sur la terre,
Par le soleil et le baiser !
Car tous les deux savent briser
L’effroi de la nuit solitaire !
Car la douleur,divin mystère,
Tous les deux savent l’apaiser !
Je crois que vit, sur la terre,
Par le soleil et le baiser !
I believe everything on earth lives
Through the sun and a kiss
For both know how to break
The fear of nightly solitude.
For both know how to appease
The divine mystery of pain
I believe everything on earth lives
Through the sun and a kiss!
Je crois que tout meurt et se presse
Vers l’ombre du dernier sommeil !
Hors l’éclat de l’astre vermeil !
Et le pouvoir de la caresse ;
Hors ce que nous versent d’ivresse
Ou le sourire ou le soleil !
Je crois que tout meurt et se presse
Vers l’ombre du dernier sommeil !
I believe that everything dies and rushes
Towards the shadow of the last sleep
Without the light of the red star
And the power of a caress
Without this flow of ecstasy
From a smile of from the sun!
I believe everything dies and rushes
Towards the shadow of the last sleep!

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