Réponse du SNES à la propagande ministérielle sur

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Réponse du SNES à la propagande ministérielle sur
Réponse du SNES à la propagande ministérielle
sur les remplacements de Robien
CE QUE DIT LE MINISTERE SUR LES
REMPLACEMENTS DE ROBIEN
CE QUE LE SNES REPOND A CE
GENRE D’ARGUMENTS
MINISTERIELS
Le nouveau dispositif de
remplacement des enseignants
du second degré absents pour une
courte durée
Ce texte, qu’on peut trouver sur le site du
rectorat, a élaboré par le ministère à
destination des parents d’élèves. C’est
une campagne de communication pour
contrer les arguments de la profession,
largement portés par le SNES. Bref, le
ministère joue les parents contre les
profs : classique…
QUESTIONS-REPONSES
Pourquoi un nouveau dispositif ?
Les nouvelles dispositions relatives au
remplacement des enseignants des
collèges et des lycées, absents pour une
courte durée (moins de deux semaines),
visent à renforcer l’égalité des chances
en évitant les interruptions dans les
apprentissages qui démobilisent les
élèves et fragilisent les plus faibles.
Jusqu’ici, les remplacements de courte
durée étaient assurés de manière inégale
et irrégulière sur le territoire, ce qui allait
à l’encontre du principe de continuité de
l’enseignement et nuisait à la qualité du
service que les élèves et leurs parents
étaient en droit d’attendre de l’Ecole : ces
interruptions démotivent les élèves, les
privent parfois de l’acquisition de parties
entières du programme et conduisent les
parents à déplorer les difficultés du
service public à traiter cette question. La
loi traduit la volonté de la représentation
nationale de remédier à cette situation en
posant une règle applicable à tous les
établissements.
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La justification ministérielle de ce
dispositif est de pure mauvaise foi
En effet, ce qui selon le ministre justifie
ce dispositif, c’est l’égalité des chances.
Mais comment oser prendre cette idée
comme justification, alors même que les
remplacements de longue durée ne sont
même pas assurés ? En effet cette
année comme l’an dernier dans
l’académie de Lyon le recteur avait écrit
qu’il était dans l’incapacité d’assurer les
remplacements inférieurs à un mois,
faute de personnel.
D’un côté, l’administration n’assure pas
les remplacements inférieurs à un mois.
Mais de l’autre, elle vient dire la main sur
le cœur que les absences de courte
durée (c’est-à-dire de quelques jours)
pénalisent les élèves et met à bas
l’égalité des chances dans l’Education
Nationale. Balivernes ! Tout le monde
voit bien que par ce décret le ministre ne
se soucie nullement de l’égalité des
chances ou de la réussite des élèves.
Son seul souci est politique : augmenter
et annualiser le temps de travail des
enseignants ! Economies, quand tu nous
tiens !...
Réponse du SNES à la propagande ministérielle
sur les remplacements de Robien
CE QUE DIT LE MINISTERE SUR LES
REMPLACEMENTS DE ROBIEN
CE QUE LE SNES REPOND A CE
GENRE D’ARGUMENTS
MINISTERIELS
Les remplacements : enseignement ou
«garderie» ?
Le ministre a trouvé la solution pour
que ces remplacements ne soient pas
de la garderie ! Cette solution est
simple : les professeurs n’ont qu’à
travailler beaucoup plus.
Les remplacements de courte durée sont
des cours à part entière. L’intervention
d’enseignants devant une classe a pour
cadre le programme d’enseignement
correspondant à la discipline et à la
classe.
La plupart des remplacements étant
prévisibles (Formations, rendez-vous
médicaux programmés, etc…), ils sont
préparés par un contact entre le
remplaçant et le remplacé lorsque
ceux-ci enseignent la même discipline :
dans ce cas, le remplacement permet la
continuité des apprentissages et évite les
ruptures
dans
l’acquisition
des
programmes.
Lorsque le remplaçant est professeur de
la classe et enseigne une autre
discipline, il utilise les séquences de
remplacement à des renforcements,
des exercices, etc. destinés à conforter
ou à poursuivre l’acquisition des notions
du programme de sa discipline.
Si le remplaçant n’appartient pas à
l’équipe pédagogique de la classe, il se
concerte avec son collègue de la
même discipline afin que son intervention
s’inscrive dans la continuité de la
programmation pédagogique de son
collègue.
Il n’y a là que peu de place pour
l’improvisation.
Le ministre répond ici à un argument
qu’ont fait valoir tous les enseignants : si
on nous impose au pied levé des
remplacements, ceux-ci ne seront que de
la garderie.
C’est pourquoi, par un coup de grâce qui
confine au génie, le ministère à trouvé la
solution. La solution, c’est « y a qu’à ».
« Y a qu’à » se concerter avec le
collègue malade. « Y a qu’à » préparer
des exercices qui permettent de
renforcer le niveau des élèves. « Y a
qu’à » se concerter avec les collègues de
la même discipline.
Quand ? Un enseignant travaille déjà
plus de 35h (source ministérielle) par
semaine pour préparer ses cours et les
assurer.
Si
on
a
5
heures
supplémentaires de remplacement à
assurer, cela ferait 10 heures de travail
en plus, donc une semaine à presque 50
heures. Ce ne sera matériellement pas
possible.
Donc
ces
cours
de
remplacement ne seront que de la
garderie : nous n’avons ni le temps ni les
moyens de les assurer correctement.
L’incantation de l’administration, en la
matière, ne sert à rien, si ce n’est à
dénigrer le métier d’enseignant.
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Réponse du SNES à la propagande ministérielle
sur les remplacements de Robien
CE QUE DIT LE MINISTERE SUR LES
REMPLACEMENTS DE ROBIEN
CE QUE LE SNES REPOND A CE
GENRE D’ARGUMENTS
MINISTERIELS
La formation continue est-elle remise
en cause ?
La formation continue est en fait
menacée
La formation continue est pour un
établissement un facteur de progrès. Les
actions de formation sont d’ailleurs
souvent liées au projet d’établissement.
La formation continue est également un
droit pour les personnels. Il n’est donc
nullement question de porter atteinte à la
formation continue des personnels.
Les rectorats sont en mesure de
communiquer suffisamment à l’avance le
calendrier des stages ou sessions de
formation continue aux établissements.
La continuité de l’enseignement sera
d’autant
mieux
assurée
que
le
remplacement aura été organisé et
que les dispositions auront été prises
tôt. Le professeur qui part en stage peut,
s’il le souhaite, remplacer ses propres
cours, par anticipation ou a posteriori.
Les protocoles établis dans les
établissements
doivent
prévoir
explicitement cette possibilité.
Le ministère commence par rappeler que
cette formation continue est un droit et
qu’elle amène du progrès au sein des
enseignements. Très bien.
Le problème, c’est que sa mesure sur les
remplacements, objectivement, vide ce droit
à la formation de tout son contenu.
En effet, sur la forme, on pourra toujours
demander à participer à un stage de
formation continue ou de formation
syndicale. Il n’y a pas pour l’instant de loi qui
l’interdise.
Cependant, comment peut-on croire qu’un
collègue formulera à l’avenir une telle
demande, s’il sait que cela amènera le chef
d’établissement à imposer à un autre
collègue de le remplacer ?
Dans les faits, pour éviter d’avoir à imposer
de nouvelles contraintes à nos collègues,
nous aurons tendance à limiter nos
inscriptions aux stages. C’est en jouant, de
façon insidieuse, sur la division des
collègues que le ministère terrasse la
formation continue.
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sur les remplacements de Robien
CE QUE DIT LE MINISTERE SUR LES
REMPLACEMENTS DE ROBIEN
CE QUE LE SNES REPOND A CE
GENRE D’ARGUMENTS
MINISTERIELS
Qu’en est-il des sorties ou voyages
pédagogiques ?
Là encore, le ministère n’apporte
aucune réponse
Le programme des voyages ou sorties
pédagogiques ou éducatives – qui
contribuent à l’action éducative de
l’établissement – est arrêté par le conseil
d’administration et s’inscrit dans le cadre
du projet d’établissement. Les sorties et
voyages
représentent
pour
les
personnels qui les préparent et les
encadrent un investissement indéniable.
Très souvent ces actions se traduisaient
aussi par des modifications importantes
de l’emploi du temps des élèves des
autres classes.
Les
nouvelles
modalités
du
remplacement
de
courte
durée
permettent de mieux concilier les sorties
et la continuité de l’enseignement. Elles
assurent
aux
classes
dont
les
professeurs s’absentent pour encadrer
une sortie, ou le voyage d’une autre
classe, la continuité de l’enseignement.
Rien
n’empêche
les
équipes
pédagogiques concernées d’élaborer,
en
liaison
avec
le
chef
d’établissement,
un
dispositif
assurant cette continuité. Là aussi,
c’est
affaire
d’anticipation
et
d’organisation.
La question des voyages scolaires a suscité
une vive inquiétude chez les parents
d’élèves. En effet, beaucoup d’enseignants
ont fait savoir qu’ils n’assureraient plus de
voyages scolaires car ces sorties sont déjà
un lourd investissement et demandent autant
voire plus de travail qu’un cours. Donc
assurer en plus le remplacement des cours
manqués du fait de ces sorties, c’est non !
Le ministre veut donc ici rassurer les
parents. Il leur dit que les voyages seront
assurés car les enseignants, avant de partir,
organiseront
eux-mêmes
leur
propre
remplacement dans les autres classes ! De
Robien nous demande donc de désigner nos
propres remplaçants ou même d’anticiper !
Evidemment, là encore, on voit bien que
c’est surréaliste et que jamais rien de tel ne
se produira dans les établissements. Sur la
forme, rien n’interdit à un collègue de partir
en voyage scolaire. Mais de fait, aucun
collègue n’osera plus le faire s’il sait que cela
apportera de nouvelles contraintes aux
collègues.
A noter que le rectorat de Lyon a une
position plus floue sur la question : suite à le
pression des collègues, il a signalé que les
voyages scolaires étaient une activité
pédagogique, et donc n’étaient pas
considéré comme une absence.
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CE QUE LE SNES REPOND A CE
GENRE D’ARGUMENTS
MINISTERIELS
Le nouveau dispositif porte-t-il atteinte
à la cohésion des équipes
pédagogiques ou à la sérénité de
l’établissement ?
Là, on se demande carrément si ce
texte est encore sérieux…
Non, au contraire. C’est dans chaque
établissement, en équipe, par le dialogue
et la concertation, que le protocole peut
être conçu et le remplacement assuré
dans les meilleures conditions. L’équipe
pédagogique d’une classe, celle d’une
discipline sont directement intéressées à
la continuité des enseignements.
Quant à la sérénité des établissements, il
est arrivé qu’elle soit troublée par des
absences
de
courte
durée
non
remplacées… Le nouveau dispositif
devrait éviter les tensions qui naissent au
sein d’une communauté éducative
lorsque le service est assuré de façon
discontinue.
La question est naïve : y aurait-il par hasard
une atteinte à la cohésion au sein des
établissement. Et le ministère répond sans
rire : « Non, au contraire.» Le nouveau
dispositif, nous dit-on, se contente d’amener
plus de dialogue, donc plus de cohésion.
Grâce à de Robien, tout le monde va enfin
se parler !
Evidemment, l’atteinte à la cohésion au sein
des établissements est radicale. Il y aura une
division à trois niveaux : entre les collègues
(si je m’absente, c’est mon collègue qui
trinque), entre les enseignants et les parents
d’élève (à une relation de confiance risque
de se subsituer une relation purement
comptable du nombre d’heures de cours
dispensées), entre les enseignants et leur
administration (le chef d’établissement
pouvant
imposer
autoritairement
ces
remplacements).
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CE QUE DIT LE MINISTERE SUR LES
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CE QUE LE SNES REPOND A CE
GENRE D’ARGUMENTS
MINISTERIELS
Que deviennent les titulaires sur zone
de remplacement (TZR) ?
Ah oui tiens, au fait ! Que deviennentils ?
Les enseignants TZR assurent des
remplacements de moyenne et longue
durée dans les établissements de leur
zone de remplacement. Ils disposent d’un
temps suffisant pour s’imprégner du
fonctionnement de l’établissement et faire
la
connaissance
des
équipes
pédagogiques.
Les remplacements de courte durée,
quant à eux, sont effectués par les
enseignants de l’établissement qui
connaissent déjà celui-ci et sont en
contact fréquent avec leurs collègues.
Un enseignant titulaire sur zone de
remplacement
implanté
dans
un
établissement peut d’ailleurs parfaitement
assurer, dans le cadre ordinaire de son
service de TZR, des remplacements de
courte durée « sur place » .
Pour le ministre, les TZR sont là pour les
remplacements de moyenne et longue
durée. Mais comme dans les faits il n’y a
que peu de remplacements de moyenne
durée qui sont effectués (par manque de
TZR justement) on voit bien que les TZR
sont cantonnés par le ministre à des
tâches de remplacement à l’année.
C’est-à-dire qu’ils occupent en fait un vrai
poste à l’année, et donc qu’ils ne font pas
du remplacement.
Nous demandons que les recrutements
d’enseignants soient à la hauteur pour
pouvoir augmenter le nombre de TZR,
afin que ceux-ci puissent réellement
intervenir dès qu’un enseignant est
absent plus de quelques jours. C’est
cette mesure qui amènerait vraiment
l’égalité des chances pour tous les
élèves.
Quant aux absences très courtes (une ou
deux journées), ce n’est évidemment pas
aux TZR de les assurer car cela n’aurait
pas de sens pédagogique : il faut du
personnel d’éducation pour encadrer les
élèves et les faire travailler en autonomie
pendant une heure de « trou ».
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MINISTERIELS
Dans quelle discipline s’effectuent les
remplacements ?
La discipline du remplacement : une
question qui ne préoccupe
absolument pas le ministère
Dans toute la mesure du possible, les
remplacements se font dans la discipline
du remplacé. Mais les conditions pour
cela ne sont pas toujours réunies. C’est
pourquoi le protocole de remplacement
doit prévoir l’intervention d’un professeur
de la classe ou de l’établissement,
enseignant une autre discipline que celle
du professeur absent. Le remplacement
se prépare alors, dans la discipline du
remplaçant, comme il est suggéré dans
la réponse à la deuxième question.
Le protocole doit-il être signé ?
Non, car le protocole n’est ni une
convention ni un contrat, mais la
description des dispositions prises par
l’établissement, sa direction, son équipe
pédagogique, pour assurer la continuité
des enseignements. Pour être opératoire
le protocole doit être établi en
concertation et recueillir un consensus
aussi large que possible. Le conseil
d’administration est tenu informé des
termes du protocole qui peut être porté à
la connaissance de la communauté
éducative. C’est un document qui montre
la qualité du service public.
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Ici le texte pédale un peu dans le
semoule. « Dans toute la mesure du
possible… », « mais les conditions ne
sont pas toujours réunies », « comme il
est suggéré dans la réponse à la 2è
question »…
Bref, avec ce genre de réponse, le
ministère montre qu’il n’a que faire de ce
qui se passe réellement pendant les
heures de remplacement. L’essentiel
pour lui est qu’il y ait un adulte devant
chaque classe, et le reste…
Inutile de vous fier à ce passage : il
est caduc
Le ministère avait eu l’idée de faire rédiger
des protocoles dans chaque établissement,
espérant ainsi que les collègues se
sentiraient engagés dans cette démarche.
Cependant, ce stratagème a complètement
échoué. Massivement, les enseignants ont
refusé de s’associer, de quelque façon que
ce soit, à l’élaboration de ces protocoles.
De fait, dans l’académie de Lyon, moins de
la moitié des établissements a fait remonter
des protocoles, qui n’étaient en fait rédigés
que par le chef d’établissement.
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CE QUE DIT LE MINISTERE SUR LES
REMPLACEMENTS DE ROBIEN
CE QUE LE SNES REPOND A CE
GENRE D’ARGUMENTS
MINISTERIELS
Quelle gratification pour un travail
supplémentaire ?
Une rémunération au rabais qui ne
sera accordée qu’au cas par cas
Le remplacement de courte durée assure
la continuité des enseignements. Le
travail supplémentaire demandé aux
remplaçants contribue ainsi à la qualité
du service public.
Le décret prescrit que le total des heures
supplémentaires
(toutes
heures
comprises) assurées par semaine ne
peut excéder 5 heures. Si le service d’un
professeur comprend déjà, par exemple,
deux heures supplémentaires, il ne
pourra pas être amené à remplacer plus
de 3 heures dans la semaine. Le volume
des heures à remplacer doit pouvoir être
réparti équitablement entre tous les
collègues concernés en sorte que le
travail supplémentaire demandé n’obère
pas le service ordinaire.
Le surplus de travail du professeur
remplaçant, occasionné par une absence
de courte durée, est rémunéré à un taux
supérieur aux heures supplémentaires
ordinaires.
Le ministre avait beaucoup communiqué
sur l’idée que les remplacements
seraient payés avec des HSE bonifiées à
25%. Mais en fait, c’est une bonification
de seulement 8% qui est accordée.
De plus, le ministère n’aura pas les
moyens de rémunérer l’ensemble des
auto-remplacements. Les rectorats sont
donc en train d’essayer de faire de la
casuistique pour dire dans quels cas les
collègues seront payés ou pas.
Enfin, le ministère a annoncé qu’à la
rentrée 2006 il y aurait 80 Equivalent
Temps Plein de moins dans l’académie.
Mais en même temps, il octroie
l’équivalent de 118 ETP pour payer ce
dispositif de Robien. On supprime donc
nos postes (ce qui dégradera encore nos
conditions de travail et nuira aux élèves)
pour financer ce système de Robien.
C’est donc une lubie ministérielle dénuée
de tout sens pédagogique.
8/8