Personnes de Boltanski

Transcription

Personnes de Boltanski
ORAL HDA : « Personnes », Christian Boltanski
Travail préalable :
Faire rechercher : 1) Biographie Christian Boltanski
2) Grand Palais
3) exposition Monumenta
4) une installation in situ
En classe :
1°) Mettre en commun les recherches
2°) Visionner sur You tube « personnes » Monumenta 2010 et répondre au questionnaire
3°) Compléter fiche bilan
RECHERCHES :
1) Qui est Christian Boltanski ?
2) Qu’est-ce que le Grand Palais à Paris ?
3) Qu’est-ce que l’exposition Monumenta ?
4) Qu’est-ce qu’une installation in situ ?
Tu vas regarder une vidéo montrant l’exposition « Personnes » de Christian Boltanski, lors de
l’exposition Monumenta au Grand-Palais en 2010. Au fur et à mesure, réponds aux questions
suivantes qui vont t’aider ensuite à faire le bilan de l’œuvre :
1- Que voit-on en premier quand on entre dans le Grand-Palais ?
A quoi cela te fait penser ?
2- Qu’entend-on ? Pourquoi ce fond sonore a-t-il été choisi par l’artiste d’après toi ?
3- Que découvre ensuite le spectateur dans la nef du Grand-Palais ? A quoi cela te fait
penser ?
4- Quelle est la place du spectateur ?
5- Quel est le projet de l’artiste d’après toi ?
6- Que ressens-tu face à cette œuvre ?
ORAL HDA : « Personnes », Christian Boltanski
 Problématique
: Comment Boltanski, dans son installation « Personnes », dénonce-
t-il les crimes contre l’humanité, notamment la Shoah ?
L’AUTEUR : Christian Boltanski
Né à Paris le 6 septembre 1944 au moment de la Libération de Paris. Son père était juif et sa
mère chrétienne. Pendant deux ans, son père a vécu caché sous le plancher familial pour
échapper aux nazis et l’a appelé à sa naissance Christian Liberté. La shoah est donc bien un
élément présent dans son œuvre de façon générale.
D’abord peintre, il se tourne vers l’installation à partir de 1976. Il développe une œuvre où se
mêlent réalité et fiction. La mémoire, l’existence et la disparition sont les thèmes récurrents
de sa démarche.
LE CONTEXTE :
Du 15 janvier au 21 février 2010, Christian Boltanski a créé une installation in situ* au
Grand-Palais* à Paris lors de la manifestation Monumenta*.
*Le Grand-Palais fut créé à Paris pour l’exposition de 1900. Au cœur du Grand-Palais,
dont elle est l’emblème, la Nef attire tous les regards grâce à sa verrière, la plus
grande d’Europe.
* une installation in situ : une œuvre in situ (= sur place) est exécutée en fonction du
lieu où elle est montrée, pour y jouer un rôle actif, souvent jouant avec l’espace.
L’œuvre est en général unique (non rejouée) et éphémère, présentée sous forme
d’installation.
* Monumenta : le principe de cette exposition annuelle est de proposer l’investissement
d’un lieu gigantesque (la nef de 13500 m2 du Grand-Palais) par un artiste contemporain
de renommée internationale qui crée une œuvre spécifiquement pour ce lieu.
ANALYSE DE L’ŒUVRE :
 Le titre : « Personnes » signifie aussi bien l’absence (« il n’y a personne ») que l’individu
singulier : une personne. Le pluriel employé renvoie cette identité singulière dans
l’anonymat de la masse, une multitude d’êtres égaux dans la disparition.
 Le mur de boîtes rouillées :
Un immense mur de boîtes rouillées se trouve à l’entrée. C’est un mur de séparation entre
l’extérieur et l’intérieur de l’œuvre .
Le visiteur se trouve tout de suite confronté à un obstacle physique et visuel : un mur de
plusieurs centaines de boîtes en fer qui ont été volontairement oxydées barre le chemin.
Chacune est numérotée. Déjà, l’aspect de ces boîtes nous renvoie au temps : ces boîtes
semblent avoir vieillies et ont donc déjà toute une histoire.
Ces boîtes empilées, accumulées, peuvent évoquer les cimetières espagnols ou des urnes
funéraires, mais ici les personnes ne sont plus que des numéros. On songe aussi déjà à
l’holocauste : dans le souci de déshumaniser les juifs, les nazis tatouaient un numéro sur
le bras de ceux-ci à leur arrivée dans les camps. Une fois devenus des numéros, ils
n’étaient « personne ». Ce mur peut aussi évoquer le mur de Berlin séparant jusqu’en 1989
Berlin Est et Berlin Ouest.
 Le son :
Le mur passé, un bruit assourdissant et obsédant envahit tout l’espace, un bruit qui
rappelle celui des usines, où se mêlent aussi des enregistrements de battements de
cœur. Cette pulsation géante incarne la vie dans cette œuvre où la mort est
omniprésente.
( Dans une petite salle avant l’installation, on peut découvrir les archives du cœur, un
projet de l’artiste en cours. L’artiste collecte des enregistrements de battements de
cœur. On peut y participer et faire enregistrer les battements de son cœur pendant 20
secondes.)
 Les rectangles de vêtements :
Les 13500 m2 de la nef son jonchés de rectangles parfaitement alignés, séparés d’allées.
Ce sont des rectangles de vieux vêtements, récupérés dans des friperies, installés à même
le sol. 50 tonnes de vêtements ont été nécessaires. Quatre piliers sont reliés entre eux
par un filin d’acier qui suspend un néon en son milieu diffusant une lumière froide.
L’image du cimetière se présente comme une évidence. Mais le plan ordonné de cette
installation n’est pas sans rappeler les baraquements des camps de concentration, et les
câbles renvoient aux fils barbelés.
 La pyramide de vêtements :
Au fond de la nef, se dresse un tas immense de vêtements (32 tonnes= équivalent de 3000
ou 4000 individus). Des milliers de vêtements sont ici entassés et les images des charniers,
des cadavres empilés découverts à la libération des camps de la mort nous viennent à
l’esprit. Une énorme grue montée d’une pince immense vient sans arrêt saisir des vêtements
pour les relâcher à nouveau . Elle évoque la mort qui frappe au hasard. Christian Boltanski
évoque « le doigt de Dieu », la destinée. Cela va donc au-delà des images de la Shoah et des
camps de concentration cela fait appel au sort de tout être humain. On se sent interrogé sur
la destinée : pourquoi certains meurent et pas moi ?
 La lumière :
Des néons alignés surplombent chaque rectangle de vêtements et diffusent une lumière
froide. Par ailleurs, l’artiste a tenu à ce que l’installation se déroule en hiver, la lumière grise
de l’hiver était une nécessité.
 La relation spectateur-œuvre :
Le spectateur déambule dans l’œuvre. Le lieu imposant qu’est le Grand Palais est propice à une
expérience qui immerge le spectateur (« Ce qui m’intéresse principalement aujourd’hui c’est
que le spectateur ne soit plus placé devant une œuvre, mais qu’il pénètre à l’intérieur de
l’œuvre. » C’est un pénétrable. De plus, c’est l’hiver, le froid fait partie de l’œuvre précise
l’artiste. Le visiteur est saisi par la température qui favorise le recueillement, la méditation
et même l’effroi.
 Une installation en triptyque :
Mur de boîtes rouillées numérotées + rectangles de vêtements + pyramide avec la pince
séparation intérieur/extérieur
cimetière
morbidité
camps
hasard de la vie et de la mort
corps après une catastrophe
 Conclusion : « Personnes » est une installation monumentale.
-
On peut dire que c’est une œuvre d’art totale : toute en horizontalité en son cœur,
l’installation forme une verticale à l’entrée avec le mur puis avec le mouvement de la
pince montant et descendant au sommet de la pyramide cônique. C’est aussi une œuvre
pénétrable où l’image et le son jouent leur rôle.
-
L’œuvre de Boltanski est marquée par le drame de la Shoah, le Grand-Palais devient un
vaste lieu de commémoration mais l’artiste nous invite aussi à réfléchir à notre
condition d’être vivant : un jour nous serons morts et oubliés. « On meurt deux fois,
une première fois lorsque l’on meurt et une deuxième lorsque plus personne ne se
souvient de nous » Christian Boltanski.
-
C’est aussi une œuvre qui affirme que tous ces gens ne peuvent pas rester dans l’oubli
et qui tente de leur rendre hommage en tant que personnes, qu’êtres humains. Elle
s’inscrit donc pleinement dans la quête impossible de garder trace du passage de
chaque être humain, cette volonté de redonner humanité, singularité aux masses
disparues.
-
 Liens avec d’autres œuvres :
-
Autres œuvres de Boltanski : par exemple,
« Réserve » (1990) où il utilise aussi des vêtements.
-
Le poème d’introduction de Primo Lévi à son
Livre : Si c’est un homme
-
La chanson « Nuit et brouillard » de Jean Ferrat

Documents pareils