LES PREMIÈRES NATIONS, LES INUITS ET LES MÉTIS

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LES PREMIÈRES NATIONS, LES INUITS ET LES MÉTIS
LES PREMIÈRES NATIONS,
LES INUITS ET LES MÉTIS
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LES PREMIÈRES NATIONS,
LES INUITS ET LES MÉTIS
« La FCE reconnaît le droit inhérent des peuples autochtones à l’autonomie gouvernementale à l’intérieur du pays
du Canada et leur droit de définir les buts de l’éducation pour leurs enfants. »
(Principe directeur de la FCE, 1982, 1993, 2008)
Il est établi depuis longtemps que l’éducation est
essentielle à l’amélioration de la vie des peuples
autochtones et à la réparation des iniquités de longue
date. La FCE reconnait qu’il est nécessaire d’assurer
un rôle plus inclusif et une expérience éducative plus
fructueuse tant au personnel enseignant qu’aux élèves
autochtones.
Les écoles, les organisations de l’enseignement et les
programmes de formation pédagogique du Canada
peuvent bénéficier énormément du savoir professionnel
du corps enseignant autochtone. En 2010, la FCE s’est
livrée à une étude qui a permis de décrire le travail des
enseignantes et enseignants autochtones dans les écoles
publiques (hors réserve) en explorant leurs philosophies
de l’enseignement, leur connaissance de l’intégration du
contenu et des programmes d’études autochtones dans
l’enseignement, leur expérience du racisme en éducation,
et leur expérience quant au soutien de collègues non
autochtones alliés dans la promotion de l’éducation
autochtone.
Dans le site Web d’Affaires autochtones et
Développement du Nord Canada, on trouve l’énoncé
suivant : « L’objectif premier du gouvernement du
Canada est d’offrir aux élèves des Premières Nations
une éducation de qualité qui leur donnera la possibilité
d’acquérir les compétences dont ils ont besoin pour
faire leur entrée sur le marché du travail et participer
pleinement à une économie canadienne dynamique. »
Le rapport Alternative budgétaire pour le gouvernement
fédéral 2013, diffusé par le Centre canadien de politiques
alternatives, estime que la population des Premières
Nations augmente deux fois plus rapidement que celle du
Canada et qu’en 2020, les moins de 25 ans constitueront
plus de la moitié de la population des Premières Nations.
Cela veut dire que 600 000 jeunes autochtones entreront
sur le marché du travail au Canada entre 2001 et 2026.
Des mesures ont été prises au cours des dernières
années en vue de la rédaction d’une loi sur l’éducation
des Premières Nations qui devrait entrer en vigueur d’ici
septembre 2014. Le projet de loi devra s’attaquer non
seulement à l’insuffisance systémique du financement
des services éducationnels offerts aux jeunes des
Premières Nations vivant dans les réserves, ainsi
qu’aux processus de responsabilisation partagée, mais
également à d’autres problèmes graves qui empêchent
les jeunes des Premières Nations, tant dans les réserves
que hors réserve, de réussir à l’école aussi bien que les
autres enfants du Canada.
Les recherches actuelles continuent de signaler des
tendances en matière d’écarts de rendement entre les
élèves autochtones et les élèves non autochtones. Les
élèves des Premières Nations, des Métis et des Inuits
accusent toujours du retard par rapport aux élèves
non autochtones sur le plan de l’alphabétisation, de
l’achèvement des études secondaires ainsi que de l’accès
et de l’achèvement des études postsecondaires. Selon les
données de Statistique Canada et des rapports d’autres
recherches éducationnelles, le taux de décrochage des
jeunes vivant dans les réserves, y compris ceux des
Premières Nations et des Inuits, peut atteindre 75 %,
et celui des jeunes vivant à l’extérieur des réserves, y
compris ceux des Premières Nations, des Métis et des
Inuits, peut s’élever à 25 %, comparativement au taux de
décrochage de 8,5 % chez les élèves non autochtones.
Outre l’écart de financement en éducation et la faiblesse
du rendement scolaire, mentionnons le taux de chômage
des communautés autochtones qui dépasse de près
de 20 % celui des autres communautés canadiennes.
L’écart salarial est considérable, s’établissant à plus de
10 000 $ annuellement entre les Autochtones et les non
Autochtones. En 2009, le seuil de faible revenu pour une
famille non autochtone de quatre personnes était de
34 829 $, mais il était de moins de 24 000 $ pour une
famille autochtone. Qui plus est, les familles autochtones
sont de plus en plus pauvres. Selon Campagne 2000 :
« Dans le cas particulier des Autochtones, le pourcentage
de ceux dont le revenu annuel est inférieur à 10 000 $
a augmenté au cours des cinq dernières années,
passant de 11,7 % à 16,8 %. » La recherche montre
incontestablement que la pauvreté a un impact négatif
sur les chances de réussite scolaire.
RECOMMANDATIONS
Des rapports successifs, y compris le rapport de décembre
2012 du gouvernement qui a pour titre Rédaction d’une loi
sur l’éducation des Premières Nations : Guide de discussion,
reconnaissent l’importance capitale de la langue et de la
culture pour le succès scolaire. Le rapport de février 2012
du Panel national sur l’éducation primaire et secondaire
des Premières Nations pour les élèves dans les réserves
présente l’énoncé de vision suivant :
« L’apprentissage continu des Premières Nations
est un processus qui vise à fournir aux apprenants
des Premières Nations des environnements
d’apprentissage holistiques et appropriés du point de
vue culturel et linguistique, et qui répondent à leurs
besoins individuels et collectifs, pour que tous les
membres des Premières Nations aient la possibilité
de réaliser leurs aspirations personnelles au sein de
systèmes complets d’apprentissage tout au long de
leur vie. »
Cultiver l’esprit d’apprentissage chez les élèves
des Premières Nations
En outre, le gouvernement canadien a avalisé la Déclaration
des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones
en juillet 2012, assumant ainsi la responsabilité d’appuyer
l’article 14 de cette déclaration :
« Les peuples autochtones ont le droit d’établir et de
contrôler leurs propres systèmes et établissements
scolaires où l’enseignement est dispensé dans
leur propre langue, d’une manière adaptée à
leurs méthodes culturelles d’enseignement et
d’apprentissage. » (Article 14.1)
La plupart d’entre nous connaissent bien la disposition
suivante de la Charte canadienne des droits et libertés :
« ...le droit à des institutions d’enseignement distinctes
et aux institutions culturelles distinctes nécessaires à leur
protection et à leur promotion… ». Ces droits sont reconnus
pour des communautés distinctes sous la bannière de
nos deux langues officielles. En raison de cette disposition
de la Charte, il existe des communautés francophones
et anglophones en milieu minoritaire qui sont saines et
florissantes dans tout le pays. C’est bien ce à quoi aspirent
les communautés autochtones : être des communautés
saines et florissantes.
Les communautés autochtones réclament : des possibilités
sur le plan économique; un financement équitable pour
l’éducation, y compris l’éducation de la petite enfance,
La profession enseignante du Canada prie instamment le
gouvernement fédéral de faire ce qui suit :
• Prendre l’engagement d’éradiquer les disparités
actuelles en matière d’accès aux services fondamentaux
d’éducation, de santé et d’aide sociale à l’enfance
et à la famille pour les familles et les communautés
autochtones.
• Reconnaitre que la culture et la langue sont des éléments
essentiels de l’élaboration et de l’application du projet de
loi sur l’éducation des Premières Nations.
• Prendre l’engagement de financer des initiatives en
matière d’éducation de la petite enfance qui est une
composante si cruciale de la santé et du bienêtre des
enfants et des familles des Premières Nations, des Métis
et des Inuits.
• Prendre un engagement à l’égard d’un processus de
collaboration, qui comprend l’attribution de fonds, visant
à élaborer des ressources de formation pédagogique et
de perfectionnement professionnel pour les enseignantes
et enseignants tant autochtones que non autochtones.
Ces ressources engloberaient une information détaillée
sur les peuples, l’histoire, la culture et la spiritualité
autochtones.
• Prendre l’engagement de maintenir et d’accroitre l’appui
aux initiatives de collaboration en éducation qui peuvent
servir de modèles de pratiques prometteuses pour les
communautés du Canada.
• Prendre un engagement à l’égard d’une stratégie fédérale
globale de réduction de la pauvreté au Canada assortie
d’un calendrier et de cibles réalistes, et élaborée en
consultation avec les gouvernements provinciaux
et territoriaux, les gouvernements et organismes
autochtones, les organisations non gouvernementales et
les personnes vivant dans la pauvreté.
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la santé et les autres services essentiels d’aide sociale
à l’enfance; une infrastructure communautaire qui
appuie la sureté et la sécurité des familles et qui contre
la violence, l’abus de drogues, le suicide et le désespoir.
Par exemple, de nombreuses sources mentionnent la
recherche menée par Statistique Canada en 2009 qui
révèle que près de trois fois plus de femmes autochtones
que de femmes non autochtones au Canada sont
victimes de crimes violents. Cette victimisation peut être
attribuable au taux de pauvreté élevé, au faible niveau
de scolarité et au taux élevé d’incarcération des hommes
et des femmes autochtones, par rapport aux nonAutochtones du Canada. Le taux élevé de victimisation
des femmes autochtones accroit également leurs chances
d’être victimes de la traite des personnes au Canada.
Il nous faut reconnaitre la nécessité de soutenir la
croissance des communautés autochtones du Canada de
manière à respecter la remarquable diversité de leurs
cultures et de leurs langues, tout en abordant de front les
entraves au succès scolaire. L’accomplissement de cette
tâche doit passer par le respect mutuel, la validation et la
collaboration.
Le mouvement militant Idle No More a jeté un peu
de lumière sur ces questions auprès de la population
canadienne. Certaines personnes diront que ce
mouvement a été galvanisé par les médias sociaux.
D’autres maintiendront que le moment est venu pour les
Canadiennes et Canadiens d’admettre que notre passé
nous hante encore et que de nombreuses communautés
autochtones sont encore considérées comme « vivant
dans des conditions dignes du tiers monde » en 2013.
Le mouvement Idle No More est possiblement aussi
un reflet de la force et du pouvoir de la culture et de
l’identité et de l’importance de ces deux composantes
pour l’épanouissement sociétal. Voilà pourquoi la FCE
continue d’appuyer activement le personnel enseignant
et les communautés autochtones, créant des partenariats
et multipliant les occasions de collaboration afin de mieux
répondre aux besoins des élèves, des enseignantes et
des enseignants des Premières Nations, de Métis et des
Inuits.
Références
AFFAIRES AUTOCHTONES ET DÉVELOPPEMENT DU NORD CANADA. Rédaction d’une loi sur l’éducation des Premières Nations : Guide
de discussion, décembre 2012.
ASSEMBLÉE DES PREMIÈRES NATIONS. Réunion de février 2013.
CAMPAGNE 2000. Nécessaire : Un plan d’action fédéral pour éliminer la pauvreté des enfants et des familles au Canada, Rapport
2012, novembre 2012.
CENTRE CANADIEN DE POLITIQUES ALTERNATIVES. Alternative budgétaire pour le gouvernement fédéral 2013 : Mieux faire ensemble,
mars 2013.
Charte canadienne des droits et libertés, article 16.1 (1).
INUIT TAPIRIIT KANATAMI. Réunion de février 2013.
Les Premiers Canadiens, Les Canadiens en Premiers : Stratégie nationale sur la scolarisation des Inuits, 2011.
Cultiver l’esprit d’apprentissage chez les élèves des Premières Nations : Rapport du Panel national sur l’éducation primaire et
secondaire des Premières Nations pour les élèves dans les réserves, 2012.
STATISTIQUE CANADA. Tendances du taux de décrochage et des résultats sur le marché du travail des jeunes décrocheurs, [En ligne],
2010. [http://www.statcan.gc.ca/pub/81-004-x/2010004/article/11339-fra.htm].
ST. DENIS, Verna, Ph. D. Étude sur les connaissances et l’expérience professionnelles des enseignantes et enseignants autochtones
dans les écoles canadiennes, Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants, Conseil canadien sur l’apprentissage, 10
mars 2010.
TUAC CANADA.