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ÉDITO
RENSEIGNEMENTS
04 91 33 50 88
[email protected]
www.exterieurnuit.fr
Tarifs CRDP :
plein 6 euros
réduit 4 euros
colloque 3 euros
Autres lieux : entrée libre,
sous réserve des places
disponibles.
Carte d’ahésion à l’association
extérieur nuit 2012 (10 euros),
soutien 20 euros.
Partenaires
Conseil général
des Bouches-du-Rhône (13)
iNA
Soutiens
ABD Gaston Defferre
La Compagnie
Le Polygone étoilé
1
15 films dans leur format original (35 mm ou video),
5 journées de rencontres/colloque, lectures
20 ans après la disparition de Serge Daney cette manifestation
interroge en quoi la pensée de ce « ciné-fils », si vive, dont
les traces ont marqué nos esprits, nous amis, ou lecteurs de
ses articles dans Libération, ou auditeurs de ses émissions
Microfilms sur France culture, peut nous guider dans ces temps de
bouleversements liés à des mutations technologiques et économiques
galopantes.
Il y a la possibilité à présent, de lire et relire la quasi totalité
de ses articles et textes, édités par les éditions P.O.L
La revue Trafic, qu’il avait confiée à Jean Claude Biette,
Raymond Bellour, Sylvie Pierre, Patrice Rollet, éditée par P.O.L
paraît chaque trimestre depuis 20 ans.
Deux poètes marseillais Liliane Giraudon et Jean Jacques Viton
liront des textes de Serge Daney à la librairie l’Odeur du Temps
Des films qui l’ont « regardé » ou sur lesquels il a écrit, certains
choisis par ses amis pour l’hommage des passagers au passeur,
qu’avait organisé Extérieur Nuit en 1993, seront projetés
Des documentaires en vidéo permettront de « rencontrer » Serge Daney
Un colloque, des rencontres et des tables-rondes réuniront quelques
« amis », membres du comité de rédaction de Trafic, Raymond Bellour,
(dont l’ouvrage La querelle des dispositifs paraît simultanément
chez, P.O.L), Marcos Uzal, des réalisateurs Serge Le Péron,
Jacques Rozier, des réalisateurs et critiques, Jean-Louis Comolli,
André S.Labarthe pour témoigner de l’acuité de la pensée de Serge
Daney, et débattre de « où en est le cinéma ».
CALENDRIER
Lieux :
CRDP
Bd d’Athènes, 13001 Marseille
ARCHIVES ET BIBLIOTHÈQUE
DÉPARTEMENTALE GASTON DEFFERRE
18-20 rue Mirès,
13003 Marseille
LE POLYGONE ÉTOILÉ
1 rue Massabo, 13002 Marseille
LA COMPAGNIE
19, rue Francis de Pressencé,
13001 Marseille
LA LIBRAIRIE L’ODEUR DU TEMPS
35 rue Pavillon,
13001 Marseille
VENDREDI 16 NOVEMBRE \ LA COMPAGNIE \ 19 h
Présentation de la manifestation par Michèle Berson
FILM Conversation Nord-Sud : Daney Sanbar
de Simone Bitton et Catherine Poitevin \ France \ 1993 \ 48’ \
Vidéo
Présenté par Catherine Poitevin, co-réalisatrice
VENDREDI 23 NOVEMBRE \ CRDP \ 19 h
FILM VERTIGO
d’Alfred Hitchcock \ USA \ 1958 \ 2 h 09 \ VOSTF \ 35 mm
Film choisi par Patrice Rollet
SAMEDI 24 NOVEMBRE \ Polygone étoilé \ 18 h
FILM Nuit et brouillard
d’Alain Resnais \ France \ 1956 \ 32’
Texte de Jean Cayrol dit par Michel Bouquet
SAMEDI 24 NOVEMBRE \ Polygone étoilé \ 19 h
FILM La prise du pouvoir par Louis XIV
de Roberto Rossellini \ France \ ORTF \ 1966 \ 1 h 30
JEUDI 29 NOVEMBRE \ Librairie Odeur du Temps \ 19 h
LECTURE Serge Daney et son éditeur P.O.L
Lecture par Liliane Giraudon et Jean-Jacques Viton
VENDREDI 30 NOVEMBRE \ CRDP \ 18 h 30
Colloque 1 Où (en) est le cinéma ? « Serge Daney, le passeur »
intervenants Raymond Bellour, Serge Le Péron, Marcos Uzal,
VENDREDI 30 NOVEMBRE \ CRDP \ 20 h
FILM Rio Bravo
de Howard Hawks \ USA \ 1959 \ 2 h 20
présenté par Serge Le Péron
SAMEDI 1 DÉCEMBRE \ ABD Gaston Defferre \ 14 h 30
Colloque 2 Où (en) est le cinéma ? Qu’est ce que le cinéma ?
intervenants Raymond Bellour, Jean-Louis Comolli,
André S. Labarthe, Serge Le Péron, Jean-Pierre Rehm,
Jacques Rozier, Marcos Uzal
SAMEDI 1 DÉCEMBRE \ ABD Gaston Defferre \ 17 h
FILM projection avant-première
Serge Daney, le cinéma et le monde
de Serge Le Péron \ France \ 2012 \ 1 h 20 \ Vidéo
SAMEDI 1 DÉCEMBRE \ CRDP \ 20 h 30
Hommage à Jean-Claude Biette, co-fondateur de Trafic
FILM Loin de Manhattan (s. r.)
de Jean-Claude Biette \ France \ 1980 \ 1 h 20
présenté par Marcos Uzal
2
DIMANCHE 2 DÉCEMBRE \ CRDP \ de 15 h
Colloque 3
Le temps du cinéma, le temps du voyage
Serge Daney, le voyageur, le marcheur
Les rencontres de Serge Daney avec Jacques Rozier
• extraits de films de Jacques Rozier
• extraits de l’émission Microfilms : entretien
de Serge Daney avec Jacques Rozier à propos de Maine Océan
• Lecture de l’article : Maine océan, « la vie même »
intervenants
Pascal Kané, André S. Labarthe, Serge Le Péron, Jacques Rozier,
Marcos Uzal
DIMANCHE 2 DÉCEMBRE \ CRDP \ 17 h
FILM Maine Ocean
de Jacques Rozier \ France \ 1985 \ 2 h 11
présenté par Jacques Rozier
MARDI 4 DÉCEMBRE \ ABD Gaston Defferre \ 18 h
FILM, Cinéastes de notre temps
Jacques Rivette, le veilleur : 1-le jour / 2-la nuit
de Claire Denis en collaboration avec Serge Daney
présenté par André S. Labarthe
MERCREDI 5 DÉCEMBRE \ ABD Gaston Defferre \ 18 h
FILM VIDÉO Serge Daney, itinéraire d’un ciné-fils
de Pierre-André Boutang et Dominique Rabourdin
Entretien-fleuve avec Régis Debray en 3 parties
Serge Daney, itinéraire d’un ciné-fils, Le Temps des Cahiers
France \ 1992 \ 1 h 12 \ Vidéo
Serge Daney, itinéraire d’un ciné-fils, Des Cahiers à Libé
France \ 1992 \ 1 h \ Vidéo
Serge Daney, itinéraire d’un ciné-fils, le regard du zappeur
France \ 1992 \ 1 h 06 \ Vidéo
MARDI 11 DÉCEMBRE \ Polygone étoilé \ 19 h
FILMS Le Cinéphile et le Village
de Pascal Kané \ France \ 1993 \ 45’ \ Vidéo
De l’autre côté du racisme
de Pascal Kané France \ 1991 \ 1 h 15 \ Vidéo
VENDREDI 14 DÉCEMBRE \ CRDP \ 19 h
Deleuze/Daney
FILM Dodes’kaden
d’Akira Kurosawa \ Japon \ 1970 \ VOSTF \ 2 h 20
film choisi par Gilles Deleuze
SAMEDI 15 DÉCEMBRE \ Polygone étoilé \ 19 h
FILM, Cinéastes de notre temps
John Ford, entre chien et loup
d’André S. Labarthe
SAMEDI 15 DÉCEMBRE \ Polygone étoilé \ 20 h
FILM FRONTIÈRE CHINOISE
de John Ford \ USA \ 1966 \ 1 h 27
Film choisi par Sylvie Pierre
3
Jean-Marie RODON
Action, Théâtre du temple
La plupart des films de cette programmation autour de Serge
Daney avaient été choisis par ses proches amis pour l’hommage
des passagers au passeur en 1993.
Rio Bravo, incontournable, sur lequel Serge Daney avait écrit
son premier article, choisi par Jean Douchet, Vertigo choisi
par Patrice Rollet, Dodes’Kaden choisi par Gilles Deleuze,
Frontière Chinoise choisi par Sylvie Pierre (ce dernier film
n‘avait pas pu être projeté à l’époque, faute de copie,
quant à Rio Bravo, aucune copie en France n’était dans
un état projetable.)
Dodes’kaden, avait été autorisé par la firme japonaise Toho
pour une seule projection auprès d’un public d’étudiants à
Marseille)
Depuis, si on peut montrer ces films, c’est grâce au travail
remarquable de distributeur fait par Jean Marie Rodon,
co-fondateur du réseau Action, qui poursuit une politique
de rééditions de films classiques en copies neuves, que l’on
peut voir à l’Action Christine à Paris, et qu’il distribue
par Théâtre du Temple.
4
PROGRAMMATION
VENDREDI 16 NOVEMBRE \ LA COMPAGNIE \ 19 h
Présentation de la manifestation par Michèle Berson
FILM
Conversation Nord-Sud : Daney Sanbar
de Simone Bitton et Catherine Poitevin
France \ 1993 \ 48’ \ Vidéo
Présenté par Catherine Poitevin, co-réalisatrice
Pendant la guerre du Golfe, Serge Daney avait écrit que
la conversation, selon lui « un art typiquement francoarabe »,
n’arrivait plus à s’instaurer entre lui et ses amis arabes.
Attristées par ce constat, les réalisatrices ont voulu lui offrir
un cadre, à la fois réel et cinématographique, dans lequel il pourrait
renouer ce dialogue un moment interrompu.
Le choix de son interlocuteur s’est imposé d’emblée : Elias Sanbar,
Palestinien, historien, directeur de la revue Études palestiniennes.
VENDREDI 23 NOVEMBRE \ CRDP \ 19 h
FILM
VERTIGO (Sueurs froides)
d’Alfred Hitchcock
USA \ 1958 \ 2 h 09
avec James Stewart, Kim Novak
Film choisi par Patrice Rollet
Inspiré du roman noir D’entre les morts de boileau-narcejac (1954),
Sueurs froides jouit d’une adoration particuliere de la part des
cinephiles et des cineastes du monde entier. Le film se classe
d’ailleurs regulierement au sommet des meilleurs films de toute
l’histoire du cinema (la revue anglaise sight & sound, par exemple,
ou les revues françaises Positif et Les cahiers du cinema).
L’american film institute l’inscrit dans la liste des 10 meilleurs
films americains de tous les temps….
Avoir 10 ans, c’est dire « qu’est ce que j’aimerais ressembler à
James Stewart », Serge Daney, Itinéraire d’un ciné-fils, La loi du
marcheur
Serge Daney, chez qui l’injonction de la morale l’emportait toujours
sur la fascination de la maîtrise, était bien sûr plus hawksien
qu’hitchcokien. Et, quand ces derniers temps, il suivait les brisées
du Maître,… c’est moins pour emprunter les autoroutes trop
fréquentées par la doxa critique, de son époque américaine que pour
retrouver les chemins chaotiques de son œuvre anglaise.
Deux films américains d’Hitch pourtant n’ont cessé de l’accompagner,
North by northwest pour le plaisir, et Vertigo pour l’émotion.
Dans Libération puis Trafic, Serge avait, à plusieurs reprises, comme
si son écriture doublait la spirale de Vertigo, tenté de pointer ce
qui le poignait ici,au fond la résistance parfois panique d’un corps
à sa propre image, d’un acteur à son personnage (le côté bout
d’essai de Kim Novak) et d’un personnage à lui-même (« le second tour
de piste » de Judy Madelaine.)
De ce film, j’ai partagé le trouble et le vertige jusqu’à le voir
une trentaine de fois quand j’avais vingt ans et dont j’ai mis dix
ans à me déprendre, je me souviens avoir parlé toute une nuit avec
Serge.
Patrice Rollet. in Serge Daney, Hommage des passagers au passeur
manifestation organisée par Extérieur Nuit en collaboration avec
Paris 8, 1993
5
SAMEDI 24 NOVEMBRE \ Polygone étoilé \ 18 h
FILM
Nuit et brouillard
d’Alain Resnais
France \ 1956 \ 32’
Texte de Jean Cayrol dit par Michel Bouquet.
Henri Agel professeur de lettres au lycée Voltaire fut un de
ces passeurs singuliers….
Une fois, deux fois, trois fois, selon les caprices d’Agel et
les cours de latin sacrifiés, je regardai les célèbres empilements
de cadavres, les cheveux, les lunettes et les dents. J’entendis
le commentaire désolé de Jean Cayrol dans la voix de Michel Bouquet
et la musique de Hans Eisler qui semblait s’en vouloir d’exister.
Etrange baptême des images : comprendre en même temps que les camps
étaient vrais et que le film était juste… Et que le cinéma-lui seul
était capable de camper aux limites d‘une humanité dénaturée ?…
Nuit et Brouillard, un « beau film » ? Non, un film juste. C’est Kapo
qui voulait être un beau film et qui ne l’était pas. Et c’est moi,
qui ne ferai jamais bien la différence entre le juste et le beau.
D’où l’ennui pas même « distingué », qui fut toujours le mien devant
les belles images.
Serge Daney Persévérance. Entretien avec Serge Toubiana
SAMEDI 24 NOVEMBRE \ Polygone étoilé \ 19 h
FILM
La Prise de pouvoir par Louis XIV
de Roberto Rossellini
France \ 1966 \ ORTF \ 1 h 30
Avec Jean-Marie Patte, Raymond Jourdan, Giulio Cesare Silvagni
Il y a dix ans, Rossellini aurait peut-être fait un film autour
de Versailles et du spectacle de la cour, aujourd’hui, il montre
pile et face. Au cours de la (fort belle) séquence de l’essayage
des costumes, Louis XIV prend conscience du rôle politique
d’un certain cérémonial, d’un ensemble de signes dont il sera
la seule justification. En ce sens, on peut dire que ce film est
à l’œuvre de Rossellini ce qu’une critique est à un film : il met en
lumière ce qui fut longtemps sous-entendu, il parle de ce qu’on a tu
jusqu’ici. Nul cinéaste n’est parvenu à une telle prise
de conscience de son art. Il ne s’agit plus de subir le spectacle
de l’étiquette, mais de le comprendre…
Serge Daney, Cahiers du cinéma, janvier 1967
JEUDI 29 NOVEMBRE \ Librairie Odeur du Temps \ 19 h
LECTURE
Serge Daney et son éditeur P.O.L
Lecture par Liliane Giraudon et Jean-Jacques Viton
En présence de Michèle Berson, et de Jacques Rozier (s. r.)
Viton/Giraudon œuvrent depuis plusieurs décennies chez Action
Poétique. Avec Henri Deluy qui fut pendant de brèves années
journaliste à La Marseillaise, le pacte est depuis longtemps scellé,
l’amitié est essentielle. Leurs livres sont principalement édités
par Paul-Otchakovski-Laurens ; leur relation avec le bras droit de
P.O.L, Jean-Paul Hirsch remonte à la fin des années 70 lorsque
Jean-Paul dirigea pendant plusieurs saisons, « rue du Félibre Gaut »,
une librairie d’Aix-en-Provence qui s’appelait « La Quotidienne ».
Depuis 1978, Viton/Giraudon ont publié vingt-deux livres avec
le logo de P.O.L : ils ont l’un et l’autre composé onze ouvrages
formatés sous la couverture blanche.
6
LES intervenants AUX COLLOQUES
Raymond Bellour
Écrivain, critique et théoricien du cinéma et de la littérature.
Il a été directeur de recherche au CNRS et a enseigné à l’université
de Paris III. Depuis le début des années 80, il a eu un intérêt
grandissant pour la vidéo, la photo, les régimes (mixtes) d’images.
1989-1990 : exposition Passages de l’image (avec C. David et
C. van Assche, au centre Pompidou. Il a publié notamment
L’Entre-Images. Photo. Cinéma. Vidéo (La Différence, 1990),
L’entre-images 2 (POL, 1999), Le corps du cinéma, hypnoses,
émotions, animalités (P.O.L, 2009) et actuellement La querelle des
dispositifs (P.O.L, 2012). En 1991, avec Serge Daney, il participe
à la création de la revue Trafic.
Jean-Louis Comolli
Après avoir travaillé pour Les Cahiers du cinéma de 1962 à 1978,
dont il sera le rédacteur en chef de 1966 à 1971, il devient
réalisateur de fictions et de documentaires. Sa filmographie comporte
une vingtaine de films, dont : Les deux Marseillaises (co-réalisateur
André S. Labarthe), 1968 ; La Cecilia, 1975 ; Marseille de père en
fils, 1996 ; Marseille contre Marseille, 1996 ; Nos deux Marseillaises,
1997 ; Rêves de France à Marseille, 2003 ;…
Pascal KANÉ
Critique aux Cahiers du Cinéma, où il écrit jusqu’en 1981, il se
lance dans la réalisation d’une dizaine de courts puis de longmétrages, dont : Dora et la Lanterne magique, 1978 ; Liberty belle,
1983 ; L’Éducatrice, 1996 ; Je ne vous oublierai jamais, 2010.
André S. Labarthe
Critique, réalisateur, producteur de cinéates de notre temps
Après des études universitaires en philosophie, il intègre la revue
des Cahiers du cinéma courant des années 50.
Il passe à la réalisation et à la production quand il démarre avec
Jeanine Bazin la série Cinéastes de notre temps de 1964 à 1970.
En 1990, il remet en chantier sa collection de portraits de cinéastes
renommée : Cinéma de notre temps. Il est également auteur d’ouvrages
sur le cinéma et la peinture.
Serge Le Péron
Entré aux Cahiers du cinéma au milieu des années 1970,
Serge Le Péron est critique, puis cinéaste. Il a réalisé Laisse
béton (1984), L’Affaire Marcorelle (2000), J’ai vu tuer Ben Barka
(2005) et, tout récemment, Serge Daney : le cinéma et le monde.
Il est réalisateur, scénariste, enseignant et responsable du Master
Cinéma et Audiovisuel à l’université Paris-VIII.
Jacques Rozier
Il est un des grands réalisateurs français.
Il est l’auteur de films fondateurs de la Nouvelle Vague :
Rentrée des classes, Blue Jeans et Adieu Philippine.
Ses longs métrages (Adieu Philippine, Du côté d’Orouet,
Les Naufragés de l’île de la Tortue, Maine Océan, Fifi Martingale),
marquent l’histoire du cinéma comme des miracles d’humour,
d’intelligence et de liberté.
Jean-Pierre Rehm
Critique d’art et de cinéma. Commissaire indépendant (dernières
expositions : Basedupon true Stories avec Catherine David au Witte
de With de Rotterdam ; Fictions Documentales avec Marta Gili
à la Fondation La Caixa à Barcelone). A dirigé le post-diplôme Art
à l’école nationale des beaux-arts de Lyon et a été membre
du conseil éditorial des Cahiers du Cinéma. Il est délégué général
du Festival international du documentaire de Marseille.
7
Marcos UZAL
Critique de cinéma et enseignant
Il a écrit pour les revues Exploding, Cinéma, Vertigo et Trafic, dont
il est membre du comité de rédaction.
VENDREDI 30 NOVEMBRE \ CRDP \ 18 h 30
Colloque 1
Où (en) est le cinéma ? « Serge Daney, le passeur »
intervenants
Raymond Bellour
Serge Le Péron
Marcos Uzal
VENDREDI 30 NOVEMBRE \ CRDP \ 20 h
FILM
RIO BRAVO
de Howard Hawks
USA \ 1959 \ 2 h 20
Avec John Wayne, Dean Martin, Ricky Nelson, Angie Dickinson,
Walter Brennan
Présenté par Serge Le Péron
1961 : Cinémathèque française, rue d’Ulm, intégrale Howard Hawks.
Première rencontre avec Serge. Longue discussion tard dans la nuit.
Nous parlons, il parle, il parle de Rio Bravo, bien sûr, de Rio
Bravo, forcément. Fascination de la rectitude morale parce que
physique qui forme et conduit l’écriture.
Admiration pour le transfert du mécanisme scénaristique qu’est
le ressort dramatique, en sujet-sang neuf et chair du film.
Une succession de replis et d’espace et de temps arme la détente et
déclenche la projection foudroyante ferme et juste de la balle qui
résout provisoirement le conflit. Un conflit dont on voyait bien qu’il
s’enracinait dans un inconscient lisible tel celui de l’homosexualité
culpabilisante ou celui de l’absence du père. Pour Serge, Rio Bravo
représentait ce qu’il attendait fondamentalement du cinéma :
pour le conscient, une connaissance du monde,
pour l’inconscient, une projection reconnaissable de soi.
Jean Douchet. Serge Daney, Hommage des passagers au passeur.
(Exterieur Nuit, Paris 8, 1993)
Le regard d’en haut, de John Wayne, debout, vers Dean Martin
accroupi auprès du crachoir, et celui d’en bas, qui s’échange
symétriquement avec lui, de Dean Martin transpercé par le regard
encore apitoyé et courroucé de son ami, est un moment d’intensité
dont la pointe ne pouvait pas manquer de bouleverser Serge Daney.
Rio Daney Bravo, Sylvie Pierre, Trafic n° 37
8
SAMEDI 1 DÉCEMBRE \ ABD Gaston Defferre \ 14 h 30
Colloque 2
Où (en) est le cinéma ? Qu’est ce que le cinéma ?
Le cinéma est-il un art, sera-t-il conservé, tout ou partie ? et que
va-t-il advenir de ce que nous avons aimé en lui ? et de nous, qui
nous sommes aimés indûment à travers lui, et du monde qu’il nous
avait promis et dont nous devions être les citoyens ? […] car de cela
au moins je suis sûr : le cinéma ne résiste pas mieux aux sociétés
qui viennent que l’Afrique ne trouve sa place sur la carte du monde
qui va. Il faudrait un endroit pour écrire cela. Pour que
la tradition orale continue. Avant que les griots ne prennent
leur retraite. Il faudrait une revue, par exemple.
Une revue de cinéma.
Serge Daney, Trafic n°1, hiver, 1991
«(…) Voici que revient en force l’énorme refoulé technologique que
le Cinéma de Lumière semblait avoir absorbé et assimilé, sans reste.
Voici que l’homme aux mille brevets réapparaît comme dans un mauvais
feuilleton : Edison, le retour. Edison l’homme-orchestre de l’audiovisuel ? Le Kinetocpe n’a pas été éliminé par le cinématographe,
loin de là. Il a grandi dans l’ombre… puis il a fait des petits… »
André S.Labarthe, Du premier cri au dernier râle, Yellow Now, 2004
La projection vécue d’un film en salle, dans le noir, le temps
prescrit d’une séance plus ou moins collective, est devenue et reste
la condition d’une expérience unique de perception et de mémoire,
définissant son spectateur et que toute situation autre de vision
altère plus ou moins. Et cela seul vaut d’être appelé « cinéma ».
Raymond Bellour, La querelle des dispositifs P.O.L, novembre 2012
intervenants
Raymond BELLOUR
Jean-Louis COMOLLI (s. r.)
Pascal Kané (s. r.)
André S. LABARTHE
Serge LE PÉRON
Jean-Pierre REHM
Jacques ROZIER
Marcos UZAL
9
SAMEDI 1 DÉCEMBRE \ ABD Gaston Defferre \ 17 h
FILM projection avant-première
Serge Daney : le cinéma et le monde
de Serge Le Péron
France \ 2012 \ 1 h 20 \ Vidéo
Paroles de Serge Daney sur le cinéma.
Paroles de cinéastes sur Serge Daney.
Présenté par Serge Le Péron
SAMEDI 1 DÉCEMBRE \ CRDP \ 20 h 30
Hommage à Jean-Claude Biette, co-fondateur de Trafic
FILM
Loin de Manhattan (s. r.)
de Jean-Claude Biette
France \ 1980 \ 1 h 20
avec Jean-Christophe Bouvet, Sonia Saviange, Howard Vernon
Présenté par Marcos Uzal
Jean-Claude Biette, critique, réalisateur, il a participé avec
Serge Daney, en 1991, à la fondation de la revue Trafic.
Collaborateur des Cahiers du Cinéma à partir de 1964, il réalise
plusieurs courts-métrages entre 1961 et 1972.
Il séjourne en Italie pendant quelques années au cours desquelles
il travaille avec Pier Paolo Pasolini.
Il a réalisé 8 long-métrages : Le Théâtre des matières, 1977 ; Loin
de Manhattan, 1980 ; L’Archipel des amours, 1983 ; Le Champignon des
Carpathes, 1989 ; Chasse gardée, 1992 ; Le Complexe de Toulon, 1995 ;
Trois Ponts sur la rivière, 1999 ; Saltimbank, 2002.
« En Parisien, il était un usager assidu du bus. Biette disait y
guetter les mots, les attitudes, les vibrations du temps.
Beaucoup de répliques de ses films provenaient de ces notes
sur le vif. Le bus et pas le métro où il étouffait…
Air libre. Ce goût pour les transports de surface nous confirme que
Biette n’était, à aucun égard, un cinéaste underground.
Ses films furent toujours de plein jour et d’air libre, jusqu’au
manifeste : Loin de Manhattan, premier long métrage, ne comporte
aucune scène d’intérieur. Quant au plaisir de la déambulation, tous
ses films jusqu’à Saltimbank, sont une invitation à la promenade,
voire à la paresse oisive, de vraies ballades en balades. »
La vie était Biette par Gérard Lefort et Olivier Séguret, Next,
25 juin 2003
10
DIMANCHE 2 DÉCEMBRE \ CRDP \ de 15 h
Colloque 3
LE TEMPS DU CINÉMA, LE TEMPS DU VOYAGE
«Serge Daney, le voyageur, le marcheur»
intervenants
Pascal Kané (s. r.)
André S. Labarthe
Serge Le Péron
Jacques Rozier
Marcos Uzal
Les rencontres de serge daney avec Jacques Rozier
• extraits de films de Jacques Rozier
• extraits de l’émission Microfilms : entretien de
Serge Daney avec Jacques Rozier à propos de Maine Océan
• Lecture de l’article : Maine océan, « la vie même »
DIMANCHE 2 DÉCEMBRE \ CRDP \ à 17 h
FILM
Maine Ocean
de Jacques Rozier
France \ 1985 \ 2 h 11
avec Bernard Menez, Luis Rego, Yves Afonso, Pedro Almendariz Jr,
Rosa Maria Gomez, Lydia Feld, Mike Marshall…
Présenté par Jacques Rozier
Naturel, le petit mot est lâché. Il y a gros à parier qu’à propos de
Maine Océan, on concède une fois de plus à Rozier ce sens et ce goût
du naturel qui ont fait la gloire d’Adieu Philippine et la réputation de Du côté d’Orouet et des Naufragés de l’île de la Tortue…
Le « naturel» selon Rozier, ce n’est ni le débraillé de Lelouch, ni
l’illusionnisme de Rohmer, ni la nature humaine vue par Pialat :
c’est beaucoup plus fou que ça.
Si bien que, petit mot pour petit mot, j’aime autant, s’agissant de
Rozier, celui de « vie ». « Le cinéma, c’est la vie », est-on souvent en droit de dire… Un film de Rozier, c’est autre chose, c’est
comme la vie. Nuance ? Nuance abyssale ! Car la vie, comme le récit
de Maine Océan, comme l’attention du spectateur, comme l’obstination
bien connue de Rozier à ne faire que ce qu’il veut, la vie tient à
un fil et à un pari sur le temps, sur « le fil du temps ». Et c’est
parce que ce fil est ténu, que Rozier est grand (et fou) de vouloir
le montrer.
S. Daney Libération, 17 avril 1986
11
MARDI 4 DÉCEMBRE \ ABD Gaston Defferre \ 18 h
FILM, Cinéastes de notre temps
Jacques Rivette, le veilleur
1-le jour / 2-la nuit
de Claire Denis
en collaboration avec Serge Daney
France \ 1990 \ 1 h 10 et 54’
avec Jacques Rivette, Serge Daney, Bulle Ogier,
Jean-François Stévenin, Jean Babilée
Présenté par André S. Labarthe
Entre Claire Denis et Jacques Rivette, il y a le passeur Serge Daney :
confident, ami et accoucheur. C’est à lui que Rivette raconte
un peu sa vie, ses cinéastes de prédilection et ses choix de mise en
scène. De jour, en déambulant dans un Paris qui est celui des films
du cinéaste. De nuit, sur un toit surplombant la capitale.
12
MERCREDI 5 DÉCEMBRE \ ABD Gaston Defferre \ 18 h
FILM VIDÉO
Serge Daney, itinéraire d’un ciné-fils,
le temps des cahiers / des cahiers à Libé / le regard du zappeur
de Pierre-André Boutang et Dominique Rabourdin
Entretien-fleuve avec Régis Debray en 3 parties
Serge Daney, itinéraire d’un ciné-fils, Le Temps des Cahiers
France \ 1992 \ 1 h 12 \ Vidéo
Serge Daney, itinéraire d’un ciné-fils, Des Cahiers à Libé
France \ 1992 \ 1 h \ Vidéo
Serge Daney, itinéraire d’un ciné-fils, le regard du zappeur
France \ 1992 \ 1 h 06 \ Vidéo
Rien qu’en voyant Serge Daney haussant les épaules et d’évidence,
dire: « la télé c’est un gros téléphone d’hôpital », on est avec lui.
« Son itinéraire » présent sur DVD rend pérenne sa parole
captée en plan fixe, très heureusement par Régis Debray,
Pierre-André Boutang et Dominique Rabourdin en 1992, quelques mois
avant que Daney ne s’éteigne à tout jamais.
Magnifique dans Itinéraire d’un cinéfils, Daney raconte tout,
son enfance, son trajet, Langlois, la Nouvelle Vague, Godard,
Truffaut, Rivette, Rohmer, Chabrol, les Cahiers, période jaune,
Hawks, Ford, Hitchcock, la qualité française, Carné, Autant-Lara,
les autres comme Grémillon, Bresson, les Cahiers encore, période
rouge, le marxisme, De Gaulle, Cohn-Bendit, 68, Godard encore,
Eisenstein, Fellini, Bergman… Daney s’arrête perpétuellement sur ce
qu’est « voir », « regarder », « défendre » un film et l’écrire dans
les Cahiers, le faire dans Libération et changer, traiter de
la télévision, penser comme Paul Virilio tout en continuant à aimer
le cinéma et le tennis : le tout est exprimé en 3 heures d’une floraison
de paroles brillantes, à l’image d’un service gagnant.
Au final si Daney transmet sa cinéphilie, il s’inquiète beaucoup pour
notre avenir, celui des images et de la représentation.
La télévision justement, celle qui comme Rossellini l’a intéressée
lors des dernières années de sa vie, au grand étonnement de beaucoup
qui n’ont pas compris. « La télévision, ce n’est pas l’Art, elle a
tout cassé ». Lui-même entendait mieux que tout autre que
la télévision avait réduit « la grammaire déjà pas très développée du
cinéma ».
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VENDREDI 11 DÉCEMBRE \ Polygone étoilé \ 19 h
FILM
Le Cinéphile et le Village
de Pascal Kané
France \ 1993 \ 45’ \ Vidéo
Serge Daney parle en 1991 de la télévision française,
de sa façon d’informer, des modèles de conduite et des liens sociaux
qu’elle propose.
De l’autre côté du racisme
de Pascal Kané
France \ 1991 \ 1 h 15 \ Vidéo
Les approches spécifiques du biologiste André Laganey,
du journaliste Serge Daney, de l’historien Émile Témime et
du psychanaliste Daniel Sibony tentent d’éclairer la notion
de racisme à travers les questions d’identité.
VENDREDI 14 DÉCEMBRE \ CRDP \ 19 h
FILM
DODES’KADEN
d’Akira Kurosawa \ Japon \ 1970 \ 2 h 10
avec Yoshitaka Zushi, Hisashi Igawa, Tatsuo Matsumura, Koji Mitsu
Film choisi par Gilles Deleuze en hommage à Serge Daney
Serge Daney, Hommage des passagers au passeur,
organisé par Extérieur Nuit et Paris 8, 1993
Dodes’kaden est le premier film en couleur de Kurosawa.
De ce fait, il fera beaucoup d’essais durant le tournage, comme
peindre des ombres sur le sol ou tendre des draps colorés pour
remplacer le ciel. Le titre du film est l’onomatopée du bruit du
tramway que «conduit» Rokuchan.
« Kurosawa de son côté afrontait la limite extrême de l’autre aspect
de l’image-action : quand le monde de la misère montait tellement
qu’il faisait craquer le grand cercle, et révélait une réalité
cahotique qui n’était plus que dispersive (Dodes’Kaden, avec
son bidonville, et pour seule unité le mouvement latéral de l’idiot
qui le traverse en se prenant pour un tramway) »
Gilles Deleuze, L’image mouvement.
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SAMEDI 15 DÉCEMBRE \ Polygone étoilé \ 19 h
FILM, Cinéastes de notre temps
John Ford, entre chien et louP
d’André S. Labarthe
France \ 2001 \ 52’
avec John Ford, Alfred Hitchcock
Rencontres avec deux des plus grands cinéastes au monde, que tout
oppose.
Tandis que Ford, aussi malin que bourru, reçoit sur son lit et
ne se livre que par courtes salves, Hitchcock explique comment
il évite le cliché en analysant par le menu deux séquences
de La Mort aux trousses et de Psychose
SAMEDI 15 DÉCEMBRE \ CRDP \ 20 h
Frontière chinoise
de John Ford
USA \ 1966 \ 1 h 27
avec Anne Bancroft, Sue Lyon, Margaret Leighton
Film choisi par Sylvie Pierre
« John Ford a soixante-douze ans lorsqu’il tourne Seven Women,
son ultime film de fiction, une œuvre surprenante et passionnante…
Le film possède la beauté propre au cinéma muet et que l’on peut
trouver chez des cinéastes comme Frank Borzage. À ce titre, Seven
Women est un film totalement anachronique dans le Hollywood de 1966.
Pour le producteur Bernard Smith, « le film est l’étude de la nature
même de la religion et de la sexualité cachée des femmes dans
une certaine circonstance. Il n’y a pas de véritable rôle masculin
principal et ce sera le premier film que fera Ford de toute
sa carrière qui est principalement consacré à des femmes »…
L’admirable dernière scène du film est en même temps l’ultime scène
de fiction de la carrière de Ford, quarante-neuf ans après
ses débuts ».
Patrick Brion
S’arrêtant par ce film sur la singularité du cinéma de Ford,
ce « cinéaste à part », « cinéaste pour cinéastes », Daney souligne
la façon dont le personnage y est souvent affecté par ce qui
revient du fond de l’image, « comme l’image endeuillée de
son désir ». Il précise : « Une image toujours déjà-là et toujours
déjà fixe » Il ajoute « le cinéma donne la possibilité d’enregistrer
ce toujours-déjà-qui nous regarde un par un, qui fond sur nous et
nous enchaîne. Ange gardien, l’image fondamentale est une boîte
noire ».
L’effet Daney ou l’arrêt de vie et de mort, Raymond Bellour, Trafic
n° 37
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