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ÉDITO RENSEIGNEMENTS 04 91 33 50 88 [email protected] www.exterieurnuit.fr Tarifs CRDP : plein 6 euros réduit 4 euros colloque 3 euros Autres lieux : entrée libre, sous réserve des places disponibles. Carte d’ahésion à l’association extérieur nuit 2012 (10 euros), soutien 20 euros. Partenaires Conseil général des Bouches-du-Rhône (13) iNA Soutiens ABD Gaston Defferre La Compagnie Le Polygone étoilé 1 15 films dans leur format original (35 mm ou video), 5 journées de rencontres/colloque, lectures 20 ans après la disparition de Serge Daney cette manifestation interroge en quoi la pensée de ce « ciné-fils », si vive, dont les traces ont marqué nos esprits, nous amis, ou lecteurs de ses articles dans Libération, ou auditeurs de ses émissions Microfilms sur France culture, peut nous guider dans ces temps de bouleversements liés à des mutations technologiques et économiques galopantes. Il y a la possibilité à présent, de lire et relire la quasi totalité de ses articles et textes, édités par les éditions P.O.L La revue Trafic, qu’il avait confiée à Jean Claude Biette, Raymond Bellour, Sylvie Pierre, Patrice Rollet, éditée par P.O.L paraît chaque trimestre depuis 20 ans. Deux poètes marseillais Liliane Giraudon et Jean Jacques Viton liront des textes de Serge Daney à la librairie l’Odeur du Temps Des films qui l’ont « regardé » ou sur lesquels il a écrit, certains choisis par ses amis pour l’hommage des passagers au passeur, qu’avait organisé Extérieur Nuit en 1993, seront projetés Des documentaires en vidéo permettront de « rencontrer » Serge Daney Un colloque, des rencontres et des tables-rondes réuniront quelques « amis », membres du comité de rédaction de Trafic, Raymond Bellour, (dont l’ouvrage La querelle des dispositifs paraît simultanément chez, P.O.L), Marcos Uzal, des réalisateurs Serge Le Péron, Jacques Rozier, des réalisateurs et critiques, Jean-Louis Comolli, André S.Labarthe pour témoigner de l’acuité de la pensée de Serge Daney, et débattre de « où en est le cinéma ». CALENDRIER Lieux : CRDP Bd d’Athènes, 13001 Marseille ARCHIVES ET BIBLIOTHÈQUE DÉPARTEMENTALE GASTON DEFFERRE 18-20 rue Mirès, 13003 Marseille LE POLYGONE ÉTOILÉ 1 rue Massabo, 13002 Marseille LA COMPAGNIE 19, rue Francis de Pressencé, 13001 Marseille LA LIBRAIRIE L’ODEUR DU TEMPS 35 rue Pavillon, 13001 Marseille VENDREDI 16 NOVEMBRE \ LA COMPAGNIE \ 19 h Présentation de la manifestation par Michèle Berson FILM Conversation Nord-Sud : Daney Sanbar de Simone Bitton et Catherine Poitevin \ France \ 1993 \ 48’ \ Vidéo Présenté par Catherine Poitevin, co-réalisatrice VENDREDI 23 NOVEMBRE \ CRDP \ 19 h FILM VERTIGO d’Alfred Hitchcock \ USA \ 1958 \ 2 h 09 \ VOSTF \ 35 mm Film choisi par Patrice Rollet SAMEDI 24 NOVEMBRE \ Polygone étoilé \ 18 h FILM Nuit et brouillard d’Alain Resnais \ France \ 1956 \ 32’ Texte de Jean Cayrol dit par Michel Bouquet SAMEDI 24 NOVEMBRE \ Polygone étoilé \ 19 h FILM La prise du pouvoir par Louis XIV de Roberto Rossellini \ France \ ORTF \ 1966 \ 1 h 30 JEUDI 29 NOVEMBRE \ Librairie Odeur du Temps \ 19 h LECTURE Serge Daney et son éditeur P.O.L Lecture par Liliane Giraudon et Jean-Jacques Viton VENDREDI 30 NOVEMBRE \ CRDP \ 18 h 30 Colloque 1 Où (en) est le cinéma ? « Serge Daney, le passeur » intervenants Raymond Bellour, Serge Le Péron, Marcos Uzal, VENDREDI 30 NOVEMBRE \ CRDP \ 20 h FILM Rio Bravo de Howard Hawks \ USA \ 1959 \ 2 h 20 présenté par Serge Le Péron SAMEDI 1 DÉCEMBRE \ ABD Gaston Defferre \ 14 h 30 Colloque 2 Où (en) est le cinéma ? Qu’est ce que le cinéma ? intervenants Raymond Bellour, Jean-Louis Comolli, André S. Labarthe, Serge Le Péron, Jean-Pierre Rehm, Jacques Rozier, Marcos Uzal SAMEDI 1 DÉCEMBRE \ ABD Gaston Defferre \ 17 h FILM projection avant-première Serge Daney, le cinéma et le monde de Serge Le Péron \ France \ 2012 \ 1 h 20 \ Vidéo SAMEDI 1 DÉCEMBRE \ CRDP \ 20 h 30 Hommage à Jean-Claude Biette, co-fondateur de Trafic FILM Loin de Manhattan (s. r.) de Jean-Claude Biette \ France \ 1980 \ 1 h 20 présenté par Marcos Uzal 2 DIMANCHE 2 DÉCEMBRE \ CRDP \ de 15 h Colloque 3 Le temps du cinéma, le temps du voyage Serge Daney, le voyageur, le marcheur Les rencontres de Serge Daney avec Jacques Rozier • extraits de films de Jacques Rozier • extraits de l’émission Microfilms : entretien de Serge Daney avec Jacques Rozier à propos de Maine Océan • Lecture de l’article : Maine océan, « la vie même » intervenants Pascal Kané, André S. Labarthe, Serge Le Péron, Jacques Rozier, Marcos Uzal DIMANCHE 2 DÉCEMBRE \ CRDP \ 17 h FILM Maine Ocean de Jacques Rozier \ France \ 1985 \ 2 h 11 présenté par Jacques Rozier MARDI 4 DÉCEMBRE \ ABD Gaston Defferre \ 18 h FILM, Cinéastes de notre temps Jacques Rivette, le veilleur : 1-le jour / 2-la nuit de Claire Denis en collaboration avec Serge Daney présenté par André S. Labarthe MERCREDI 5 DÉCEMBRE \ ABD Gaston Defferre \ 18 h FILM VIDÉO Serge Daney, itinéraire d’un ciné-fils de Pierre-André Boutang et Dominique Rabourdin Entretien-fleuve avec Régis Debray en 3 parties Serge Daney, itinéraire d’un ciné-fils, Le Temps des Cahiers France \ 1992 \ 1 h 12 \ Vidéo Serge Daney, itinéraire d’un ciné-fils, Des Cahiers à Libé France \ 1992 \ 1 h \ Vidéo Serge Daney, itinéraire d’un ciné-fils, le regard du zappeur France \ 1992 \ 1 h 06 \ Vidéo MARDI 11 DÉCEMBRE \ Polygone étoilé \ 19 h FILMS Le Cinéphile et le Village de Pascal Kané \ France \ 1993 \ 45’ \ Vidéo De l’autre côté du racisme de Pascal Kané France \ 1991 \ 1 h 15 \ Vidéo VENDREDI 14 DÉCEMBRE \ CRDP \ 19 h Deleuze/Daney FILM Dodes’kaden d’Akira Kurosawa \ Japon \ 1970 \ VOSTF \ 2 h 20 film choisi par Gilles Deleuze SAMEDI 15 DÉCEMBRE \ Polygone étoilé \ 19 h FILM, Cinéastes de notre temps John Ford, entre chien et loup d’André S. Labarthe SAMEDI 15 DÉCEMBRE \ Polygone étoilé \ 20 h FILM FRONTIÈRE CHINOISE de John Ford \ USA \ 1966 \ 1 h 27 Film choisi par Sylvie Pierre 3 Jean-Marie RODON Action, Théâtre du temple La plupart des films de cette programmation autour de Serge Daney avaient été choisis par ses proches amis pour l’hommage des passagers au passeur en 1993. Rio Bravo, incontournable, sur lequel Serge Daney avait écrit son premier article, choisi par Jean Douchet, Vertigo choisi par Patrice Rollet, Dodes’Kaden choisi par Gilles Deleuze, Frontière Chinoise choisi par Sylvie Pierre (ce dernier film n‘avait pas pu être projeté à l’époque, faute de copie, quant à Rio Bravo, aucune copie en France n’était dans un état projetable.) Dodes’kaden, avait été autorisé par la firme japonaise Toho pour une seule projection auprès d’un public d’étudiants à Marseille) Depuis, si on peut montrer ces films, c’est grâce au travail remarquable de distributeur fait par Jean Marie Rodon, co-fondateur du réseau Action, qui poursuit une politique de rééditions de films classiques en copies neuves, que l’on peut voir à l’Action Christine à Paris, et qu’il distribue par Théâtre du Temple. 4 PROGRAMMATION VENDREDI 16 NOVEMBRE \ LA COMPAGNIE \ 19 h Présentation de la manifestation par Michèle Berson FILM Conversation Nord-Sud : Daney Sanbar de Simone Bitton et Catherine Poitevin France \ 1993 \ 48’ \ Vidéo Présenté par Catherine Poitevin, co-réalisatrice Pendant la guerre du Golfe, Serge Daney avait écrit que la conversation, selon lui « un art typiquement francoarabe », n’arrivait plus à s’instaurer entre lui et ses amis arabes. Attristées par ce constat, les réalisatrices ont voulu lui offrir un cadre, à la fois réel et cinématographique, dans lequel il pourrait renouer ce dialogue un moment interrompu. Le choix de son interlocuteur s’est imposé d’emblée : Elias Sanbar, Palestinien, historien, directeur de la revue Études palestiniennes. VENDREDI 23 NOVEMBRE \ CRDP \ 19 h FILM VERTIGO (Sueurs froides) d’Alfred Hitchcock USA \ 1958 \ 2 h 09 avec James Stewart, Kim Novak Film choisi par Patrice Rollet Inspiré du roman noir D’entre les morts de boileau-narcejac (1954), Sueurs froides jouit d’une adoration particuliere de la part des cinephiles et des cineastes du monde entier. Le film se classe d’ailleurs regulierement au sommet des meilleurs films de toute l’histoire du cinema (la revue anglaise sight & sound, par exemple, ou les revues françaises Positif et Les cahiers du cinema). L’american film institute l’inscrit dans la liste des 10 meilleurs films americains de tous les temps…. Avoir 10 ans, c’est dire « qu’est ce que j’aimerais ressembler à James Stewart », Serge Daney, Itinéraire d’un ciné-fils, La loi du marcheur Serge Daney, chez qui l’injonction de la morale l’emportait toujours sur la fascination de la maîtrise, était bien sûr plus hawksien qu’hitchcokien. Et, quand ces derniers temps, il suivait les brisées du Maître,… c’est moins pour emprunter les autoroutes trop fréquentées par la doxa critique, de son époque américaine que pour retrouver les chemins chaotiques de son œuvre anglaise. Deux films américains d’Hitch pourtant n’ont cessé de l’accompagner, North by northwest pour le plaisir, et Vertigo pour l’émotion. Dans Libération puis Trafic, Serge avait, à plusieurs reprises, comme si son écriture doublait la spirale de Vertigo, tenté de pointer ce qui le poignait ici,au fond la résistance parfois panique d’un corps à sa propre image, d’un acteur à son personnage (le côté bout d’essai de Kim Novak) et d’un personnage à lui-même (« le second tour de piste » de Judy Madelaine.) De ce film, j’ai partagé le trouble et le vertige jusqu’à le voir une trentaine de fois quand j’avais vingt ans et dont j’ai mis dix ans à me déprendre, je me souviens avoir parlé toute une nuit avec Serge. Patrice Rollet. in Serge Daney, Hommage des passagers au passeur manifestation organisée par Extérieur Nuit en collaboration avec Paris 8, 1993 5 SAMEDI 24 NOVEMBRE \ Polygone étoilé \ 18 h FILM Nuit et brouillard d’Alain Resnais France \ 1956 \ 32’ Texte de Jean Cayrol dit par Michel Bouquet. Henri Agel professeur de lettres au lycée Voltaire fut un de ces passeurs singuliers…. Une fois, deux fois, trois fois, selon les caprices d’Agel et les cours de latin sacrifiés, je regardai les célèbres empilements de cadavres, les cheveux, les lunettes et les dents. J’entendis le commentaire désolé de Jean Cayrol dans la voix de Michel Bouquet et la musique de Hans Eisler qui semblait s’en vouloir d’exister. Etrange baptême des images : comprendre en même temps que les camps étaient vrais et que le film était juste… Et que le cinéma-lui seul était capable de camper aux limites d‘une humanité dénaturée ?… Nuit et Brouillard, un « beau film » ? Non, un film juste. C’est Kapo qui voulait être un beau film et qui ne l’était pas. Et c’est moi, qui ne ferai jamais bien la différence entre le juste et le beau. D’où l’ennui pas même « distingué », qui fut toujours le mien devant les belles images. Serge Daney Persévérance. Entretien avec Serge Toubiana SAMEDI 24 NOVEMBRE \ Polygone étoilé \ 19 h FILM La Prise de pouvoir par Louis XIV de Roberto Rossellini France \ 1966 \ ORTF \ 1 h 30 Avec Jean-Marie Patte, Raymond Jourdan, Giulio Cesare Silvagni Il y a dix ans, Rossellini aurait peut-être fait un film autour de Versailles et du spectacle de la cour, aujourd’hui, il montre pile et face. Au cours de la (fort belle) séquence de l’essayage des costumes, Louis XIV prend conscience du rôle politique d’un certain cérémonial, d’un ensemble de signes dont il sera la seule justification. En ce sens, on peut dire que ce film est à l’œuvre de Rossellini ce qu’une critique est à un film : il met en lumière ce qui fut longtemps sous-entendu, il parle de ce qu’on a tu jusqu’ici. Nul cinéaste n’est parvenu à une telle prise de conscience de son art. Il ne s’agit plus de subir le spectacle de l’étiquette, mais de le comprendre… Serge Daney, Cahiers du cinéma, janvier 1967 JEUDI 29 NOVEMBRE \ Librairie Odeur du Temps \ 19 h LECTURE Serge Daney et son éditeur P.O.L Lecture par Liliane Giraudon et Jean-Jacques Viton En présence de Michèle Berson, et de Jacques Rozier (s. r.) Viton/Giraudon œuvrent depuis plusieurs décennies chez Action Poétique. Avec Henri Deluy qui fut pendant de brèves années journaliste à La Marseillaise, le pacte est depuis longtemps scellé, l’amitié est essentielle. Leurs livres sont principalement édités par Paul-Otchakovski-Laurens ; leur relation avec le bras droit de P.O.L, Jean-Paul Hirsch remonte à la fin des années 70 lorsque Jean-Paul dirigea pendant plusieurs saisons, « rue du Félibre Gaut », une librairie d’Aix-en-Provence qui s’appelait « La Quotidienne ». Depuis 1978, Viton/Giraudon ont publié vingt-deux livres avec le logo de P.O.L : ils ont l’un et l’autre composé onze ouvrages formatés sous la couverture blanche. 6 LES intervenants AUX COLLOQUES Raymond Bellour Écrivain, critique et théoricien du cinéma et de la littérature. Il a été directeur de recherche au CNRS et a enseigné à l’université de Paris III. Depuis le début des années 80, il a eu un intérêt grandissant pour la vidéo, la photo, les régimes (mixtes) d’images. 1989-1990 : exposition Passages de l’image (avec C. David et C. van Assche, au centre Pompidou. Il a publié notamment L’Entre-Images. Photo. Cinéma. Vidéo (La Différence, 1990), L’entre-images 2 (POL, 1999), Le corps du cinéma, hypnoses, émotions, animalités (P.O.L, 2009) et actuellement La querelle des dispositifs (P.O.L, 2012). En 1991, avec Serge Daney, il participe à la création de la revue Trafic. Jean-Louis Comolli Après avoir travaillé pour Les Cahiers du cinéma de 1962 à 1978, dont il sera le rédacteur en chef de 1966 à 1971, il devient réalisateur de fictions et de documentaires. Sa filmographie comporte une vingtaine de films, dont : Les deux Marseillaises (co-réalisateur André S. Labarthe), 1968 ; La Cecilia, 1975 ; Marseille de père en fils, 1996 ; Marseille contre Marseille, 1996 ; Nos deux Marseillaises, 1997 ; Rêves de France à Marseille, 2003 ;… Pascal KANÉ Critique aux Cahiers du Cinéma, où il écrit jusqu’en 1981, il se lance dans la réalisation d’une dizaine de courts puis de longmétrages, dont : Dora et la Lanterne magique, 1978 ; Liberty belle, 1983 ; L’Éducatrice, 1996 ; Je ne vous oublierai jamais, 2010. André S. Labarthe Critique, réalisateur, producteur de cinéates de notre temps Après des études universitaires en philosophie, il intègre la revue des Cahiers du cinéma courant des années 50. Il passe à la réalisation et à la production quand il démarre avec Jeanine Bazin la série Cinéastes de notre temps de 1964 à 1970. En 1990, il remet en chantier sa collection de portraits de cinéastes renommée : Cinéma de notre temps. Il est également auteur d’ouvrages sur le cinéma et la peinture. Serge Le Péron Entré aux Cahiers du cinéma au milieu des années 1970, Serge Le Péron est critique, puis cinéaste. Il a réalisé Laisse béton (1984), L’Affaire Marcorelle (2000), J’ai vu tuer Ben Barka (2005) et, tout récemment, Serge Daney : le cinéma et le monde. Il est réalisateur, scénariste, enseignant et responsable du Master Cinéma et Audiovisuel à l’université Paris-VIII. Jacques Rozier Il est un des grands réalisateurs français. Il est l’auteur de films fondateurs de la Nouvelle Vague : Rentrée des classes, Blue Jeans et Adieu Philippine. Ses longs métrages (Adieu Philippine, Du côté d’Orouet, Les Naufragés de l’île de la Tortue, Maine Océan, Fifi Martingale), marquent l’histoire du cinéma comme des miracles d’humour, d’intelligence et de liberté. Jean-Pierre Rehm Critique d’art et de cinéma. Commissaire indépendant (dernières expositions : Basedupon true Stories avec Catherine David au Witte de With de Rotterdam ; Fictions Documentales avec Marta Gili à la Fondation La Caixa à Barcelone). A dirigé le post-diplôme Art à l’école nationale des beaux-arts de Lyon et a été membre du conseil éditorial des Cahiers du Cinéma. Il est délégué général du Festival international du documentaire de Marseille. 7 Marcos UZAL Critique de cinéma et enseignant Il a écrit pour les revues Exploding, Cinéma, Vertigo et Trafic, dont il est membre du comité de rédaction. VENDREDI 30 NOVEMBRE \ CRDP \ 18 h 30 Colloque 1 Où (en) est le cinéma ? « Serge Daney, le passeur » intervenants Raymond Bellour Serge Le Péron Marcos Uzal VENDREDI 30 NOVEMBRE \ CRDP \ 20 h FILM RIO BRAVO de Howard Hawks USA \ 1959 \ 2 h 20 Avec John Wayne, Dean Martin, Ricky Nelson, Angie Dickinson, Walter Brennan Présenté par Serge Le Péron 1961 : Cinémathèque française, rue d’Ulm, intégrale Howard Hawks. Première rencontre avec Serge. Longue discussion tard dans la nuit. Nous parlons, il parle, il parle de Rio Bravo, bien sûr, de Rio Bravo, forcément. Fascination de la rectitude morale parce que physique qui forme et conduit l’écriture. Admiration pour le transfert du mécanisme scénaristique qu’est le ressort dramatique, en sujet-sang neuf et chair du film. Une succession de replis et d’espace et de temps arme la détente et déclenche la projection foudroyante ferme et juste de la balle qui résout provisoirement le conflit. Un conflit dont on voyait bien qu’il s’enracinait dans un inconscient lisible tel celui de l’homosexualité culpabilisante ou celui de l’absence du père. Pour Serge, Rio Bravo représentait ce qu’il attendait fondamentalement du cinéma : pour le conscient, une connaissance du monde, pour l’inconscient, une projection reconnaissable de soi. Jean Douchet. Serge Daney, Hommage des passagers au passeur. (Exterieur Nuit, Paris 8, 1993) Le regard d’en haut, de John Wayne, debout, vers Dean Martin accroupi auprès du crachoir, et celui d’en bas, qui s’échange symétriquement avec lui, de Dean Martin transpercé par le regard encore apitoyé et courroucé de son ami, est un moment d’intensité dont la pointe ne pouvait pas manquer de bouleverser Serge Daney. Rio Daney Bravo, Sylvie Pierre, Trafic n° 37 8 SAMEDI 1 DÉCEMBRE \ ABD Gaston Defferre \ 14 h 30 Colloque 2 Où (en) est le cinéma ? Qu’est ce que le cinéma ? Le cinéma est-il un art, sera-t-il conservé, tout ou partie ? et que va-t-il advenir de ce que nous avons aimé en lui ? et de nous, qui nous sommes aimés indûment à travers lui, et du monde qu’il nous avait promis et dont nous devions être les citoyens ? […] car de cela au moins je suis sûr : le cinéma ne résiste pas mieux aux sociétés qui viennent que l’Afrique ne trouve sa place sur la carte du monde qui va. Il faudrait un endroit pour écrire cela. Pour que la tradition orale continue. Avant que les griots ne prennent leur retraite. Il faudrait une revue, par exemple. Une revue de cinéma. Serge Daney, Trafic n°1, hiver, 1991 «(…) Voici que revient en force l’énorme refoulé technologique que le Cinéma de Lumière semblait avoir absorbé et assimilé, sans reste. Voici que l’homme aux mille brevets réapparaît comme dans un mauvais feuilleton : Edison, le retour. Edison l’homme-orchestre de l’audiovisuel ? Le Kinetocpe n’a pas été éliminé par le cinématographe, loin de là. Il a grandi dans l’ombre… puis il a fait des petits… » André S.Labarthe, Du premier cri au dernier râle, Yellow Now, 2004 La projection vécue d’un film en salle, dans le noir, le temps prescrit d’une séance plus ou moins collective, est devenue et reste la condition d’une expérience unique de perception et de mémoire, définissant son spectateur et que toute situation autre de vision altère plus ou moins. Et cela seul vaut d’être appelé « cinéma ». Raymond Bellour, La querelle des dispositifs P.O.L, novembre 2012 intervenants Raymond BELLOUR Jean-Louis COMOLLI (s. r.) Pascal Kané (s. r.) André S. LABARTHE Serge LE PÉRON Jean-Pierre REHM Jacques ROZIER Marcos UZAL 9 SAMEDI 1 DÉCEMBRE \ ABD Gaston Defferre \ 17 h FILM projection avant-première Serge Daney : le cinéma et le monde de Serge Le Péron France \ 2012 \ 1 h 20 \ Vidéo Paroles de Serge Daney sur le cinéma. Paroles de cinéastes sur Serge Daney. Présenté par Serge Le Péron SAMEDI 1 DÉCEMBRE \ CRDP \ 20 h 30 Hommage à Jean-Claude Biette, co-fondateur de Trafic FILM Loin de Manhattan (s. r.) de Jean-Claude Biette France \ 1980 \ 1 h 20 avec Jean-Christophe Bouvet, Sonia Saviange, Howard Vernon Présenté par Marcos Uzal Jean-Claude Biette, critique, réalisateur, il a participé avec Serge Daney, en 1991, à la fondation de la revue Trafic. Collaborateur des Cahiers du Cinéma à partir de 1964, il réalise plusieurs courts-métrages entre 1961 et 1972. Il séjourne en Italie pendant quelques années au cours desquelles il travaille avec Pier Paolo Pasolini. Il a réalisé 8 long-métrages : Le Théâtre des matières, 1977 ; Loin de Manhattan, 1980 ; L’Archipel des amours, 1983 ; Le Champignon des Carpathes, 1989 ; Chasse gardée, 1992 ; Le Complexe de Toulon, 1995 ; Trois Ponts sur la rivière, 1999 ; Saltimbank, 2002. « En Parisien, il était un usager assidu du bus. Biette disait y guetter les mots, les attitudes, les vibrations du temps. Beaucoup de répliques de ses films provenaient de ces notes sur le vif. Le bus et pas le métro où il étouffait… Air libre. Ce goût pour les transports de surface nous confirme que Biette n’était, à aucun égard, un cinéaste underground. Ses films furent toujours de plein jour et d’air libre, jusqu’au manifeste : Loin de Manhattan, premier long métrage, ne comporte aucune scène d’intérieur. Quant au plaisir de la déambulation, tous ses films jusqu’à Saltimbank, sont une invitation à la promenade, voire à la paresse oisive, de vraies ballades en balades. » La vie était Biette par Gérard Lefort et Olivier Séguret, Next, 25 juin 2003 10 DIMANCHE 2 DÉCEMBRE \ CRDP \ de 15 h Colloque 3 LE TEMPS DU CINÉMA, LE TEMPS DU VOYAGE «Serge Daney, le voyageur, le marcheur» intervenants Pascal Kané (s. r.) André S. Labarthe Serge Le Péron Jacques Rozier Marcos Uzal Les rencontres de serge daney avec Jacques Rozier • extraits de films de Jacques Rozier • extraits de l’émission Microfilms : entretien de Serge Daney avec Jacques Rozier à propos de Maine Océan • Lecture de l’article : Maine océan, « la vie même » DIMANCHE 2 DÉCEMBRE \ CRDP \ à 17 h FILM Maine Ocean de Jacques Rozier France \ 1985 \ 2 h 11 avec Bernard Menez, Luis Rego, Yves Afonso, Pedro Almendariz Jr, Rosa Maria Gomez, Lydia Feld, Mike Marshall… Présenté par Jacques Rozier Naturel, le petit mot est lâché. Il y a gros à parier qu’à propos de Maine Océan, on concède une fois de plus à Rozier ce sens et ce goût du naturel qui ont fait la gloire d’Adieu Philippine et la réputation de Du côté d’Orouet et des Naufragés de l’île de la Tortue… Le « naturel» selon Rozier, ce n’est ni le débraillé de Lelouch, ni l’illusionnisme de Rohmer, ni la nature humaine vue par Pialat : c’est beaucoup plus fou que ça. Si bien que, petit mot pour petit mot, j’aime autant, s’agissant de Rozier, celui de « vie ». « Le cinéma, c’est la vie », est-on souvent en droit de dire… Un film de Rozier, c’est autre chose, c’est comme la vie. Nuance ? Nuance abyssale ! Car la vie, comme le récit de Maine Océan, comme l’attention du spectateur, comme l’obstination bien connue de Rozier à ne faire que ce qu’il veut, la vie tient à un fil et à un pari sur le temps, sur « le fil du temps ». Et c’est parce que ce fil est ténu, que Rozier est grand (et fou) de vouloir le montrer. S. Daney Libération, 17 avril 1986 11 MARDI 4 DÉCEMBRE \ ABD Gaston Defferre \ 18 h FILM, Cinéastes de notre temps Jacques Rivette, le veilleur 1-le jour / 2-la nuit de Claire Denis en collaboration avec Serge Daney France \ 1990 \ 1 h 10 et 54’ avec Jacques Rivette, Serge Daney, Bulle Ogier, Jean-François Stévenin, Jean Babilée Présenté par André S. Labarthe Entre Claire Denis et Jacques Rivette, il y a le passeur Serge Daney : confident, ami et accoucheur. C’est à lui que Rivette raconte un peu sa vie, ses cinéastes de prédilection et ses choix de mise en scène. De jour, en déambulant dans un Paris qui est celui des films du cinéaste. De nuit, sur un toit surplombant la capitale. 12 MERCREDI 5 DÉCEMBRE \ ABD Gaston Defferre \ 18 h FILM VIDÉO Serge Daney, itinéraire d’un ciné-fils, le temps des cahiers / des cahiers à Libé / le regard du zappeur de Pierre-André Boutang et Dominique Rabourdin Entretien-fleuve avec Régis Debray en 3 parties Serge Daney, itinéraire d’un ciné-fils, Le Temps des Cahiers France \ 1992 \ 1 h 12 \ Vidéo Serge Daney, itinéraire d’un ciné-fils, Des Cahiers à Libé France \ 1992 \ 1 h \ Vidéo Serge Daney, itinéraire d’un ciné-fils, le regard du zappeur France \ 1992 \ 1 h 06 \ Vidéo Rien qu’en voyant Serge Daney haussant les épaules et d’évidence, dire: « la télé c’est un gros téléphone d’hôpital », on est avec lui. « Son itinéraire » présent sur DVD rend pérenne sa parole captée en plan fixe, très heureusement par Régis Debray, Pierre-André Boutang et Dominique Rabourdin en 1992, quelques mois avant que Daney ne s’éteigne à tout jamais. Magnifique dans Itinéraire d’un cinéfils, Daney raconte tout, son enfance, son trajet, Langlois, la Nouvelle Vague, Godard, Truffaut, Rivette, Rohmer, Chabrol, les Cahiers, période jaune, Hawks, Ford, Hitchcock, la qualité française, Carné, Autant-Lara, les autres comme Grémillon, Bresson, les Cahiers encore, période rouge, le marxisme, De Gaulle, Cohn-Bendit, 68, Godard encore, Eisenstein, Fellini, Bergman… Daney s’arrête perpétuellement sur ce qu’est « voir », « regarder », « défendre » un film et l’écrire dans les Cahiers, le faire dans Libération et changer, traiter de la télévision, penser comme Paul Virilio tout en continuant à aimer le cinéma et le tennis : le tout est exprimé en 3 heures d’une floraison de paroles brillantes, à l’image d’un service gagnant. Au final si Daney transmet sa cinéphilie, il s’inquiète beaucoup pour notre avenir, celui des images et de la représentation. La télévision justement, celle qui comme Rossellini l’a intéressée lors des dernières années de sa vie, au grand étonnement de beaucoup qui n’ont pas compris. « La télévision, ce n’est pas l’Art, elle a tout cassé ». Lui-même entendait mieux que tout autre que la télévision avait réduit « la grammaire déjà pas très développée du cinéma ». 13 VENDREDI 11 DÉCEMBRE \ Polygone étoilé \ 19 h FILM Le Cinéphile et le Village de Pascal Kané France \ 1993 \ 45’ \ Vidéo Serge Daney parle en 1991 de la télévision française, de sa façon d’informer, des modèles de conduite et des liens sociaux qu’elle propose. De l’autre côté du racisme de Pascal Kané France \ 1991 \ 1 h 15 \ Vidéo Les approches spécifiques du biologiste André Laganey, du journaliste Serge Daney, de l’historien Émile Témime et du psychanaliste Daniel Sibony tentent d’éclairer la notion de racisme à travers les questions d’identité. VENDREDI 14 DÉCEMBRE \ CRDP \ 19 h FILM DODES’KADEN d’Akira Kurosawa \ Japon \ 1970 \ 2 h 10 avec Yoshitaka Zushi, Hisashi Igawa, Tatsuo Matsumura, Koji Mitsu Film choisi par Gilles Deleuze en hommage à Serge Daney Serge Daney, Hommage des passagers au passeur, organisé par Extérieur Nuit et Paris 8, 1993 Dodes’kaden est le premier film en couleur de Kurosawa. De ce fait, il fera beaucoup d’essais durant le tournage, comme peindre des ombres sur le sol ou tendre des draps colorés pour remplacer le ciel. Le titre du film est l’onomatopée du bruit du tramway que «conduit» Rokuchan. « Kurosawa de son côté afrontait la limite extrême de l’autre aspect de l’image-action : quand le monde de la misère montait tellement qu’il faisait craquer le grand cercle, et révélait une réalité cahotique qui n’était plus que dispersive (Dodes’Kaden, avec son bidonville, et pour seule unité le mouvement latéral de l’idiot qui le traverse en se prenant pour un tramway) » Gilles Deleuze, L’image mouvement. 14 SAMEDI 15 DÉCEMBRE \ Polygone étoilé \ 19 h FILM, Cinéastes de notre temps John Ford, entre chien et louP d’André S. Labarthe France \ 2001 \ 52’ avec John Ford, Alfred Hitchcock Rencontres avec deux des plus grands cinéastes au monde, que tout oppose. Tandis que Ford, aussi malin que bourru, reçoit sur son lit et ne se livre que par courtes salves, Hitchcock explique comment il évite le cliché en analysant par le menu deux séquences de La Mort aux trousses et de Psychose SAMEDI 15 DÉCEMBRE \ CRDP \ 20 h Frontière chinoise de John Ford USA \ 1966 \ 1 h 27 avec Anne Bancroft, Sue Lyon, Margaret Leighton Film choisi par Sylvie Pierre « John Ford a soixante-douze ans lorsqu’il tourne Seven Women, son ultime film de fiction, une œuvre surprenante et passionnante… Le film possède la beauté propre au cinéma muet et que l’on peut trouver chez des cinéastes comme Frank Borzage. À ce titre, Seven Women est un film totalement anachronique dans le Hollywood de 1966. Pour le producteur Bernard Smith, « le film est l’étude de la nature même de la religion et de la sexualité cachée des femmes dans une certaine circonstance. Il n’y a pas de véritable rôle masculin principal et ce sera le premier film que fera Ford de toute sa carrière qui est principalement consacré à des femmes »… L’admirable dernière scène du film est en même temps l’ultime scène de fiction de la carrière de Ford, quarante-neuf ans après ses débuts ». Patrick Brion S’arrêtant par ce film sur la singularité du cinéma de Ford, ce « cinéaste à part », « cinéaste pour cinéastes », Daney souligne la façon dont le personnage y est souvent affecté par ce qui revient du fond de l’image, « comme l’image endeuillée de son désir ». Il précise : « Une image toujours déjà-là et toujours déjà fixe » Il ajoute « le cinéma donne la possibilité d’enregistrer ce toujours-déjà-qui nous regarde un par un, qui fond sur nous et nous enchaîne. Ange gardien, l’image fondamentale est une boîte noire ». L’effet Daney ou l’arrêt de vie et de mort, Raymond Bellour, Trafic n° 37 15