Robert Hainard (11 septembre 1906 à Genève – 26 décembre 1999

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Robert Hainard (11 septembre 1906 à Genève – 26 décembre 1999
Robert Hainard (11 septembre 1906 à Genève – 26 décembre 1999 à Gland dans le canton
de Vaud) est à la fois peintre, graveur sur bois, sculpteur (bois et pierre), naturaliste, écrivain
et philosophe suisse.
Ses parents, Philippe Hainard (1879-1938) et Eugénie Hainard-Béchard (1882-1942), étaient
tous les deux peintres. À 12 ans, Robert Hainard quitte l'école primaire, son père veille alors
sur son instruction générale et commence à lui apprendre le dessin. En 1921, il entre aux Arts
industriels. C'est durant ces études qu'il rencontre sa femme, Germaine Roten qu'il épouse en
1929. Ils auront deux enfants et en 1938 ils s'établiront dans la commune genevoise de
Bernex1.
Il invente en 1927 un nouveau procédé de gravure sur bois. En 1929, il expose ses premières
estampes animalières au Salon genevois de l'œuvre.
Il a notamment obtenu les distinctions suivantes :
Bourse Lissignol
Prix Calame
Docteur ès sciences honoris causa de l'Université de Genève en 1969
Concours restreint de la Confédération suisse
Prix Édouard-Marcel Sandoz d’art animalier de l’Académie Grammont, Paris, 1974
Prix de l’Académie internationale de Philosophie de l’Art, 1984
Médaille François Sommer, Paris, 1987
Mérite bernésien, 1987.
Robert Hainard s'est surtout fait remarquer sur le plan international par ces ouvrages sur la
Nature et la vie sauvage, basés sur l'observation directe. Le plus remarquable et le plus connu
est sans conteste "Mammifères sauvages d'Europe", abondamment illustré par ses propres
croquis pris sur le vif, édité chez Delachaux et Niestlé, ouvrage qui connut un tel succès qu'il
fut augmenté et réédité une dizaine de fois, jusqu'au-delà de sa mort. En préface de l'édition
posthume de 2003 (670 pp.), le Dr F. Bourlière2 lui rend hommage en ces termes:
"Mammifères sauvages d'Europe" [...] ne peut être comparé à rien d'autre. C'est
précisément pourquoi cet ouvrage hautement personnel et original s'est taillé une place
unique dans la littérature mammalogique européenne. Pour chaque espèce, en effet, Robert
Hainard nous apporte le résultat de ses propres observations, inlassablement et
méthodiquement poursuivies depuis plus de trente ans. Tout en étant parfaitement au courant
des travaux de ses prédécesseurs, l'auteur s'est attaché, toutes les fois qu'il en avait
l'occasion, à vérifier leurs assertions et il a pu ainsi rectifier nombre d'erreurs classiques. Le
résultat est une oeuvre critique, aussi solidement documentée que pensée, incroyablement
vivante et pleine de charme, comme d'intérêt.
Et de conclure: Puisse cette nouvelle édition, enrichie des observations de ces dix dernières
années, accroître encore l'intérêt qui commence à se manifester dans le grand public pour la
vie de nos Mammifères sauvages. Puisse-t-elle aussi faire comprendre à un plus grand
nombre l'urgente et très actuelle nécessité de préserver pour les générations futures les
dernières parcelles encore intactes de Nature sauvage!
Biographie :
1906 Naissance de Robert Hainard à Genève le 11 septembre. Ses parents, tous deux peintres
gagnaient leur vie grâce au dessin industriel et à l'illustration. Plus tard, ils firent de l'enseignement privé,
puis le père de Robert Hainard devint professeur aux Arts industriels et aux Beaux-Arts, et sa mère
enseigna le dessin aux apprenties des cours professionnels
1916 Le jeune Robert fait sa première gravure dans un morceau de bois, à l'aide d'un canif, il se met
aussi à tailler des animaux de bois et à les enluminer
1918 Il quitte l'école primaire, et, pendant les deux années suivantes, son père, tout en veillant à son
instruction générale, commence à lui enseigner le dessin et la géométrie descriptive
1921 Robert Hainard entre à L'Ecole des Arts industriels dans la classe de son père, où il fait un
apprentissage de sculpteur sur bois durant quatre ans. Dès la première année, il rencontre Germaine de
Roten, sa future femme, ils se passionnent tous deux pour les gravures japonaises. Elles donnent à
Hainard l'envie d'allier son goût de la nature, de la couleur, du travail manuel et du bois.
1925 Première exposition : des petits animaux sont présentés à l'Exposition internationale des arts
décoratifs de Monza
1926 Certificat de capacité de sculpteur sur bois, Robert fait alors une année de sculpture sur pierre aux
Arts industriels
1927 C'est par un coup de main heureux, un papier et un encrage favorables qu'il trouve son procédé de
gravure.
1928 Obtention durant trois ans de la bourse fédérale des Arts décoratifs
1929 Au Salon genevois de l'oeuvre, Robert Hainard expose ses premières estampes qui intriguent les
spécialistes. Pour trois ans, il obtient la bourse Lisignol. Il épouse Germaine de Roten.
1930 Le jeune couple s'établit à Confignon (Genève). Robert se consacre à l'observation de la nature,
de près ou de loin, ce qui donne naissance à des milliers de croquis, de gravures et d'impressions de
ses estampes, de sculptures sur bois, sur pierre ou sur céramique. Il participe à de nombreuses
expositions genevoises et suisses, à d'innombrables illustrations d'articles ou de livres ayant plus ou
moins trait à la nature.
1932 Observation d'animaux dans les Cévennes et dans les Causses avec l'ornithologue Olivier Meylan
1934 Victoire du concours de paysage Calame, ex-aequo avec Paul Mathey et Rodolphe Dunki
1936 Naissance de son fils Pierre. Robert Hainard gagne un premier tableau scolaire (série animaux) en
concours restreint organisé par la Confédération. Il en fera beaucoup d'autres par la suite.
1938 Il gagne à nouveau, ex æquo avec Rodolphe Dunki, le concours Calame. En Bulgarie, il observe
son premier ours, y séjourne deux mois, invité par le roi Boris, qui connaissait ses travaux de naturaliste
par son ancien précepteur. Les Hainard s'installent à Bernex, dans la campagne genevoise.
1939 Exécution d'un Groupe de Chamois, pour l'Exposition nationale de Zürich
1942 Naissance de sa fille Marie
1943 Robert Hainard écrit son premier livre Et la Nature ?, qui se compose de réflexions sur la
disparition de la nature devant la civilisation.
1946 Il illustre le Roman de Renart de douze bois en couleurs.
1947 A l'occasion de la 127ème assemblée de la Société helvétique des sciences naturelles, le Museum
de Genève expose l'ensemble des gravures de Robert Hainard acquises par le Musée des beaux-arts.
1948 Dès cette époque, de nombreux voyages se succèdent. Ici sont retenus les premiers voyages
effectués dans chaque pays. En février, Robert Hainard fait des observations en Tchécoslovaquie, il y
voit son premier loup. En juin-juillet, il est en Laponie. Il revient par la Norvège et Stockolm, où il observe
des castors et des élans.
1951 Il fait aussi de nombreuses études sur les castors en Suède centrale.
1952 Il expose au Cabinet des estampes du Musée de Genève une suite de quarante gravures sur bois,
Nuits d'Hiver au Bord du Rhône, suite à laquelle il travaille depuis quinze ans.
1953 Voyage à Majorque, puis en Slovénie, où il fait des études d'ours
1955 Il recherche des loups en Croatie durant six semaines en janvier et février, en août et septembre, il
fait de bonnes études de loups et d'ours en Slovénie.
1956 En février-mars, Robert Hainard inaugure les échanges artistiques polono-suisses par une
exposition de gravures et de sculptures à Varsovie. Il y fait un séjour de trois semaines à la recherche de
lynx et fait des études de bisons à Bialowieza.
1957 Voyage en famille au Kosmet, en Serbie du Sud, puis retour par le Monténégro et la côte dalmate.
Robert Hainard taille une ours de grandeur naturelle en pierre de Bex, d'après une étude taillée au
couteau en forêt.
1958 En mai et en juin, voyage en Yougoslavie à la recherche de chats sauvages. En septembre,
première exposition complète de son oeuvre gravé au Comptoir suisse de Lausanne
1959 Voyages au Banat, dans les Pyrénées françaises, en Macédoine, au Pays de Galle
1960 Mariage de sa fille avec Leopold Pflug
1961 Il passe l'été à Derborence, et l'automne en Bosnie, en famille, pour observer les ours.
1962 Déplacements en Bourgogne pour observer des sangliers et des chats
1963 Voyages en Angleterre et Ecosse. Naissance du petit-fils de Robert Hainard : Olivier
1964 Voyages en Belgique et Hollande, et dans le Delta du Guadalquivir
1968 Voyage en Afrique orientale, naissance de son petit-fils Denis
1969 Robert Hainard devient Dr ès science honoris causa de l'Université de Genève (1969)
1971 Voyages en Ouganda, au Kenya, en Tanzanie
1975 Mariage de son fils avec Sylvie Curchod
1976 Voyage en Islande, avec sa femme et son fils
1977 Voyage en Inde
1978 naissance de la fille de son fils, Sophie
1983 naissance de la deuxième fille de son fils, Elodie
Extraits:
"Je n'ai personne à rendre responsable de ma passion de la nature. Elle est le fruit inévitable de mon goût d'être
pleinement"
"Lorsqu'il m'est donné de voir la bête dans sa libre allure(...), c'est toujours une révélation toute neuve. L'idée
même qu'elle pourrait être anéantie me donne des transes."
"La Société. de plus en plus, s'intéresse au développementde l'individu? Mais c'est encore une ruse(...) Elle
l'enrichit, mais de plus en plus elle dirige ces enrichissements. Elle lui prépare les cadres, les casiers où toute
cette matière viendra s'emballer sans trouble et sans à-coup. La réalité concrète, la nature est toujours nouvelle,
étonnante, bouleversante."
"Le plus tragique, ce n'est pas le manque de nature, c'est qu'elle diminue. Je veux le renversement de la
tendance. Et je veux non seulement le plus de nature possible, mais avec le plus possible de civilisation."
"Si le savant n'est que scientifique, s'il n'est pas du tout intuitif, artiste, poète, mystique (...), il n'est qu'une brute
scientifique...S'il ne s'accroche pas durement à l'analyse, à l'expérience, à l'action, le poète est une brute
poétique."
Ecrit en 1946!
"Le miracle d'être", Robert Hainard, Edtions Sang de la terre"
Robert était un artiste aux dons multiples : sculpteur, graveur sur bois, peintre, naturaliste, philosophe,
écrivain; il a consacré sa vie à la défense et à l’illustration de la nature sauvage et libre. Ses parents,
Philippe Hainard et Eugénie Hainard-Béchard étaient aussi artistes et enseignaient le dessin aux
Beaux-Arts.
Germaine était également une artiste-peintre, réputée pour ses portraits, dessinant avec force et
douceur et "sans doute le plus remarquable peintre paysagiste du XXème siècle que nous ayons en
Suisse" selon Arnold Kohler, critique d’art (Coopération, 11 octobre 1979). Sa mère, Bertha RotenCalpini était aussi artiste, elle a peint surtout des paysages et des natures mortes.

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