Campagne Européenne de Testing* contre les discriminations
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Campagne Européenne de Testing* contre les discriminations
Campagne Européenne de Testing* contre les discriminations raciales 2013 : plus d’un tiers des individus arabes, roms, noirs, …. vivant en Europe ne peuvent avoir accès au logement car ils sont discriminés sur des motifs raciaux Paris, le 25 Juin 2013, En mai et juin 2013, le Mouvement Antiraciste Européen EGAM a mené une opération panEuropéenne de lutte contre les discriminations raciales à l’accès au logement en Europe : la Campagne Européenne de Testing, qui dresse un tableau violent et inquiétant des discriminations raciales sur notre continent. Une action d’envergure européenne contre les discriminations raciales La Campagne Européenne de Testing s’est déroulée dans 5 pays : la République Tchèque, la France, l’Italie, la Slovénie et la Serbie. L’opération a été organisée dans la ville de Ustí nad Labem en la République Tchèque, à Paris en France, dans 15 villes italiennes (Monteroni, Lecce, Bari, Grumo, Appula, Foggia, Vieste, Motta, Montecorvino, Troia, Laterza, Castellaneto, Taranto, Barletta, Trani), à Ljubljana en Slovénie et à Belgrade en Serbie. Les militants ont testé propriétaires particuliers et agences immobilières : une personne portant un nom d’origine africaine ou arabe par exemple, et une personne portant un nom appartenant au groupe « ethnique » majoritaire demandent à visiter ou à louer un logement disponible à la location. Ils ont un niveau de revenu et de garantie identique, le même âge, même sexe, etc. Leur seule différence étant leurs origines « ethniques ». Par convention, un test est dit « positif » quand la discrimination est avérée, c’est-à-dire quand la personne « blanche » a la possibilité de visiter ou de louer le logement et pas l’autre. Un niveau très élevé de discrimination raciale observé Plus de 100 tests (109) ont été réalisés, et dans plus d’un tiers des cas (33,96%), les personnes musulmanes, Roms, Noires, … n’ont pas eu la possibilité de louer ou de procéder à une visite contrairement à leurs homologues « blancs ». Le niveau de discrimination raciale le plus élevé a été observé en République Tchèque, contre les Roms (62,50%), puis en France, contre les arabes et les noirs (45%), en Italie, contre les noirs, les arabes, les roms, les asiatiques et les individus originaires d’Europe de l’Est (37,50%), en Slovénie, contre les personnes issues d’ex-Yougoslavie, les latino-américains et les noirs (32,80%). En Serbie, aucune discrimination des Roms n’a été mise à jour, mais cela ne signifie pas qu’il n’y en a pas, mais qu’elles se manifestent à une autre étape du processus de location. Une situation d’une grave violence Europe Cette très violente situation concernant les discriminations raciales aujourd’hui en Europe n’arrive pas par hasard, mais est la conséquence de l’influence grandissante des partis et mouvements racistes, en particulier d’extrême droite, sur notre continent depuis de nombreuses années, en particuliers dans les pays où s’est déroulée la Campagne de Testing. Le discours dominant qui présente l’immigration comme une menace pour l’économie et les cultures européennes, est une victoire idéologique de l’extrême droite qui ouvre la voie à des succès électoraux de celle-ci et à des actes racistes sur le terrain, dont les meurtres racistes, et dont bien évidemment les discriminations raciales. L’esprit de la « guerre civile européenne », version européanisée du « choc des civilisations », autorise de nombreuses entreprises ou individus d’Europe à enfreindre la loi et à discriminer, empêchant ainsi des millions d’individus de pleinement jouir de leurs droits et de leur liberté. La Commission doit reprendre son soutien aux initiatives antiracistes de terrain Il est urgent d’agir avec vigueur. La société civile antiraciste européenne est mobilisée et a l’intention de mener chaque année une Campagne Européenne de Testing (en 2011 et 2012, les campagnes avaient ciblé les lieux de divertissement de 15 pays, et en 2014, ce devrait être l’accès à l’emploi). Pour cela, ces initiatives ont besoin d’être soutenues, notamment financièrement, par la Commission Européenne. C’est pourquoi il est extrêmement important que la Commission Européenne rétablisse avec force son soutien aux actions de lutte contre le racisme, alors qu’elle l’a supprimé en 2013. C’est le sort des valeurs fondamentales de l’Union Européenne qui est en jeu. L’EGAM lance une Alliance société civile-autorités locales contre les discriminations Les autorités locales, en particulier les municipalités, peuvent agir concrètement. Nul besoin de modifier le cadre législatif national ou règlementaire européen pour cela. Par exemple, à la suite de la première Nuit européenne du Testing en 2011, la Ville de Varsovie a décidé de modifier tous les baux qu’elle signe avec des entreprises afin d’y inclure une clause « d’égalité de traitement », impliquant l’annulation du contrat si l’entreprise n’applique pas rigoureusement la politique antidiscriminatoire. Cette simple mais puissante initiative est le point de départ d’une Alliance entre la société civile antiraciste et les autorités locales que l’EGAM est sur le point de lancer afin de pousser les autorités locales à agir et de promouvoir une coopération efficace contre les discriminations raciales en Europe. * Le Testing est un outil scientifique élaboré dans les universités américaines dans les années 1960 et utilisé par le Mouvement des Droits Civiques comme outil politique pour combattre la ségrégation et la discrimination raciales. Les organisations antiracistes européennes l’utilisent depuis une vingtaine d’années. Aujourd’hui, le Testing est reconnu comme une preuve légale de la discrimination dans de nombreux pays européens.