Mise en page 1 - Musée des Confluences
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Dernières études sur les momies égyptiennes du musée des Confluences In: Les Cahiers du Musée des Confluences. Etudes scientifiques n°3. Revue thématique Sciences et Sociétés du musée des Confluences. Fiche détaillée Numéro d’inventaire : REV4_2012_3_5 Auteurs : Madrigal Karine, Emmons Deirdre Éditeur : Musée des Confluences (Lyon, France) Format : physique Accès à la ressource : Consultable sur place Public visé : Tous publics Citer ce document / Cite this document : Madrigal Karine, Emmons Deirdre. Dernières études sur les momies égyptiennes du musée des Confluences. In : Les Cahiers du Musée des Confluences, Etudes scientifiques, n°3, 2012. pp. 29-32. http://www.museedesconfluences.fr/fr/node/776 Momie Nouter hont Nedjem Ati, Antinoé, inv. 90002432, musée des Confluences (Lyon, France) - crédit photo Quentin Lafont Attribution - Pas d’utilisation commerciale - Pas de modification. Les cahiers du Musée des Confluences - Études scientifiques n°3, 2012 : 29-32 Dernières études sur les momies égyptiennes du musée des Confluences Par Karine MADRIGAL1 & Deirdre EMMONS2 Résumé : Plusieurs études scientifiques sur les momies égyptiennes ont été menées, avec l’implication du service des collections du musée des Confluences, par différents organismes et laboratoires. Ces études et analyses de différentes natures : anthropologique, paléopathologique, isotopique, scanographique… ont pour objectif d’améliorer les connaissances relatives à ces momies ou aux rituels d’embaumement et de tenter de répondre à des questions plus générales concernant les paléoenvironnements ou les phénomènes de migrations humaines. Abstract: A number of scientific studies on Egyptian mummies have been conducted, with the involvement of the collections department of the musée des Confluences, by various organisations and laboratories. These studies and analyses were of various kinds: anthropological, paleopathological, isotopic, ultrasound etc.; they aimed to further our knowledge about these mummies and embalming rituals and attempted to answer more general questions about paleo-environments and the phenomena of human migrations. Mots-clés : Égyptologie, momies, rituels d’embaumement, paléoenvironnements, anthropologie, paléopathologie, odontologie, scanner, carbone 14. Keywords: Egyptology, mummies, embalming rituals, paleo-environments, anthropology, paleopathology, odontology, scanner, carbon 14. Introduction La collection égyptienne antique du musée des Confluences représente un ensemble de plus de quatre mille pièces. Constituée entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle, elle compte une centaine de crânes humains momifiés, une cinquantaine de momies humaines et quelques éléments dissociés. Ces restes humains couvrent la quasi-totalité de l’histoire égyptienne antique, s’échelonnant de la période prédynastique (IVe millénaire avant J.-C.) à la période dite « copte » (VIIe siècle de notre ère). Ils proviennent pour l’essentiel de la Haute-Égypte, région principalement fouillée par Louis Lortet 3 et Ernest Chantre4 à la fin du XIXe siècle. Cet article est l’occasion d’effectuer un bilan des quatre dernières années, marquées par différents projets de recherche 1 2 3 4 menés par des laboratoires extérieurs autour de l’étude des momies égyptiennes. Sujets d’étude, objets de recherche et de connaissance, les momies ne nous ont pas encore livré tous leurs secrets. Comme nous le verrons, leur analyse minutieuse nous apporte des résultats qui participent à une meilleure connaissance de notre histoire : dans quel environnement ces hommes et ces femmes vivaient-ils ? Pouvons-nous confirmer leur ancienneté et comment ? Que pouvons-nous apprendre de plus sur les rites d’embaumement ? Sollicité en 2005 par Hélène Guichard, alors conservateur du patrimoine chargée des Antiquités égyptiennes au Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France (C2RMF), et Laure Cadot, alors étudiante en conservation-restauration des biens culturels, pour fournir un inventaire complet de l’ensemble des restes humains de l’Égypte antique, le musée des Confluences répond positivement à cette demande et réalise à Musée des Confluences, 28 boulevard des Belges, 69006 Lyon. [email protected]. Musée des Confluences, 28 boulevard des Belges, 69006 Lyon. [email protected]. Louis Lortet (1836-1909) fut directeur du muséum d’histoire naturelle de Lyon de 1870 à 1909. Ernest Chantre (1843-1924) fut nommé sous-directeur du muséum d’histoire naturelle de Lyon de 1879 à 1909. LES CAHIERS DU MUSÉE DES CONFLUENCES ÉTUDES SCIENTIFIQUES N°3 29 cet effet une documentation de chaque élément conservé en réserve5. Cet inventaire s’inscrit à l’époque dans une démarche globale de recensement des restes humains dans les musées français pour une meilleure connaissance de cette catégorie particulière de collections et sa meilleure conservation. Elle fut, pour le musée, l’occasion de mieux connaître ce fonds particulier, d’améliorer sa documentation, ses conditions de conservation et d’en faciliter l’accès pour les chercheurs. Voici ici résumées les différentes études scientifiques réalisées ces quatre dernières années et ayant pour objet les momies humaines de l’Égypte antique. 1 - Étude de crânes momifiés par Annie Perraud6 Annie Perraud a mené des études pluridisciplinaires sur les momies égyptiennes et le mobilier funéraire pouvant y être associé. Sa méthode, non invasive, visait à mieux connaître les pratiques de momification et les rituels funéraires égyptiens associés. En 2009, son échantillon d’étude se composait d’un ensemble de trente et une têtes momifiées conservées au Centre de Conservation et d’Étude des Collections (CCEC). Alors qu’une étude anthropologique, paléopathologique et odontologique avait déjà été réalisée en 1980 par le Laboratoire d’Anthropologie Anatomique et de Paléopathologie (L2AP) de Lyon (HERZBERG & PERROT, 1983), cette étude complémentaire s’est intéressée plus spécifiquement à l’évolution des pratiques de momification de la tête par comparaison avec des données acquises antérieurement. A l’occasion de plusieurs séances au CCEC, Annie Perraud a pratiqué des endoscopies crâniennes pour déterminer la présence ou l’absence de matière cérébrale à l’intérieur de la boîte crânienne. Elle a procédé à un examen minutieux de l’état sanitaire des crânes, déterminé l’âge du défunt et proposé une datation des crânes. Des prélèvements de baumes furent ensuite envoyés au Pr. Vieillescazes à l’université d’Avignon pour analyse afin de connaître les différentes essences composant ces baumes. Ces données aident à dater les crânes et nous renseignent sur les produits utilisés par les anciens Égyptiens lors des rituels d’embaumement. Ces informations sont alors mises en regard avec la documentation écrite connue sur l’embaumement. 2 - Datation au Carbone 14 par Anita Quiles Dans le cadre de sa thèse en physique nucléaire au Laboratoire de Mesure du Carbone 14 (LMC14, CEA-Saclay) près de Paris, Anita Quiles cherche à établir une chronologie absolue de l’Égypte ancienne à partir d’analyses radiocarbone. L’objectif est 5 de créer une base de données historiques de référence et de préciser la méthode d’analyse 14C pour cette période. Ce projet de recherche est mené en étroite collaboration avec l’Oxford Radiocarbon Accelerator Unit et le Département des Antiquités égyptiennes du Louvre. Les échantillons recherchés devaient répondre aux critères suivants : être organiques et de courte durée de vie, tels que les graines, les plantes ou les textiles, et historiquement datés d’un règne égyptien. Le musée possédant ici quelques éléments répondant à ces critères, Anita Quiles et Christophe Moreau7 ont confirmé sur place au musée, le 28 mai 2010, les éléments pouvant rentrer dans leur échantillon. Deux séries d’objets ont été sélectionnées : les momies prédynastiques et du matériel datant de l’époque pharaonique telles des offrandes funéraires datées du règne de Ramsès III. Deux phases de prélèvements ont été organisées en juillet et en décembre 2010. En participant à cette recherche, le musée des Confluences valorise à double titre sa collection. Il est non seulement partie prenante d’un vaste projet de datation au Carbone 14 des collections égyptiennes, françaises ou étrangères, visant à l’établissement d’une chronologie de référence, mais il affine également ses connaissances sur les collections en confirmant ou en infirmant certaines datations données. 3 - Étude du paléoenvironnement de l’Égypte antique par l’équipe de Rosalie David et Christophe Lécuyer Ce projet lancé en 2010 a pour objectif de reconstituer l’évolution de la température des eaux du Nil par l’analyse de sa composition isotopique en oxygène sur une période de 4000 ans et de quantifier l’évolution du bilan hydrique qui a affecté les sources du Nil. La connaissance de ces paramètres climatiques permettra à terme de mieux comprendre l’évolution de la circulation atmosphérique en Afrique de l’est et son impact sur l’évolution de la civilisation égyptienne. Les valeurs de δ18O des précipitations alimentant le Nil seront déduites des compositions isotopiques de l’oxygène de l’apatite (os et dent). Ces os et dents sont parfaitement préservés dans les momies humaines ou animales – crocodiles et chats – qui sont abondantes et bien datées au sein de nos collections. Cette étude, qui s’inscrit dans un cadre pluridisciplinaire et international, réunit deux laboratoires : le laboratoire PEPS (Paléoenvironnements et Paléobiosphère) de l’Université Claude Bernard-Lyon 1 dirigé par Christophe Lécuyer, qui est accompagné dans cette étude par Alexandra Touzeau, en thèse, et François Martineau8 ; et le Centre for Biological and Forensic Studies in Egyptology de l’Université de Manchester représenté par Rosalie David et Keith Hall9. A cette époque les anciennes salles d’égyptologie sont fermées et l’ensemble de la collection se trouve en réserve, ce qui a permis son classement et la reprise des inventaires dans une base de données des collections. 6 Doctorante en Égyptologie, Institut d’Égyptologie François Daumas, Université Paul Valéry, Montpellier III et Chercheure-Enseignante associée au Laboratoire d’Anthropologie Anatomique et de Paléopathologie, Université Claude Bernard-Lyon 1. 7 Directeur du laboratoire de C14 de Saclay. 8 Ingénieur de recherche au Laboratoire PEPS. 9 Directeur d’un laboratoire spécialisé en spectrométrie de masse isotopique et datations C14. 30 LES CAHIERS DU MUSÉE DES CONFLUENCES ÉTUDES SCIENTIFIQUES N°3 Deux vagues de prélèvements sur les momies ont eut lieu en juillet 2010 et en mai 2011. Les premiers résultats de cette étude sont prometteurs et donnent des indications sur les changements climatiques du territoire égyptien apportant ainsi aux égyptologues des informations de premier ordre pour comprendre notamment certaines migrations de populations des déserts environnants vers le territoire égyptien. Il faudra néanmoins attendre 2012 pour connaître les conclusions générales de cette étude qui se poursuit à ce jour par des prélèvements d’Alexandra Touzeau sur des spécimens conservés à l’université de Manchester. 4 - Étude des momies « coptes » par le Service du Récolement des Dépôts antiques et des Arts de l’Islam (SRDAI) du musée du Louvre, Paris 4.1 - Le contexte de l’étude Le service du récolement du musée du Louvre est chargé, comme son nom l’indique, du récolement de tous les objets présents dans les musées de province et provenant d’envois de l’État. Au vu de l’importance et de la qualité de ces collections, ce service met à profit ce laborieux travail d’inventaire pour publier des études thématiques10 au fur et à mesure de l’avancée des récolements. En 2010, il a lancé un programme de recherche sur « les collections d’œuvres du site d’Antinoé » dans le cadre du récolement des momies et textiles coptes d’époque romaine et byzantine11 provenant du site d’Antinoé, en Moyenne Égypte. Ces éléments sont issus d’envois effectués par l’État et le musée du Louvre au début du XXe siècle. Le musée des Confluences, qui possède un ensemble d’objets provenant des fouilles d’Albert Gayet sur le site d’Antinoé, fait donc partie des institutions qui ont bénéficié des envois de l’État. On compte dans les collections douze momies d’Antinoé dont dix dites « coptes » et un large ensemble de tissus (plus de 200 fragments dénombrés à ce jour). La majorité des momies sont entrées au musée par le biais de dons du Ministère de l’Instruction publique (l’État) qui finançait une partie des fouilles d’Albert Gayet en Égypte. Au-delà du travail de récolement, l’équipe du Louvre a engagé un vaste travail de recherche autour des momies qui donnera lieu à une publication. Une partie historique proposera une analyse du contexte de l’envoi12. Une partie plus scientifique présentera les résultats d’une étude pluridisciplinaire d’un groupe de trente neuf momies (conservées dans treize institutions françaises) et d’une sélection de textiles. Le catalogue raisonné des objets concernés viendra en fin d’ouvrage. Le programme scientifique d’études sur les momies d’Antinoé est réalisé en partenariat avec des chercheurs du CNRS, du C2RMF, le CEA13, le Laboratoire de recherche des monuments historiques de Champs-sur-Marne, l‘École nationale de chimie physique et biologie de Paris, l’université de Tübingen en Allemagne, ainsi que le Muséum national d’histoire naturelle à Paris. Ce programme a pour principal objectif une datation plus précise des momies provenant de ce site particulier en Égypte. Il s’appuie pour cela sur plusieurs types d’analyses : une étude anthropologique et paléopathologique, une étude odontologique, la création d’imagerie médicale, des analyses biochimiques avec datation au C14 et des analyses isotopiques, une analyse archéobotanique, une analyse textile (technique, iconographique et analyse de colorants) et enfin une analyse tribologique. Comme nous allons le voir, ces opérations de prélèvements et d’observations, ont nécessité la présence de nombreuses personnes du musée des Confluences durant les différentes phases de l’étude14. 4.2 - Les collections concernées au musée des Confluences Les momies d’Antinoé avaient déjà été documentées par Florence Calament en 2005 à l’occasion de son étude sur les fouilles d’Albert Gayet15 à Antinoé. Cette publication a permis d’établir la liste des individus à prendre en compte dans l’étude du musée du Louvre. Un nouveau repérage en deux temps a cependant été nécessaire pour affiner la liste : analyses des archives du musée des Confluences et du musée du Louvre pour confirmer le nombre de momies entrées dans les collections par le biais d’un don du Ministère et les autres entrées par donation et un pointage en réserve des momies pour confirmer ces données. Le résultat est le suivant : dix momies humaines – sept d’adultes et trois d’enfants – sont entrées au musée des Confluences par le biais d’un envoi du Ministère de l’Instruction publique en 1903 et 1907. N° d’inventaire 90001260 90001594 90002430 90002977A 90002978 90002980 90002981 90002982 Désignation une momie d’enfant une momie de femme appelée la « Porteuse de miroir »16 une momie de femme appelée « Diounesast » une momie de femme et une momie de bébé une momie d’adulte et une momie d’enfant une momie d’adulte une momie d’adulte une momie d’homme dite « Le chevalier byzantin » Deux autres momies d’Antinoé ne sont pas entrées par le biais du Ministère de l’Instruction publique mais par deux dons. Le premier d’Émile Guimet en 1907 et le second en 1979 par l’Académie de Mâcon. Il a semblé néanmoins important d’inclure ces deux pièces dans l’échantillon du Louvre afin de leur faire bénéficier de l’ensemble des analyses. 10 Publication de la collection Campana en 2008. Ve – VIIe siècle de notre ère. 12 Cette partie devrait comprendre une série d’études sur la politique de l’État à la fin du XIXe et au début du XXe siècle : le choix des œuvres à envoyer, le choix des institutions destinataires, l’organisation pratique de ces envois et la réception des œuvres dans les musées concernés. 13 Commissariat à l’Énergie Atomique. 14 Le département des sciences humaines sous la responsabilité de Deirdre Emmons avec l’aide de Karine Madrigal (chargée d’étude au Musée des Confluences sur les collections égyptiennes et en charge de ce dossier), l’ensemble du personnel de la Régie sous la responsabilité d’Olivier Bathellier avec l’aide de Nelly Chareyron et d’Elsa Lepine, ainsi que le personnel technique de l’institution : Isabelle George, Patrice Ourdouillie et François Vigouroux. Qu’ils en soient ici remerciés. 15 Albert Gayet (1856-1916) est un égyptologue français qui a fouillé à Antinoé entre 1895 et 1911. 16 Désignation probablement donnée par Albert Gayet. 11 LES CAHIERS DU MUSÉE DES CONFLUENCES ÉTUDES SCIENTIFIQUES N°3 31 N° d’inventaire 90002432 979-1-1 Désignation une momie de femme dite « Nouter Hont Nedjem Ati » une momie d’adolescent dite « momie de Mâcon » Assez rapidement, le problème d’accès aux œuvres s’est posé. Alors que les momies étaient encore conservées en réserve dans leur vitrine d’exposition, il était totalement impossible pour l’équipe de recherche d’effectuer leurs observations. Le personnel de la régie des collections a donc procédé au déplacement des momies dans un espace dévolu à la restauration. Elles ont été retirées des vitrines anciennes en bois et en verre17 puis déplacées, par la même équipe, avec l’aide de la restauratrice Laure Cadot, sur des plateaux de manipulation. Des boîtes de conservation spécifiques ont été réalisées pour permettre le transport dans un deuxième temps des momies du musée jusqu’à l’hôpital en toute sécurité. Ces nouveaux conditionnements ont finalement entraîné la modification du système de rangement dans la réserve d’égyptologie (CHAREYRON, 2012). 4.3 - L’étude au musée et à l’hôpital Début mars 2011, le musée a accueilli non seulement l’équipe de chercheurs mais aussi une équipe de tournage pilotée par la réalisatrice Jacky Bastide. L’équipe de chercheurs rassemblée lors de cette première phase d’observation se composait des personnes suivantes : - Yannick Lintz, Conservateur en chef en charge du SRDAI au musée du Louvre - Magali Coudert, coptologue, collaboratrice scientifique de conservation au sein du SRDAI - Pierre Thillaud, paléopathologiste, chargé de conférences, École Pratique des Hautes Études, Paris - Laurent Dussarps, chirurgien-dentiste, Gradignan - Pascale Richardin, responsable du groupe datation au C2RMF - Nathalie Gandolfo, membre du groupe datation au C2RMF - Roberto Vargiolu, tribologue à l’École Centrale de Lyon - Hervé Bocherens, chercheur biochimiste à l’Université de Tübingen A cette occasion, différents prélèvements ont été réalisés : empreintes de pieds, prélèvements de cheveux, de feuilles d’or, de tissus. Au même moment, l’équipe de tournage était présente en vue de la réalisation d’un documentaire pour la chaîne Arte. Des interviews des chercheurs ont également eu lieu dans les locaux du musée. Peu de semaines plus tard, le 15 avril et le 27 mai 2011, les momies ont été transportées dans leur boîte et dans un sac mortuaire – pour respecter le protocole contre les maladies nosocomiales – vers le CHU Édouard Herriot de Lyon pour les scanner. 4.4 - Les premiers résultats Dans l’attente d’informations plus précises, nous avons profité des scanographies et des observations au musée pour découvrir les éléments suivants : - la momie 90002432 considérée comme une femme au vu de la représentation du visage sur les cartonnages et de son nom (ins- 17 crit sur la momie) se révélerait être un homme. Elle aurait été excérébrée et on note la présence de résine dans le fond du crâne. Des masses, qui font penser à des paquets canopes, apparaissent près de la momie. - la momie 979-1-1, particulièrement lourde, a révélé au scanner la présence d’une planche en bois placée sous la momie. Il s’agit bien d’une momie d’adolescent. Cet individu a été excérébré et on note la présence de résine solidifiée dans le crâne. - la momie 90001594 présentait, notamment au niveau de la poitrine, des formes supposant une préparation particulière du corps mais sans trace d’incision. Le scanner a confirmé la présence de tissus de rembourrage à l’intérieur de l’abdomen et au niveau de la poitrine. Lors de la phase d’observation, des prises d’empreintes des pieds ont été réalisées. - la simple observation de la momie 90002978 était rendue presque impossible par la présence de tissus recouvrant le corps. Seule une jambe détachée était visible sur les tissus. A l’issue du scanner, il s’est avéré que cette jambe n’est pas celle de la momie car sous les linges les deux jambes sont bien présentes. Mais en revanche, elle n’a qu’un bras. Pour la momie de l’enfant qui l’accompagne, son âge par observation a été estimé à 6 ans. Il ne s’agit ici bien sûr que de résultats partiels de cette étude, recueillis oralement et que nous avons plaisir à reproduire afin de donner un aperçu de la richesse des informations que nous pouvons obtenir à l’issue de telles études. Il faudra cependant attendre l’automne 2012 pour lire les résultats de cette étude du musée du Louvre et visionner le documentaire d’Arte. En conclusion, ce bilan est pour nous l’occasion de revenir sur les activités scientifiques portées par le service des collections au sein du musée des Confluences. Alors que ces activités restent souvent confidentielles car destinées à un public averti par le biais de publications spécialisées, il ne faut pas pour autant oublier qu’elles sont essentielles pour mettre en valeur le fonds du musée et son histoire auprès d’un public plus large par le biais des expositions, des colloques ou des publications plus généralistes. Ces études sont indispensables pour mettre à niveau nos connaissances sur les œuvres et donner à voir et à comprendre aux publics l’évolution de la science et des savoirs sur des civilisations anciennes et parfois disparues. Références bibliographiques CHAREYRON N., 2012 – Conservation, manipulation et conditionnement des éléments humains : l’expérience du musée des Confluences. Les Cahiers du Musée des Confluences, Etudes scientifiques, 3 : 57-64. HERZBERG G. & PERROT R., 1983 – Paléopathologie de 31 crânes égyptiens momifiés du Muséum d’histoire naturelle de Lyon. Paléobios, 1 (1-2) : 91-108. Nous avons pris le parti de conserver ces anciennes vitrines comme témoins d’un type de présentation muséologique du début du XXe siècle. 32 LES CAHIERS DU MUSÉE DES CONFLUENCES ÉTUDES SCIENTIFIQUES N°3