Louvre, y es-tu ? Festival d`automne - Robyn Orlin lâche
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Louvre, y es-tu ? Festival d`automne - Robyn Orlin lâche
er 1 octobre 2009 Louvre, y es-tu ? Festival d’automne - Robyn Orlin lâche huit vrais gardiens du musée au milieu de sa troupe pour une performance autour du Roi Soleil. Ils attendent les visiteurs, ou plutôt les spectateurs, au pied des escalators. Dans leurs costumes gris musée, ils passent inaperçus, car ici, au musée du Louvre, on ne vient pas voir du vivant. Ils sont huit agents de l’équipe de surveillance, sélectionnés parmi 25 volontaires, à avoir accepté de travailler avec la chorégraphe sud-africaine Robyn Orlin. Leur nouveau job : babysitter pour le Petit Louis, entendez l’infernal enfant roi Soleil qui ne songe qu’à danser. Après avoir présenté ce projet à Johannesburg et à Berlin, la chorégraphe occupe le Louvre, en partant de la sculpture française du XVIIe pour rejoindre les antiquités de l’Orient et du Moyen-Orient. Le parcours pourrait paraître fastidieux, une balade de plus pour éclairer autrement un lieu de patrimoine. Mais la proposition est bien sûr plus politique. Robyn Orlin est connue pour être une agitatrice qui manie parfaitement le théâtre d’intervention. En offrant une promenade organisée, encadrée par les agents de surveillance (les vrais en fonction et les vrais en représentation), elle interroge les procédés de surveillance, l’idée même de gardiennage et, au-delà, remet en question l’imaginaire colonial. «Je me demande toujours pourquoi les Africains vivant en France ne sont pas traités avec le même respect que les œuvres d’art. C’est vraiment une grande question pour moi.» lampe-torche. Une partie de la réponse est dans le spectacle. Il suffit de suivre les guides, les six acteurs, danseurs, chanteurs de la compagnie et les huit gardiens. Entre chien et loup, ou plus tard dans la soirée, les horaires du parcours changeant comme la lumière, naturelle ou lampe-torche, on est conduit d’un personnage à un autre, d’une salle à une autre, dans un espace délibérément déambulatoire. En partant de la réduction d’une statue de Louis XIV, ironiquement renommée Petit Louis, le chemin est semé d’embûches et de rigolades, jusqu’à la sortie définitive. Deux dames qui avaient déjà vu le travail de Robyn Orlin pour le Ballet de l’Opéra de Paris sont impatientes : «Mais quand vont-ils danser ?» Ils ne le feront pas, ou alors pour un menuet final déconstruit. Auparavant, on aura pu admirer Petit Louis affublé d’une perruque faite de canettes à face dorée, et maniant admirablement la baguette de pain. Dans les escaliers, on fornique. Un comédien tente d’improviser sur une consigne de la chorégraphe : incarner un fantôme. Le bougre ne parvient qu’à s’assommer en essayant de traverser un mur. Plus loin, les agents de surveillance nous montrent leur petit jardin secret. Visiblement, ils se sont bien amusés à se mettre en scène dans des petits films qu’ils projettent sur les murs, ou au revers de leurs costumes. Fatima Hemdane (55 ans, employée depuis 1985 au vestiaire) s’empiffre de chantilly dans un muet hilarant. Henri Gwodog Biyong, 41 ans, au Louvre depuis 1989 (équipe de nuit), fait son propre défilé de mode. Pendant des années, il a collectionné les cravates des différents gardiens pour s’en faire une robe qu’il porte superbement, avant de se retrouver drapé de blanc et serti de bijoux comme une reine antique. Ils ont tous quelque chose à nous dire, eux qui ne font que murmurer quand on leur pose l’éternelle question : «Pardon, où se trouvent les toilettes ?» charivari. Dans la salle des antiquités, alias salle de repos, ils quittent enfin la position verticale pour s’allonger à même le sol pendant qu’une visiteuse prend un coup de folie et, nue, doit être maîtrisée par une gardienne. Mais déjà certains sont partis à cheval rejoindre Versailles, sans pourtant avoir omis de remercier le président du Louvre en lui offrant quelques présents sud-africains, dont une réduction d’une Vénus hottentote et une statuette représentant un anonyme, un instituteur peut-être ou un comptable. Quant au bal charivari, il permettra une dernière facétie. Les comédiens professionnels échangent leurs habits avec les gardiens et s’en vont dans la nuit patauger dans les bassins avec de grotesques canards. Tout est sens dessus dessous. «Refuser de figer les choses, mettre du mouvement et donc de la contradiction, voilà très exactement ma fonction d’artiste»,» dit Robyn Orlin (1). Message reçu. On ne demandera plus où sont les toilettes mais on prendra la peine de saluer les salutaires gardiens de musée. Marie Christine Vernay Babysitting Petit Louis ms Robyn Orlin dans le cadre du festival d’Automne. Musée du Louvre, Pyramide, jusqu’au 8 octobre à 20 h 30, le 6 à 19 heures et 21 h 30. Rens. : 01 53 45 17 17 ou www.louvre.fr (1) «Robyn Orlin, fantaisiste rebelle» d’Olivier Hespel, éditions l’Attribut et CND. 6 octobre 2009 Le Louvre se prête au jeu de Robyn Orlin La chorégraphe sud-africaine donne la parole en gestes aux gardiens du célèbre musée. Sous l’égide du Festival d’automne, Robyn Orlin présente Babysitting Petit Louis au musée du Louvre (1). L’artiste, qui manie comme personne les armes de l’ironie, du kitsch, la prise à partie du public, en évitant tout sadisme et tout masochisme souvent de rigueur sur nos scènes européennes, nous fait moins découvrir le musée du Louvre que ceux qui ont à charge de le surveiller. Durant cette « visite » menée au pas de charge, quasiment aucune des oeuvres croisées dans la pénombre n’est commentée. Ce qui importe ce sont les huit gardiens censés nous escorter depuis les galeries de la sculpture française jusqu’aux antiquités du MoyenOrient. Sur les mille deux cents surveillants du Louvre, vingt-cinq se sont portés volontaires pour participer à ce spectacle ; huit ont été retenus. Durant une heure quinze, munis de lampe de poche, ils nous disent des mots à l’oreille, se livrent à des confidences ou à des commentaires sur leurs pièces préférées. Ils jouent aussi à être les baby-sitters de la statue équestre de Louis XIV, l’enfant roi. Ils se racontent aussi les uns les autres à l’aide de petits films projetés, par exemple, sur le socle d’une statue de Persée et Andromède. Il est clair que pour l’artiste sud-africaine, c’est la quintessence de la culture française symbolisée par le Louvre, ce patrimoine culturel écrasant, qu’elle a choisie de mettre en boîte de manière ironique et amicale puisqu’elle s’intéresse à ceux qui ont pour mission de veiller sur ces trésors ; ceux à qui l’on ne donne jamais la parole et devant qui l’on a l’habitude de passer comme s’ils faisaient partie du mobilier national. Ce geste est à la fois touchant et paradoxal. Ce qui est étrange, c’est qu’ils se sont prêtés au jeu, eux, dont on oublie ce que cela leur fait d’être là en permanence au milieu des chefs-d’oeuvre. On leur donne là une dignité humaine dans ce palais consacré à la mémoire au fil des siècles. Babysitting Petit Louis est une tentative au fond civique qui consiste à réintroduire dans l’humain et dans le social la fonction muséale. Muriel Steinmetz 25 septembre 2009 Les gardiens du Louvre entrent dans la danse Des gardiens du Louvre dansant sous la pyramide autour d'une statue de Louis XIV ? La chorégraphe Robyn Orlin a imaginé ce spectacle peu banal dans le cadre du Festival d'automne. Sa pièce s'intitule Babysitting Petit Louis. Huit gardiens se précipitent vers la cour Puget comme un escadron de nurses en service d'urgence. Ils ne portent pas de blouse mais leur veste d'uniforme. Le bébé a-t-il faim ? S'est-il fait mal ? L'a-t-on embêté ? Assis sur son cheval, Petit Louis, le futur Roi-Soleil, n'a pas l'air de trop souffrir. Il porte une armure de guerre. Robyn Orlin, artiste sud-africaine iconoclaste, a pour ambition de « révéler les gardiens à eux-mêmes et au public ». Non, ce ne sont pas des ombres qui servent juste à indiquer la sortie et les toilettes. Ce sont des personnes importantes, qui veillent à la sécurité des trésors. Ils ont aussi des rêves : l'un se promène en maillot de bain dans le musée comme s'il était chez lui. L'autre s'offre un festin royal à la cantine de l'institution… « Je ne leur demande rien de spécial, je fais avec ce qu'ils veulent faire », glisse Robyn Orlin qui a répété une semaine avec cette troupe éphémère. Le casting s'est passé sur la base du volontariat. Sur les 1 200 agents, 25 se sont inscrits et elle n'en a gardé que huit. Ceux qui avaient le moins peur de s'exposer. Seule récompense pour eux : trois ou quatre semaines de congés à la fin du spectacle. Ariane Bavelier