Fiche étude et analyse

Transcription

Fiche étude et analyse
Histoire des
Arts
2012/2013
Titre de
l’œuvre :
THEME : Arts,
espace, temps
DOMAINE
ARTISTIQUE :
l’espace, le temps,
dans les arts
visuels,
chorégraphiques :
la dance
comtemporaine
Walking next to our shoes…intoxicated by strawberries and
cream,we enter continents without knocking…
PRESENTATION DE L’OEUVRE
Nature
Spectacle vivant, danse, cabaret
Courant artistique
Danse contemporaine
Cadre
Festival Total Danse 2012
Date
16 novembre 2012
Lieu
Théâtre de Champ Fleuri
Auteur /Nationalité
Robyn Orlin Chorégraphe; Afrique du Sud
L’ŒUVRE
La scénographie
Il s’agit plus d’un opéra cabaret n’hésitant pas à jouer avec le public. Le registre
est souvent burlesque, traitant sur un mode humoristique et joyeux de sujets
graves et contemporains :
- La place de la population noire dans la société sud-africaine
- Les hommes déplacés par la recherche de travail
- La pauvreté
- La violence
- La place peu enviable des femmes dans la société sud-africaine
- La sexualité comme distraction accessible aux pauvres mais avec le SIDA
comme sanction
- L’attrait de la société de consommation « les swankers » (sapeurs tiraillés
entre culture traditionnelle zoulou et culture européenne)
Ce spectacle est aussi interactif et festif : les spectateurs sont sollicités,
interpellés.
Les danseurs, chanteurs sont autant dans la salle que sur scène.
L’usage de la vidéo par le biais d’un film projeté en début de spectacle, puis
d’images projetées en cours de spectacle, du chant choral (L’isicathamiya), en font
un spectacle multiforme.
La chorégraphie
Le thème :
Les difficultés passées et présentes de l’Afrique du Sud. La chorégraphe aborde la
condition de ces travailleurs noirs dans une société construite sur une discrimination
fondamentale entre Blancs et Noirs.
L’isicathamiya (« piétiner soigneusement » en zoulou) est un chant zoulou a cappella né
audébut du XXème siècle parmi les travailleurs de cette ethnie qui venaient travailler dans
les villes, dans les mines et qui ne devaient pas faire de bruit et marchaient sur la pointe
des pieds, d’où leur chant. Ils ont également été influencés par les chants gospels
entendus dans les églises… Aujourd’hui ces choeurs s’affrontent dans le cadre de
concours organisés le weekend à Durban ou Johannesburg.
Il s’agit donc de danse et de chants (10 danseurs et chanteurs zoulous et 4 danseurs, 13
hommes une seule femme sur scène).
Le titre
Le titre à rallonge de la pièce est d’une part explicite et porteur d’imagination.
Il s’agit d’une métaphore humoristique qui joue sur le double sens :
Walking next to our shoes « marcher à côté de ses pompes », mais aussi marcher
doucement pour éviter de se faire remarquer, ceci étant lié à la condition des travailleurs
zoulous, des mineurs en particulier, qui venaient travailler en ville et étaient logés dans
des hôtels où il n’était pas autorisé de faire du bruit : le sens est donc également, être
pauvre.
Les mouvements chorégraphiques des danseurs sur la pointe des pieds illustrent bien
cette action.
La deuxième partie du titre, moins souvent citée, « intoxicated by strawberries and
cream » fait une allusion plus implicite au Sida, désignant le virus par le fruit.
La chorégraphe
Le parcours de vie de la chorégraphe Robyn Orlin explique beaucoup sa démarche et
serait susceptible d’éclairer les partis-pris de ce spectacle.
Ses origines familiales (juive polonaise et lituanienne immigrée durant la Seconde
Guerre Mondiale), sa génération (née en 1955, elle a participé à la lutte contre
l’apartheid, a traversé aussi les années Sida), sa formation (Londres, Chicago,
Johannesburg) expliquent beaucoup d’éléments qui se trouvent dans Walking next to our
shoes… : un danseur travesti, la misère sociale (les petits métiers liés à la chaussure, du
cireur au cordonnier, le petit film tourné dans les rues de Johannesburg par Philippe
Lainé diffusé au début du spectacle), les chants zoulous.
Chorégraphe majeure de la scène internationale, Robyn Orlin a longtemps été perçue
comme l’enfant terrible de la danse sud-africaine, avant sa reconnaissance en Europe au
début des années 2000. Jusqu’à signer, en 2007, la chorégraphie de L’Allegro, il
Penseroso ed il Moderato pour l’Opéra de Paris.
Née de parents juifs d’Europe de l’Est ayant fui la menace nazie, marquée dans sa
jeunesse par la lutte contre l’apartheid, n’a jamais dissocié ses parti pris esthétiques de
son engagement politique. Olivier Hespel nous révèle une artiste instinctive, drôle et
rebelle – à l’image de ses pièces –, convaincue que « l’art ne sert à rien, s’il n’est pas en
prise avec le réel ».
Ceci donne un caractère performatif au travail de Robyn Orlin, une impression de
création en temps réel mais aussi d’éclatement de la narration (que ce soit par courtcircuitage d’une action par une autre ou par démultiplication des actions parallèles).
Le spectacle « walking next to our shoes » est une illustration parfaite de ce procédé
chorégraphique et artistique :
Ces procédés stimulent l’attention du public : la chorégraphe bouscule en effet toute
lecture simple du plateau, toute lecture linéaire du « récit ». Pour multiplier les angles de
vue d’un même spectacle, Robyn Orlin jongle aussi avec différents outils comme l’«
invasion » des gradins ou l’utilisation de téléviseurs ou d’écrans sur lesquels sont
retransmises des captations en direct filmées par les performeurs eux-mêmes. Avec un
tel procédé, le public se trouve contraint à réagir ou interagir.
Questionnement
Qu’avez-vous vu ? Ce spectacle correspondait-il à vos attentes ? Quels sont les éléments
qui vous ont surpris, touché ? Pouvez-vous décrire ce que vous avez découvert sur la
scène en vous installant dans votre fauteuil ?
Pensez-vous qu’il soit possible de rapprocher ceci de l’histoire de
l’esclavage à la Réunion. L’Afrique du Sud est un pays proche, aux expériences qui
peuvent nous être proches.