L`Echo de Big Ben La revue économique du Royaume-Uni

Transcription

L`Echo de Big Ben La revue économique du Royaume-Uni
L’Echo de Big Ben
La revue économique du Royaume-Uni
N°10 – juillet-août 2002
© MINEFI – DREE/TRÉSOR
Edito
Londres est-elle victime de son succès ?
Sommaire
Editorial
p1
Brèves
p2
Focus : L’investissement direct
boude-t-il le Royaume-Uni ?p3
Le PIB par habitant du
Grand Londres est
nettement inférieur à
celui de la région
parisienne
Le coût de la vie n’est
pas compensé par le
montant des revenus
réels
Il devient difficile
d’attirer des professions
à revenus intermédiaires
En 2001, lorsqu’on intègre les coûts immobiliers, Londres a été à nouveau
considérée par toutes les études comme la ville la plus chère d’Europe. Le
seul logement absorbe plus d’un quart du revenu des ménages londoniens ; et
les Londoniens consacrent plus du dixième de leur revenu aux transports.
La qualité de vie à Londres reste pourtant inférieure à celle de la plupart des
grandes métropoles européennes. Si Londres et Paris ont obtenu les
meilleures notes de l’enquête William M. Mercer dans le chapitre des loisirs
au sein de l’Union européenne (nombreux restaurants et attractions
culturelles, etc.), les deux métropoles ont malgré tout reculé dans le
classement, notamment en raison de la hausse de la criminalité qu’elles
connaissent. Londres a également vu sa note abaissée en raison de la
détérioration de l’état de son système de transport.
La richesse par habitant paraît également à la traîne. La banque Barclays,
s’appuyant sur des données Eurostat, indique par exemple que le PIB par
habitant du Grand Londres est nettement inférieur à celui de la région
parisienne. Paris, avec 67 200 EUR par habitant, occupe la 7ème place de ce
classement européen. L’agglomération londonienne est elle reléguée à la
20ème place.
Au niveau national, sans surprise, Londres reste de loin la ville la plus chère
du Royaume-Uni. Cela tient principalement aux dépenses de logement et
d’éducation. En 2001, les prix moyens d’achat d’un logement ont augmenté
plus vite à Londres (même si certains quartiers, tels Derby, ont vu la
croissance des prix diminuer) que dans le reste du pays.
Le niveau de vie à Londres est inférieur à d’autres régions du Royaume-Uni.
Le coût de la vie n’est en effet pas toujours suffisamment compensé par le
montant des revenus réels. Des recherches menées par le Centre for
Economics and Business Research ont souligné que certains habitants de
Londres ont un niveau de vie réel parmi les plus faibles du pays, car les prix
de la nourriture, des transports et du logement y sont extrêmement élevés, en
dépit des salaires plus hauts versés à Londres que dans le reste du pays, et
d’une croissance des revenus plus forte à Londres que dans le reste du
Royaume-Uni. En effet, les différences de coût de la vie entre Londres et le
reste du pays peuvent avoisiner 50% et sont loin de se résorber.
Ces disparités affectent surtout les familles modestes. Leur pouvoir d’achat
est affecté par les coûts du logement ou des transports, très supérieurs à ceux
relevés dans le reste du pays. Il devient par ailleurs difficile, en raison des
prix excessifs de l’immobilier, d’attirer et de pérenniser dans la capitale des
professions à revenus intermédiaires, en particulier les instituteurs ou les
infirmières, et les agents publics en général.
Philippe O’QUIN
AMBASSADE DE FRANCE AU ROYAUME-UNI - MISSION ÉCONOMIQUE DE LONDRES
L ' E c h o d e B i g B e n – j u i l l e t - a o û t 2 0 0 2 © MINEFI - DREE/TRÉSOR
Actualités
Le Royaume-Uni vers les 35 heures ?
Selon une récente étude,
plus d’un employé sur dix
souhaiterait une
diminution du temps de
travail
Selon une récente étude du Department for Education and Skills, plus d’un employé
britannique sur dix souhaiterait une diminution du temps de travail, même en
contrepartie d’une baisse de salaire. Quoique la productivité du travail au RoyaumeUni demeure parmi les plus basses d’Europe, il est vrai que l’European Labour Force
Survey classe les Britanniques parmi les plus travailleurs (population active avoisinant
les 79 %, taux de chômage proche des 5 %, temps hebdomadaire de travail supérieur à
39 heures).
Le Trades Union Congress (TUC), qui fédère les deux tiers des syndicats britanniques
et qui a depuis longtemps fait son cheval de bataille de l’introduction d’une plus
grande souplesse horaire pour les ouvriers, a chaleureusement accueilli les résultats de
cette enquête. En effet, d’après le TUC, le gouvernement ne pourra mener à bien son
projet de rattrapage de productivité que si les travailleurs travaillent moins. Le TUC
justifie ce paradoxe apparent par deux arguments. Le premier est inhérent à la
production et renvoie à la notion de rendements décroissants : passé un certain seuil,
l’apport marginal d’une heure supplémentaire de labeur est faible et décroissant. Le
deuxième prend sa source dans la dynamique socio-économique que la politique
gouvernementale actuelle veut enclencher. La productivité de demain est basée en
partie sur les efforts d’éducation aujourd’hui. Or, 66 % des pères de famille estiment
qu’ils ne peuvent pas éduquer convenablement leur progéniture...parce qu’ils
travaillent trop.
Cette revendication, pour argumentée qu’elle soit, se marie toutefois bien mal à la
volonté du gouvernement de promouvoir l’esprit d’entreprise. D’ailleurs, si l’on
examine de plus près l’échantillon statistique conduisant à cette délicieuse conclusion,
on remarque que les personnes qui désirent travailler moins sont en fait pour la
plupart des cadres quinquagénaires du secteur de la finance.
D’un autre côté le travail à temps partiel, qui concerne de plus en plus de Britanniques
(ils sont actuellement 7 millions à avoir opté pour cette modalité de contribution au
marché du travail, pour l’essentiel des femmes), est peut-être une réponse naturelle du
peuple britannique à un système qui le pousse à trop travailler...
[email protected]
A lire : « Marché de l’emploi, salaires et droit du travail au Royaume-Uni »,
82 pages, 120 EUR.
Contact : [email protected]
CORUS : du bon usage de la fusion dans l’acier
CORUS a fusionné avec
CSN pour former le 4ème
groupe sidérurgique
mondial
CORUS (ex British Steel), trois ans après avoir absorbé le groupe néerlandais
Hoogovens, a décidé, le 17 juillet, de fusionner avec le groupe brésilien CSN
(Companhia Siderurgica Nacional) pour former le 4° groupe sidérurgique mondial
derrière Arcelor, Nipon Steel et POSCO.
CORUS, grâce à cet accord, accède ainsi aux mines de fer détenues par son nouveau
partenaire. Au plan industriel, cet accord ne semble toutefois guère aller au-delà de
ces échanges de matière première et du développement de la mine de Casa de Padra
au Brésil.
L’influence du nouveau partenaire, qui détiendra 37,6% de la nouvelle entité, sera
donc initialement limitée. Mais il est prévu qu’en 2004 le président de CSN,
Benjamin Steinbruch, prenne la direction du nouvel ensemble. Avec, semble-t-il, de
grandes ambitions.
[email protected]
Le recul des bénéfices de
Royal & Sun est dû à une
sous-évaluation des
remboursements liés aux
attentats du 11 septembre
Royal & Sun Alliance commence à souffrir des attentats
Les actions de Royal & Sun Alliance ont perdu 25% de leur valeur suite à l’annonce
de faibles bénéfices au premier semestre 2002 et de la fermeture du bras assurance-vie
de la compagnie d’assurance britannique, correspondant à la suppression de 1 200
emplois. Le recul des bénéfices semble être dû à une notable sous-évaluation des
remboursements liés aux attentats du 11 septembre 2001, de l’ordre de 30 %.
Les problèmes de l’assureur ont récemment été aggravés par une amende de 2,2 M
EUR infligée par la Financial Services Authority, pour dédomagement des 13 000
titulaires des plans d'épargne de retraite victimes de tromperie à la souscription.
[email protected]
AM BAS S ADE DE F RANCE AU ROYAUM E -UNI - M I S S I ON É CONOM I Q UE DE L O NDRE S
- 2 -
L ' E c h o d e B i g B e n – j u i l l e t - a o û t 2 0 0 2 © MINEFI - DREE/TRÉSOR
L’investissement direct boude-t-il le Royaume-Uni ?
Focus
En 2001, le Royaume-Uni a été la 3ème destination des capitaux mondiaux et
le 6ème investisseur à l’étranger, en net recul par rapport à 2000. Les
investissements continuent à prendre avant tout la forme de fusionsacquisitions, et se recentrent sur l’industrie. La France est l’un des premiers
investisseurs dans ce pays, même si le Royaume n’est plus que la 4ème
destination des investissements français. A l’inverse, le Royaume-Uni
confirme sa position de 1er investisseur en France.
L’année 2001 a profondément remodelé le paysage de l’IDE au
Royaume-Uni…
Le Royaume-Uni occupe en matière d’investissement direct à l’étranger
(IDE) une place qui dépasse son poids dans le commerce international ou la
production mondiale. En effet, il était depuis 1999 le premier investisseur
mondial, devançant les Etats-Unis. Cependant, en 2001, le ralentissement
international s’est accompagné d’un recul brutal des flux d’IDE (-54%
d’après une estimation de l’OCDE). Dans ce contexte, les flux entrants
britanniques ont régressé de 55%, tandis que les flux sortants se sont repliés
de 85%. En définitive, le Royaume-Uni améliore sa position relative en tant
que récepteur d’IDE, en passant de la 4ème à la 3ème place, mais il rétrograde
de 5 places comme émetteur, pour devenir 6ème investisseur mondial en 2001.
Flux d'IDE
(en Mds GBP)
300
sortants
250
entrants
200
150
100
50
0
1998
1999
2000
2001
Source: National Statitics
La balance des investissements, invariablement positive depuis 1993, date de
reprise de la croissance économique dans le pays, est redevenue négative en
2001, accusant un déficit de 18 Mds USD, soit 20% du total des flux d’IDE
concernant le Royaume-Uni (entrants et sortants).
….tout en confirmant des tendances structurelles d’attractivité
Croissance des flux
britanniques (en %)
150
121
flux entrants
flux sortants
100
42
50
21
0
97
68
35
-85
-55
-50
Ce retournement n’est cependant pas forcément un signe de mauvaise santé
pour l’économie britannique, qui dispose de tous les atouts pour redevenir un
acteur majeur de l’IDE. L’attraction du pays ne s’est pas dégradée
relativement à ses partenaires. Quant à l’effondrement des IDE sortants, il
traduit plutôt une capacité naturelle à s’adapter rapidement à un changement
de conjoncture internationale.
L’Union européenne (UE) reste l’investisseur le plus important au RoyaumeUni. En 2000, selon le National Statistics, pour la deuxième année
consécutive et avec un flux de près de 51,7 Mds GBP, l’UE a été à l’origine
des deux tiers de l’IDE entrant dans le pays. Dans le même temps, les EtatsUnis n’y investissaient que 14 Mds GBP. Réciproquement, l’essentiel des
flux d’IDE britanniques est désormais à destination de l’UE. En 2000, le
Royaume-Uni a investi 131 Mds GBP en Europe (contre 30 Mds GBP vers
les Etats-Unis), soit plus des trois quarts des IDE sortants.
-100
1998
1999
2000
2001
Source: National Statistics , OCDE
Le repli des IDE a consacré les fusions et acquisitions et entraîné un
retour vers les industries manufacturières
AM BAS S ADE DE F RANCE AU ROYAUM E -UNI - M I S S I ON É CONOM I Q UE DE L O NDRE S
- 3 -
L ' E c h o d e B i g B e n – j u i l l e t - a o û t 2 0 0 2 © MINEFI - DREE/TRÉSOR
Evolution du nombre de
projets entre 2001 et 2002
(en %)
Services
Internet
-55
-38
Logiciels
-35
electronique
-16
Telecoms.
-12
total
32
Pharmacie
& biotech.
38
Automobile
39
Alimentation
41
Finance
67 Gestion
Source : Invest UK
60
50
40
30
20
10
0
1998
1999
2000
Alors que les industries traditionnelles sont considérées comme le maillon
faible du système britannique, elles ont joué un rôle de parachute face à la
contraction des secteurs considérés jusqu’alors comme les plus dynamiques,
et notamment ceux issus de la « Nouvelle Economie » (selon Invest-UK, en
nombre de projets, l’automobile a connu en 2001 une évolution de +38%,
contre -39% pour les logiciels). Seul le secteur de la Finance réalise une
meilleure performance, confirmant ainsi sa vitalité.
La France s’affirme comme un des partenaires les plus solides du
Royaume-Uni
Alors que les IDE sortants britanniques se rétractaient en moyenne de 85%,
les flux vers la France ne diminuaient que de 25% entre 2000 et 2001. Le
Royaume-Uni confirme donc sa position de 1er investisseur en France. La
France semble par conséquent conserver toute son attractivité aux yeux des
Britanniques. En revanche, en chute de 50%, les flux d’IDE de la France vers
Albion reculent de 85% (encore 65% si on ne prend pas en compte
l’opération France Telecom/Orange en 2000). Le Royaume-Uni n’est plus
que la 4ème destination des flux français (contre la 1ère en 2000). En 2001,
pour la première fois depuis 1998, le Royaume-Uni émet plus d’IDE vers la
France qu’il n’en reçoit.
Flux bilatéraux
transmanches
(en Mds EUR)
70
Les fusions-acquisitions (F&A), modalité privilégiée de l’IDE depuis 20 ans,
ont semble-t-il mieux résisté au retournement de conjoncture international
que la création de filiales ou d’entreprises communes. Par ailleurs, alors
qu’elles étaient l’apanage des très grandes entreprises jusqu’en 2000, le
montant moyen des F&A a été divisé par près de trois sur un an. Ce
phénomène résulte de la conjonction de la raréfaction des opérations de
méga-F&A et d’une pénétration plus fine du tissu économique britannique
par les F&A.
2001
France vers R-U (sans Orange)
France vers R-U (avec Orange)
R-U vers France
Source : Banque de France
[email protected]; [email protected]
Taux de change utilisé dans ce document : 1 GBP = 1,6087 EUR
Retrouvez nos dernières
publications ainsi que des
informations actualisées
concernant votre secteur
d’activité sur www.dree.org/gb
Copyright
Tous droits de reproduction réservés, sauf autorisation
expresse de la Mission Economique de LONDRES
(adresser les demandes à [email protected]).
Éditeur : Mission Économique
Adresse : 21/24 Grosvenor Place
LONDRES SW1X 7HU
ROYAUME-UNI
Directeur de la publication : Philippe O’QUIN
[email protected]
Revue par : Alain GAUGRIS [email protected]
Date de parution : 31 août 2002
ISSN : En cours d’inscription
Abonnement :
En ligne http://www.diffusion.dree.org/
Email abonnement : [email protected]
Clause de non-responsabilité
La ME s’efforce de diffuser des informations exactes et
à jour, et corrigera, dans la mesure du possible, les
erreurs qui lui seront signalées. Toutefois, elle ne peut
en aucun cas être tenue responsable de l’utilisation et
de l’interprétation de l’information contenue dans cette
publication qui ne vise pas à délivrer des conseils
personnalisés qui supposent l’étude et l’analyse de cas
particuliers.
Ce bulletin peut être librement distribué à vos collègues.
Si ce bulletin vous a été transmis, n’hésitez pas à nous
indiquer votre adresse électronique afin que nous vous
abonnions directement.
AM BAS S ADE DE F RANCE AU ROYAUM E -UNI - M I S S I ON É CONOM I Q UE DE L O NDRE S
- 4 -

Documents pareils