HDA 1 Execution Yue Minjun Sophie

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HDA 1 Execution Yue Minjun Sophie
Arts de l’espace
Arts du langage
Art du quotidien
Arts du son
Arts du spectacle vivant
Art du visuel
De
l’Antiquité
Au IXe s.
Du IXes.
à la fin du
XVIIe s.
XVIIIe
et
XIXe s.
Le XXe
siècle et
notre
époque
PRÉSENTATION / SOURCE
Yue Minjun, artiste chinois né en 1962 a réalisé Exécution, peinture à l'huile de 150 x 300 cm en
1995.
Le tableau représente une scène historique : l'exécution par fusillade de quatre chinois.
DESCRIPTION :
Que voit-on ?
Quatre personnages, hilares en slip, forment un bloc à gauche. Un autre bloc à droite est
formé de trois autres personnages groupés et vêtus qui visent les premiers avec des
armes invisibles. Un quatrième homme, portant une arme invisible, est tourné vers le
spectateur, hilare également. Les autres éléments sont un mur (La cité interdite aux abord
de la place Tiananmen à Pékin ?) et une portion très congrue d'un ciel uniforme.
La vue est frontale pour nous imposer directement la scène. A l'arrière-plan, les victimes sont
présentées de 3/4, trois tireurs sont de dos, celui du premier plan est de face.
La perspective est limitée, juste suggérée par les ombres portées. La direction du point de
fuite est indiquée par « l'arme » inexistante. La taille des personnages plus petits à
l'arrière-plan et les ombres créent une certaine profondeur, limitée par le mur du fond.
Eléments plastiques :
Les ombres indiquent que la lumière provient de la droite. Elle est très vive de même que les
couleurs qui sont criardes, acidulées. Le rouge est la couleur du sacré en Chine.
Le trait est précis, la représentation est réaliste.
Les tons sont vifs, les formes lisibles. Sa technique s'apparente à celle du Pop art.
Organisation de l’œuvre / composition :
Le regard circule d'un bloc à l'autre, arrêté par le vide : l'absence d'arme dans une scène
d'exécution. Le rire incongru arrête également le regard.
- CONTEXTE DE PRODUCTION DE L’ŒUVRE :
Depuis les années 40, l'art chinois, représenté par le réalisme socialiste est resté un art de
propagande. Avec la mort de Mao Zedong (1976), des groupes d'avant-garde apparaissent.
Celui de Yue Minyun appartient au mouvement appelé « réalisme cynique ». Ce mouvement
critique à la fois l'idéologie officielle, la peinture traditionnelle et l'art expérimental qui
croit pouvoir changer la société.
Au niveau politique, en 1989, les étudiants lèvent une manifestation de 300 000 personnes
sur la place Tiananmen à Pékin. 3000 poursuivront par une grève de la faim qui sera
réprimée par l'armée. Certains seront condamnés à la peine de mort.
ANALYSE
Yue Minjun a réinterprété des classiques pour leur donner «une portée historique plus
profonde* ».
Il a réalisé que d'autres artistes ont eu la même démarche :
- Manet peint L'Exécution de Maximilien en 1867 en référence à l’exécution de Maximilien de
Habsbourg par un peloton d’exécution républicain à Mexico.
- Goya peint en 1814 dans El Tres de Mayo, des soldats français exécutant des Madrilènes en 1808, en
représailles de la mort d’hommes de Napoléon dans des émeutes.
- Diego Rivera en 1935 (Exécution de Maximilien)
- et Picasso en 1951 (Massacre en Corée).
Comme eux, il cherche à donner « un nouveau sens au sujet original pour mieux comprendre les
événements historiques »*. Le mur rouge peut évoquer celui de la Cité interdite près de la place
Tiananmen. On peut y voir l'exécution des condamnés à mort de 1989.
La scène est tragique, douloureuse et grotesque. Cette souffrance est exprimée par
l'intermédiaire du rire, pas directement.
Il dit : « J'exprime dans un style comique des émotions douloureuses, car la joie est
acceptable par tous. Mais on ressent quand même la douleur.»*
C'est provocateur : l'absence d'arme dans une scène d'exécution peut évoquer les mensonges
du régime où tout est nié (les disparitions, les crimes…). Le rire est déplacé.
Il pose également la question du collectif : dans notre société, « nous sommes vus tous pareils,
c'est la vraie vie. »*. Il n'y a pas de place pour l'individu, ce qui est tragique également.
OUVERTURE / POINT DE VUE PERSONNEL
Yue Minjun n'expose pas en Chine. Il ne se considère pas comme un artiste engagé, il est
désabusé sur le rôle de l'art. Pourtant, toute son œuvre représentant des personnages
absents (La mort de Marat) ou des hommes qui rient transmettent des messages.
Il a cherché en citant d'autres œuvres comment résister à l'eurocentrisme dans l'art ?
Comment coexister culturellement ?
Il pense que l'art n'a pas le pouvoir de changer le monde. Il considère que le rôle de
l'artiste est de provoquer, d'amener les gens à se poser des questions.
* interview de Yue Minyun réalisée en 2012 par la Fondation Cartier pour l'art contemporain :
https://www.youtube.com/watch?v=WzZ-ey7yjzE&feature=youtu.be
http://rue89.nouvelobs.com/chinatown/de-goya-a-yue-minjun-deux-siecles-dart-contre-lexecution

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