Aspartame et cancer, risques aspartame, stevia, risque boisson light

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Aspartame et cancer, risques aspartame, stevia, risque boisson light
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Aspartame et risque pour la santé humaine : le point
des connaissances
Messages clés
L’aspartame (codé E 951) est un édulcorant de synthèse découvert en 1965. Il a un pouvoir
sucrant 150 fois plus élevé que le sucre. Il est utilisé dans de nombreux produits dits « allégés »
ou « light ».
Le risque potentiel associé à l’aspartame a été examiné par des instances scientifiques du monde
entier : à ce jour, leur conclusion est que la dose journalière admissible actuelle assure la
protection des consommateurs
.La controverse est très présente autour de l’aspartame depuis son apparition sur le marché.
Deux études européennes l’ont récemment ravivée : une suggérant un potentiel effet
cancérogène, et l’autre un risque d’accouchement prématuré chez la femme enceinte. La
méthodologie de ces études reste cependant critiquée, ce qui ne permet pas de conclure de
manière définitive sur les effets évoqués.
En France, l’Anses a constitué un groupe d’experts pour évaluer les bénéfices et les risques des
édulcorants dits « intenses ». Il a pour objectifs de faire l’état des lieux des données disponibles,
identifier d’éventuels bénéfices et/ou dangers de ces consommations, et d’élaborer des
recommandations pour les populations sensibles.
L'EFSA a conclu en décembre 2013, après une ré­évaluation approfondie des dernières données
de la littérature, que l’aspartame et ses produits de dégradation sont sûrs pour la consommation
humaine aux niveaux actuels d’exposition.
Consommé par des millions de personnes et contenu dans plus de 6000 produits alimentaires, l’aspartame est
un édulcorant intense de synthèse découvert en 1965 par des chercheurs américains. Il fait l’objet
régulièrement de controverses quant à son risque pour la santé. Les nombreuses études disponibles ne
montrent globalement pas de risque pour la santé à la dose journalière admissible.
L’aspartame est un substitut de synthèse artificiel, composé de l’acide L­aspartique et de l’ester méthylique de
la L­phénylalanine. Une première autorisation (juillet 1974) de mise sur le marché fut accordée à l'aspartame
par la Food and Drug Administration (FDA USA). Suite à de possibles effets toxiques, l'autorisation fut
suspendue quelques mois plus tard (décembre 1974). Son usage fut rétabli en 1981 aux Etats­Unis dans les
aliments solides, puis dans les liquides en 1983. Autorisé en Europe depuis 1994 par la directive 94/35/CE, il
est codé E 951 dans la classification européenne des additifs alimentaires.
En raison de son pouvoir sucrant 150 fois plus élevé que le sucre, il est utilisé dans de nombreux produits dits
« allégés » ou « light ». Son utilisation est déconseillée aux jeunes enfants et certaines personnes peuvent mal
le supporter. Il n’est pas toléré par les personnes souffrant de phénylcétonurie, une maladie génétique rare
mais grave (Vidal, EurekaSanté).
Appartenant à la classe des additifs alimentaires les plus étudiés dans le monde, de nombreuses évaluations
scientifiques sur ses effets toxiques sur la santé ont été conduites au niveau international (OMS), européen
(EFSA) et américain (FDA) dont la dernière réévaluation date de 2007 (FDA, 2007). Ces travaux ont conclu à
la sécurité d'emploi de l'aspartame et ont permis de fixer la dose journalière admissible retenue à 40 mg/kg
(milligrammes par kilogrammes) de poids corporel (soit 2,8 grammes par jour pour un adulte de 70 kg)
(JEFCA, 1980) (Council on Scientific Affairs , 1985).
Pourquoi une controverse sur les risques
sanitaires potentiels de la consommation
d’aspartame ?
Depuis l’apparition de l’aspartame sur le marché, rarement un produit n'a nourri autant de controverses,
régulièrement alimentées dans les médias. Au cours de cette dernière décennie, de nombreux rapports
d’expertise ont prouvé son innocuité, c’est­à­dire son absence de danger pour la santé humaine. Néanmoins,
certaines études scientifiques (Olney, 1996 ; Soffritti, 2005, 2006, 2007) remettent en cause son intérêt
nutritionnel en tant qu’édulcorant intense et ses risques potentiels sur la santé. Cette controverse a été
récemment ravivée par la publication de deux études européennes.
L’étude italienne de l’équipe de Soffritti du centre de recherche sur le cancer Ramazzini de Bologne a examiné
le potentiel cancérogène de l’aspartame à induire des effets à long terme chez l’animal exposé à l’édulcorant
par le biais de leur alimentation de la naissance à la mort naturelle (Soffritti, 2010). Les résultats obtenus
suggèrent que l’aspartame est un agent carcinogène chez les rongeurs notamment chez les rats (males et
femelles) et les souris males avec une augmentation de l'incidence de cancer (foie et poumon). Depuis leur
publication et à plusieurs reprises, ces travaux ont été critiqués ; l’EFSA a montré que les études
expérimentales réalisées sur toute la durée de vie des animaux peuvent mener à des conclusions erronées.
En effet, certaines modifications pathologiques liées à l’âge (comme l’apparition de tumeurs spontanées) sont
susceptibles de se produire et de biaiser l’interprétation des effets associés à la substance. De plus le rapport
de l’EFSA faisant le point sur l’ensemble des études de cancérogenèse mentionne que les études sur
l’aspartame ont été répétées depuis les années 70 et que dans le cadre du programme national de toxicologie
américain (NTP) de 2004, les études de cancérogenèse effectuées avec des souris transgéniques s’étaient
révélées négatives.
La seconde étude, danoise, examine les effets de la consommation de boissons contenant de l’aspartame
pendant la grossesse. Les résultats de cette étude mettent en évidence une association entre la
consommation de boissons édulcorées et le risque d'accouchement prématuré (Halldorson, 2010). Cette
association concerne des accouchements prématurés provoqués médicalement (plutôt que spontanés) ;
compte tenu de ce fait, l’EFSA souligne que l’historique médical et les critères sur lesquels sont fondées les
décisions médicales de provoquer l’accouchement sont des facteurs qui devraient faire l’objet d’une
recherche plus approfondie. Aussi, l’EFSA a recommandé de prendre en compte d’éventuels facteurs de
confusion dans l’analyse, tels que l’exposition à d’autres substances alimentaires ayant un effet sur la
grossesse. L’EFSA a conclu qu’aucune preuve disponible dans l’étude ne permettait d'affirmer qu’il existait un
lien de causalité entre la consommation de boissons non alcoolisées contenant des édulcorants artificiels et
l'accouchement prématuré et que, comme l’indiquent les auteurs, des études supplémentaires sont
nécessaires pour confirmer ou infirmer ce lien.
Que peut­on retenir ?
Dans le cadre de la veille permanente exercée par l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) et après
examen de ces publications scientifiques, il n´y n’a pas de base scientifique suffisante pour une
réévaluation sur le plan toxicologique et aucune évolution dans les recommandations de consommation
des édulcorants n’est adoptée.
De son coté, l’EFSA réaffirme que tout risque potentiel associé à l’aspartame a été examiné par des
instances scientifiques du monde entier et que la dose journalière admissible actuelle assure la
protection des consommateurs. Elle continuera de surveiller la littérature scientifique relative à la sécurité
des édulcorants tels que l’aspartame, et ses experts du groupe « Additifs alimentaires et sources de
nutriments ajoutés aux aliments » préparent actuellement un avis scientifique complémentaire sur cet
édulcorant.
Evolutions récentes
L'Anses a proposé une évaluation des bénéfices et des risques nutritionnels des édulcorants dits « intenses ».
Un groupe d’experts scientifiques, constitué d’une dizaine de personnes, nommé pour une période de 12
mois, a été mis en place pour cette évaluation. Ce groupe est rattaché au Comité d’Expert Scientifique «
Nutrition humaine » de l’Anses et a pour principaux objectifs de :
faire l’état des lieux des données disponibles (composition, consommations par population, expositions,
etc.),
identifier les éventuels bénéfices et/ou dangers nutritionnels liés à ces consommations,
élaborer des recommandations pour des populations sensibles comme les femmes enceintes.
Dans l’attente des conclusions de l’Anses, le Parlement européen se montre plus prudent. En effet, sa
commission Environnement et Santé a adopté mardi 22 avril 2011 un amendement qui pourrait rendre
obligatoire l'étiquetage de quelques 6000 produits contenant de l'aspartame, visant à alerter les femmes
enceintes. Cette application pourrait prendre effet en 2014, après l’adoption de l'amendement par la
commission Environnement Santé et par le Parlement.
La première évaluation complète des risques associés à cet édulcorant vient d'être publiée par l'EFSA en
décembre 2013 : l’aspartame et ses produits de dégradation sont sûrs pour la consommation humaine aux
niveaux actuels d’exposition, telle a été la conclusion de l’EFSA. Pour réaliser son évaluation des risques, cette
agence européenne a entrepris un examen rigoureux de toutes les recherches scientifiques disponibles sur
l’aspartame et ses produits de dégradation, en tenant compte tant des études menées chez l’animal que chez
l’homme. Les experts ont pris en compte toutes les informations disponibles et, après une analyse
approfondie, ont conclu que la dose journalière acceptable (DJA) actuelle de 40 mg/kg de poids corporel/jour
constituait une protection adéquate pour la population générale. Toutefois, chez les patients souffrant du
trouble médical phénylcétonurie (PCU), la DJA n’est pas applicable car ceux­ci doivent observer un régime
strict faible en phénylalanine (un acide aminé présent dans des protéines).
À la suite d’un examen approfondi des preuves apportées par des études menées tant chez l’animal que chez
l’homme, les experts ont exclu le risque potentiel que l’aspartame provoque des dommages aux
gènes ou induise le cancer. Les experts de l’EFSA ont également conclu que l’aspartame n’entraînait pas
de dommage pour le cerveau et le système nerveux et qu’il n’affectait pas le comportement ou le
fonctionnement cognitif chez les enfants et les adultes.
En ce qui concerne la grossesse, le groupe scientifique a noté qu’il n’existait pas de risque pour le
développement du fœtus suite à une exposition à la phénylalanine dérivée de l’aspartame à la DJA actuelle
(sauf chez les femmes souffrant de PCU).
L’avis indique clairement que les produits de la dégradation de l’aspartame (phénylalanine, méthanol et acide
aspartique) sont aussi naturellement présents dans d’autres aliments (le méthanol, par exemple, se retrouve
dans des fruits et des légumes). La contribution des produits de dégradation de l’aspartame à l’exposition
alimentaire globale à ces substances est faible (EFSA, 2013).
Sources rédactionnelles : EFSA ; ANSES
Auteur : Unité Cancer Environnement
Pour aller plus loin
Rapports et textes officiels
AFSSA, 2002 : Rapport sur les aliments et la question d'un lien entre exposition à l'aspartame et tumeurs
du cerveau
Anses, 2013 : AVIS en réponse à la consultation de l'EFSA sur son projet d’avis concernant la ré­évaluation
de l’aspartame (E951) en tant qu’additif a
Directive 94/35/CE du Parlement Européen et du Conseil concernant les édulcorants dans les denrées
alimentaires
EFSA, 2006 : Opinion of the Scientific Panel on Food Additives, Processing on a request : a new long­term
carcinogenicity study on aspartame
EFSA, 2013 : Scientific Opinion on the re­evaluation of aspartame (E 951) as a food additive
FDA, 2007 : Statement on European Aspartame Study
Etudes et publications scientifiques
Council on Scientific Affairs, 1985 : Aspartame: review of safety issues
Halldorsson et al. 2010 : Intake of artificially sweetened soft drinks and risk [...]
National Toxicology Program , 2005 : Toxicology Studies of Aspartame
Olney et al. 1996 : Increasing brain tumor rates: is there a link to aspartame?
Soffritti et al. 2005 : Aspartame induces lymphomas and leukemias in rats
Soffritti et al. 2006 : First experimental demonstration of the multipotent carcinogenic effects [..
Soffritti et al. 2007 : Life­Span Exposure to low doses of aspartame beginning during Prenatal [...]
Soffritti et al. 2010 : Aspartame administered in feed, beginning prenatally through life span [...]
Information des publics
ANSES : Les édulcorants intenses ­ Définitions et présentation des travaux de l'Anses
ANSES, 2015 Evaluation des bénéfices et des risques nutritionnels des édulcorants intenses
Site internet Eurekasanté : dossier sur les édulcorants de synthèse
Dossiers et autres ressources
EFSA : examen des deux publications relatives à la sécurité des édulcorants artificiels
EFSA : Nouvel appel de données relance les réévaluations des additifs alimentaires
Point Etape de l'Anses: évaluation des édulcorants intenses chez la femme enceinte
Site internet de l'EFSA : dossier Aspartame
Mise à jour le 21 avr. 2016
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