la rencontre amoureuse - CORR Questions

Transcription

la rencontre amoureuse - CORR Questions
Idées possibles - On n'attend bien entendu pas toutes ces réponses dans chaque copie.
Question
En comparant les textes du corpus, vous montrerez comment est représentée, dans ces scènes de théâtre,
la première rencontre amoureuse.
INTRO
La première rencontre amoureuse est un thème privilégié de la littérature et notamment du théâtre. Mais ici,
ce sont des êtres neufs qui se rencontrent, des êtres à l’écart des conventions sociales, non encore abîmés
par la société, des êtres à l’état de nature en quelque sorte.
Comment cette rencontre particulière est-elle représentée ?
- La présentation dramaturgique diffère d’une pièce à l’autre : chez Molière, Agnès raconte les choses
devant un Arnolphe jaloux et au désespoir de constater que s’est produit justement ce qu’il craignait le plus.
Les deux autres pièces mettent en scène la rencontre de façon directe ; et devant témoins chez Giraudoux,
ce qui renforce l’effet comique de décalage entre Ondine et la société (“C’est notre fille, Seigneur. Elle n’a
pas d’usage”).
- Le thème dominant dans ces extraits est la notion de “surprise de l’amour”, ce moment où surgit l’amour
- Agnès juge son histoire “fort étonnante”, mais elle est encore inconsciente de ses sentiments,
puisque pour l’instant elle ne voit dans cette rencontre qu’une émulation, sinon un duel, de
politesse
- Eglé et Azor sont émus mais encore dans une certaine confusion sentimentale :
- pour Eglé, “J’en ai bien envie” précède “Arrêtez un peu”
- Azor quant à lui est à la fois “heureux” et “agité”
- Seule Ondine est sûre d’elle (“Prends-moi ! ... Emporte-moi!”) ; c’est qu’elle a tout simplement eu
la révélation de pourquoi elle était fille...
- Le climat général est d’une rafraîchissante naïveté :
- une naïveté qui se montre à travers l’ignorance de la vie :
- Agnès prend au sens propre que ses yeux puissent blesser,
- Eglé, inconsciente de la différenciation sexuelle, emploie le féminin pour parler d’Azor
- Ondine se figure que Hans est venu pour “l’emporter”
- une naïveté qui se révèle dans le désir ingénu de se rapprocher de l’autre, à l’inverse de toutes
les conventions sociales :
- Agnès accepte qu’Horace lui rende visite “tant qu’il voudra”
- Eglé fait s’approcher Azor “plus près” et lui abandonne ses mains
- Ondine tutoie Hans
- enfin une naïveté qui génère une totale franchise dans l'expression des sentiments, là encore à
l’encontre des règles de la bienséance.
- Agnès évoque ingénument “un jeune homme bien fait”, et Eglé a la même expression à
propos d’Azor
- Chacun exprime sans fausse pudeur son admiration pour l’autre : “Vous m’enchantez”,
“Vous me plaisez aussi” chez Marivaux, “Comme vous êtes beau !” chez Giraudoux.
- Chacun décrit sans détours les émotions qui l’agitent : “que je suis émue”, dit Eglé, “je
meurs de joie”, dit Azor, “Mon cœur ne bat plus (...) J’en frissonne”, dit Ondine.
Cette méconnaissance des usages scandalise les témoins (père et mère) et... ravit les spectateurs.
- Le sentiment amoureux est plus ou poins partagé
- Horace a cherché à revoir Agnès, ce qui prouve ses sentiments ; Eglé et Azor sont ravis l’un de
l’autre et se le disent
- mais chez Giraudoux, les choses sont plus ambivalentes
- Hans n’a pas l’air particulièrement amoureux, il a plutôt l’air amusé (il reprend l’utilisation
qu’Ondine fait de la 3° personne au lieu de la 2° : “Il s’appelle Hans”) et prend Ondine de
haut : il l’appelle “petite fille”
- Ondine, elle, commence par l’admiration, mais passe ensuite brutalement à l’écœurement
(“Vous êtes une bête, n’est-ce pas ?) et à la colère (elle jette la truite).
CONCLUSION
Ces trois scènes, où l’on voit des femmes dire leur sentiment, elles à qui on a tellement enseigné de les
cacher, sont un éloge d’un monde à l’état de nature, un monde d’avant la faute où l’amour pourrait se
déployer sans être entravé par les fausses pudeurs, les jeux de pouvoir ou les envies de séduction.