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ANALYSE
2014
L’OBSOLESCENCE
DÉPROGRAMMÉE EST-ELLE
POSSIBLE ?
Par Sandra Evrard
Une publication ARC - Action et Recherche Culturelles asbl
Avec le soutien du service de
l’Éducation permanente de la
Fédération Wallonie-Bruxelles
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L’OBSOLESCENCE DÉPROGRAMMÉE EST-ELLE POSSIBLE ?
Une publication ARC - Action et Recherche Culturelles
Le concept d’obsolescence programmée n’est pas neuf. Pourtant, il fut ignoré du
grand public durant des décennies. Aujourd’hui mieux informé sur la question, le
citoyen n’en demeure pas moins désemparé face à ce phénomène qui entraîne une
surconsommation de biens et des montagnes de déchets aux effets néfastes pour
l’homme et l’environnement. Mais pouvons-nous aller à l’encontre de cette grande
machinerie ?
Une analyse de Sandra Evrard
Q
u’y a-t-il de commun entre un ordinateur ou un smartphone dont la batterie tombe en
rade après deux ans, une imprimante qui ne fonctionne plus efficacement après trois
ans? Une expression un peu barbare : l’obsolescence programmée1 !
L’appellation en soi n’est pas le plus gênant dans ce concept, mais bien son invention
qui relève souvent d’un certain machiavélisme consumériste. Car pour ceux qui l’ignorent encore,
l’obsolescence programmée consiste à créer des produits dont la mort technologique est planifiée.
Une batterie qui ne fonctionne plus après deux ans de mise en service aurait pu avoir, technologiquement, une durée de vie plus longue. De même que la télévision ou le lave-linge qui ne dépassent
pas huit ans de vie sans panne !
Mais au cours du XXe siècle, les industriels en ont décidé autrement, pour contraindre le
consommateur à racheter un nouvel appareil plus souvent… Comme le résumait très judicieusement
un titre d’article paru dans Libération en 2012 : L’obsolescence programmée ou comment nous faire
bazarder des produits encore utilisables2. Car ce principe, injuste pour le consommateur, a bien
entendu été mûrement réfléchi et organisé par une série d’acteurs qui tirent directement profit
de la déliquescence de nos objets. L’obsolescence programmée arrange la majorité des acteurs du
marché : les fabricants, les distributeurs, les vendeurs, les réparateurs après-vente. Par ailleurs, la
mode et la mise incessante de nouveaux équipements sur le marché incitent les consommateurs
à changer régulièrement d’appareils électriques ou électroniques, même lorsqu’ils fonctionnent
encore parfaitement.
UNE PROBLÉMATIQUE MULTIFORME
Le « sabotage programmé » d’un certain nombre d’objets électriques et électroniques est évidemment
contesté par les industriels. Et les preuves sont parfois difficiles à apporter, même si certains cas
sont bien connus, telle l’ampoule électrique (à incandescence), qui était à l’origine prévue pour
fonctionner au moins 2500 heures et qui a été « reprogrammée » à 1000 heures, pour en vendre plus.
Autre cas révélé au grand public: l’introduction de puces destinées à bloquer des imprimantes Epson
après 18 000 copies3. L’obsolescence programmée pouvant inclure « l’introduction volontaire d’une
défectuosité, d’une fragilité, d’un arrêt programmé, d’une limitation technique, d’une impossibilité
L’obsolescence programmée (parfois aussi appelée « désuétude planifiée ») est le nom donné par abus
de langage à l’ensemble des techniques visant à réduire la durée de vie ou d’utilisation d’un produit afin d’en
augmenter le taux de remplacement. http://fr.wikipedia.org/wiki/Obsolescence_programmée
Le Centre Européen de la Consommation (CEC) la définit ainsi : « A travers l’obsolescence programmée, on
désigne le fait de programmer, de planifier et donc de réduire délibérément et volontairement la durée de vie
des biens et des produits afin d’inciter les consommateurs à racheter ce même produit », L’obsolescence programmée ou les dérives de la société de consommation, étude publiée par le CEC, 2013, www.cec-zev.eu/fileadmin/user_upload/eu-consommateurs/PDFs/publications/etudes_et_rapports/Etude-Obsolescence-Web.pdf
1 2 www.liberation.fr/economie/2012/10/28/la-vie-gachee-des-objets_856572
3 Voir à ce sujet le très bon documentaire « Prêt à jeter » réalisé par Cosima Dannoritzer, 2010, diffusé sur Arte.
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L’OBSOLESCENCE DÉPROGRAMMÉE EST-ELLE POSSIBLE ?
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de réparer ou d’une non-comptabilité logicielle ».4 Lorsque les faits de « sabotage technique » sont
avérés, on observe parfois une mobilisation du côté de la justice. Aux États-Unis, le géant Apple a
notamment été condamné pour avoir rendu impossible le remplacement des batteries des trois
premières générations d’iPod, dont la durée de vie était programmée à dix-huit mois… Un signal
clair envoyé aux industriels, qui ne les empêche cependant pas de créer des coques impossibles à
ouvrir pour certaines tablettes, tout comme il est aujourd’hui devenu difficile de changer soi-même
certaines pièces sur une voiture récente.
Mais combien d’objets sont touchés par ce stratagème sans que cela ne soit identifié, le consommateur
mal informé pensant qu’il s’agit d’un processus normal ? Difficile à estimer, mais un constat s’impose :
les biens de consommation, dans leur majorité, ont une durée de vie moins longue aujourd’hui qu’il
y a cinquante ans.
Un contre-argument est fréquemment invoqué pour minimiser l’importance de cette obsolescence:
si les objets électriques et électroniques coûtent aujourd’hui moins cher, il ne faut pas s’étonner
qu’ils durent moins longtemps, puisqu’ils sont de moindre qualité. C’est partiellement vrai, mais cela
démontre surtout que la problématique est complexe. Ces produits low-cost ne forment pas le cœur
du problème de l’obsolescence programmée, qui est basée sur une programmation technologique
de mort annoncée. Par contre, le low-cost participe au phénomène de surconsommation, puisqu’en
achetant ces objets à durée de vie réduite, les consommateurs se sont habitués à en changer
régulièrement, sans se poser trop de questions.Vous l’aurez sûrement aussi remarqué : lorsque vous
voulez acheter une nouvelle batterie ou une pièce pour un appareil électronique dans un magasin,
aujourd’hui, vous recevez inéluctablement la même réponse du vendeur : « L’appareil n’est pas
réparable, on ne peut pas l’ouvrir » ou « cela vous coûtera plus cher que d’en racheter un neuf » !
Comment dès lors résister à ce nouveau GSM ou ordinateur qui vous fait de l’œil pour le même
prix qu’une réparation de votre vieil appareil âgé de deux ans ? L’effet de mode et la tentation
consumériste font également partie de cette problématique d’obsolescence. Les consommateurs
sont aujourd’hui tentés de toutes parts par les nouveaux produits au design et aux fonctions chaque
fois plus alléchantes. L’innovation extrêmement rapide dans ces domaines jouant aussi un rôle dans
cet engrenage, on peut parler dans ce cas « d’obsolescence psychologique ». Ainsi, les arguments du
« non réparable » et du « neuf-moins-cher », constituent une voie royale vers la déculpabilisation et
des deniers supplémentaires pour les entreprises qui fabriquent ces objets, centres de toutes nos
convoitises. Face à un marché occidental saturé en équipement informatique et de télécommunication,
leur remplacement constitue un relais nécessaire pour continuer à assurer la croissance des
entreprises actives dans ce secteur et sur laquelle sont basées nos sociétés d’économie de marché.
La remise en question de notre modèle économique, pourtant estimé à bout de souffle par de plus
en plus d’experts en la matière, n’entre malheureusement pas en considération dans cette course
frénétique aux volumes produits et vendus. Et c’est finalement le consommateur qui est lourdement
mis à contribution pour soutenir ce système destructeur.
LA RÉSISTANCE S’ORGANISE
Face à cette problématique complexe, des citoyens, des consommateurs et des médias commencent
à réagir. On relève de plus en plus d’articles sur le sujet dans la presse écrite, de même que des
documentaires qui nous incitent à réfléchir au rôle que nous pouvons jouer à notre échelle pour
faire face à cette problématique et lutter contre ce gaspillage qui a bien entendu des répercussions
dramatiques, tant au niveau environnemental qu’au niveau humain - informer et conscientiser les
citoyens pour les inciter à devenir des « consom’acteurs », dans ce domaine comme dans d’autres,
ne constituant bien entendu qu’un premier pas. Petit à petit, la résistance s’organise. Cela passe
notamment par la création d’espaces collectifs, souvent nommés repair cafés : des lieux qui fonctionnent sur un mode bénévole, avec des bricoleurs chevronnés et autres geeks passionnés qui réparent gratuitement les bobos divers de nos appareils électriques et électroniques, tout en essayant
4 L’obsolescence programmée ou les dérives de la société de consommation, étude publiée par le CEC, 2013
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de transmettre leurs connaissances afin que monsieur tout-le-monde puisse en faire de même, si la
panne se représentait5. Des communautés de citoyens s’entraident également pour réparer leurs
objets grâce à la création d’une plateforme Internet (https://fr.ifixit.com), sur laquelle on trouve à la
fois des plans, des tutoriels, mais aussi les outils et pièces de remplacement (introuvables dans les
commerces classiques) pour réparer les objets en question. Dans certains pays comme les ÉtatsUnis, les Internautes actifs sur Ifixit se réunissent aussi dans des locaux pour prolonger leur action
et s’entraider, dans le même esprit que les repair cafés.
La réponse citoyenne est donc de l’ordre de la débrouille et du partage des connaissances en vue
de se réapproprier les objets qui nous appartiennent et de prolonger leur vie lorsque la panne peut
être réparée, contrairement à ce qui est affirmé en magasin !
Parmi les autres pistes envisagées pour lutter contre l’obsolescence programmée, certains préconisent le recours plus massif au partage et à la location d’objets. Le besoin sporadique que nous
avons de certains biens pourrait être amplement comblé par la location et/ou l’utilisation partagée,
au travers de services organisés à cet effet, à l’instar des voitures partagées (Cambio, Zen Car).
Ce modèle pourrait même inclure les industriels, qui au lieu de vendre uniquement leurs produits
pourraient les louer à l’usage ou selon un système de leasing. Le consommateur ne serait plus propriétaire de l’objet, mais en aurait l’usufruit, contre rémunération. Cela présenterait l’avantage de
responsabiliser les constructeurs, car un contrat de location inclut généralement une assurance de
remplacement de l’objet ou de réparation en cas de problème. Les constructeurs auraient dès lors
intérêt à assurer une longue durée de vie et une plus grande robustesse à leurs produits, ce qui
transformerait fondamentalement la logique de production et leur rapport aux biens, ainsi que celui
du consommateur.
IMPACT ENVIRONNEMENTAL ET HUMAIN
Le recyclage constitue également une réponse au problème de surconsommation qui, nous le voyons,
est partie prenante de la problématique qui nous occupe. Un certain nombre de composants d’objets devenus inutilisables peuvent être extraits et réutilisés dans le reconditionnement d’appareils de
seconde main, comme c’est parfois le cas pour le secteur de l’informatique. L’épuisement des ressources naturelles, dont certaines entrent notamment dans la composition du matériel électronique
(minerais rares comme le coltan ou le lithium, dans les GSM par exemple), ne laisse d’ailleurs guère
d’autre choix. Selon les estimations de l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement
Economique), les réserves de certains minerais précieux ne dépasseraient pas 30 ans. « Aujourd’hui,
avec une consommation annuelle de matières premières d’environ 60 milliards de tonnes, nous
consommons environ 50% de ressources naturelles de plus qu’il y a 30 ans. Les populations des pays
riches consomment jusqu’à 10 fois plus de ressources naturelles par habitant que celles des pays
pauvres ». Résultat : nos sociétés produisent chaque année 50 millions de déchets électroniques. Et
les effets collatéraux de cette surconsommation ne s’arrêtent pas là. L’extraction outrancière des
métaux a également des conséquences au niveau environnemental6. Source de pollution, grande
consommatrice d’eau, elle détruit des paysages naturels et entraîne quelquefois la confiscation des
terres d’autochtones, ce qui engendre des conflits. Dans certains pays, les enfants sont employés
pour exploiter ces mines dans des conditions inhumaines. Mais, effet secondaire indésirable du recyclage, ils sont également de service pour désosser des appareils usagés desquels ils extraient des minerais, sans précaution aucune pour leur santé7. Malgré la mise en place d’une directive européenne
réglementant la collecte et le traitement des déchets d’équipements électriques et électroniques
5 www.repaircafe.be
6 Un fabricant de GSM a estimé que l’empreinte écologique de chaque GSM était comprise entre 104 et 115m2. (…)
En tenant compte de tous les GSM, on estime que la superficie nécessaire pour traiter et fabriquer nos GSM équivaut à
3 fois la superficie de la Région bruxelloise, Derrière l’écran, la face cachée du numérique, Rise, http://www.rise.be/files/
library/Documentation/outils-cncd/ecran.pdf
7 Voir à ce sujet le très bon documentaire « La tragédie électronique » réalisé par Cosima Dannoritzer, 2014, diffusé
sur Arte.
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L’OBSOLESCENCE DÉPROGRAMMÉE EST-ELLE POSSIBLE ?
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(DEEE)8 sur le territoire de l’Union européenne, nombre de ces déchets partent encore illégalement
dans les pays en développement.
Nous le voyons, à chaque étape d’analyse des pistes et solutions envisageables pour lutter contre
l’obsolescence programmée, nous butons sur de potentiels effets secondaires qui sont à prendre en
compte avant d’agir (ou réagir). D’où l’importance de penser et ériger un cadre global pour endiguer
ce phénomène.
LÉGIFÉRER POUR ENDIGUER
Petit espoir en vue alors que nous bouclons cette analyse : un amendement relatif à l’obsolescence
programmée a été proposé par les écologistes français, dans le projet de loi sur la transition énergétique au sein de l’Hexagone. Celui-ci prévoit que « l’obsolescence programmée par les fabricants
pourra être punie comme une tromperie sur la durée de vie du produit intentionnellement raccourcie lors de sa conception » 9. Une obsolescence programmée et clairement identifiée pourrait valoir
une peine de prison de deux ans au plus et une amende de 300 000 euros aux industriels concernés.10 Évidemment, encore faut-il pouvoir prouver l’intentionnalité et la tromperie du constructeur !
Mais légiférer en la matière constituerait un signal fort et contribuerait certainement à endiguer
l’obsolescence programmée, particulièrement si cela pouvait être uniformisé au niveau européen.
Des associations comme le Centre européen des Consommateurs incitent sans détour l’Union
européenne11 à se saisir de cette question et à créer un cadre législatif clair quant à la durée de vie
« normale » des appareils électriques et électroniques12. En Belgique, Ecolo s’est penché sur la question et proposait au sein de son programme « Transition écologique » quelques pistes pour lutter
contre ce fléau. Le groupe des Verts estimant, entre autres, que le Service public fédéral Economie
devrait enquêter sur les cas d’obsolescence programmée qui lui sont exposés, car la loi prévoit
déjà de pouvoir retirer du marché des produits vendus dans le cadre de « pratiques commerciales
déloyales »13. Une fois de plus, on déplorera que le pouvoir législatif (et politique) soit en retard face
à l’évolution de la société et des aberrations qu’elle engendre. Si le législateur prenait le train en
marche rapidement, cela mettrait peut-être un frein à ce phénomène. Même si, ne soyons pas naïfs,
les industriels ont plus d’un tour dans leur sac pour nous inciter à consommer davantage ! « En fin
de compte, la publicité, le crédit à la consommation et l’obsolescence programmée sont les ingrédients de la société de consommation », commente l’économiste Serge Latouche. « Pas étonnant, donc,
que les dépenses en publicité avoisinent les 1000 milliards de dollars annuels, soit le deuxième plus
8 Voire législation sur le site de Recupel : www.recupel.be/legislation-autorites.html
9 http://www.lemonde.fr/planete/article/2014/10/01/les-principales-mesures-du-projet-de-loi-sur-la-transition-energetique_4498549_3244.html
10 L’obsolescence programmée bientôt punie par la loi, in Le Monde, 27 septembre 2014, www.lemonde.fr/vous/article/2014/09/27/l-obsolescence-programmee-bientot-punie-par-la-loi_4495317_3238.html
11 Un avis du Comité économique et social européen relatif à l’obsolescence programmée a été rendu le 17 octobre
2013, mais ce n’est qu’un avis et une publication de recommandations. A lire sur : http://www.fondation-nicolas-hulot.org/
blog/obsolescence-programmee-une-premiere-avancee-en-europe-171013
12 Le CEC demande que l’UE statue sur :
- La durée de vie de l’appareil (exemples : nombre approximatif de cycles de charge, de lavages, de pages imprimées, de
kilomètre parcourus, etc.). La durée de la garantie de conformité devrait également être allongée en fonction de cette
durée de vie moyenne ;
- La réparabilité de l’appareil et la durée de disponibilité des pièces détachées et accessoires ;
- L’impact environnemental du produit ;
- Les possibilités de recyclage de l’ancien appareil.
13 Elections 214, Programme « Transition écologique ». Priorité 2 : Promouvoir des modes de consommation innovants,
locaux et durables. Proposition : lutter contre l’obsolescence programmée. www.ecolo.be/?proposition-lutter-contre-l
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gros budget mondial après l’armement »14.
OUI, MAIS...
L’obsolescence matérielle est, rappelons-le, un
phénomène naturel. Et parfois, il est plus écologique de changer sa vieille voiture ou son vieux
frigos lorsque les finances le permettent, car
les nouvelles générations de ces objets sont
moins énergivores et polluantes, souvent mieux
conçues, voire plus sécurisées. Le problème réside évidemment dans le « programmé ». Qui
plus est, programmé sans être annoncé. Il y a
alors tromperie et le consommateur est mis
devant le fait accompli. Mais le concept entraîne aussi des réflexions sur d’autres problématiques connexes qui relèvent de cette même
logique consumériste. Nous l’avons vu, le sujet
est large et se décline en différentes sous-thématiques. Pour prendre l’exemple de l’informatique, l’obsolescence ne touche pas que la dimension matérielle des objets, mais aussi celle
des logiciels. La plupart sont conçus pour une
durée de vie courte, car de nouvelles versions
(payantes) apparaissent (trop) régulièrement,
obligeant les utilisateurs à updater leur logiciel,
alors qu’ils n’en éprouvent pas la nécessité ni
la volonté. Cette course aux logiciels (qui sont
aussi plus énergivores que les anciens et incitent aussi à changer de matériel) est corrélée
à une offre de performance et d’applications
qui ne sont pas forcément nécessaires pour
tout le monde. La première question à se poser
pour lutter à son échelle contre l’obsolescence
programmée pourrait être : « ai-je vraiment
besoin de cet objet » ? Dans bien des cas, la
réponse est négative, soit parce que l’objet que
nous possédons encore fonctionne toujours et
qu’il répond objectivement à nos besoins réels,
soit parce que nous succombons avant tout à
un effet de mode.
Sandra Evrard
Chargée de recherche à l’ARC
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14 Serge Latouche est aussi l’auteur de l’essai Bon pour la casse, http://www.youphil.com/fr/article/05852-obsolescence-programmee-economiste-serge-latouche-environnement?ypcli=ano
http://obsolescence-programmee.fr/2012/10/serge-latouche-bon-pour-la-casse-les-deraisons-de-lobsolescence-programmee/

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