LE BOT, T. OLMOS, M., 2014. Évaluation du stock de Morue atlantique

EVALUATION DU STOCK DE MORUE ATLANTIQUE
(GADUS MORHUA) DE LA MER CELTIQUE
Résumé : Le stock de morue de Mer Celtique est soumis à de fortes variations
influencées par l’instabilité des recrutements. A ce jour, sa biomasse féconde n’est pas
suffisante pour être durable, et l’effort de pêche est trop important. Le CIEM, appuyé
par le CSTEP, proposait de réduire le TAC à 4 024 t en 2015, en raison de la baisse
observée du recrutement et afin d’atteindre les objectifs de RMD. Prenant en compte un objectif de gestion au RMD
de l’aiglefin, la Commission est allée plus loin en proposant un TAC de 2 471 t (soit 63.5% de moins que celui de
2014). In fine, le Conseil des ministres de l’UE a fixé le TAC à 5 072 t, soit une baisse de 26 %.
ESPECE ET STOCK
La morue (Gadus morhua) ou cabillaud est une espèce
démersale présente dans l’Atlantique Nord, dans plusieurs
stocks dont celui de la mer celtique (Figure 1). Ce prédateur
actif a une croissance très rapide. Sa taille minimale légale
est de 35 cm.
Figure 3 : Répartition des débarquements par pays en 2013
DIAGNOSTIC DE L’ETAT DU STOCK
Figure 1 : Zone de gestion (Rouge). Zone d'évaluation (Quadrillage)
EVOLUTION DE L’EXPLO ITATION
Le stock de reproducteurs a subi une forte chute depuis les
années 90, mais on observe depuis 2011 une inversion de
cette tendance (Figure 4). Depuis 2011, le stock est audessus de Blim, estimée à 7300 t (SSB minimale de 1973). Il a
atteint un niveau supérieur au Btrigger, le seuil de biomasse
limite pour le maintien du stock (soit 10 300 t = 1.4*Blim = Bpa).
Les captures sont fortement dépendantes des variations de
recrutement. Ces dix dernières années, on observe une
baisse des débarquements après 2003 et une forte remontée
dès 2011 (Figure 1). On retrouve la même variabilité pour le
recrutement (Figure 2), avec un fort pic en 2010. Le principal
pays pêcheur de morue est la France, devant l’Irlande, le
Royaume-Uni et la Belgique (Figure 3). 67,5% des captures
sont faites au chalut à panneaux, 6,5% à la senne et 26%
avec d’autres engins comme le chalut à perche.
Figure 4 : Biomasse des reproducteurs de morue de Mer Celtique
La mortalité par pêche montre une décroissance du début du
XXIème siècle à 2011, avant de remonter jusqu’à atteindre
des taux élevés, supérieurs au FRMD (soit 0.4 ; Figure 5).
Figure 1 : Evolution des débarquements de morue de Mer Celtique
Figure 5 : Evolution de la mortalité par pêche de la morue de Mer
Celtique
Figure 2 : Evolution du recrutement de morue de Mer Celtique
La relation stock-recrutement n’étant pas évidente (figure 6),
l’approche par la production par recrue a été privilégiée pour
estimer le FRMD. C’est donc le Fmax qui a été pris comme
valeur cible, proxy du FRMD (Figure 7).
Fiche réalisée par : Tangi LE BOT – Maxime OLMOS, étudiants Pôle halieutique AGROCAMPUS OUEST - Décembre 2014
Tableau 2 : Bilan des estimations en fonction de l’approche choisie
Approche
F
B (en
tonnes)
Remarque
Précaution
Flim = NA
Blim= 7 300
SSB en 1976
Fpa= NA
Bpa=10 300
=RMD_Btrigger
Bpa=Blimx1.4 : biomasse ayant
une forte probabilité de
maintenir la SSB au-dessus de
Blim
BRMD =17 000
BRMD =(SSB/R)max*Rbar
RMD / MSY
FRMD =0.4
avec Rbar=GM(1971-2011 et
(SSB/R)RMD approximé au
(SSB/R)max
Figure 6 : Analyse de la production par recrues
F0.1
F0,1=0.2
30 000
BRMD =(SSB/R)0.1*Rbar
avec Rbar=GM(1971-2011)
Vierge
F=0
B0≥70 000
B0=(SSB/R)0*Rbar avec
(SSB/R)0~14.5 d’après
l’approximation de la figure 7
Tableau 3 : Avis et proposition pour les TAC 2014
Figure 7 : Relation Stock-Recrutement
Avis
ACOM
Avis
CSTEP
Proposition
Commission
européenne
TAC
adopté
Evolution
TAC 20142013
6 848
6 848
6 848
6 848
-33%
En 2013, toutes les institutions sont d’accord sur les quotas
à adopter : 6 848 tonnes, pour 2014.
GESTION DU STOCK
Les données du Tableau 1 sont issues de l’avis donné par
l’ACOM basé sur le rapport du groupe de travail WGCSE.
Cette évaluation repose sur une analyse des cohortes (VPA)
et se base sur un modèle structuré en âge à partir de
données issues de campagnes scientifiques et des
débarquements des professionnels de la pêche.
Tableau 4 : Avis et proposition pour les TAC 2015
Avis
ACOM
Avis
CSTEP
Proposition
Commission
européenne
TAC
adopté
Evolution
TAC 20152014
4 024
4 024
2 471
5 072
-26%
L’effort de pêche simulé en 2014 correspond à la moyenne
des efforts de pêche de 2011 à 2013. La SSB 2015
correspondant est 9470 tonnes. Cette valeur étant inférieure
de 8% à Btrigger, un Fcible différent du FRMD a été proposé, afin
que la SSB redevienne supérieure au Btrigger Pour cela, le
groupe de travail du CIEM a affecté au FRMD initial un facteur
de 8% également : Fcible= FRMD × SSB2015/RMD Btrigger=0.37.
Le total des débarquements associés est de 4 024 tonnes.
Suivant l’approche au RMD soumis par le groupe de travail du
CIEM, l’ACOM propose pour 2015 un total des
débarquements s’élevant à 4 024 tonnes. Le CSTEP et le
CIEM insistent sur l’importante variabilité du recrutement de la
morue de Mer Celtique et plus particulièrement sur la forte
diminution de ce recrutement entrainant une faible SSB à
partir de 2010. Il suggère également de réduire l’effort de
pêche au Fcible (0.37).
Tableau 1 : Bilan des estimations et valeurs cibles
La Commission européenne propose quant à elle un TAC de
2 471 tonnes, chiffre inférieur à ceux soumis par l’ACOM et le
CSTEP. Cette proposition de quota 2015 représente une
baisse de 63,5% par rapport au quota de 2014, le but étant
selon la CE, appliquer le même effort de pêche que celui de
l’églefin au RMD.
F
SSBn+1
(en tonnes)
Y (en tonnes)
2013 : valeurs
estimées
0.551
12 000
6290
2014 : valeurs
simulées
0.475
9470
4835
Fcible=0.37
10 687
4024
Fcible=F0.1=0.2
12 098
2721
2015 : avis
En 2013, la CSTEP jugeant l’approximation du F RMD (0.4)
inappropriée, avait proposé un Fcible = F0.1 = 0.2. Notons que
si cette valeur cible avait été (logiquement ?) conservée par le
CSTEP, l’avis pour 2015 serait un TAC de 2 721 tonnes
seulement.
La décision finale du Conseil des ministres en décembre 2014
est un TAC de 5 072, soit une diminution de 26% par rapport
au TAC proposé en 2014. Ce TAC est supérieur à celui
proposé par le groupe de travail du CIEM et par le CSTEP.
Bibliographie


ICES, 2014. Report of the Working Group for the Celtic Seas Ecoregion
(WGCSE), 13–22 May 2014, Copenhagen, Denmark. pp.513-584./
STECF, 2014. Review of scientific advice for 2015 - part 2 (STECF-1411). pp.184-185
Communiqué de presse de la Commission Européenne. 28.10.14 –
Propositions de pêches pour 2015/ ACOM. Cod in division 7e-k. version
2 03.09.14
Fiche réalisée par : Tangi LE BOT – Maxime OLMOS, étudiants Pôle halieutique AGROCAMPUS OUEST - Décembre 2014