Peur sur la ville pour les dermatologues

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Peur sur la ville pour les dermatologues
29/1/2015
Peur sur la ville pour les dermatologues
Exercice professionnel, choix de carrière
Peur sur la ville pour les dermatologues
À l’occasion des deuxièmes états généraux de la dermatologie, à Paris, les spécialistes se sont
inquiétés du sort de l’exercice libéral, boudé par la jeune génération.
Avec 281 086 inscrits à l’Ordre en ce mois de janvier (tous modes
d’exercice, praticiens actifs et retraités), « il n’y a jamais eu autant de
médecins », a annoncé le Dr Jean­François Rault, président de la
section santé publique et démographie médicale du CNOM, lors des
états généraux de la dermatologie.
Mais ce record global ne profite pas à toutes les spécialités. Le
contingent de dermatologues a reculé de 6,4 % entre 2007 et 2014 pour
atteindre 3 546 praticiens au 1er janvier 2015. Les perspectives ne sont
guère plus reluisantes à moyen terme avec une baisse estimée de 4,6 % des effectifs des dermatologues d’ici
à 2020.
Galère
Dans cette spécialité, la tension démographique n’est pas sans lien avec le mode d’exercice qui n’évolue qu’à
la marge, avec une prédominance du secteur libéral. « Dans beaucoup de spécialités, il y a à peu près la
même proportion d’exercice libéral et salarié, mais en dermatologie, c’est 85 % des inscrits en libéral dont 22%
d’exercice mixte », pointe le Dr Rault. Or, les jeunes boudent de plus en plus cet exercice en ville, méconnu au
cours de la formation initiale et donc qui inquiète. Quant à la rémunération, avec 72 600 euros de BNC moyen
(chiffres CARMF), les dermatologues, comme la majorité des cliniciens, restent mal placés dans l’échelle des
revenus médicaux.
Les états généraux ont montré l’inquiétude croissante du terrain. « Parmi les dermatologues inscrits, beaucoup
ne travaillent pas. Il n’y a pas un jeune qui veut s’installer et nos clientèles sont invendables ! On attend des
solutions », a clamé une dermatologue de secteur I, installée depuis 26 ans en région bordelaise. La crainte de
« rester dans une galère énorme jusqu’à 65 ans » semble partagée.
Regroupement et maîtrise de stage
Selon le Dr Rault (Ordre national des médecins), la solution passe en partie par l’exercice regroupé. « Essayez
d’exercer dans un local commun. Et dans les zones où il n’y a plus assez de dermatologues, imaginez de
nouvelles organisations incluant la télémédecine », a­t­il suggéré. Côté formation, un autre enjeu est d’avoir
des dermatologues maîtres de stage en nombre suffisant afin de permettre aux jeunes de découvrir la pratique
en cabinet libéral. « Moi je veux bien mais ils ne veulent pas venir », a objecté un spécialiste désabusé.
Il faut aussi savoir se remettre en question, ont relevé plusieurs praticiens. « On a besoin d’évoluer dans notre
activité pour faire venir des collaborateurs ou des associés », souligne ainsi le Dr Frédéric Renard,
dermatologue à Charleville­Mézières. Après vingt années dans le même cabinet, il a choisi de s’installer dans
une zone franche « avec moins de charges pour des locaux plus grands », ce qui a permis d’attirer trois
associées. Aux yeux du Dr Michel Colomb, dermatologue à Reims, la préservation d’une certaine qualité
d’exercice suppose pragmatisme et souplesse. « On peut s’installer et se réinstaller plusieurs fois dans une
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vie. Entre la première installation et la fin de carrière, il y a un grand parcours qui s’adapte au changement du
monde. C’est la force de la médecine libérale de ne pas être figée ! », conclut­il, optimiste.
Samuel Spadone
Le Quotidien du Médecin du 29/01/2015
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