LES ENJEUX DE L`ELARGISSEMENT DE l`UE
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LES ENJEUX DE L`ELARGISSEMENT DE l`UE
COMMISSION EUROPÉENNE DIRECTION GÉNÉRALE X Information, Communication, Culture, Audiovisuel Centrale d'information Analyse de l’opinion publique LES ENJEUX DE L’ELARGISSEMENT DE L’UNION EUROPEENNE DANS L’OPINION PUBLIQUE Olga Gille-Belova Février 1998 Rue de la Loi 200, B-1049 Bruxelles - Belgique - Bureau: T-120 - 04/02. Téléphone: ligne directe (+32-2)29(+32-2)299.92.80, standard 299.11.11. Télécopieur: 29299.45.77. Télex: COMEU B 21877. Adresse télégraphique: COMEUR Bruxelles. 1 TABLE DES MATIERES. I. INTRODUCTION. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 II. L’ELARGISSEMENT DE L’UE : UNE OPERATION CONTROVERSEE. 4 1. L’attitude des européens face aux conséquences de l’élargissement. . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 2. Les implications budgétaires de l’élargissement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 3. Les critères de l’élargissement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 4. L’élargissement: une priorité de l’UE? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 5. La place de l’élargissement dans l’avenir de l’Union européenne. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 6. La volonté d’accueillir de nouveaux pays membres. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 III. LE SOUTIEN DES CITOYENS EUROPEENS EN FAVEUR 10 DE NOUVELLES ADHESIONS. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1. L’opinion des européens sur l’idée de l’élargissement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 2. Un soutien différencié selon le pays candidats considéré. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 3. La classification selon le degré de l’appui à l’adhésion des nouveaux membres. . . . . . . . 18 4. L’évolution du soutien aux pays candidats à l’adhésion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 IV. LA NOTORIETE DE L’UNION EUROPEENNE DANS 21 LES PAYS DE L’EUROPE CENTRALE ET ORIENTALE. . . . . . . . . . . . . . . . . . 1. Le soutien des citoyens des pays candidats à l’adhésion à l’Union européenne. . . . . . . . 22 2. Les effets prévisibles de l’adhésion dans les futurs Etats membres. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 3. L’appréciation des activités de l’UE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25 4. Les sources d’information sur l’UE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 V. CONCLUSION. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 VI. ANNEXES. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29 A. Liste des graphiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29 B. Fiches techniques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30 2 LES ENJEUX DE L’ELARGISSEMENT DE L’UNION EUROPEENNE DANS L’OPINION PUBLIQUE I. INTRODUCTION L’élargissement à venir de l’Union européenne n’est pas en soi un nouveau défi . En effet, les Communautés européennes ont été confrontées à l’élargissement depuis l’aube de la construction européenne. La notion de coopération multinationale entre pays européens, que contiennent les Traités européens, impliquait la faculté pour l’UE de s’élargir. A la suite de la Deuxième Guerre Mondiale, les Communautés avaient pour l’objectif de réunir le plus d’Etats européens possibles dans un bloc économiquement et politiquement stable. L’effondrement du communisme a donné une vigueur aux relations entre l’Union européenne et la plupart des Pays de l’Europe Centrale et Orientale (PECO). Depuis la chute du mur de Berlin en 1989, c’est même une stratégie d’élargissement de l’Union qui a été mis en place. En juin 1993, le Conseil européen de Copenhague a convenu que les pays, qui au préalable avaient signé les accords d’association dénommés «accords européens», pourraient devenir à terme membres de l’Union. Depuis lors les neuf pays en question, à savoir la Bulgarie, la Hongrie, la Pologne, la Roumanie, la Slovaquie, la Tchéquie, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie, ont déposé une demande d’adhésion1. En décembre 1994, le Conseil d’Essen a défini une stratégie de pré-adhésion en trois volets : la conclusion d’accords européens bilatéraux, l’instauration d’un dialogue structuré avec des discussions multilatérales au niveau ministériel et la mise en œuvre du programme Phare. Enfin, en 1995, le Conseil européen de Madrid a fixé à la Commission européenne un calendrier pour la remise de ses avis sur les différentes demandes d’adhésion, après la conférence intergouvernementale de 1996-1997. La Communication de la Commission intitulée Agenda 2000 est venue en réponse à cette demande. L’élargissement est certainement l’un des défis majeurs de l’Union européenne à la veille du XXI siècle. Il permettra d’étendre la zone de stabilité en Europe, contribuant ainsi à la paix et à la sécurité sur l’ensemble du continent. Il permettra également d’assurer la stabilité politique de l’Europe entière en créant les conditions d’un développement démocratique, stable et durable, en Europe de l’Est. L’expansion du marché intérieur, que l’élargissement à l’Est fera passer globalement de 370 à 480 millions de consommateurs, stimulera la croissance économique et offrira de nouvelles possibilités commerciales aux acteurs économiques. L’Union européenne élargie occupera une place plus importante dans le monde des affaires et aura plus de poids dans les négociations commerciales internationales. 1 Chypre a aussi déposé la demande d’adhésion et il a été choisi en tant que candidat pour la première vague d’élargissement. Malheureusement, les données sur l’état de l’opinion publique à Chypre, au sujet d’élargissement, n’étant pas disponibles, nous ne sommes donc pas en mesure d’inclure ce pays dans la présente analyse, qui portera essentielement sur les pays de l’Europe de l’Est. 3 L’élargissement à l’Est entraînera également une hausse des recettes et des dépenses budgétaires de l’Union européenne, quoiqu’il est difficile pour le moment d’évaluer son incidence globale sur le budget communautaire. Il est probable que les effets de l’élargissement se feront surtout sentir dans les domaines de la politique agricole commune et des politiques structurelles, qui sont les deux postes de dépense les plus importants de l’Union européenne. Cependant, les problèmes posés par cet élargissement ne relèvent pas uniquement de la dimension économique. L’intégration des nouveaux Etats membres remet en question l’organisation politique de l’Union européenne. Il est inévitable que l’accroissement du nombre des Etats membres impliqués dans le processus de prise de décision complique et prolonge la procédure. Les institutions ne peuvent pas absorber plus de participants sans changer considérablement leur mode de fonctionnement. Le présent rapport s’articule autour de la position de l’opinion publique, respectivement dans les pays membres de l’UE et dans les pays d’Europe de l’Est candidats à l’adhésion, quant à un élargissement éventuel de l’Uinion européenne. Dans le premier chapitre seront examinés les thèmes liés à l’élargissement, tel que les critères de choix des pays candidats, les conséquences éventuelles de l’élargissement, l’importance de l’élargissement dans l’avenir de l’Union et sur l’échelle des actions prioritaires de l’UE. Le deuxième chapitre sera quant à lui consacré à l’analyse des taux de soutien reçus pour chaque pays candidat, ainsi qu’à la comparaison des taux de soutien des différents vagues d’adhésion. Dans le chapitre final nous examinerons les attitudes qui prédominent dans l’opinion publique des pays de l’Est à l’égard de l’UE et d’une éventuelle adhésion. On analysera, également l’image de l’UE et les sources d’information sur les activités de l’Union auxquelles recourent les citoyens des pays de l’Europe de l’Est. 4 II. L’ÉLARGISSEMENT VERS L’EST: UNE OPÉRATION CONTROVERSÉE Dans ce chapitre on analysera l’opinion des européens sur les différents sujets liés à l’élargissement. Cela permettra de voir quelle place l’élargissement occupe dans les préoccupations actuelles des citoyens européens et quel rôle il pourra jouer dans l’avenir de l’Union. On analysera également l’opinion des européens sur les critères que doit remplir chaque pays souhaitant adhérer à l’UE, ainsi que les implications budgétaires qui pourra entraîner l’élargissement. Nous examinerons aussi le soutien donné aux différents pays candidats par les citoyens européens. 1. L’attitude des européens face aux conséquences de l’élargissement Interrogés sur perspectives de l’élargissement de l’Union, deux tiers des européens (67%) considèrent que plus l’Union européenne aura de pays membres, «plus elle sera importante dans le monde», 61% partagent l’opinion qu’avec plus de pays membres, «l’Europe sera plus riche sur le plan culturel» et que «la paix et la sécurité en Europe seront garanties dans une plus grande mesure» (59%). Graphique 1. Attitudes des européens vis-à-vis de l'élargissement de l'UE. Question: En pensant à l'élargissement de l'Union européenne à de nouveaux pays d'Europe, êtes-vous plutôt d'accord ou plutôt pas d'accord avec chacune des propositions suivantes? Plus l’UE aura de pays membres, plus elle sera importante dans le monde Avec plus de pays membres, l’Europe sera plus riche sur le plan culturel Plus l'UE aura de pays membres, plus la paix et la sécurité en Europe seront garanties 21% 61% 25% 59% Il faut que l'UE réforme ses institutions avant d'accueillir de nouveaux membres Quand de nouveaux pays l'auront rejointe,( notre pays) recevra moins d'aides financières de l'UE 16% 54% 26% 47% 34% 43% L'Euro doit être mise en place avant l'élargissement de l'UE Plus il y aura de pays membres, plus il y aura de chômage en (notre pays) Après l'élargissement à de nouveaux pays, (notre pays) aura moins d'importance en Europe Les futurs pays membres devraient recevoir ès maintenant des aides financières de l'UE pour préparer leurs adhésion L'élargissement ne coûtera pas plus cher aux pays déjà membres comme (notre pays) 17% 67% 34% 47% 31% 47% 28% 49% D’accord Source: EB 48.0 - octobre-novembre 1997 41% 35% Pas d’accord pourcentage de "sans opinion" non indiqué 5 Les Européens s’accordent sur la «nécessité d’introduire des réformes dans le fonctionnement des institutions européennes» (54%) et de «mettre en place la monnaie unique (43%), avant d’accueillir de nouveaux membres». Les citoyens européens sont conscients du fait que la rentrée des nouveaux pays dans l’UE va avoir pour conséquence la «réduction des aides financières de l’UE à leur propre pays» (47%) et que l’élargissement entraînera des «coûts supplémentaires pour les pays membres» (49%). Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que 47% des citoyens européens s’opposent à la possibilité de «donner dès maintenant les mêmes aides financières de l’Union européenne aux futurs Etats membres». Les opinions sont partagées en ce qui concerne la place des pays respectifs au sein de l’Union: 47% des européens sont persuadés «qu’après l’élargissement leur pays n’aura pas moins d’importance» qu’auparavant, tandis que 34% considèrent que l’importance de leur pays diminuera. 35% des européens expriment la crainte que l’augmentation des pays membres amène une recrudescence du chômage, mais 41% sont d’un avis contraire. 2. Les implications budgétaires de l’élargissement L’idée que l’élargissement nécessitera un partage des aides financières de l’UE entre plusieurs pays est largement acceptée par l’opinion publique communautaire. On peut constater, par ailleurs, que parmi les domaines prioritaires pour lesquels le budget pourra être augmenté se trouvent la lutte contre la violence, le terrorisme, le trafic de drogue (78%), l’aide aux régions en difficulté (chômage, déclin industriel, etc.) (71%), l’éducation et la formation (70%). Grpahique 2. Implications budgétaires de l'élargissement. Question: S'il y a élargissement, les aides financières de l'Union européenne seront patagées entre plus de pays. Pour chacun des domaines suivants, lequel de ces deux choix feriez-vous? 78% 13% La lutte contre la violence, le terrorisme, le trafic de drogue L'aide aux régions en difficulté (chômage, déclin industriel, etc.) 18% 71% L'éducation et la formation 70% 19% L'aide aux petites et moyennes entreprises 28% 58% La recherche et le développement de nouvelles technologies L'aide aux régions les moins développées 30% 56% 31% 55% 32% 53% L'aide aux zones urbaines qui connaissent des problèmes L'agriculture 38% 45% L'amélioration des réseaux de transports 40% 45% Garder le même budget Source: EB 48.0 - octobre-novembre 1997 Augmenter le budget pourcentage de "sans opinion" non indiqué 6 L’opinion européenne parait moins sensible à la nécessité d’augmenter le budget dans les domaines de l’aide aux petites et moyennes entreprises (58%), de la recherche et du développement de nouvelles technologies (56%), de l’aide aux régions les moins développées (55%) et de l’aide aux zones urbaines qui connaissent des problèmes (53%). Parmi les domaines qui nécessiteront d’après les européens l’augmentation des recettes fiscales, quoique dans une moindre mesure, se trouvent l’agriculture (45% des européens se prononcent pour l’augmentation du budget contre 38% qui préfèrent garder le même budget) et l’amélioration des réseaux de transport (respectivement 45% contre 40%). 3. Les critères de l’élargissement Parmi les exigences auxquelles doivent satisfaire les pays candidats pour devenir membres de l’UE, le respect des Droits de l’Homme et des principes démocratiques apparaît comme un des plus importants aux yeux des citoyens européens (93%), ainsi que la lutte contre le crime organisé et le trafic de drogue (91%) et la protection de l’environnement (90%). Graphique 3. Importance des critères d'élargissement. Question: Pour chacun des critères suivants, pourriez-vous me dire s'il vous semble important ou pas pour décider si un pays peut devenir membre de l'Union européenne ou non? Ce pays doit respecter les Droits de l’Homme et les principes démocratiques 2% 93% Il doit lutter contre le crime organisé et le trafic de drogue 4% 91% Il doit protéger l'environnement 5% 90% Il doit pouvoir payer sa part du budget de l'Union Européenne Son entrée ne doit pas coûter cher aux pays qui sont déjà membres Il doit accepter l'ensemble de ce qui a déjà été décidé et mis en oeuvre tout au long de la construction européenne Son niveau de développement économique doit être proche de celui des autres Etats membres Il doit être prêt à faire passer l'intérêt de l'UE avant le sien 13% 77% 13% 75% 72% 18% 62% 22% Pas important Source: EB 48.0 - octobre-novembre 1997 80% 9% Important pourcentage de "sans opinion" non indiqué 7 Outre le fait de faire des efforts dans l’implantation de valeurs démocratiques et écologiques, les pays candidats devraient être aussi capables de payer leur part du budget de l’Union européenne (80%) et leur adhésion ne devait pas coûter cher aux pays qui sont déjà membres (77%). L’acceptation de l’ensemble de ce qui a déjà été décidé et mis en œuvre au long de la construction européenne (75%), ainsi que le niveau de développement économique proche des autres Etat membres (72%) sont considéré comme des facteurs important pour la possibilité d’adhérer l’Union européenne. 62% des citoyens pensent que le pays qui prétend devenir membre de l’union doit être prêt à faire passer l’intérêt de l’Union européenne avant le sien. 4. L’élargissement: une priorité de l’UE? Lorsque l’on analyse les données sur l’élargissement de l’UE, il ne faut pas perdre de vue que ce sujet n’est pas la plus grande priorité parmi les préoccupations actuelles des citoyens européens. Seuls 25% d’entre eux considèrent qu’accueillir de nouveaux pays membres est une priorité. Graphique 4. Actions prioritaires de l’UE. Question: Je vais vous citer un certain nombre d'actions que pourra poursuivre l'Union européenne. Pour chaqune d'entre elles, pourriez-vous me dire si, à votre avis, elle doit être une priorité ou pas? 4% Lutter contre la pauvreté et l'exclusion sociale 6% Lutter contre le crime organisé et le trafic de drogue 7% Préserver la paix et la sécurité en Europe 7% Protéger l'environnement 10% Protéger le consommateurs et garantir la qualité des produits 14% Garantir les droits de l'individu et le respect des principes démocratiques en Europe 13% Etre plus proche des citoyens européens, par exemple en les 17% informant davantage sur l'UE, ses politiques et ses institutions Réussir la mise en place de la monnaie unique européenne, l'Euro 38% Affirmer l'importance politique et diplomatique de l'UE dans le 40% monde Réformer les institutions européennes et leur fonctionnement 34% Accueillir de nouveaux pays membres 61% 92% 89% 88% 88% 85% 79% 79% 74% Lutter contre le chômage Pas priorité Source: EB 48.0 - octobre-novembre 1997 50% 50% 46% 25% Priorité pourcentage de "sans opinion" non indiqué 8 5. La place de l’élargissement dans l’avenir de l’Union européenne Une majorité importante des citoyens de l’UE préféreraient que les Etats membres actuels s’engagent dans davantage d’actions communes dans le cadre de l’UE (55%), 16% estiment que l’Union doit rester telle qu’elle est, et uniquement 13% considèrent comme une perspective importante pour le développement de l’Union l’accueil de nouveaux Etats membres. Graphique 5. Avenir de l'Union européenne. Question: Laquelle parmi les trois options ci-après préférez-vous en ce qui concerne l'avenir immédiat de l'Union européenne? L’UE devrait rester telle qu’elle est Il faut supprimer l’UE (reponse spontanée) 16% 5% Les Etats membres actuels devraient s’engager dans davantage d’actions communes dans le cadre de l’UE Source: EB 44.2bis - janvier-mars 1996 13% De nouveaux Etats membres devrait rejoindre l’UE 55% pourcentage de "sans opinion" non indiqué 6. La volonté d’accueillir de nouveaux pays membres Les graphiques utilisés ci dessus se référent à une moyenne européenne qui cache souvent de grandes divergences entre des citoyens des différents Etats nationaux. Pour approfondir cette analyse, il faut comparer les données des différents pays, ce qui permet de tracer des lignes de fracture. Si la moyenne européenne approuvant l’accueil de nouveaux pays membres est de 25%, cette moyenne recouvre en réalité des opinions très variées : 61% de Danois considèrent l’élargissement comme prioritaire, tandis qu’uniquement 14 % d’Allemands partagent ce point de vue. 9 Au-dessus de la moyenne européenne on trouve un certain nombre de pays, comme par exemple la Suède (48%), la Grèce (47%), l’Irlande (41%) ou les Pays-Bas (35%). Parmi les pays qui expriment une opinion proche de la moyenne on trouve l’Italie (30%), la Grande-Bretagne (29%), le Luxembourg (25%), l’Espagne, l’Autriche, la Finlande (23% dans les trois derniers Etats). Belgique (21%), France (16%) et Allemagne (14%) sont les moins disposés à s’occuper des questions liées à l’élargissement. Graphique 6. Volonté d'accueillir de nouveaux pays membres à l'UE. Question: Pour chacune d'actions que pourra poursuivre l'UE, pourriez-vous me dire si, à votre avis, elle doit être une priorité ou pas? Accueillir de nouveaux pays membres. Allemagne France Belgique Finlande Autriche Espagne 14% 16% 21% 23% 23% 23% UE 15 24% Luxembourg UK Italie Pays-Bas Irlande Grèce Suède Danemark 72% 77% 67% 67% 57% 52% 61% 65% 55% 56% 58% 25% 29% 30% 35% 41% 47% 48% 42% 41% 39% 31% 61% Priorité Source: EB 48.0 - octobre-novembre 1997 Pas priorité pourcentage de "sans opinion" non indiqué L’importance du facteur géographique pour l’appréhension de l’élargissement implique d’approfondir l’analyse, en comparant le soutien à l’élargissement qui existe dans les différents Etats membres de l’Union européenne. 10 II. LE SOUTIEN DES CITOYENS EUROPÉENS EN FAVEUR DE NOUVELLES ADHÉSIONS Dans le présent chapitre nous examinerons l’opinion des citoyens européens sur les possibilités d’adhésion de nouveaux membres dans l’UE, et plus précisément sur chaque pays candidat. Cet examen doit être accompagné de la recherche des différences significatives, liées aux enjeux géopolitiques, entre les différents pays de l’UE dans leur soutien aux pays candidats à l’adhésion. Dans une perspective comparative, il sera par ailleurs utile de comparer les taux de soutien aux pays candidats en fonction de la vague d’élargissement considérée. 1. L’opinion des européens au sujet de l’élargissement Le dernier sondage effectué par Eurobaromètre en octobre - novembre 1997 démontre que parmi onze pays, recommandés par la Commission européenne pour l’ouverture des négociations, l’opinion publique est seulement favorable à l’adhésion de quatre d’entre eux : Hongrie (47% de citoyens européens se prononcent favorablement contre 29% qui ne sont pas favorables à l’adhésion de ce pays), Pologne (43% contre 34%), République Tchèque (41% contre 33%) et Chypre (40% contre 33%). Graphique 7. Opinion des européens au sujet de l'élargissement. Question: Plusieurs pays ont demandé à adhérer à l'Union européenne. Pour chacun des pays suivants, seriez-vous favorable ou défavorable à ce qu'à l'avenir il fassse partie de l'Union européenne? Hongrie Pologne République tchèque Chypre Bulgarie 29% 47% 34% 43% 41% 33% 40% 33% 38% 36% Slovaquie 36% 37% Estonie Lettonie Lituanie 35% 37% 35% 37% 35% 37% Slovénie 33% Roumanie 33% 40% 41% En faveur Source: EB 48.0 - octobre-novembre 1997 Contre pourcentage de "sans opinion" non indiqué 11 Pour tous les autres pays candidats, le pourcentage de personnes qui se prononcent contre leur adhésion est supérieur au nombre de personnes qui sont favorables à l’adhésion de ces Etats à l’Union européenne. C’est le cas de la Bulgarie (36% en faveur et 38% contre), de la Slovaquie (36% contre 37%), de l’Estonie, de la Lettonie et de la Lituanie (35% contre 37% pour tous les trois pays), de la Slovénie (33% contre 40%) et de la Roumanie (33% contre 41%). 2. Un soutien différencié selon le pays candidat considéré Chypre est, parmi les candidats à l’adhésion, celui qui suscite le plus de divergences dans l’opinion publique: d’une part, son adhésion est soutenue par 88% de Grecs et uniquement par 30% de Belges, d’Allemands ou de Français. D’autre part, presque 50% de Belges, ainsi que 46% de Français et 44% d’Autrichiens se prononcent contre l’adhésion de Chypre. Graphique 8. Soutien à l'adhésion de Chypre. (% par pays) Grèce Suède Pays-Bas Irlande UK Finlande Danemark Espagne Italie UE 15 Portugal Luxembourg Autriche Belgique Allemagne France 88% 6% 51% 50% 49% 49% 47% 45% 45% 41% 24% 37% 18% 24% 32% 36% 17% 31% 40% 33% 37% 36% 33% 30% 30% 30% 25% 42% 44% 49% 41% 46% Contre Source: EB 48.0 - octobre-novembre 1997 En faveur pourcentage de "sans opinion" non indiqué La situation de Chypre est comparable à celle des pays Baltes. Leur adhésion à l’Union européenne, d’un côté, est largement soutenue au Danemark et en Suède (entre 68% et 75%), de l’autre côté, plus de 50% de Français, de Belges et d’Autrichiens s’opposent à la rentrée de ces pays à l’UE. 12 Graphique 9. Soutien à l'adhésion de l'Estonie. UE 15 UK Portugal Luxembourg Allemagne Autriche Belgique France 75% 70% 63% 15% 12% 21% Danemark Suède Finlande Pays-Bas Grèce Espagne Irlande Italie 53% 52% 33% 29% 20% 26% 34% 41% 37% 36% 35% 37% 34% 33% 31% 29% 26% 24% 21% 32% 29% 48% 44% 50% 55% 54% Contre Source: EB 48.0 - octobre-novembre 1997 En faveur pourcentage "sans opinion" non indiqué Graphique 10. Soutien à l'adhésion de la Lettonie. Danemark Suède Finlande Pays-Bas Grèce Espagne Irlande Italie UK UE 15 Portugal Luxembourg Allemagne Autriche Belgique France 75% 69% 15% 13% 55% 54% 52% 27% 33% 30% 19% 24% 34% 31% 42% 39% 36% 35% 35% 37% 33% 31% 29% 26% 24% 21% 29% 46% 44% 49% 56% 54% Contre Source: EB 48.0 - octobre-novembre 1997 En faveur pourcentage de "sans opinion" non indiqué 13 Graphique 11. Soutien à l'adhésion de la Lituanie. Danemark Suède Finlande Grèce Pays-Bas Espagne Irlande Italie UK UE 15 Portugal Luxembourg Allemagne Autriche Belgique France 74% 68% 16% 13% 54% 53% 53% 28% 29% 34% 19% 24% 34% 30% 42% 40% 35% 35% 35% 37% 34% 31% 28% 24% 23% 22% 29% 47% 44% 51% 57% 53% Contre Source: EB 48.0 - octobre-novembre 1997 En faveur pourcentage de "sans opinion" non indiqué Des divergences importantes se font jour également à l’égard de la Pologne. Plus de deux tiers des Danois, des Suédois et des Hollandais sont favorables à son adhésion, tandis que plus de 50% des Autrichiens, des Allemands et des Belges ne soutiennent pas candidature de cet Etat. Graphique 12. Soutien à l'adhésion de la Pologne. Danemark Suède Pays-Bas Grèce Finlande Irlande U.K. Italie Espagne EU 15 Portugal France Luxembourg Belgique Allemagne Autriche 73% 69% 63% 59% 55% 48% 48% 47% 47% 17% 13% 27% 25% 27% 20% 24% 28% 17% 43% 34% 42% 40% 36% 30% 29% 24% 23% 42% 45% 51% 50% 56% Contre Source: EB 48.0. - octobre-novembre 1997 En faveur pourcentage de "sans opinion" non indiqué 14 La candidature la plus consensuelle est celle de la Hongrie, grâce à l’appui de ses voisins, c’est-à-dire de l’Allemagne (49%) et de l’Autriche (53%), qui se montrent beaucoup plus sceptiques à l’égard de l’adhésion d’autres pays, ainsi qu’à un soutien important dans les pays du Nord, 65% aux Pays-Bas et en Suède et 66% au Danemark, la Hongrie est le pays qui rassemble la plus large approbation dans l’opinion publique européenne, malgré l’opinion défavorable de 51% des Belges. Graphique 13. Soutien à l'adhésion de la Hongrie. Danemark Suède Pays-Bas Finlande Grèce Autriche Allemagne Italie Espagne EU 15 Irlande U.K. Portugal France Luxembourg Belgique 66% 65% 65% 61% 61% 53% 49% 48% 48% 20% 14% 24% 21% 23% 32% 31% 27% 16% 47% 29% 47% 44% 39% 36% 34% 31% 20% 26% 24% 43% 44% 51% Contre Source: EB 48.0 - octobre-novembre 1997 En faveur pourcentage de "sans opinion" non indiqué La République Tchèque, malgré un scepticisme persistant à son égard dans certains pays (40% d’Allemands et 45% d’Autrichiens s’opposent à son adhésion, ainsi que 53% de Belges et 48% de Français), reste malgré tout un Etat, dont l’adhésion est plutôt vue d’une façon favorable (41% des européens sont favorables à son adhésion contre 33% qui y sont opposés). 15 Graphique 14. Soutien à l'adhésion de la République Tchèque. Danemark Suède Grèce Pays-Bas Finlande Espagne Italie Irlande EU 15 Portugal Autriche U.K. Allemagne Luxembourg France Belgique 64% 63% 60% 59% 54% 48% 45% 42% 22% 14% 23% 28% 25% 16% 28% 24% 41% 33% 40% 38% 38% 37% 37% 32% 29% 24% 45% 31% 40% 43% 48% 53% Contre Source: EB 48.0 - octobre-novembre 1997 En faveur pourcentage de "sans opinion" non indiqué En ce qui concerne la Bulgarie et la Slovaquie, leur adhésion est très contestée par les Autrichiens, les Allemands, les Belges et les Français (plus de 50% entre eux se prononcent contre. Jusqu’à 62% d’Autrichiens ne sont pas favorables à l’adhésion de la Bulgarie). Le soutien à leurs candidatures varie entre 49% et 58% dans des pays tels que la Suède, la Grèce et les Pays-Bas. Graphique 15. Soutien à l'adhésion de la Bulgarie. Grèce Suède Pays-Bas Espagne Danemark Irlande Finlande Italie Portugal UK UE 15 58% 51% 49% 48% 47% 43% 41% 40% 38% 38% 27% 23% 36% 16% 34% 23% 38% 32% 26% 30% 36% 38% 31% 30% 25% 23% 16% France 47% Luxembourg 48% Belgique 55% Allemagne 52% Autriche 62% Contre Source: EB 48.0 - octobre-novembre 1997 En faveur pourcentage de "sans opinion" non indiqué 16 Graphique 16. Soutien à l'adhésion de la Slovaquie. Suède Danemark Grèce Pays-Bas Finlande Espagne Italie Irlande Portugal 27% 25% 32% 32% 18% 33% 26% 26% UE 15 UK Luxembourg Allemagne Autriche France Belgique 58% 57% 56% 52% 47% 45% 40% 38% 36% 17% 36% 37% 33% 32% 30% 28% 26% 25% 34% 48% 45% 53% 51% 55% Contre Source: EB 48.0 - octobre-novembre 1997 En faveur pourcentage de "sans opinion" non indiqué La Slovénie et la Roumanie sont les deux pays envers lesquels l’opinion publique est le plus défavorable : seuls 33% des européens soutiennent leurs candidatures, contre 41% qui s’y opposent. Parmi ceux qui sont extrêmement défavorables à la candidature de la Roumanie, on retrouve l’Autriche (67%), l’Allemagne et la Belgique (58%). Graphique 17. Soutien à l'adhésion de la Slovénie. Grèce Suède Danemark Pays-Bas Espagne Autriche Italie Finlande Irlande Portugal UE 15 UK Luxembourg Belgique Allemagne France 53% 51% 50% 46% 42% 41% 40% 39% 37% 35% 30% 23% 33% 39% 20% 43% 32% 40% 26% 27% 33% 40% 31% 28% 24% 23% 22% 34% 50% 58% 52% 53% Contre Source: EB 48.0 - octobre-novembre 1997 En faveur pourcentage de "sans opinion" non indiqué 17 L’adhésion de la Slovénie est relativement mieux considérée par les Autrichiens (seuls 41% se prononcent contre), mais plus de 50% des Belges, des Luxembourgeois, des Allemands et des Français s’opposent à son adhésion. Bien que ces pays reçoivent un soutien dans les pays du Nord, en Grèce et en Espagne, même dans ces Etats il ne dépasse que rarement 50%. Graphique 18. Soutien à l'adhésion de la Roumanie. Grèce Suède Danemark Pays-Bas Espagne Irlande Italie Portugal Finlande UK UE 15 France Luxembourg Belgique Allemagne Autriche 28% 24% 35% 40% 17% 25% 34% 26% 42% 33% 57% 51% 48% 47% 46% 43% 40% 37% 37% 37% 41% 33% 52% 53% 58% 58% 27% 27% 24% 17% 14% 67% En faveur Source: EB 48.0 - octobre-novembre 1997 Contre pourcentage de "sans opinion" non indiqué 18 3. La classification selon le degré de l’appui à l’adhésion des nouveaux membres Outre les mesures permettant de se rendre compte du niveau global de soutien en faveur des différentes candidatures, on peut évaluer la position des citoyens de l’Union européenne à l’égard de l’élargissement en général. Dans le cadre de cette analyse, le nombre moyen de résultats positifs doit être calculé pour chaque Etat membre. Une tendance générale se dégage : il existe un découpage en trois groupes de pays. Reponses positives à l’élargissement 30% et moins 31% - 49% 50% et plus Autriche 29% Espagne 45% Suède 61% Allemagne 29% Irlande 42% Danemark 61% France 28% Italie 41% Grèce 59% Belgique 26% UK 38% Pays-Bas 53% Portugal 36% Finlande 51% Luxembourg 32% Appui à l'élargissement 50% et plus 31% à 49% 30% et moins pays non-membres Source: EB 48.0 - octobre-novembre 1997 19 Dans le premier, celui de «sceptiques de l’adhésion», on trouve la Belgique, la France et, sauf le cas exceptionnel du soutien à la candidature de Hongrie, l’Allemagne et l’Autriche. Dans ce groupe, la majorité de la population ne se prononce pas en faveur de l’adhésion des nouveaux pays dans le cadre d’un nouvel élargissement. Le groupe des «optimistes de l’adhésion» est composé du Danemark, de la Suède, des Pays-Bas, de la Finlande et de la Grèce, où les citoyens sont en général plus favorables à l’adhésion des nouveaux pays membres. Le troisième groupe, dont les membres sont les plus proches de la moyenne européenne et où les opinions sont divisées d’une manière «équilibrée», inclue le Luxembourg, l’Espagne, l’Italie, l’Irlande et l’U.K. et le Portugal. 4. L’évolution du soutien aux pays candidats à l’adhésion Pour avoir une vision plus objective de l’élargissement dont il est ici question, il sera utile de le repositionner dans le contexte historique des élargissements depuis l’origine des Communautés. Dans ce but on peut, par exemple, comparer le taux de soutien à l’adhésion de nouveaux membres qui existait à la veille de l’entrée de la Suède, de la Finlande et de l’Autriche dans l’UE avec les taux de soutien que reçoivent aujourd’hui les pays nouvellement candidats à l’adhésion. Graphique 19. Soutien à l'adhésion des nouveaux membres à l'UE. Question: Pour chacun des pays suivants, seriez-vous favorable ou défavorable à ce qu'à l'avenir il fasse partie de l'Union Européenne? Autriche Suède Finlande Norvège Hongrie Pologne République Tchèque Bulgarie République Slovaque Roumanie Slovénie 8% 78% 8% 78% 9% 76% 10% 75% 55% 25% 51% 28% 49% 29% 32% 46% 32% 45% 34% 45% 33% 44% défavorable Source: EB 42.0 - octobre-novembre 1994 favorable pourcentage de "sans opinion" non indiqué 20 A l’automne de 1994 (Eurobaromètre 42), 78% des européens (représentés à l’époque par des citoyens de 12 pays membres) se prononçaient pour l’adhésion de l’Autriche, 78% pour l’adhésion de la Suède, 76 % pour l’adhésion de la Finlande. Il sera intéressant de noter aussi le fait que les pays d’Europe, qui n’ont pas voulu rejoindre l’Union européenne, comme la Suisse et la Norvège profitent tout de même d’un taux très élevé de soutien à leur éventuelle adhésion. Lors de l’hiver 1996 (Eurobaromètre 47), 72% des européens se sont prononcés favorablement à l’adhésion de la Suisse et 70% à l’adhésion de la Norvège. Graphique 20. Soutien à l'adhésion de nouveaux membres. Question: Pour chacun des pays suivants, seriez-vous favorable ou défavorable à ce qu'à l'avenir il fasse partie de l'Union européenne? Suisse Norvège Islande Hongrie Pologne R.Tchèque Chypre Bulgarie Lettonie Estonie Slovaquie Roumanie Lituanie Slovénie 72% 69% 12% 12% 22% 28% 33% 33% 34% 37% 37% 37% 38% 42% 37% 40% 56% 49% 46% 43% 40% 37% 36% 36% 36% 35% 35% 34% defavorable Source: EB 47.1 - mars-avril 1997 favorable pourcentage de "sans opinion" non indiqué Le soutien accordé aux candidatures des pays candidats ne dépasse pas à l’heure actuelle 47% dans le meilleur des cas pour la Hongrie, et varie entre 33% et 43% pour les autres pays (cf. Graphique 2.1.) Même s’il est difficile de comparer directement les données à cause des différences de formulation des questions et des différences de taille des échantillons de population interrogée, on peut cependant remarquer qu’en 1994 le soutien à certains pays d’Europe Centrale et Orientale, à l’époque non officiellement candidats, variait entre 44% et 55%. 21 IV. LA NOTORIÉTÉ DE L’UNION EUROPÉENNE DANS LES PAYS DE L’EUROPE CENTRALE ET ORIENTALE Nous avons précédemment l’état de l’opinion publique des pays membres de l’Union européenne au sujet de l’adhésion de nouveaux membres. Mais l’élargissement est un processus qui nécessite un consentement bilatéral. Parfois, comme dans le cas de la Norvège, la volonté des hommes politiques du pays candidat et la faveur de l’opinion publique à l’intérieur de l’Union, ne coïncident pas avec le désir de la majorité des citoyens du pays candidat. Dans ce troisième chapitre, on cherchera à appréhender l’image que se font les habitants des pays de l’Est de l’Union européenne, dans quelle mesure ils souhaitent que leur pays rejoigne l’UE, quelles conséquences et bénéfices ils attendent d’une éventuelle adhésion. On analysera également les sources d’informations dont disposent les citoyens des PECO concernant les activités de l’UE et l’avancement du processus d’élargissement. 1. Le soutien des citoyens des pays candidats à l’adhésion à l’Union européenne En principe, la décision d’un pays de rejoindre l’UE, prise au niveau du gouvernement national, doit recevoir sa légitimation au cours d’un référendum, qui permet à tous les citoyens de se prononcer sur une évolution souhaitable de leur pays. Le sondage d’opinion effectué par l’Eurobaromètre d’Europe Centrale et de l’Est n°7 en octobre novembre 1996 donne une image contrastée de ce qui pourrait montrer un référendum. Le plus grand optimisme est exprimé dans un pays qui ne se trouve pas parmi les candidats de la première vague d’élargissement : 80% des roumains aimeraient que leur pays rejoigne l’UE. Ce souhait est également largement exprimé en Pologne, où 70% des citoyens sont prêts à voter pour l’adhésion à l’UE. Dans les autres pays d’Europe Centrale, le taux de soutien à l’adhésion en cas de référendum est nettement plus faible. Il varie entre 43%et 49% en République Tchèque, en Slovaquie, en Hongrie, en Slovénie et en Bulgarie. Les plus sceptiques sont les citoyens des pays Baltes : seuls 35% des Lituaniens, 34% des Lettons et 29% des Estoniens se prononceraient pour l’adhésion à l’UE . Pourtant, l’Estonie, où le soutien à l’adhésion est le plus bas, a été désigné parmi les cinq premiers candidats à l’élargissement, retenus par l’UE. 22 Graphique 21. Appui à l'adhésion à l'UE dans les pays candidats. Question: Si demain, il y avait un référendum sur la question de l'adhésion de (notre pays) à l'UE, personnellement, votriez-vous pour ou contre cette adhésion? Roumanie Pologne Bulgarie Slovénie Hongrie Slovaquie République Tchèque Lituanie Lettonie Estonie 80% 2% 70% 7% 49% 4% 15% 47% 15% 47% 46% 9% 43% 11% 35% 6% 34% 13% 29% 17% Contre CEEB 7 - novembre-décembre 1996 Pour pourcentage de "sans opinion" non indiqué Néanmoins, le nombre de personnes sans opinion sur l’adhésion est assez élevé, ce qui signifie, qu’une fraction importante de la population dans certains pays de l’Est n'a pas encore formé une opinion définitive à propos d’une possible intégration à l’UE. Cependant, si l’on compare les réponses positives à la question de l’adhésion à l’UE, si le référendum avait lieu, sur la base des données des Eurobaromètres d’Europe Centrale et de l’Est de 1996 et de 1995 (n°6 et 5 respectivement), on constate plutôt une diminution de nombre de personnes qui sont prêtes à soutenir l’idée de l’adhésion. Graphique 22. Evolution de l'appui à l'adhésion à l'UE dans les PECO. 1995-1996 Roumanie Pologne 86% 49% 80% 34% 47% République Tchèque 43% Slovénie Source: CEEB 7, CEEB 6. 86% 35% Hongrie Estonie 88% 46% Bulgarie Lettonie 93% 70% Slovaquie Lituanie 97% 80% 47% 29% 80% 79% 79% 76% 1995 1996 23 2. Les effets prévisibles de l’adhésion dans les futurs Etats membres Quel bénéfice les différents pays de l’Est souhaiteraient tirer de l’appartenance à l’UE? Dans les Etats Baltes, un nombre relativement élevé de citoyens est persuadé que l’adhésion à l’UE se révélerait très utile pour le pays (32% en Lettonie, 30% en Estonie, 27% en Lituanie). La majorité des Roumains (60%), ainsi qu’un grand nombre de Polonais (45%) et de Slovaques (43%) croient aux bénéfices mutuels : ces pays pourront profiter autant de l’Union européenne que cette dernière de l’adhésion de nouveaux membres. Les réticences les plus grandes sont exprimées en Slovénie et en République Tchèque : 36% de Slovènes et 27% de Tchèques pense que l’adhésion à l’UE ne profiterait qu’à l’Union et non pas à leur propre pays. Graphique 23. Bénéfices dans les relations avec l'UE. Question: Qui pensez-vous bénéficie le plus des relations entre (notre pays) et l'Union européenne? 32% Lettonie 30% Estonie Lituanie 29% 33% 27% Bulgarie 24% Roumanie 23% Pologne 20% Hongrie 19% République Tchèque 16% Slovaquie 15% Slovénie 14% 24% 21% 13% 37% 6% 60% 7% 45% 34% 19% 20% 39% 43% 38% Notre pays Source: CEEB 7 - octobre-novembre 1996 19% 27% 24% 36% Les deux tout autant L’UE pourcentage de "sans opinion" non indiqué 24 De plus, il serait intéressant de s’interroger sur les bénéfices éventuels de l’adhésion à l’UE en fonction du domaine de la société considéré, ainsi que du groupe d’acteurs sociaux. Graphique 24. Pertes et gains dans le cas du renforcement des liens avec l’UE. Question: Pensez-vous que les groupes de personnes et les organisations suivants dans (notre pays) seraient susceptibles d’y gagner ou d’y perdre si les liens entre (notre pays) et l’UE s’accroissaient? 40% 28% 38% 33% 37% 26% 24% Y perdraient Source: CEEB 7 - octobre-novembre 1996 40% 15% Forces armées Travailleurs manuels 53% 12% Système éducatif Groupes à faibles révenues 55% 7% Agriculteurs Fonctionnaires nationaux 56% 9% Services sociaux et de santé Entreprises publiques 65% 8% Entreprises privées 33% Y gagneraient pourcentage de "sans opinion" non indiqué D’après les citoyens de ces Etats, parmi les secteurs qui pourront bénéficier le plus du resserrement des liens entre les pays de l’Europe de l’Est et de l’Union européenne se trouve naturellement en premier lieu le secteur des entreprises privées (65% des personnes partagent l’opinion qu’il sera le premier à bénéficier). Le secteur des services sociaux et de santé ainsi que le système éducatif sont considérés aussi comme des bénéficiers possibles par 56% et 53% de personnes respectivement. 55% pensent que le rapprochement avec l’UE pourra apporter également des améliorations dans le secteur de l’agriculture. Par contre, certains groupes de personnes comme par exemple les fonctionnaires nationaux, les groupes à faibles revenus, les travailleurs manuels se sentent menacés à un degré plus élevé par une éventuelle adhésion à l’Union européenne. 25 3. L’appréciation des activités de l’Union européenne Toutes les craintes et les espoirs quant aux conséquences d’une adhésion éventuelle à l’Union européenne reflètent dans l’image générale que donne l’Union européenne aux citoyens des pays candidats. L’Union européenne est perçue d’une manière très positive en Roumanie (65%) et en Pologne (58%). En Slovénie, en Slovaquie, en Hongrie et en République Tchèque une proportion allant de 29% à 32% de citoyens considèrent les activités de l’Union comme positives, alors que de 29% à 41% ont une position médiane. Dans les trois Etats Baltes, la proportion de citoyens qui ont une image neutre de l’UE (entre 38% et 52%) est beaucoup plus élevée que celle des personnes qui interprètent les activités de l’Union européennes comme positives (entre 19% et 22%). Graphique 25. Image de l'Union européenne en Europe de l'Est. Question: Diriez-vous que vos impression quant aux buts et activités de l'Union Européenne sont en générale positives, neutres ou négatives? 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0% R m ou ie an e e e e ie ne r ie rie ue ni ni ni ui g a g q é o q an n t o g n è v l l a u o s t t o h o E ov Li H Bu Po Sl Le Tc Sl . ép R positive Source: CEEB 7 octobre-novembre 1996 neutre négative pourcentage "sans opinion" non indiqué Si l’on analyse l’évolution subie par l’image de l’Union européenne depuis 1991, on pourra constater une diminution de la proportion des citoyens des pays de l’Europe de l’Est qui considèrent les activités et les buts de l’UE comme positifs. En revanche, la proportion de personnes qui ont de l’UE une image négative a légèrement augmenté, ainsi que la proportion de personnes qui ont une image neutre de l’UE. 26 Graphique 26. Evolution de l’image de l’UE. 1991-1996 41% 39% 35% 28% 33% 31% 30% 3% 1991 1992 34% 34% 25% 24% 2% 30% 6% 6% 6% 7% 1993 1994 1995 1996 négative neutre Source: CEEB 7,6,5,4,3,2 positive pourcentage de "sans opinion" non indiqué Cette neutralité peut être interprétée comme la conséquence de l’insuffisance d’information destinée à former l’opinion sur les institutions et les activités de l’Union européenne. Pour confirmer cette hypothèse, il est indispensable d’analyser les sources d’information sur l’UE qui se trouvent à la disposition des citoyens des pays candidats considérés. 4. Les sources d’information sur l’UE Une analyse détaillée du graphique 3.7. permet de mieux comprendre quels moyens peuvent être utilisés dans la formation de l’image de l’Union européenne. Le rôle le plus important est joué, incontestablement, par les médias nationaux : la télévision nationale est la source d’information la plus importante sur les institutions et les activités de l’Union européenne pour 86% des citoyens dans les pays de l’Europe l’Est. La presse nationale remplit la même fonction pour 64% de citoyens et la radio nationale pour 53%. Parmi les autres moyens d’information sur les activités de l’UE sont mentionnés la télévision occidentale (25%), les discussions au travail (10%), le gouvernement (8%), les écoles et les universités (8%). 27 Les délégations de l’UE dans les pays candidats à l’adhésion servent de source d’information à 3% de citoyens de ces pays. Quasiment, la même proportion de personnes utilise la radio (5%), les périodiques (2%) et la presse (4%) occidentaux. Enfin, les contacts personnels avec les citoyens de l’UE, ainsi que les visites des pays composant l’Union constituent une source d’information pour 5% de citoyens des pays de l’Est. Graphique 27. Sources d’information sur l’UE. Question: Voici différents moyens par lesquels vous pourriez entendre quelque chose au sujet des activités de l'UE, de ses institutions et de sa politique. Lesquels d'entre eux constituent vos principales sources d'information? Aucun Autres Périodiques occidentaux Délégation UE Presse occidentale Visites des pays de l'UE Contacts personnels Radio occidentale Bibliotheques Ecole/Université Gouvernement Au travail Télévision occidentale Périodiques nationaux Radio nationale Presse nationale Télévision nationale 5% 3% 2% 2% 3% 4% 5% 5% 5% 7% 8% 8% 10% Source: CEEB 7 - octobre-novembre 1996 25% 53% 64% 86% 28 V. CONCLUSION L’analyse effectuée dans ce rapport démontre que l’élargissement de l’Union européenne, initié par les élites politiques des pays membres et soutenu par celles des pays candidats à l’adhésion dans l’UE, n’a pas encore trouvé le soutien qui lui est indispensable dans l’opinion publique. Les citoyens des pays membres apparaissent finalement plus préoccupés par des problèmes liés à la fonctionnement interne de l’Union européenne. Les citoyens des pays de l’Europe de l’Est ont souvent, quant à eux, une image très partielle et imprécise des institutions et des activités de l’Union européenne. L’un des enjeux de l’élargissement de l’Union européenne, c’est la naissance d’une nouvelle entité géopolitique, fondée sur le dépassement des limites des Etats-nations, qui à l’origine ont servi de base à la construction européenne. Cette nouvelle étape de l’histoire de l’Europe ne pourra se faire sans une participation active et consciente de la part des acteurs sociaux. Dans le cas contraire, l’absence d’un large consensus au sujet de l’élargissement pourrait susciter un renouveau des tendances séparatistes et nationalistes. Dans ce contexte il se révèle important de faire plus d’efforts pour mieux préparer l’opinion publique au futur élargissement. 29 VI. ANNEXES A. Liste des graphiques. Graphique 1. Attitudes des européens vis-à-vis de l’élargissement de l’UE. Graphique 2. Implications budgétaires de l’élargissement. Graphique 3. Importance des critères d’élargissement. Graphique 4. Actions prioritaires de l’UE. Graphique 5. Avenir de l’Union européenne. Graphique 6. Volonté d’accueillir de nouveaux pays membres à l’UE. Graphique 7. Opinion des européens au sujet de l’élargissement. Graphique 8. Soutien à l’adhésion de Chypre. Graphique 9. Soutien à l’adhésion de l’Estonie. Graphique 10. Soutien à l’adhésion de la Lettonie. Graphique 11. Soutien à l’adhésion de la Lituanie. Graphique 12. Soutien à l’adhésion de la Pologne. Graphique 13. Soutien à l’adhésion de la Hongrie. Graphique 14. Soutien à l’adhésion de la République Tchèque. Graphique 15. Soutien à l’adhésion de la Bulgarie. Graphique 16. Soutien à l’adhésion de la Slovaquie. Graphique 17. Soutien à l’adhésion de la Slovénie. Graphique 18. Soutien à l’adhésion de la Roumanie. Graphique 19. Soutien à l’adhésion des nouveaux membres à l’UE. Graphique 20. Soutien à l’adhésion de nouveaux membres. Graphique 21. Appui à l’adhésion à l’UE dans les pays candidats. Graphique 22. Evolution de l’appui à l’adhésion à l’UE dans les PECO. Graphique 23. Bénéfices dans les relations avec l’UE. Graphique 24. Pertes et gains dans le cas du renforcement des liens avec l’UE. Graphique 25. Image de l’Union européenne en Europe de l’Est. Graphique 26. Evolution de l’image de l’UE. Graphique 27. Sources d’information sur l’UE. 30 B. Fiches techniques. 1. L’Eurobaromètre standard. L’Eurobaromètre couvre la population nationale – ayant la nationalité d’un des pays membres de l’Union Européenne – de 15 ans et plus, résident dans chaque Etat membre de l’UE. Les interviews sont réalisées en face à face chez les répondants et dans la langue nationale appropriée. Coordination: INRA (European Coordination Office SA/NV) Pays Institut Autriche SPECTRA Allemagne INRA DEUTCHLAND Belgique MARKETING UNIT Danemark GFK DANMARK Grande Bretagne INRA UK Grèce KEME Espagne INRA ESPANA France TMO Consultants Irlande LANSDOWNE Market Research Italie PRAGMA Luxembourg ILRES Pays-Bas NIPO Portugal METRIS Finlande MARKETING DEVELOPMENT CENTER Suède TEMO Eurobaromètre 48.0 Terrain dans l’UE: Nombre total d’interviews: Marge d’erreur: 12.10 – 16.11.1997 16.186 + 3.1% Eurobaromètre 47.1 Terrain dans l’UE: Nombre total d’interviews: Marge d’erreur: 26.03 – 29.04.1997 16.154 + 3.1% 31 Eurobaromètre 44.2bis Terrain dans l’UE: Nombre total d’interviews: Marge d’erreur: 28.01 – 12.03.1996 65.000 + 1.3% Eurobaromètre 42.0 Terrain dans l’UE: Nombre total d’interviews: Marge d’erreur: 14.11 – 31.12.1994 15.667 +3.1% 2. L’Eurobaromètre: Europe Centrale et de l’Est. Dans chaque pays , l’échantillon final représente la population adulte âgée d’au moins 15 ans. Les personnes sont interrogées face-à-face dans leur domicile. Les interviews sont réalisées dans la lange national appropriée. Coordination: DG X et Gfk Europe Ad hoc Research.* Pays Institut Bulgarie GFK BULGARIE Rép. Tchèque AISA Estonie SAAR POLL Ltd. Hongrie MODUS Lettonie Latvian Facts Lituanie Baltic Survey Pologne PENTOR Roumanie Research Team Romania Slovénie GRAL Marketing Slovaquie AISA Slovenska * dans le tableau ne sont représentés que les pays mentionnés dans le rapport Eurobaromètre Europe Centrale et de l’Est 7 Terrain : 25.10 – 30.11.1996 Nombre total de pays : 20 Nombre total d’interviews : 20.865 Eurobaromètre Europe Centrale et de l’Est 6 Terrain : 30.10 – 29.11. 1995 Nombre total de pays : 19 Nombre total d’interviews : 20.278