Acte V, Scène 4, Ruy Blas, Victor Hugo
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Acte V, Scène 4, Ruy Blas, Victor Hugo
Acte V, Scène 4, Ruy Blas, Victor Hugo Support : Acte V, Scène 4, Ruy Blas, Victor Hugo I- Un dénouement de drame romantique C’est un dénouement typique du drame romantique, qui transgresse plusieurs règles : Règle de la bienséance : mort de Ruy Blas sur scène, par son suicide. Ce corps est imposé sur scène. C’est une scène de dénouement, qui mêle les genres : la mort renvoie à la tragédie ; la fiole renvoie au mélodrame. La reine et Ruy Blas sont proches physiquement, ce qui transgresse également la bienséance. Cette scène d’amour entre le valet et la reine est contraire à la hiérarchie. Les alexandrins sont totalement disloqués (v.5 sur quatre répliques). L’intérieur de l’alexandrin est divisé (v.10 / v.21) Stichomythie (courtes répliques qui s’enchaînent très rapidement), v.5 Langage qui peut être plus courant que dans la tragédie classique (ex : aveu d’amour, v.11) Mélange des genres théâtraux et des registres II- La mort du héros Le héros romantique meurt et acquiert une grandeur à la fin de la pièce, dû au choix de sa mort (suicide qui marque sa liberté). Sa lucidité et son calme lors de l’instant de sa mort grandit le héros. Il se donne l’ordre de mourir : « triste homme, éteins toi » Ce suicide est un acte héroïque : c’est la seule issue pour lui et la reine. Il assume l’entière responsabilité de son acte en ôtant toute responsabilité de la reine. Signe de son amour au moment de sa mort : « pauvre ange ». Alors qu’il va mourir, il ne pense qu’au salut de la reine. Sa mort prend un caractère sublime, qui renforce le côté pathétique Le drame romantique multiplie les didascalies. Ici, la gestuelle montre l’union physique des deux amants : « l’entourant de ses bras », « embrassée » Cette mort est associée paradoxalement à l’amour et à la joie de Ruy Blas. L’espace scénique est restreint autour du couple, qui provoque l’admiration du spectateur et le pardon de la reine. Le « Merci ! » final renforce l’émotion du spectateur. Pour Victor Hugo, il s’agissait de montrer la mort sublime d’un homme du peuple, Ruy Blas. Sa mort le rend digne de l’amour d’une reine. Ruy Blas prend une dimension christique. Il sauve la reine d’un déshonneur par sa mort. Ruy Blas est l’incarnation du peuple : il est obligé de se suicider, ce qui montre qu’il n’a pas réussi à rester Premier Ministre. Sa mort est révélatrice d’une société bloquée, où le peuple ne peut aspirer à gouverner. III- La reconquête d’une identité La reine appelle d’abord Ruy Blas « don César », qu’elle vouvoie. Au vers 10, on passe au tutoiement, et don César devient César. Au vers 11, il révèle son identité : la reine l’appelle désormais Ruy Blas mais elle revient au vouvoiement. Au vers 13, elle le tutoie de nouveau. La reine l’appelle une dernière fois au vers 25 par son nom. Ruy Blas et la reconquête de son identité passe par la reconnaissance de la reine. Le « merci » final marque la joie et la satisfaction de Ruy Blas d’être aimé pour lui-même. Ruy Blas retrouve son intégrité et il n’est plus ce moi éclaté entre l’être et le paraître