Françoise Giroud

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Françoise Giroud
Françoise Giroud (1916-2003)
D’origine turque, France Gourdji est née à Genève en 1916. Son père est déçu : « Il voulait un fils, en
me voyant il a dit quel malheur !… […] Je n’ai cessé de vouloir faire la preuve qu’une fille c’était aussi
bien », Il meurt en 1919. Veuve, sa mère, juive sépharade, élève seule ses filles, dans des conditions
économiques difficiles. Elle leur transmet durablement le goût de la justice, de la liberté, de la dignité et
du courage. En 1943, France, agent de liaison de la Résistance, est arrêtée par la Gestapo et
incarcérée à Fresnes. Sa jeune sœur bien-aimée, Douce, meurt à son retour de déportation à
Ravensbrück en mai 1945.
Françoise n’a qu’un diplôme, celui de sténo-dactylo. Très jeune elle trouve un travail de scripte
auprès de Marc Allégret et devient son assistante. Au cours de cette première carrière dans le cinéma,
elle découvre qu’elle aime écrire. De 1945 à 1953, elle dirige la rédaction du magazine Elle,
considérant que les femmes doivent se battre avec les armes dont elles disposent, à commencer par
leur féminité. Son style, son ton, ses convictions auront une réelle influence sur la vie quotidienne et la
conscience des lectrices du magazine.
Sa rencontre avec Jean-Jacques Servan-Schreiber, véritable coup de foudre, l’engage dans
une nouvelle aventure journalistique. Le 16 mai 1953 paraît le premier numéro de l’Express qu’ils
fondent ensemble et que Françoise dirigera jusqu’en 1974. L’Express s’engage en faveur de
l’indépendance de l’Algérie, ce qui vaut à Françoise, en représailles, le plastiquage de son
appartement.
En 1974, sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing, cette femme de gauche engagée
dans l’indépendance algérienne, les droits des femmes et le journalisme devient Secrétaire d’État
chargée de la condition féminine. Elle met en place « cent une mesures » pour favoriser l'insertion des
femmes : autonomie, droits propres, lutte contre les discriminations, diffusion de l'information, situation
des veuves, divorcées, mères célibataires, formation à des métiers dits masculins. Deux formules
ironiques résument toutes les autres : « Le problème des femmes sera résolu le jour où l’on trouvera
une femme médiocre à un poste important » et « La différence entre un homme et une femme , c’est
qu’un homme a une femme et qu’une femme n’en a pas » En 1976, elle devient Secrétaire d’État à la
culture.
Déjà journaliste et femme politique, elle poursuit une carrière de chroniqueuse pour le Nouvel
Observateur, d’essayiste et d’écrivain. Membre du jury du prix Femina, elle a publié elle-même de
nombreux ouvrages sur le monde qu’elle a connu : Si je mens en 1972, La Comédie du pouvoir en
1977, Le Bon Plaisir en 1982, ainsi que de nombreuses biographies de Christian Dior, Alma Malher,
Jenny Marx, Cosima Wagner ou, en 2002, de Lou Andréas-Salomé.
Femme autonome, voire anticonformiste, élégante et mondaine, Françoise Giroud incarnait trop
la réussite et était trop médiatique pour être reconnue par les féministes. Fut-elle solidaire du pouvoir
masculin ? Sa plus grande réussite ne fut-elle pas de faire accepter l’idée que les femmes étaient
capables de faire les mêmes métiers et d’exercer les mêmes pouvoirs que les hommes ?
Civisme et démocratie – CIDEM
Juillet 2005

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