Ma famille de? - éditions Théâtrales
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Ma famille de? - éditions Théâtrales
ma famille DU MÊME AUTEUR AUX ÉDITIONS THÉÂTRALES MA FAMILLE traduction française de Françoise Thanas in CINQ PIÈCES D ’ AMÉRIQUE LATINE , 1998 LES NIGAUDS traduction française de Françoise Thanas in PETITES PIÈCES D ’ AUTEURS 2, 2000 CHEZ D ’ AUTRES ÉDITEURS CHANGEMENT DE STYLE traduction française de Françoise Thanas in DU THÉÂTRE , LA REVUE , JANVIER 1999 LA SUBVENTION in TERRES DE JEUX , GARE AU THÉÂTRE , JUILLET 1999 Carlos Liscano a écrit de nombreuses autres pièces de théâtre publiées dans son pays ou ailleurs, ainsi que des romans, nouvelles et recueils de poésie. Il a reçu en 1996 le Prix de Théâtre de la ville de Montévidéo pour Ma famille. Carlos Liscano ma famille Traduit de l’espagnol (Uruguay) par Françoise Thanas THEATRALES ❙❙ JEUNESSE Des langages, des histoires, des délires, cent façons de raconter le monde. Des textes à lire, à dire, à écouter, à jouer UNE COLLECTION DIRIGÉE PAR FRANÇOISE DU CHAXEL La représentation des pièces de théâtre est soumise à l’autorisation de l’auteur ou de ses ayants droit. Avant le début des répétitions, une demande d’autorisation devra être déposée auprès de la SACD. Couverture : Temps d’Espace © 2001, Éditions Théâtrales pour l’édition française 38, rue du Faubourg-Saint-Jacques 75 014 Paris La loi du 11 mars 1957 interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. ISBN : 2-84260-087-8 ma famille Une actrice et trois acteurs interprètent les multiples voix et les différents personnages. Ils sont habillés de la même façon, et se définiront suivant les exigences du texte. Les costumes sont sobres et simples, et n’indiquent aucune classe sociale ni aucun style déterminé. Au fond de la scène, visibles, les différents éléments de décor et les accessoires nécessaires à la représentation : tables, chaises, bouteilles, verres, qui seront éclairés lorsqu’on les utilisera. Un ensemble de chaises servira à représenter la nombreuse famille dont il est question. Les chaises seront placées pour les fêtes et suivant les indications scéniques. L’arbre dont on parle dans le texte pourra être représenté par n’importe quelle structure, pourvu qu’elle permette à l’acteur de parler « d’en haut ». L’Acteur trois réalisera les différents changements de décor et remettra aux autres les accessoires à mesure qu’ils en auront besoin. RÉCIT ACTEUR UN .– Mon père, on l’a vendu quand il avait cinq ans. ACTRICE .– D’après ce qu’il racontait ce fut un hasard. ACTEUR DEUX .– Ma grand-mère pensait qu’avant l’arrivée de l’hiver elle devrait vendre un ou deux enfants, mais elle n’avait encore rien décidé. ACTEUR TROIS .– Si la récolte était mauvaise elle en vendait deux, si elle était bonne elle en vendait un et elle gardait l’autre pour l’année suivante. ACTRICE .– Tous les enfants savaient que l’un d’entre eux allait être emmené au marché à l’automne, mais celui qui allait devenir mon père n’était pas au courant. C’est alors qu’une nuit avec ma tante Elida, qui devait avoir dans les six ans, ils se levèrent affamés et en essayant de trouver quelque chose à manger ils renversèrent la jarre de lait. ACTEUR DEUX .– Ma grand-mère se réveilla et elle n’eut plus l’ombre d’une hésitation. Au lever du jour elle était au marché avec les deux enfants s’évitant ainsi la peine de continuer à faire des calculs jusqu’à la fin de l’automne. ACTEUR UN .– Mon père, elle le livra pour presque rien parce qu’elle le considérait comme responsable du désastre du lait, bien qu’il le niât jusqu’au bout. ACTEUR TROIS .– Que l’histoire du lait fut vraie ou non, il semble que mon père n’ait pas été un enfant modèle. Celui qui l’acheta le revendit la même semaine, le second acheteur le revendit le jour même et ainsi la chaîne continua. Mon père n’arrivait à rester entre les mains de personne, à tel point qu’il ne se rappelait pas lui-même le nombre de fois où on l’avait vendu. ACTEUR DEUX .– Il avait tellement pris l’habitude de passer de main en main que si au bout de six mois son maître ne l’avait pas vendu, il allait lui-même chercher un acheteur. Avec le temps, mon père devint lui aussi acheteur d’enfants et grand connaisseur en la matière, mais il n’arriva jamais à se faire de l’argent parce que c’était un très mauvais administrateur. ACTEUR UN .– ACTRICE .– Quand il se maria il abandonna le négoce et resta seul avec nous, qui allions naître. Tout ce qu’il savait il l’appliqua à ses enfants et c’est ainsi que seul un de mes frères ne fut jamais vendu parce qu’il était resté dans un arbre. ACTEUR DEUX .– Je devais avoir dans les sept ans et mon frère quatre quand, un jour, nous nous échap- 8 pons de la maison pour faire une promenade dans la campagne. À un moment, j’ai aidé mon frère à grimper dans un arbre et j’ai grimpé derrière lui. Quand on a commencé à s’ennuyer on s’est mis à redescendre, mais mon frère a eu peur et j’ai dû le laisser. REPRÉSENTATION ACTEUR UN .– (dans le rôle du Frère aîné, il parle en regardant vers le haut de l’arbre où se trouve le Frère cadet) Tu restes là moi je vais à la maison chercher de l’aide. Je reviens tout de suite. ACTEUR TROIS .– (parlant depuis l’arbre) J’ai peur. (criant) Ne pleure pas je reviens tout de suite. Pourquoi tu es monté si tu devais avoir peur ? Si j’avais su que tu étais aussi pleurnichard je t’aurais laissé à la maison. Je ne t’emmènerai plus. Attends ici. ACTEUR UN .– RÉCIT ACTEUR DEUX .– Après je ne sais pas ce qui s’est passé mais j’ai oublié et je ne suis pas revenu le chercher. À la maison on ne s’en est pas beaucoup 9