Comment sécuriser le financement de l`opération
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Comment sécuriser le financement de l`opération
Comment sécuriser le financement de l'opération ? AFJE – Commission M&A – Le 29 avril 2009 Frédéric Gros, Associé en financement SOMMAIRE I. Comment se protéger contractuellement face aux nouveaux risques juridiques ? II. Comment sécuriser le financement de l'opération ? III. Quel rôle pour l'Etat en temps de crise ? IV. Le durcissement des contraintes sociales en temps de crise 2 II. Comment sécuriser le financement de l’opération ? 3 II. Comment sécuriser le financement de l’opération ? A. Le marché de la dette bancaire en 2008-2009 : état des lieux B. Dans ce contexte, quelles solutions pour l’emprunteur pour sécuriser un financement ? 4 1 – Le contexte économique général 9 Elément révélateur : la faillite de Lehman Brothers en septembre 2008 9 Marché de la dette bancaire fortement perturbé en 2008 • Crise de liquidité • Crise de confiance 9 La propagation de la crise à l’ensemble des secteurs économiques • Renégociation des covenants financiers • Restructurations • Développement du marché de la distressed debt 5 1 – Le contexte économique général 105 95 85 75 (32.4%) 65 (40.2%) (32.4%) 55 45 Sep 08 Oct 08 Oct 08 CAC 40 Nov 08 Dec 08 Jan 09 DJ Stoxx 600 Feb 09 Mar 09 S&P 500 Des marchés boursiers profondément disloqués Source : Datastream 22/04/2009, données rebasées 6 2 – Une crise sans précédent du marché de la dette bancaire 9 La situation perturbée des taux de référence Inversion des taux long et court terme Envolée des taux court terme entre 2006 et 2008 Source Banque de France - 2009 7 2 – Une crise sans précédent du marché de la dette bancaire 9 Un refinancement interbancaire délicat • Ecart entre les indices de référence et le coût de refinancement réel des banques 9 Une hausse du coût global du crédit pour les emprunteurs • Détérioration de la situation économique des emprunteurs • Hausse des marges pb 700 600 BB 500 BBBBBB 400 BBB+ A 300 AA200 100 0 Jan 07 Source : Bloomberg 23/04/2009 Apr 07 Jul 07 Oct 07 Jan 08 Apr 08 Jul 08 Oct 08 Jan 09 Evolution des spreads par rating (vs Euroswap 5 ans) 8 Apr 09 2 – Une crise sans précédent du marché de la dette bancaire 9 Une évolution des indices de référence et des taux moyens réels de crédit en 2008 – 2009 en France Indices de référence Taux moyen réel des crédits Source Banque de France - 2009 9 2 – Une crise sans précédent du marché de la dette bancaire 9 Ralentissement du marché de la dette bancaire • Volume de prêts syndiqués significatifs consentis au premier trimestre 2009 (monde) = 123 milliards USD contre 235 milliards USD au premier trimestre 2008 dans la zone Europe – Moyen-Orient - Afrique. • En Europe : Source Loan Radar – 1Q09 md€ 50 40 30 20 10 0 1Q98 1Q99 1Q00 1Q01 1Q02 1Q03 1Q04 1Q05 1Q06 1Q07 1Q08 1Q09 Evolution des émissions d’emprunt au T1 en Europe Source : LCD Europe 1Q 2009, Standard & Poor’s 10 2 – Une crise sans précédent du marché de la dette bancaire 9 Un premier trimestre 2009 dominé par les refinancements ¾ Un seul deal significatif « new money » : le financement de l’acquisition par Pfizer de son concurrent Wyeth au Etats-Unis (crédit-relais d’un montant de 22,5 milliards USD) Source Loan Radar – 1Q09 9 Une premier trimestre 2009 dominé par les crédits « corporate » (82% des crédits) contre une année 2008 dominée par les crédits Source Dealogic d’acquisition (43% des crédits) 11 2 – Une crise sans précédent du marché de la dette bancaire 9 Un retour à des ratios de dette nette/EBITDA plus conservateurs : Source Loan Radar – 1Q09 4x en moyenne au premier trimestre 2009 9 Une réduction de la durée de crédit : au premier trimestre 2009, 81% des crédits ont une échéance de moins de 3 ans Source Dealogic 9 Les emprunteurs peuvent néanmoins continuer d’approcher les banques françaises • Au premier trimestre 2009, pour la région Europe – Moyen-Orient - Afrique, les trois premiers arrangeurs, tous emprunteurs et devises confondus, sont respectivement Calyon, BNP Paribas et Société Générale Source Loan Radar – 1Q09 12 2 – Une crise sans précédent du marché de la dette bancaire 9 Quelles solutions pour les emprunteurs ? • Le recours croissant par les entreprises au marché obligataire ¾ Volume d’émissions obligataires par des corporates au premier trimestre 2009 (monde) = 330 milliards USD contre 127 milliards USD au premier trimestre 2008 dans la zone Europe – Moyen-Orient - Afrique ¾ Emission obligataire réalisée par EDF sur le marché américain pour un montant de 5 milliards USD en janvier 2009 Source Loan Radar – 1Q09 • Le renforcement des fonds propres • Le médiateur du crédit : René Ricol Source : www.mediateurducredit.fr 13 3 – L’exemple-type du marché du LBO €140B €120B 320 500 pb 280 450 pb 240 400 pb 200 350 pb €100B €80B 160 €60B 300 pb 2003 250 pb 120 2004 200 pb €40B 2005 80 €20B 150 pb 2006 100 pb 2007 40 0 19 98 19 99 20 00 20 01 20 02 20 03 20 04 20 05 20 06 20 07 20 08 20 09 €0B 1Q 2Q 3Q 4Q 2008 50 pb NA 0 pb Deal Count* Tous types de dette Volume de dette senior - Europe Dette Senior Niveau de marge - Europe Source : LCD Europe 1Q 2009, Standard & Poor’s 14 1Q09 3 – L’exemple-type du marché du LBO 7.0x Total Fonds Propres : 46.9% 6.0x Actions Fonds propres roll over 2.4% 5.0x 2000 4.0x Autres ressources 0.7% 35.1% Dette bancaire 36.9% 2001 Prêts intragroupe 5.7% 2002 3.0x 2003 2004 2.0x 2005 1.6% 2006 1.0x Crédit vendeur 2.2% 2007 Mezzanine 10.0% Nombre d’opérations : 9 Montant moyen des ressources : 482.3 M EUR Montant moyen de la dette Senior : 153.1 M EUR 2008 0.0x Dette/EBITDA Autre dette securisée 5.4% Actions de préférence Dette Senior/EBITDA Répartition des ressources – France 1er trimestre 2009 Ratio dette/EBITDA - Europe Source : LCD Europe 1Q 2009, Standard & Poor’s 15 4 – Des emprunteurs en difficulté 9 Un premier trimestre 2009 marqué par des défauts de remboursement et des restructurations des crédits LBO en Europe 30 25 20 15 10 5 0 2004 2005 2006 Nombre de défauts 2007 2008 1Q 2009 Nombre de restructurations Source : Europe Senior Lev 1Q 2009, Standard & Poor’s 16 4 – Des emprunteurs en difficulté 9 Une augmentation significative des renégociations des ratios financiers des crédits LBO en Europe Nombre de renégociations 25 20 8 15 10 8 5 1 5 2 0 5 3 1 2005 2006 1Q 1 1 2007 2008 2Q Source : Europe Senior Lev 1Q 2009, Standard & Poor’s 17 3Q 4Q 6 2009 4 – Des emprunteurs en difficulté 9 Une augmentation significative des crédits LBO « distressed » en Europe Nombre de crédits «distressed» 30 25 20 15 10 5 0 2004 2005 1Q 2006 2Q 2007 3Q Source : Europe Senior Lev 1Q 2009, Standard & Poor’s 18 2008 4Q 2009 II. Comment sécuriser le financement de l’opération ? A. Le marché de la dette bancaire en 2008-2009 : état des lieux B. Dans ce contexte, quelles solutions pour l’emprunteur pour sécuriser un financement ? 19 1 – Sécuriser les lettres d’engagement des prêteurs 9 Engagement de prise ferme 9 Eviter ou limiter les clauses « MAC » 9 Eviter ou limiter les clauses de « Market Flex » 2 – Sécuriser la documentation de crédit 9 Se prémunir contre le risque de défaillance des prêteurs 9 Limiter l’immixtion des prêteurs 9 Les risques de variation des taux d’intérêt 20 1 – Sécuriser les Lettres d’Engagement 9 Engagement de prise ferme • Faire intervenir les prêteurs en amont de la transaction • Les prêteurs tentent de soumettre leurs engagements à la réalisation de nombreuses conditions documentaires et factuelles • Comment lier les arrangeurs ? Prévoir des engagements fermes et limiter au maximum les conditions permettant aux arrangeurs de sortir de l’opération : ¾ Engagement de prise ferme à hauteur de 100% du montant du financement ¾ Confirmation que les banques ont obtenu l’accord de leur comité de crédit ¾ Clause de « certain funds » : limiter les conditions à la mise en place du financement à : 9 la signature de la documentation de crédit 9 la remise des conditions suspensives documentaires qui seront prévues dans la convention de crédit 21 1 – Sécuriser les Lettres d’Engagement 9 Eviter ou limiter les clauses « MAC » • Clause « MAC » : permet aux prêteurs de mettre fin à leurs obligations au titre de la lettre d’engagement en cas de survenance d’un événement significatif défavorable avant la signature de la documentation de crédit • Peut concerner un changement relatif à : • ¾ l’activité, la situation (financière et non financière), les perspectives, les actifs, les résultats de l’emprunteur et de son groupe ¾ la situation des marchés financiers nationaux et internationaux, du marché des crédit syndiqués, du marché interbancaire ou des marchés de capitaux Si cette clause ne peut être évitée dans le contexte actuel, l’emprunteur devra limiter au maximum le champ de la clause « MAC » en écartant notamment la situation des marchés à la date de la signature 22 1 – Sécuriser les Lettres d’Engagement 9 Eviter ou limiter les clauses « Market Flex » • Clause de « Market Flex » : permet aux prêteurs d’apporter des changements à la structure de financement, et notamment de la marge, si les prêteurs ne parviennent pas à syndiquer le crédit • Si cette clause ne peut être évitée dans le contexte actuel, l’emprunteur devra encadrer au maximum son champ d’application : ¾ plafond d’augmentation possible du coût du crédit ¾ limitation des effets de la clause dans le temps ¾ limitation des changements de structure possibles 23 2 – Sécuriser la documentation de crédit 9 Se prémunir contre le risque de défaillance des prêteurs (1/3) • Les documentations de crédit syndiqué prévoient classiquement que les prêteurs agissent de façon conjointe et non solidaire • Si un prêteur est défaillant lors de la mise à disposition d’un tirage à l’emprunteur, les autres prêteurs ne sont pas tenus de compenser la défaillance du prêteur en question (aucun prêteur ne peut être appelé pour un montant plus important que sa quote-part) • En cas de défaillance d’un prêteur, faute de stipulation contraire, l’emprunteur reste quant à lui tenu de respecter l’ensemble de ses obligations au titre de la convention de crédit Pour pallier ce déséquilibre, l’emprunteur peut négocier, dès la rédaction du term-sheet, des clauses tirant les conséquences la défaillance des prêteurs 24 2 – Sécuriser la documentation de crédit 9 Se prémunir contre le risque de défaillance des prêteurs (2/3) • Exemples de clauses possibles : ¾ Suppression du droit de vote du prêteur défaillant : la participation du prêteur défaillant n’est pas prise en compte pour le calcul des règles de majorité ¾ Non-paiement des commissions d’engagement ou de nonutilisation au prêteur défaillant ¾ Dans l’hypothèse d’un remboursement anticipé du crédit ou d’une annulation d’un engagement, le prêteur défaillant ne perçoit pas de somme au titre du remboursement anticipé et son engagement n’est pas réduit ¾ Clause dite « yank-a-bank » : l’emprunteur peut remplacer le prêteur défaillant par un autre prêteur 25 2 – Sécuriser la documentation de crédit 9 Se prémunir contre le risque de défaillance des prêteurs (3/3) • En pratique, dans le contexte actuel, il sera difficile de trouver un autre prêteur pour remplacer le prêteur défaillant • L’emprunteur peut tenter de compenser les sommes dues au prêteur défaillant (principal, intérêt, etc.) avec la participation défaillante du prêteur • Attention à la rédaction des clauses de compensation qui sont souvent favorables au prêteur et empêchent cette compensation 26 2 – Sécuriser la documentation de crédit 9 Limiter l’immixtion des prêteurs (1/3) • Les documentations de crédit prévoient généralement de nombreuses obligations à la charge de l’emprunteur qui permettent d’alerter les prêteurs sur les éventuelles difficultés de l’emprunteur • Au moment de la négociation du term-sheet puis de la documentation de crédit, l’emprunteur devra essayer de limiter au maximum les obligations mises à sa charge et les droits des prêteurs • Exemple des clauses dont les prêteurs se prévalent classiquement en cas de difficultés de l’emprunteur et que l’emprunteur devra négocier avec attention : ¾ ¾ ¾ ¾ le respect des ratios financiers le respect du business plan le droit d’auditer l’emprunteur la clause « MAC » 27 2 – Sécuriser la documentation de crédit 9 Limiter l’immixtion des prêteurs (2/3) • Les ratios financiers : Les documentations de crédit prévoient le respect de ratios financiers qui sont testés par référence aux comptes de l’emprunteur ou de son groupe • ¾ Faire en sorte que l’obligation de respect des ratios ne porte qu’à chaque date de test et non à tout moment ¾ Prévoir des délais de grâce et des moyens de remédiation au non respect des ratios financiers auxquels il est possible de remédier Business Plan : en matière de financement d’acquisition, les prêteurs exigent généralement de l’emprunteur qu’il leur remette son business plan. Or, dans un contexte économique dégradé, les objectifs du business plan peuvent ne plus être tenus ¾ Eviter toute déclaration ou engagement permettant aux prêteurs de constater un défaut si le business plan n’est pas respecté ¾ Limiter les déclarations relatives au business plan aux estimations et prévisions à la date à laquelle le business plan a été établi ¾ Eviter toute obligation de respecter à la lettre les hypothèses du business plan 28 2 – Sécuriser la documentation de crédit 9 Limiter l’immixtion des prêteurs (3/3) • Audit de l’emprunteur : les documentations de financement prévoient fréquemment la faculté pour les prêteurs d’auditer les comptes, contrats et les locaux de l’emprunteur • ¾ Essayer d’éviter la clause et de substituer à l’audit de simples réunions d’information avec l’emprunteur ¾ Si la clause d’audit ne peut être évitée, essayer de la limiter ce droit d’audit par les prêteurs à la survenance d’un cas de défaut de paiement au titre du crédit et de prévoir que les coûts de l’audit seront à la charge des prêteurs Clause « MAC » : elle permet aux prêteurs de demander le remboursement anticipé du crédit en cas de survenance d’un événement significatif défavorable (cas de défaut). Elle est généralement plus large que celle stipulée dans la lettre d’engagement et vise : ¾ 9 l’activité, la situation (financière et non financière), les perspectives, les actifs, les résultats de l’emprunteur et de son groupe 9 la situation des marchés financiers nationaux et internationaux, le marché des crédit syndiqués, le marché interbancaire ou des marchés de capitaux 9 la validité ou le caractère exécutoire d’un document de financement ou le rang ou la valeur d’une sûreté consentie en garantie du financement Essayer de la limiter aux événements raisonnablement susceptibles d’affecter le remboursement du crédit par l’emprunteur 29 2 – Sécuriser la documentation de crédit 9 Les risques de variation du taux de référence • Nouveaux crédits : afin de répercuter sur l’emprunteur leur véritable coût de refinancement, les prêteurs cherchent à introduire dans les documentations de nouvelles clauses d’intérêt ¾ ¾ Taux de référence = taux de base de l’agent ou moyenne pondérée des taux de base des banques du syndicat 9 Risque d’annulation au vu de la jurisprudence sur le taux de base bancaire 9 Chercher à limiter la portée de ces clauses dans le temps et prévoir un retour aux indices de référence classique lorsqu’ils seront de nouveau pertinents 9 Prévoir une obligation pour l’agent d’informer l’emprunteur du taux retenu pour chaque prêteur Funding margin : vient s’ajouter à la marge classique / est incluse dans la marge classique 9 Eviter d’inclure cette « sur-marge » dans la marge classique pour une plus grande transparence 9 Demander la suppression de cette « sur-marge » lorsque les indices de référence classiques seront de nouveau pertinents 30 2 – Sécuriser la documentation de crédit 9 Les risques de variation du taux de référence • Crédits en cours : les prêteurs peuvent chercher à se prévaloir des clauses usuelles de perturbation de marché afin de « facturer » à l’emprunteur un taux autre que le taux de référence prévu dans la documentation de crédit ¾ La clause standard issue de la documentation LMA prévoit que les banques ont la faculté de répercuter à l’emprunteur leur coût réel de financement si une ou plusieurs banques, représentant un certain pourcentage des engagements du crédit, considèrent que l’indice de référence (EURIBOR ou LIBOR) ne reflète plus le coût réel du crédit ¾ Le niveau de ce pourcentage varie classiquement entre 35 et 50 % => plus il est élevé et plus la clause est difficile à mettre en jeu Les emprunteurs devront porter une attention particulière aux stipulations d’intérêt et à la détermination de l’indice de référence afin de conserver une certaine maîtrise sur le taux d’intérêt du crédit 31 Merci de votre attention ! Frédéric Gros Jones Day 120, rue du Faubourg Saint-Honoré 75008 Paris Tél. 01 56 59 39 39 [email protected] 32