Biographie de Charles Cros

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Biographie de Charles Cros
Biographie de Charles Cros
(1842-1888)
Né à Frabrezan, dans l'Aude, en 1842, Charles Cros reçoit une éducation soignée de la part de son père,
lui-même issu d'une famille de professeurs. Dès son adolescence, il étudie le sanscrit, l'hébreu, mais aussi la
musique et les mathématiques. Cros eut d'ailleurs une très riche carrière d'inventeur : avant même Edison, il
imagina le principe du phonographe et il fut le premier à créer des épreuves photographiques en couleur. Cros créa
également un télégraphe automatique de manière plus fantaisiste. Son grand père, Antoine Cros, était "professeur
de belles lettres" et traducteur de Théocrite. Charles se rappelle en quelques vers ce grand-père :
« Vous faisiez des vers très doux
D'après le doux Théocrite,
« L'Oaristys! ». C'est de vous
Qu'en faisant ces vers, j'hérite. » (Guy-Charles Cros).
Antoine Cros, père du poète, docteur en droit et philosophe, enseigne dans les collèges avant d'être exclu de
l'Université en 1849, à cause de ses idées républicaines. Il dirige les humanités de son fils : langues modernes et
anciennes, dont le sanskrit, les mathématiques et la musique. Après son baccalauréat, obtenu en 1859, Charles
entreprend des études de médecine qu'il n'achève pas.
Charles a une sœur, Henriette, et deux frères : Antoine, médecin, qu'il assiste pendant l'épidémie de choléra
en octobre 1865, et Henry, sculpteur et céramiste, grâce auquel il se lie avec les impressionnistes, Manet entre
autres, dont l'influence se fait sentir dans sa poésie.
A partir de 1867, il fréquente différents cercles où se côtoient artistes et intellectuels en marge. Il rencontre
alors Nina de Villard, qui devient sa maîtresse en 1868 : cette jeune femme reçoit dans son salon de jeunes artistes
dont beaucoup se rallieront à la Commune. Pendant le Siège de Paris, en 1870, Verlaine l'héberge. Pendant la
Commune, il est aide-major. Cette année-là, en 1871, il rencontre Rimbaud qu'il accueille avec Verlaine. Sa
liaison orageuse se poursuit avec Nina, jusqu'à la rupture en 1877. Il rencontre chez elle, notamment, Jean
Richepin et Germain Nouveau en 1875.
En 1878, Charles Cros épouse Mary Hjardemaal dont il a deux fils, Guy-Charles (1879-1956) et René (18801898). Sa santé commence à se ressentir de sa vie de bohème et de l'absinthe. En 1884 meurt Nina de Villard.
L'année suivante multiplie les épreuves : son alcoolisme s'aggrave, sa femme tombe malade, et sa situation
financière n'est guère florissante, au point que sa bibliothèque est vendue aux enchères publiques. Il meurt le 9
août 1888.
Le poète inventeur
Largement autodidacte, il partagea le goût de son temps pour le progrès et la technique : en 1865, il projette
la construction d'un télégraphe au Pérou. Lors de l'exposition universelle de 1867, il expose un télégraphe
automatique. La même année, il travaille à un projet de reproduction des couleurs, des formes et des mouvements.
Il pressent le cinéma, le journal parlé. En 1869, il publie la Solution générale du problème de la photographie des
couleurs. En 1876, il réalise ses premières épreuves de photographie en couleurs. Ses recherches portent
également sur le son : en 1877, il propose à l'Académie des sciences ses travaux sur le principe de l'enregistrement
des sons. Au même moment, Edison fait connaître son invention, le phonographe. Il poursuit ses travaux
scientifiques, prépare des communications pour les Sociétés savantes, envoie ses notes à l'Académie des Sciences,
jusqu'à la fin de sa vie. En 1882, il réalise une épreuve en couleurs de Jeanne de Manet. L'œuvre scientifique de
Charles Cros a souvent été moquée, même par ses amis. Il n'en reste pas moins que Cros était respecté dans les
milieux scientifiques et l'Académie des Sciences a publié diverses de ses contributions dans ses Comptes rendus
hebdomadaires. En 1874, le Comte Th. Du Moncel, autorité en matière de télécommunications, fait l'éloge de son
télégraphe autographique. Sa description d'un "procédé d'enregistrement et de reproduction des phénomènes
perçus par l'ouïe", déposée le 16 avril 1877 à l'Académie des Sciences, anticipe bel et bien l'invention du
phonographe par Edison. Ses travaux sur la photographie en couleurs sont également reconnus comme des
contributions importantes.
Vie littéraire
Charles Cros mène une vie de bohème, il se lie avec de nombreux artistes, dont Verlaine. Nina de Villard, sa
maîtresse, tient un salon où se rencontrent de jeunes artistes. Il fait ses débuts poétiques dans L'Artiste en 1869. En
1870, de nombreux poèmes du Coffret de Santal voient le jour. Le recueil paraît en 1873, l'année d'Une Saison en
enfer . Il collabore au Tombeau de Théophile Gautier. En 1874, il est pour un temps rédacteur en chef de La Revue
du monde nouveau, et publie Le Fleuve, avec des eaux-fortes de Manet. En 1876, il publie les Dixains réalistes,
La même année, il rencontre le comédien Coquelin cadet et commence à écrire des monologues.
En 1879, Charles Cros collabore à des revues comme L'Hydropathe et Le Molière, et réédite Le coffret de
santal, qui lui a valu le prix Juglar. Jusqu'à la fin de sa vie, il continue à collaborer à diverses revues, et écrit de
nombreux monologues, dont certains sont publiés. Pourtant, à sa mort en 1888, la plus grande partie de son œuvre
reste inédite.
Bien plus tard, Robert Desnos et Aragon rendent hommage au poète et à son rôle dans la littérature.
« La gloire d'un grand mort ne dépend pas autant qu'on le suppose du caprice des vivants. Un peu plus tôt, un
peu plus tard, les noms qui méritent de survivre émergent de l'oubli pour s'ancrer dans la mémoire des hommes. »
(Guy-Charles Cros)
Prix Charles Cros: Fondée peu après la guerre, en 1947, sous la présidence de Marc Pincherle, l’Académie
Charles Cros défend la diversité musicale, veille à la préservation de la mémoire sonore, soutient la création, le
développement de carrière des artistes, l’esprit d’entreprise et le courage des éditeurs graphiques et
phonographiques.
Œuvre de Charles Cros
Choix de cinq poèmes :
Chanson perpétuelle : la vie idéale
Une salle avec du feu, des bougies,
Des soupers toujours servis, des guitares,
Des fleurets, des fleurs, tous les tabacs rares,
Où l’on causerait pourtant sans orgies.
Au printemps lilas, roses et muguets,
En été jasmins, œillets et tilleuls
Rempliraient la nuit du grand parc où, seuls
Parfois, les rêveurs fuiraient les bruits gais.
Les hommes seraient tous de bonne race,
Dompteurs familiers des Muses hautaines,
Et les femmes, sans cancans et sans haines,
Illumineraient les soirs de leur grâce.
Et l’on songerait, parmi ces parfums
De bras, d’éventails, de fleurs, de peignoirs,
De fins cheveux blonds, de lourds cheveux noirs,
Aux pays lointains, aux siècles défunts.
Destinée
Quel est le but de tant d’ennuis ?
Nous vivons fiévreux, haletants,
Sans jouir des fleurs au printemps,
Du calme des nuits.
Pourquoi ces pénibles apprêts,
Ces labeurs que le doute froid
Traverse, où nous trouvons l’effroi ?
Pour mourir après ?
Mais non. L’éternelle beauté
Est le flambeau d’attraction
Vers qui le vivant papillon
Se trouve emporté.
Mais souvent le papillon d’or
Trouve la mort au clair flambeau,
C’est ainsi qu’en plus d’un tombeau
La vérité dort.
Ceux qui suivent retrouvent-ils
Ces pensers éteints au berceau ?
Quel ruisseau redit du ruisseau
Les rythmes subtils ?
Les langues
Le russe est froid, presque cruel,
L'allemand chuinte ses consonnes ;
Italie, en vain tu résonnes
De ton baiser perpétuel.
Dans l'anglais il y a du miel,
Des miaulements de personnes
Qui se disent douces et bonnes ;
Ça sert, pour le temps actuel.
Les langues d'orient ? regret
Ou gloussement sans intérêt.
Chère, quand tu m'appelles Charles,
Avec cet accent sang pareil
Le langage que tu me parles,
C'est le français, clair de soleil.
Aux imbéciles
Quant nous irisons
Tous nos horizons
D'émeraudes et de cuivre,
Les gens bien assis
Exempts de soucis
Ne doivent pas nous poursuivre.
On devient très fin,
Mais on meurt de faim,
A jouer de la guitare,
On n'est emporté,
L'hiver ni l'été,
Dans le train d'aucune gare.
Le chemin de fer
Est vraiment trop cher.
Le steamer fendeur de l'onde
Est plus cher encor ;
Il faut beaucoup d'or
Pour aller au bout du monde.
Donc, gens bien assis,
Exempts de soucis,
Méfiez-vous du poète,
Qui peut, ayant faim,
Vous mettre, à la fin,
Quelques balles dans la tête.
Commentaire de La Vie idéale :
On observe dans ce poème le style baudelairien du fait de l'allusion au paradis que l'on retrouve
tout au long du poème. Ce paradis semble inaccessible à cause de sa perfection. On retrouve
certains éléments tels que le feu, signe de connaissance et de confort, mais aussi les fleurs, signe de
fertilité et hommage aux Fleurs du Mal de Charles Baudelaire. Le poème ne fait référence qu'au
printemps et à l'été, saisons des amours et de la détente. Notion de pureté (plaisir sans orgie).
Musicalité du poème (guitares). Correspondance horizontale avec les parfums provenant des fleurs
de printemps. Le mot « Muse » signifie un paradis pour poète. Le poème évoque aussi la fuite du
temps présente à la fin du poème.
Bibliographie/sitographie
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Charles Cros, Tristan Corbière, Œuvres complètes, éditions Gallimard, 1970
http://fr.wikipedia.org
http://www.toutelapoesie.com
http://www.alalettre.com
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