Canal Seine-Nord : ce coup-ci, on va creuser

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Canal Seine-Nord : ce coup-ci, on va creuser
Canal Seine-Nord : ce coup-ci, on va
creuser...
mercredi 06.04.2011, 05:20 - La Voix du Nord
| TRANSPORT FLUVIAL |
Il va falloir attendre encore un chouïa pour le premier coup de pelle mais disons que l'essentiel est dans la
poche. Hier à Nesle (Somme), Nicolas Sarkozy a donné son feu vert présidentiel à la construction du canal
Seine-Nord. La plupart des décideurs de notre région poussent un « ouf » de soulagement.
PAR PIERRE-LAURENT FLAMEN
[email protected] INFOGRAPHIE GIEM ET PHOTO PHILIPPE PAUCHET
C'est un canal dont les méandres se perdent dans l'histoire. Un serpent de mer, une Arlésienne. Un trait d'union
de 106 km entre la Seine et le Benelux qui ont fait rêver plus d'un politique. Oui mais voilà, un tel canal, ça se
creuse à grands coups d'argent sonnant et trébuchant. Environ 4,4 milliards d'euros. Une somme. Alors depuis
dix-huit ans (au moins), l'État et les collectivités territoriales se renvoient la balle sur leurs financements
respectifs.
Hier à Nesle, lors d'une table ronde sur l'avenir du transport fluvial, Nicolas Sarkozy est venu siffler la fin de la
récréation. Répondant ainsi aux inquiétudes nourries ces derniers temps par les milieux économiques et du
conseil régional du Nord - Pas-de-Calais qui craignaient que le projet ne soit définitivement noyé par des
questions budgétaires.
Bouygues ou Vinci ?
« La réponse d'un pays à la crise, a expliqué le président, c'est l'investissement. C'est justement parce qu'il y a la
crise qu'il faut faire ce projet. » Et d'ajouter : « Ça fait un demi-siècle qu'on dit que le transport fluvial, c'est
formidable. Ça fait un demi-siècle qu'on n'a pas creusé un centimètre de canal. » Concrètement, la question qui
se posait encore hier était de savoir quand serait lancée la procédure de dialogue compétitif entre Bouygues et
Vinci, les deux entreprises candidates à la construction puis à l'exploitation du futur canal. Réponse
présidentielle : « On le lance aujourd'hui. On a 97 % du financement qui est là, il faut attendre 100 % pour le
lancer ? Dans le courant de l'année prochaine, on choisira. On met le canal en service en 2016-2017. »
Applaudissements nourris d'une assistance conquise d'avance.
Le chantier pourrait donc débuter fin 2012. À la grande joie d'Alain Gest, député de la Somme et
accessoirement président des Voies navigables de France (VNF) : « Il s'agit d'une avancée déterminante dans
un projet immense. C'est un chantier qui emploiera 4 500 à 5 000 personnes pendant les travaux. Un projet
économique et écologique qui pourrait entraîner la création de 25 000 emplois à l'horizon 2025. » Comment
créer ces emplois ? D'abord par la construction de ports multimodaux le long des 106 kilomètres du canal. Où
se trouveront ces ports intérieurs ? À Longueil-Sainte-Marie près de Compiègne, à Noyon, à Nesle et chez
nous, à Marquion près de Cambrai. Ce sont 3 200 emplois qui sont ainsi attendus. Si tout se passe selon les
voeux de VNF, les autres emplois devraient « être créés dans la logistique, l'industrie et le transport ». Dans les
ports, comme à Dunkerque, aussi.
À condition, bien entendu, de ne pas regarder passer les barges. C'est en ce sens que Daniel Percheron, le
président du conseil régional Nord - Pas-de-Calais, est intervenu hier. L'homme qui met tout de même 220
millions d'euros sur la table, a interrogé le président sur les manières d'accompagner le développement
économique lié au canal Seine-Nord. Et de réclamer les fruits d'un péage qu'acquitteraient les camions de
passage dans notre région.
En moins,500 000 camions
Réponse du président Sarkozy à un autre président : « Ça ne servirait à rien de faire une grande infrastructure si
une fois réalisée, on la laisse en plan. Le canal n'est pas une fin en soi (...), il faut réfléchir à ce qu'on en fera.
(...) Je propose que nous créions un groupe de travail dès maintenant pour voir comment on le fait vivre. » En
attendant d'autres grandes décisions, le canal Seine-Nord pourrait épargner quelque 500 000 camions par an sur
les routes, notamment sur l'A1. D'où la joie non contenue du président Sarkozy : « Ce canal, il y a tous ceux qui
en auront parlé et nous, on l'aura fait. » •
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