Quelle majorité pour décider des travaux ? Simple, double, absolue
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Quelle majorité pour décider des travaux ? Simple, double, absolue
Quelle majorité pour décider des travaux ? Simple, double, absolue, qualifiée. La notion de majorité au sein de l’assemblée des copropriétaires semble être à géométrie variable. Qu’en est-il exactement lorsque des travaux doivent être entrepris ? Selon le principe général en matière de PPE, les décisions se prennent à la majorité simple des membres présents ou représentés à l’assemblée. Tel est notamment le cas pour l’exécution des travaux de construction nécessaires. Par travaux nécessaires, il faut entendre les travaux d’entretien, de réparation ou de réfection, pour autant qu’ils soient, selon l’art. 647c CC, « indispensables pour le maintien de la valeur ou de l’utilité de la chose ». Prenons à titre d’exemple la réfection des façades ou de toute autre partie commune de l’immeuble. Plusieurs dispositions légales dérogent toutefois au principe du vote à la majorité simple et prévoient, selon les cas, l’unanimité, la double majorité, voire la majorité absolue. L’unanimité des copropriétaires est prescrite pour les actes importants qui concernent l’ensemble de la communauté. Rentrent notamment dans cette catégorie les travaux somptuaires soit, selon l’art. 647e CC, « les travaux de construction destinés exclusivement à embellir la chose, en améliorer l’aspect ou en rendre l’usage plus aisé ». La construction d’une piscine ou la pose d’une statue entrent dans cette catégorie. Bien que l’unanimité soit exigée, les travaux décidés à la double majorité peuvent tout de même être exécutés, pour autant que l’opposant ne soit pas durablement entravé dans son droit d’usage et de jouissance de la chose. De plus, les autres copropriétaires doivent l’indemniser de l'atteinte portée à ses droits et prendre en charge sa part de frais (art. 647e al.2 CC). La double majorité ou majorité qualifiée, c'est-à-dire la majorité des copropriétaires présents ou représentés, représentant en outre plus de la moitié des millièmes, est notamment nécessaire selon l’art. 647d CC, pour « les travaux de réfection et de transformation destinés à augmenter la valeur de la chose ou à améliorer son rendement ou son utilité ». Cet article vise les travaux de réfection ou de transformation utiles, mais pas indispensables. L’installation d’un ascenseur et la construction de garages sont des exemples typiques. Chaque copropriétaire a toujours un droit de veto lorsque les travaux envisagés auraient pour effet de le gêner notablement et durablement, ou de compromettre le rendement de la chose. De même, si les dépenses découlant de ce type de travaux étaient disproportionnées par rapport à la valeur de sa part, un copropriétaire pourrait également s'y opposer à moins que la communauté des propriétaires ne déclare prendre à sa charge sa part de frais en tant qu'elle dépasse la part qui peut lui être demandée. Le quatrième mode de majorité est celui de la majorité absolue de tous les copropriétaires (présents, représentés ou absents). Ce principe s’applique dans de rares cas, notamment en matière de décision pour l'ouverture d'une action en exclusion d'un copropriétaire. Sous réserve de quelques exceptions, les conditions légales de majorité sont de droit dispositif, cela veut donc dire que les règlements de PPE peuvent aggraver ces conditions, assurant ainsi une meilleure protection des minorités. En revanche, la possibilité d’un allégement, qui remettrait en cause la protection des copropriétaires minoritaires, est controversée. Quoiqu’il en soit, avant toute décision d’entreprendre des travaux, il est conseillé une lecture approfondie du règlement de PPE. Il est également important que l’administrateur soit une personne compétente ayant suivi une formation telle que le brevet fédéral ou le diplôme d’administrateur de biens immobiliers, par exemple. Didier JOUVAL Régie immobilière Jouval SA NB : Pour en savoir plus, vous pouvez commander « le guide de la propriété par étage » édité par la CIN (032/729.99.90)