Journal du management, coaching et conseil en recrutement
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Journal du management, coaching et conseil en recrutement
Avril - Mai - Juin 2004 u rd Merlane au cœu MERLANE AU CŒUR DU MANAGEMENT, Editorial Editorial Bien avant le rapport Quintreau présenté en 2001 au Conseil Economique et Social qui a contribué à lancer le débat, les démographes, prévisionnistes, économistes, chercheurs, nous alertaient déjà sur les évolutions structurelles de la population française, son vieillissement général et plus particulièrement celui de la population salariée. Face à une culture managériale ou "tout ce qui est jeune est innovant et adaptable" les départs massifs des papy boomers en retraite dès 2005 peuvent apparaître comme une opportunité de renouvellement des pyramides des âges et des compétences de nos entreprises. Mais la difficulté du transfert des savoir-faire, l'apprentissage des "tours de mains" qui s'inscrit dans la durée, l'inadaptation ou le manque de réactivité des réponses de l'appareil de formation aux besoins des entreprises laissent entrevoir des risques sérieux de pénurie des talents ; la concurrence entre secteurs et entre entreprises elles-mêmes peut entraîner un mouvement d'inflation et de surenchère des salaires. Par ailleurs, le changement du contexte légal après la réforme de la retraite vient transformer la donne par le prolongement de la durée de vie au travail. S'agit-il d'un simple problème de flux entrées-sorties sur le marché du travail ? Est-ce vraiment un risque ou une opportunité pour les entreprises ? Quand on approfondit l'analyse, la situation apparaît en réalité beaucoup plus complexe. En effet, de nombreuses variables structurelles entraînent de fortes disparités et de nombreuses diversités dans les prévisions. Les leviers de créations/destructions d'emplois sont très différents entre des secteurs comme par exemple l'automobile, le textile et les services à domicile. De même la rotation du personnel est très différente entre la grande distribution, l'hôtellerie restauration, la construction et les télécommunications. Les situations sont particulièrement contrastées selon les bassins d'emploi, l'attractivité régionale provoque des mouvements migratoires significatifs. Cette diversité se rencontre également dans l'entreprise selon les métiers ou les structures de qualifications que l'on analyse. D'autres variables encore, peut-être plus "conjoncturelles" vont toucher le marché des compétences. La taille d'une entreprise dans un bassin d'emploi, son attractivité peut transformer momentanément les PME-PMI locales en véritable vivier de compétences formatrices de talents pour les autres ! Les conditions d'emploi et la pénibilité physique et mentale des missions confiées, les évolutions des mentalités des nouvelles générations au travail, les flux migratoires internationaux et l'arrivée de compétences compétitives des pays nouveaux entrant dans l'Union Européenne ou les délocalisations compliquent encore la pertinence des prévisions. Le contexte économique, enfin, et le rythme de la croissance vont accélérer ou freiner les effets évoqués. Toutes ces réflexions générales tendent à montrer qu'une solution globale et unique a peu de sens. On s'oriente donc vers des démarches "sur mesure", au cas par cas, qui incitent les entreprises à reconsidérer les formes de gestion de leurs ressources humaines à toutes les étapes de la vie professionnelle. Comment attirer et conserver les jeunes ? Comment manager les quadras qui voient leurs possibilités d'évolution retardées ? Comment remotiver les quinquas qui voient leur horizon de départ reculé ? Comment mieux organiser la transmission des compétences, des savoir-faire ? Quels investissements formation…? Autant de questions qui ont été abordées lors de notre journée d'étude du 11 décembre à Paris qui a mobilisé plus de 30 spécialistes, professionnels, chercheurs, institutionnels, consultants et une centaine de représentants d'entreprises. Ce numéro spécial gestion des âges s'en fait l'écho, qu'ils en soient ici remerciés. Jean-Claude MERLANE Président - Directeur général de MERLANE JOURNAL D'INFORMATION DE MERLANE L A I C E SP S E G A S E D N ESTIO G S O M M A I R E • Entretien avec Catherine BARBAROUX............................................................... p 1 • Témoignages et points de vue .................................................................... p 2 - 10 • Le choc démographique : .......................................................................... p 6 - 7 des effets plus ou moins prévisibles • La vie du groupe ...................................................................................... p 11 - 12 Catherine BARBAROUX Déléguée Générale à l’Emploi et à la Formation Professionnelle, Ministère des Affaires Sociales, du Travail et de la Solidarité PASSER DU DIAGNOSTIC À L’ACTION A partir de 2005, et ceci pendant au moins 20 ans, entre 200 et 250 000 personnes de plus partiront à la retraite chaque année. Ces volumes représentent une rupture forte par rapport à la situation connue jusqu’à maintenant. Nous avons en France la chance de voir arriver de nombreux jeunes sur le marché du travail... Mais nous sommes dans le peloton de queue en termes de taux d’activité des travailleurs vieillissants (au-delà de 50 ou 54 ans selon les outils statistiques) : 39% en France alors qu’en Suède par exemple il est supérieur à 60%. L’Union Européenne s’est donnée 50% pour objectif. Il faut prendre dès aujourd’hui des initiatives. Avoir de la main d’œuvre qualifiée sur le marché du travail est un enjeu majeur pour la croissance européenne. Nous travaillons, au ministère, en étroite collaboration avec le conseil d’orientation des retraites. Aujourd’hui nous avons une première satisfaction : nous avons fait partager le constat par les entreprises. Même si nous n’avons pas encore obtenu de passage à l’acte, nous sommes confiants dans ce premier niveau de sensibilisation qui doit faire bouger les choses. Il faut maintenant passer du diagnostic au plan d’action. Les entreprises qui vont savoir s’y mettre seront plus compétitives demain, c’est une certitude. n•10 2 • MERLANE AU CŒUR DU MANAGEMENT N°10 - Spécial Gestion des Ages (Interview de Catherine BARBAROUX suite) Jean-Louis CHAUZY Président du Conseil Economique et Social de Midi-Pyrénées. Par quelle alchimie bizarre, est-on un travailleur vieillissant et un retraité actif ? Nous avons tous une part de responsabilité à assumer sur cette vision. Or, elle doit changer. Le mouvement a été difficile pour les organisations syndicales, qui étaient porteuses d’aspirations fortes des salariés à la préretraite et ont du faire un effort important pour intégrer les nouvelles donnes : • les UNEDIC ont réduit les filières d’indemnisation des plus de 55 ans et seront amenées à les réduire encore • l’investissement formation a été relancé pour les plus de 45 ans ou pour ceux qui ont plus de 20 ans d’ancienneté dans les entreprises (projet de loi). dispositifs de Validation des Acquis d’Expérience (VAE) • les OPCA (gestionnaires de fonds de formation continue) feront des investissements Il a affirmé sa nouvelle politique, basée sur la rareté des aides. Nos prédécesseurs manipulaient des milliers de mesures d’aide. • Il y avait plus de 50 000 AFSNE lorsque j’ai pris mon poste. Nous en avons 7200 aujourd’hui, très ciblés sur l’entreprise en redressement judiciaire, les PME qui n’ont pas la possibilité de faire un plan social…Ce n’est plus un instrument de retraite anticipée de masse. Les préretraites sont supprimées à partir du premier janvier 2005. La mise à la retraite à 60 ans n’est plus possible sans accord de branche. Les préretraites « maison » seront surtaxées au regard des cotisations sociales. • Un appui conseil à la gestion prévisionnelle des Emplois et Compétences a été créé. Le décret est sorti en juillet et la mise en œuvre se fera en 2004. Il est aussi prévu que les consultants développent des outils d’accompagnement Priorité à la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences dans les bassins d’emploi et la Région. Malgré les progrès technologiques dont bénéficient notre pays et ses décideurs, il y a eu très peu d’anticipation, du côté des pouvoirs publics et des entreprises, pour faire face aux conséquences du futur choc démographique. Ne pas être capable d’anticiper sur des sujets aussi prévisibles : quel paradoxe étonnant ! Le sujet est redevenu d’actualité à l’occasion du débat public sur les retraites mais peu de choses ont été préparées. Un des exemples les plus flagrants est celui de la pénurie de compétences dans le secteur de la santé. Alors que la durée de la vie s’allonge, notre démographie change et on manque de plus en plus de médecins, spécialistes, généralistes en milieu rural et urbain et d’infirmières. Dans certains secteurs d’activité, nous courons le risque de la surenchère salariale des donneurs d’ordres vis-à-vis des sous-traitants en faveur des jeunes diplômés. Ce sont les grandes entreprises qui ont le plus de chance de coopter ces « jeunes matières grises ». Globalement, on ne s’est pas préparé, en particulier concernant les conséquences des départs massifs à la retraite sur le déséquilibre de la pyramide des âges en entreprise. Laisser partir les gens trop tôt est un non sens. Or, cet équilibre prédétermine le niveau de cohésion et de motivation dans l’entreprise. Il y a tout de même quelques industriels qui ont une certaine visibilité. Ceux dont les marchés obligent à voir à long terme, comme l’aéronautique par exemple. Une de mes préoccupations, à mon échelon de responsabilité, est d’identifier les compétences existantes en région MidiPyrénées afin de nourrir un dialogue territorial pour mieux préparer l’avenir, même si le bassin de recrutement dépasse largement les frontières de la région et s’étend à Paris, voire à toute l’Europe. Pour l’assemblée que je préside, c’est un champ d’expérimentation nouveau. Il faudra convaincre que le dialogue économique et social, c’est certes des accords de branches, mais c’est aussi le territoire où l’on vit. Un de nos axes de travail et un de nos enjeux forts pour 2004 est de voir naître un accord global afin d’avoir une vraie gestion prévisionnelle des emplois et des qualifications au niveau des bassins industriels de Midi-Pyrénées. L’objectif est de réorienter ensuite en conséquence les filières de formation au plan régional. • l’ANACT a vu son contrat d’objectif voté à l’unanimité, renouvelé par l’ensemble des partenaires sociaux et consacrera plus de 30% de ses moyens à l’accompagnement. Toutes les régions ne sont pas identiques. Selon les statistiques du BIT qui prennent en compte les 50/64 ans, la moyenne nationale est de 50% mais en Ile de France elle est de 57% et en Languedoc Roussillon de 40% par exemple. Isabelle TARTY Docteur en sociologie, Chercheur GERF-CNRS. Les chiffres les plus bas ne correspondant pas forcément à des territoires déprimés. Dans le Limousin par exemple, il y a un problème de création d’activité même si la région est dynamique. En France, passé 50 ans, on est très souvent considéré comme trop vieux pour travailler mais, en même temps, trop jeune pour prendre sa retraite. Le plus difficile sera de traiter la pénibilité dans le travail tertiaire : la qualité de service, la relation au client,.. Certains salariés ont déjà suivi dans leur carrière quatre à cinq remises en question de leurs méthodes de travail, des process, des comportements à mobiliser. Des expériences sont faites autour d’une meilleure utilisation du binôme jeunes/vieux, construites d’entrée de jeu sur le rapport intergénérationnel La réalité des dernières années de la vie professionnelle est encore trop ou très souvent la préretraite mais aussi le chômage qui s’apparente souvent pour les plus âgés à une autre forme de préretraite. Malgré l’ampleur des débats sur l’allongement de la vie active, la culture du départ anticipé est encore bien installée et largement partagée. Il existe quantité de dispositifs de retrait du marché du travail participant largement à la stigmatisation des plus de 50 ans, perçus comme inemployables, trop vieux pour travailler, bons pour le retrait du marché du travail. Ainsi, grâce à la législation, les sorties précoces sont apparues de plus en plus légitimes. C’est une formidable occasion de recréer une vision stratégique de la DRH. Alors même que le consensus social autour de la sortie précoce d’activité comme instrument de lutte contre le chômage est dépassé, il n’a pas empêché le chômage des jeunes ni des plus « âgés ». Seules des projections de pénuries de main d’œuvre à venir, au regard des vagues massives de départ à la retraite pourront peut-être modifier la donne. MERLANE AU CŒUR DU MANAGEMENT N°10 - Spécial Gestion des Ages • François MICHAUX Responsable des Etudes Prospectives et Planification, RENAULT. Un exemple d’anticipation dans le secteur automobile. En ce qui concerne Renault SAS, l’engagement de la Direction Générale de faciliter l’emploi des seniors se manifeste à plusieurs niveaux : Le recul progressif de l’âge de départ des cadres a été initié dès les années 1990 avec le non accès de ces salariés aux mécanismes de pré retraite, puis, à partir de 1998 avec l’affichage d’un objectif de départ à 65 ans. L’annonce de l’extension de cette démarche à l’ensemble des salariés fait l’objet actuellement d’un travail sur l’accompagnement du recul des départs. Renault est une des entreprises françaises ayant la plus grande expérience dans ce domaine. Cette démarche analyse à la fois la pénibilité physique et cognitive des postes, avec des objectifs chiffrés de réduction de cette pénibilité, et pour conséquence, le maintien en activité plus longtemps des opérateurs sur chaîne. L’âge moyen de départ en retraite pour ces personnels a reculé de 2 ans sur les 8 dernières années. On ne traite pas le problème de l’allongement de la vie professionnelle de la même manière dans des métiers à forte pénibilité et dans des métiers moins "durs". Il en est de même dans des secteurs où les évolutions technologiques sont fortes et rapides et dans des domaines arrivés à maturité. Un travail a permis d’identifier dans les métiers de la société 73 "mailles compétences". Pour chacune de ces mailles, une équipe a été désignée pour prendre en charge l’évolution de cette compétence et sa bonne maîtrise. La question du vieillissement y est traitée de façon spécifique. Jean-Louis CURTIL Directeur des Ressources Humaines, Caisse d’Epargne de Midi-Pyrénées. Gérer les âges de façon globale. Aujourd’hui, beaucoup d’entreprises sont dans une situation apparemment contradictoire : d’un part, elle gèrent souvent des départs consensuels en fin de carrière, un peu avant 60 ans et compte tenu des tensions à venir sur le marché de l’emploi, elles doivent se préoccuper de mesures nécessaires à l’allongement de la vie professionnelle. Mais procéder à ces départs, qui peuvent faire l’objet de remplacements, dès maintenant, nous permet de nous mettre à l’abri de départs massifs dans le futur et d’embaucher aujourd’hui sans problème particulier. L’inconvénient majeur de cette pratique est de véhiculer et de renforcer l’idée que l’on peut partir avant 60 ans alors même qu’il se pourrait (incertitude mais présentée comme telle) que la tension sur le marché de l’emploi devienne tellement forte que nous aurons du mal à embaucher à l’avenir. C’est pourquoi, la Caisse d’Epargne Midi-Pyrénées va réaliser en 2004 une analyse fine de ses effectifs. Ce qui nous permettra d’avoir une vision extrêmement précise des structures d’âges dans chacun de nos métiers et d’imaginer des réponses très ciblées en fonction de la distribution des populations. Les caisses d’épargne ont la culture du départ anticipée, lié au statut des salariés. C’est également le cas en Midi-Pyrénées. La modification de nos régimes de retraite entraîne une contrainte financière pour les collaborateurs, puisque le niveau des retraites sera moins favorable que par le passé ; ce qui les poussera à rester plus longtemps. Notre difficulté majeure réside dans le changement culturel que nous devons vivre et dans la capacité de l’entreprise et de son management à tenir un discours différent et à inverser la tendance. Je ne parle pas que du top management seul mais de l’ensemble des lignes managériales de l’entreprise, là est le vrai challenge. Ma conviction profonde est que la question de l’allongement de la vie professionnelle ne pourra se traiter que si l’on est capable, grâce à une réflexion sur l’organisation de la gestion des ressources humaines dans l’entreprise, de mieux gérer globalement tous les collaborateurs, quel que soit leur âge, sans faire de discrimination positive en faveur des salariés plus âgés. Tout est dans le regard que l’entreprise va poser sur les salariés qui ont 50 ans et plus. Jérôme GIMENEZ Directeur des Ressources Humaines, Groupe PIERRE et VACANCES. Gérer une contrainte externe pour en faire une opportunité. La problématique démographique se posera pour nous aussi. Mais nous n’aurons pas de départ manifeste entre 2005 et 2020, à part quelques cadres. L’enjeu se situe plutôt dans la fidélisation de nos collaborateurs Les entreprises attractives dans le secteur des services et d’autres secteurs vont venir solliciter nos collaborateurs des métiers informatique, comptables, commerciaux. Depuis 2/3 ans nous adaptons nos politiques pour tenir compte de ces nouvelles donnes. Il s’agit de les attirer, de les fidéliser… Si les activités touristiques font rêver, certains emplois restent peu attractifs. Nous travaillons sur la gestion par les compétences, la gestion des carrières…… Nous cherchons aussi à développer notre marque employeur, à progresser en attractivité. Nous affichons notamment des valeurs d’intégration de la diversité vis-à-vis des confirmés, les cadres de 40/42 ans, arrivés à un certain niveau de la hiérarchie, pour les fidéliser… Attention à l’appel d’air externe et à la pression accrue en interne. L’enjeu est de garder ceux qui pourraient nous quitter et de savoir quelle place leur donner. 3 4 • MERLANE AU CŒUR DU MANAGEMENT N°10 - Spécial Gestion des Ages Gérard DEDIEU Chargé de Mission, MIDACT (Agence Régionale pour l’Amélioration des Conditions de Travail de Midi-Pyrénées). L’impact du choc démographique en Midi-Pyrénées. La situation démographique de Midi-Pyrénées la place dans les 4 régions de France où la tranche des plus de 60 ans dépasse 25% de la population (avec Limousin, PoitouCharentes et Auvergne) en même temps que la part des moins de 25 ans ne dépasse pas 28% (avec Limousin, Corse et Auvergne). Compte tenu de ces éléments et de la place importante qu’occupent les petites entreprises dans la région Midi-Pyrénées, il apparaît utile de définir des moyens d’action permettant de traiter cette question. C’est pourquoi le MIDACT a réalisé une étude régionale en Midi-Pyrénées qui a pour objectif de dresser un état des lieux sur la question de la gestion des âges, pour les entreprises de moins de 150 salariés. Cette étude a bénéficié d’un financement de la DRTEFP Midi-Pyrénées et du FSE. Elle s’est appuyée en particulier sur un soutien technique de l’INSEE Midi-Pyrénées. Au terme de cette étude globale de la région, quelques enseignements semblent se dégager : - la région Midi-Pyrénées ne semble pas souffrir d’un vieillissement de la population active, sur l’échantillon étudié, contrairement à ce qui concerne sa population globale, - toutefois justement, la faible part d’effectifs dans les tranches d’âges au-delà de 50 ans (15%) semble témoigner d’une pratique de départs anticipés assez largement utilisée, - ces départs précoces semblent d’autant plus réels que la taille des entreprises est importante, ou, en tous cas, ce sont les plus petites qui maintiennent dans l’emploi une part importante de salariés âgés, - la Haute-Garonne (qui représente 47% des effectifs) apparaît comme un département à la population active relativement plus jeune que celle des 7 autres départements, - dans la catégorie des cadres, les plus de 50 ans représentent 1 actif sur 4 (alors qu’ils ne sont que 1 sur près de 7 dans les autres catégories), - de fortes différences de situation apparaissent entres secteurs mais également au sein d’un même secteur d’activité. Gérard DELLAVALLE Directeur des Ressources Humaines LIEBHERR AEROSPACE. Quel "choc" démographique ??? Il ne faut pas exagérer, ni minimiser la portée et l’impact des départs à la retraite des "papy-boomers". Il n’existe aucune recette miracle pour résoudre le problème, l’anticipation est le maître mot. Chez LIEBHERR, à Toulouse, nous avons renversé la tendance des départs anticipés (entre 55 et 60 ans), quelle que soit la forme juridique qu’ils prenaient, depuis plusieurs années déjà. Ce que bon nombre d’entreprises n’ont pas encore fait. Le témoignage que je peux apporter, c’est qu’on n’en meurt pas ! Aujourd’hui, nos salariés partent à l’âge normal de la retraite. Je ne suis pas sûr que l’on doive parler d’un "choc" démographique. Un "choc" est un événement brusque et violent. Or, en l’occurrence, ce phénomène ne constitue pas vraiment une surprise ! Le caractère brutal du "choc" ne me semble pas approprié pour une tendance que l’on voit venir depuis que les baby-boomers sont nés ! Voilà bientôt 50 ans que l’information est connue. Les entreprises doivent passer à une logique nouvelle où certaines d’entre elles devront réapprendre à mettre des gens à la retraite. Il faut passer ce cap de 20-30 ans de pratiques inverses. Voilà le vrai enjeu qui nécessite de faire évoluer les mentalités. Jean-Marie PERETTI Professeur ESSEC et IAE CORTE, Président AGRH. Le " Sexa " peut-être " Sexy ". J’ai une conviction... La discrimination par l’âge est dangereuse. Elle se manifeste de deux façons : • Volontaire lorsqu’ elle permet aux DRH de réaliser des économies • Involontaire, quand le manager choisit le plus jeune pour le poste, pour la formation Elle fabrique le sentiment précoce de désengagement, de démobilisation, alors que les seniors ont des atouts : la qualité prime sur la rapidité. Malgré l’évolution du discours, la situation évolue peu sur le terrain : les managers opérationnels donnent rarement leur chance aux anciens sur les défis nouveaux à relever. Les dirigeants doivent se défaire de leur culture du jeunisme. Nous sommes le pays au monde où l’âge est le plus pris en compte. On met l’âge sur le CV, les enquêtes de rémunération prennent ce critère en compte, avec le niveau de diplôme. On se dit facilement que le jeune est parfait et que le senior n’est plus coté à l’argus interne. Il devient nécessaire de mettre en place une vraie gestion de la diversité. Le défi de la gestion des ressources humaines dans les années à venir consistera à redonner à chaque âge ses " avantages compétitifs ". La question de la motivation des seniors à qui l’on demande de rester plus longtemps ne se pose pas de façon aussi accrue que l’on peut le penser. Sur le court terme, il s’agit au maximum de 3 années de prolongation. Certes davantage dans le futur. Mais je ne suis pas inquiet car les comportements sont en train de s’inverser à grande vitesse. Je le vérifie aujourd’hui au quotidien de manière tout à fait concrète. Certes, en fonction de leur situation démographique, certaines entreprises peuvent être confrontées à des départs massifs à un instant donné. Chez LIEBHERR, ces départs sont relativement lissés. Ce qui limite les difficultés de transmission du savoir. Nous avons toujours eu un assez bon mariage entre les jeunes générations qui ont amené du sang neuf et les plus anciennes qui étaient expérimentées, il n’y a jamais eu de clivage générationnel marqué. Le point le plus difficile pour nous a été de passer d’un état où les gens étaient convaincus qu’ils allaient partir à 57 ans et leur dire de rester jusqu’à 60. L’air du temps nous a aidé aussi à passer d’un stade à l’autre, sans heurts marqués. Le recul de l’âge du départ à la retraite est plutôt une chance. On gagne du temps de salariés expérimentés face à la pénurie de compétences qui existe dans certains métiers. Le rallongement de la vie professionnelle vient, d’une certaine manière, compenser les difficultés que l’on pourrait avoir à recruter. MERLANE AU CŒUR DU MANAGEMENT N°10 - Spécial Gestion des Ages • Laurent GONTIER Jacky CHATELAIN Vice-président GRIFAC, Expert en problématiques managériales. Directeur Général APEC. Comment la politique RH va-t-elle s’adapter pour répondre aux attentes des collaborateurs, garder les talents et les intégrer ? Au niveau des ressources humaines, il s’agit d’anticiper les risques de déperdition de compétences, d’identifier les compétences critiques afin de comprendre comment se construit la performance de l’entreprise. Les entreprises ont évolué mais elles ont souvent des DRH construites par métier : la formation, le recrutement, la paie,…. Une des questions posées est celle de la refonte de cette organisation. Il s’agira de passer d’une organisation en cheminée à du matriciel ou transverse. Si les crispations se posent entre DRH et opérationnels, une solution peut être d’intégrer à ces DRH de nouveaux profils : des juristes, des ergonomes, des experts ayant une vision marketing, une vision d’organisation du travail, de l’analyse financière qui pourront participer à enrichir ses travaux. Une réalité sous-estimée. Le choc démographique est une réalité sous estimée par les entreprises, qui prend des formes diverses et qui s’appréhende en termes de risque : déficit de compétences sur un marché de l’emploi tendu. La dévalorisation des compétences en fonction de l’âge par les entreprises (arrêt de l’accès à la formation, une embauche des chômeurs gérée en ne retenant que le critère de l’âge, l’usage pervers de la rémunération des plus de 50 ans)…est encore une réalité à laquelle fait écho l’auto dévalorisation des salariés qui jouent de l’âge pour justifier une sortie anticipée de la vie professionnelle. Quelques pistes d’action peuvent toutefois être dégagées pour prévenir les difficultés à venir : • Appréhender les effectifs de l’entreprise comme une ressource globale et ne plus la segmenter en fonction de l’âge. • Agir sur un plan global (la problématique du territoire et de la collectivité) et sur un plan individuel (celui de l’entreprise). • L’accord sur la formation continue récemment signé est très prometteur. Comment les entreprises vont-elles s’en emparer ? Il faut s’occuper des seniors quand ils ont 30 ans • Il est acquis que l’entreprise ne peut plus ou ne veut plus porter, organiser la carrière de ses salariés comme elle le faisait ou prétendait le faire. Désormais, il appartient à chacun d’être l’acteur de sa vie professionnelle. • L’entreprise n’est plus une fin de la carrière, mais un moyen du parcours professionnel. • Aborder la mobilité sans complexe est la meilleure façon d’anticiper et de fidéliser. • La notion de promotion, et plus encore tout ce qui fait référence à l’ancienneté fait place à la notion de mobilité fonctionnelle dont la finalité est de rendre l’ensemble du gisement Ressources Humaines de l’entreprise, à tous les âges, fluide et flexible, en termes de fonctions et de rôles de façon permanente. Bernard QUINTREAU Rapporteur “Ages et emploi à l’horizon 2010” et “Propositions pour une Politique concertée de Gestion Prévisionnelle des Ages” Groupe CFDT, Conseil Economique et Social. Transformer la contrainte du choc démographique en opportunité. Le « choc » démographique n’a jamais été anticipé (cf les problèmes de crèche, de collège, d’emploi que nous avons connu à partir des années 75) et n’a jamais été vraiment résolu (cf les difficultés pour intégrer les jeunes et les difficultés de maintien des seniors, les premiers plans sociaux dans la sidérurgie dès les années 74/75). On a évité pendant longtemps les questions de réadaptation, de formation en préretraite. Cette population n’a pas été accompagnée et a trouvé ses solutions de façon individuelle : beaucoup de départs, ou des solutions alternatives : les congés longue maladie qui sont des préretraites (ils ont augmenté de 20% en 2002). • Troisième opportunité : le changement d’âge de la population active. La part des plus de 55 ans évolue de plus de 40% entre 2000 et 2010. Notre cœur de population au travail va se déplacer. On avait une seule génération au travail, on va se retrouver avec une majorité de quinquas cohabitant avec des 15/24 ans et des 25/54 : d’où une cohabitation des générations, des relations intergénérationnelles à gérer. • Quatrième point : nous allons connaître une élévation du niveau de formation initiale, pas forcément parallèle aux demandes des entreprises, mais limitant le risque de chômage. J’entrevois pourtant des opportunités en nombre : • Première opportunité, la France est bien placée par rapport aux autres pays européens. Les pays latins connaissent une chute brutale de leur population active. Nous avons un peu plus de temps devant nous pour prendre des mesures. • Deuxième opportunité : les ressources humaines sont plus rares donc à valoriser. On passe d’une situation d’abondance démographique à une situation de rareté, voire de pénurie. La priorité sera dorénavant de valoriser les compétences des salariés à tous les âges. En conclusion, deux scénarii sont envisageables : • Un scénario « noir » se caractérisant par des tensions sur le marché du travail, un chômage toujours important et des conditions d’emploi des salariés « âgés » toujours précaires, • Un scénario « rose » : le développement d’emplois de qualité, l’augmentation du taux d’emploi pour les + de 50 ans, une amélioration des conditions de travail et de la formation pour tous. Luc VALENTIN Directeur des Relations et Affaires Sociales, NATEXIS BANQUES POPULAIRES Motiver les salariés « âgés » pour les garder dans l’entreprise. Natexis fait partie des entreprises qui ont connu depuis 1980 le choc démographique. Nous avons posé les jalons de départ de 98 à 2000. La pyramide n’est pas forcément si problématique que cela… mais elle prouve que nous avons eu une perte de compétences et que cela se perpétuera dans les années à venir. Nous aurons à recruter de 2005 à 2010. En parallèle, nous sommes confrontés à la notion d’allongement des carrières : les collaborateurs de 53, 54, 55 ans doivent être remotivés, ce qui est un vrai souci de communication. Il n’y a pas que l’ascension hiérarchique pour retrouver l’intérêt au travail…. On peut aussi proposer des enrichissements du contenu de poste. Les bilans de carrière spécifiques sont une autre option. Les attentes des salariés plus anciens restent toutefois problématiques : ils attendent des départs anticipés ; ils ne souhaitent pas de mobilité géographique et fonctionnelle ; ils ont une grosse demande de bilans de santé, ils souhaitent que leur entreprise adapte sa façon de les manager à leur nouvelle condition physique alors qu’ils sont gérés sous un format ancien. L’enjeu serait plutôt d’avoir une discrimination positive. 5 6 • MERLANE AU CŒUR DU MANAGEMENT N°10 - Spécial Gestion des Ages Le choc démographique : des effets plus ou moins prévisibles… perçue comme porteuse de sens ou de lien collectif. ans un environnement très perturbé et de plus en plus incertain, les collaborateurs ont besoin de sens pour canaliser leurs efforts ; or l’entreprise doit conduire une réflexion stratégique permanente, adapter ses décisions et pratiquer un pilotage très réactif pour « tirer des bords ». portés par une solide équipe d’encadrement. A la charge, alors, de la fonction ressources humaines d’en assurer le déploiement avec succès. Le choix d’une stratégie de différenciation devient un axe majeur de compétitivité, il s’appuie beaucoup sur le service, et le service, ce sont des attitudes et des comportements !… Le capital immatériel devient de plus en plus stratégique. On a trop tendance à réduire la performance d’une entreprise à sa capacité à dégager du résultat à court terme au détriment d’une vision plus large, intégrant la dimension immatérielle des actifs et l’importance de la capitalisation que représentent les ressources humaines. Or, le choc démographique peut venir modifier la donne. Il peut développer une nouvelle dimension de la concurrence qui passe par « la bataille des talents ». Cette compétition peut se dérouler entre secteurs d’activités mais aussi localement, dans les bassins d’emploi entre secteurs très différents. Dans ces cas, les PME sont celles qui auront le plus de difficultés à recruter ou conserver les talents. De même le « terrain sociologique » n’est pas neutre. Des évolutions profondes vont trouver dans ce choc un effet catalyseur : ■ La montée des aspirations individuelles vers un nouvel équilibre entre la vie au travail et la vie hors travail se combine avec la perte d’attractivité de l’Entreprise, de moins en moins ■ Les attentes et les sources de motivation sont très différentes entre générations et créent des incompréhensions parfois difficiles à réguler selon les caractéristiques de la pyramide des âges de chaque entreprise. Ce contexte « turbulent » et pourtant prévisible (le papy boom est connu depuis 1946 !) impose de prendre position : soit on attend et on subit ses effets, soit on transforme la menace en opportunité. Mais y aura-t-il vraiment choc ? 1/3 de notre vie est consacrée aux loisirs pour cause « d’inaptitude au travail » Ces dernières années nous avons pris l’habitude de faire partir en pré-retraite des salariés qualifiés, « âgés », qui n’avaient guère plus de 57 ans. Nous avons développé pour une classe d‘âge l’idée d’un vieillissement précoce des aptitudes au travail. Le seul « remède » est alors une entrée rapide dans l’univers du loisir ! Ces départs précoces ont été générés par le développement de plans sociaux suite à la dégradation du contexte économique. Les entreprises françaises ont eu tendance, en règle générale, à exclure plus vite les seniors. Dans ce contexte, maintenir aujourd’hui les seniors en activité peut soulever d’importantes difficultés culturelles. Nous sommes arrivés au point de nonretour Depuis les années 2000, nous sommes confrontés aux premiers départs importants de salariés qui ont atteint l’âge de la retraite. Selon la DARES, 478 000 départs en moyenne sont prévus entre 2000 et 2003, 653 000 entre 2005 et 2010. 38% des salariés actuels seraient concernés soit 1 salarié sur 4. Parallèlement, une entreprise sur deux se dit touchée par les effets du vieillissement. Vous avez dit pénurie ? Une enquête de l’Insee montre que l’indice de remplacement de la population en âge de travailler était de 7% en 2000 et sera de –0,1% en 2010 (Indice de remplacement : effectif des 20-29 ans moins effectifs des 55-64 ans en % des 20-64 ans) avec de grandes disparités selon les régions ainsi qu’à l’intérieur même des régions. On peut donc penser que l’on tend vers un risque de pénurie de main d’œuvre. Certaines entreprises connaissent déjà cette pénurie. Pour différentes raisons elles ne sont pas attrayantes aux yeux des salariés potentiels ou des actifs non qualifiés qui rejettent aussi la possibilité de se former pour les intégrer. Si les effets de cette pénurie ne se ressentent pas encore globalement aujourd’hui, c’est que des marges de manœuvre persistent . Celles-ci permettent de retarder les besoins de recrutement en jouant sur des facteurs de flexibilité. La croissance faible explique ce phénomène. Le taux d’utilisation des capacités de production dans l’industrie, après être tombé à 81,2% au quatrième trimestre 2003, s’est encore réduit à 80,7% au premier trimestre 2004 (sources Xerfi). Les besoins en main d’œuvre se sont atténués. Par ailleurs le recours à l’intérim ou les possibilités d‘allongement de la durée du travail, via les discussions en cours sur les aménagements de la loi des 35 heures constituent autant d’éléments de souplesse possibles. Un changement de contexte économique pourrait annuler rapidement ces marges de manœuvre. D’autres solutions devront alors être trouvées. La campagne lancée par l’Union des Industries Métallurgiques pour tenter d’attirer les femmes vers l’industrie montre bien tout l’intérêt qu’il y aura à se préparer à changer les mentalités si les besoins en recrutement s’accélèrent. Attirer des femmes, ou accepter de faire travailler des personnes qualifiées, âgées, constituent des réponses possibles. Il faudra travailler plus ! carrières et plus spécifiquement la question de la motivation des « quinquas ». Un salarié âgé aujourd’hui de 55 ans pensait jusqu’à présent qu’il allait pouvoir bénéficier d’une retraite « anticipée ». Annoncer à ces salariés qu’ils vont devoir rester dans l’entreprise durant 5 à 10 ans de plus ne représentera pas toujours une bonne nouvelle pour eux. Dans certain cas, les quadras pourront se sentir bloqués dans leur développement de carrière, nos modalités de progression professionnelle étant le plus souvent verticales. D’un autre côté, l’entreprise se demande bien comment ces salariés plus âgés vont pouvoir continuer à être aussi compétents, performants…et motivés. Toute approche globale et généralisée est à proscrire car les situations des entreprises varient selon un certain nombre de critères ; on en retiendra trois : ■ Le premier critère concerne la taille. L’impact d’une éventuelle pénurie d’emploi sera différent selon que l’on est puissant et attractif ou petit avec de faibles moyens surtout si la surenchère devient la règle. Les PME PMI sont moins sensibilisées que les grandes entreprises à l’anticipation de leurs besoins des ressources humaines. ■ Le second concerne les secteurs d’activités. Une étude du commissariat général au plan identifie cinq domaines professionnels : - celle des métiers de l’agriculture et de l’industrie légère : dans ces secteurs la baisse d’emploi se poursuivrait et correspondrait aux départs en retraite. Dans l’agriculture pourra se poser alors la question de la reprise des exploitations ; - celle des métiers jeunes à développement important. Ici peu de départs sont à prévoir, par contre on peut envisager un besoin en recrutement important ; Parallèlement nous devrons adapter nos modes de gestion des ressources humaines à un allongement de la durée du travail. - ceux ayant une croissance d’emploi sensible et des départs importants à la retraite. Il s’agit des services à la personne, commerce, hôtels ,cafés, restaurants, métiers de gestion et de la santé ; Un effet possible de cet allongement concerne les politiques de gestion des - ceux disposant d’une pyramide des âges vieillie et connaissant une croissance faible, MERLANE AU CŒUR DU MANAGEMENT N°10 - Spécial Gestion des Ages • secteurs industriels et de la construction. Ce marché connaît déjà de fortes tensions, notamment sur les métiers qualifiés. On peut craindre des délocalisations ou des restructurations ; - enfin, ceux qui sont composés d’un effectif important avec un fort renouvellement : l’administration, l’enseignement, les banques et assurances composent ce domaine. Ainsi 47 % des entreprises seraient concernées par des problèmes de maintien de l’emploi des seniors. La population cadre serait la plus touchée dans l’immédiat du fait des départs massifs et des questions de qualification. La population des employés, plus jeune en moyenne serait moins touchée par des départs massifs. Les ouvriers seraient d’autant plus concernés qu’il s’agit d’une population déjà touchée par les difficultés de recrutement. ■ Le troisième concerne le bassin d’emploi. Les enjeux se situent au niveau de la mobilité des compétences à l’intérieur d’un périmètre délimité (bassin géographique et économique). Pour les entreprises, quelle que soit leur taille, l’identification des compétences clés devient une priorité afin d’assurer la relève et donc de pérenniser les savoir-faire. Mais aussi afin d’identifier les points de concurrence sur le marché de l’emploi et de protéger ses talents. Ceci suppose une politique du personnel qui ne s’appuie pas que sur la surenchère des rémunérations, impossible pour beaucoup d’entreprises. Comment aborder ces nouveaux défis ? Tout d’abord , veiller à ne pas se focaliser sur les seniors et ne voir la question que sous l’angle des départs. Bien sûr la question de la pénibilité des postes est ,sans doute, celle qui devra être le plus rapidement traitée. L’allongement de la durée de vie au travail posera inévitablement pour chaque entreprise la question du niveau de performance acceptable. Les possibilités d’aménagement des postes de travail existent déjà . Mais les effets du choc démographique concerneront aussi l’ensemble des compétences de l’entreprise en dehors de la seule variable de l’âge. Le défi consistera alors à « exploiter » tous les savoir-faire disponibles pour limiter le recours au recrutement. Cela ne passera pas uniquement par le développement individuel des compétences mais aussi par le développement d’organisations du travail plus collectives, plus stimulantes et source de progression . C’est donc qui se présente pour pouvoir gérer les ressources humaines à tous les âges. Passer d’une logique de poste à une logique de compétence. Le poste enferme la compétence. Il convient donc de développer la mise en place d’approches compétences qui permettent de décloisonner les emplois et de travailler la transversalité, la complémentarité des savoir-faire ,la polycompétence. L’enjeu sera de savoir de quel portefeuille de compétences on dispose pour quels besoins d’organisation. A court terme, concernant les salariés âgés qui sont sortis plus tôt que les autres des processus de formation, une évaluation approfondie des compétences et du potentiel sera un préalable nécessaire.. Des solutions existent, et la place des seniors n’est pas un problème en soi : lorsqu’il s’agit par exemple de confier son argent à un banquier, on est souvent beaucoup plus rassuré quant notre interlocuteur dispose de tempes grisonnantes. Dans certains cas, ne faudra-t-il pas envisager une fin de carrière sur des emplois différents avec des modalités d’organisation du temps, de rétribution... différents ? Prenons l’exemple d’un commercial qui ne peut ou ne souhaite pas continuer un travail difficile jusqu’à 65 ans. Quelle ré-orientation et avec quelle rémunération ? On cite souvent la possibilité de devenir formateur, à condition qu’il n’y ait pas davantage de formateurs que de formés. Ces compétences dans le commerce, la vente peuvent aussi intéresser d’autres secteurs. Dans ce cas, que faiton des primes sur objectifs associées à son activité commerciale ? Comment prend-on en compte les effets de cette évolution sur le niveau de vie de la personne concernée. Autant de questions qui nous renvoient à une double responsabilité dans la gestion des parcours professionnels : ■ l’entreprise devra envisager de nouvelles modalités de progression de carrières. ■ le salarié devra prendre en main son projet personnel et professionnel. Mais, changer de cursus professionnel n’est pas chose facile et naturelle. Un accompagnement individualisé, l’acceptation de la remise en cause correspondante ainsi que l’adoption d’une attitude proactive pourront faciliter ce changement. Une démarche de ré-orientation professionnelle ne peut se faire du seul point de vue de l’entreprise pour être efficace , elle doit être co- produite avec l’intéressé . Développer aussi l’envie d’apprendre. Le développement des compétences ne se limite pas à l’acquisition des savoirs et de savoir-faire. Il faut aussi pouvoir développer l’envie d’apprendre. Les chercheurs en science de l’éducation nous ont appris que, pour les adultes, l’apprentissage repose davantage sur l’expérience et l’analyse de problèmes concrets que sur l’acquisition de connaissances théoriques . Si la question de la compétence des seniors se pose , l’inscription à un stage sera insuffisante pour permettre de résoudre le problème. De plus, les modalités d’apprentissage devront évoluer . A l’intérieur même de l’entreprise, on peut concevoir des environnements de travail stimulants et « développeurs de compétences ». L’actualisation de principes déjà éprouvés au travers d’organisations apprenantes représente une piste de réflexion intéressante: ■ Favoriser l’apprentissage continu ; ■ Apprendre de ses erreurs : si j’apprends de mon travail je ne me sens pas diminué et je progresse constamment ; ■ La résolution des problèmes qui me concerne m’amène à vouloir m’améliorer pour résoudre ces problèmes. Mon évolution n’est plus limitée au travail prescrit. ■ Disposer d’une organisation où je dois résoudre les problèmes qui me concernent et où, à quelque niveau que ce soit, j’ai la responsabilité des décisions qui m’incombent. ■ Organiser le travail en équipe. Apprendre à transférer les savoirs. Faire de la formation sur le lieu du travail par les professionnels eux-mêmes. Au moment où l'entreprise cherche à développer l’innovation et la réactivité, le bénéfice d’une telle démarche combinée aux effets du vieillissement mérite l’attention de chacun. Les managers au cœur du défi. L’articulation de l’ensemble de ce processus suppose un recentrage du rôle des Managers sur ces missions de gestion des ressources humaines. Leur efficacité s’articulera alors autour de trois idées : ■ Une position qui leur permette de disposer de réelles marges de manœuvre en cohérence avec la politique générale de gestion des ressources humaines. Car toute tentative pour bien animer son équipe échoue à partir du moment où l’on est discrédité par ses propres supérieurs. ■ Savoir créer un contexte favorable pour répondre aux attentes exprimées par le personnel et permettre à chacun de développer ses sources de motivation. ■ Réactiver certains outils, comme l’entretien annuel qui constitue la pierre angulaire pour orchestrer, non pas de façon centralisée, mais dans la proximité la mobilité et le développement des compétences. Vers des pistes de solutions « sur mesure ». Les effets démographiques constituent un risque majeur sur l’emploi s’ils ne sont pas anticipés. Ils peuvent amplifier les pénuries d’emploi existantes voire en créer de nouvelles. Certains territoires pourraient être sévèrement touchés. Dans tous les cas , il est important d’agir. Or, les récentes enquêtes nous montrent que la majorité des PME ne souhaitent pas aborder le sujet ! Beaucoup de grandes entreprises ont réfléchi aux conséquences (79%) mais peu (seulement 9%) ont pris des mesures spécifiques pour anticiper le choc démographique en comptant sur un effet de régulation des excédents d’emplois : 55% des DRH n’envisagent pas de remplacer les départs (Enquête Cégos). Les solutions seront nécessairement au coup par coup ,entreprise par entreprise, selon leur secteur d’activité, leur implantation géographique, leur structure d’emplois… leur taille. Le travail commence par l’analyse de la situation des ressources humaines de chaque entreprise croisée avec celle de son environnement socio-économique afin d’identifier les menaces sur ses compétences stratégiques ainsi que ses atouts et capacités à mobiliser et à gérer efficacement ces ressources. Les solutions existent, elles seront très différentes selon les cas. Il est temps de réagir et de s’engager dans des actions qui seront d’autant moins pénalisantes pour l’entreprise qu’elles auront été réfléchies à temps. D’ailleurs, certaines grandes entreprises ont lancé le mouvement (Peugeot, BNP, …) par des annonces de recrutements massifs pour anticiper la pénurie des talents.■ 7 8 • MERLANE AU CŒUR DU MANAGEMENT N°10 - Spécial Gestion des Ages Bernard DEVY Annie FOUQUET Directrice DARES (Direction de l’Animation, de la Recherche et des Etudes Statistiques), Ministère des Affaires Sociales, du Travail et de la Solidarité. Plus de difficultés en PME. La DARES a conduit en mars 2001 une enquête auprès de 3000 chefs d’entreprise ou DRH pour connaître leur perception de la problématique. • 47 % n’ont pas encore réfléchi à la question • 23% ont une idée précise de la situation • 13% ont engagé une réflexion globale dans l’établissement • 19% s’attendent à rencontrer un problème de départs massifs et s’y préparent • 19% gèrent la pyramide des âges dont la préretraite Ce sont surtout les entreprises de grande taille qui sont les plus favorables à une gestion prévisionnelle de la pyramide des âges. • Elles forment les seniors à tous les âges • Elles aménagent les fins de carrière, adaptent les postes de travail des seniors, font évoluer leurs salaires. • Elles tentent de se séparer des seniors en cas de licenciement économique • Elles embauchent des jeunes pour rééquilibrer la pyramide des âges C’est évidemment plus difficile pour les PME qui élaboreront des solutions au cas par cas. Président de l’ARRCO. Les régimes de retraites face au choc démographique. On a l’air de découvrir aujourd’hui un problème prévisible, celui de l’arrivée à l’âge de la retraite des générations du baby-boom alors que nous liquidons 500 000 dossiers retraite par an pour le secteur privé. Nous devrons faire face à 800 000 départs à compter des années 2005-2006. Ce n’est donc pas pour nos régimes une surprise. Des mesures ont déjà été prises et les partenaires sociaux ont assumé leur responsabilité en anticipant ce décalage, conjugué à celui de l’espérance de vie. Aujourd’hui, l’âge de cessation d’activité est en moyenne de 57 ans. Si l’on veut accroître les taux d’emploi et satisfaire aux engagements européens de relèvement des taux d’activité des 55-65 ans, il nous faudra encore réaliser des efforts conséquents. Demain, il nous faudra négocier sur la pénibilité des métiers et sur ses conséquences en matière de départ anticipé. Il nous faudra également revoir l’organisation du travail, la formation professionnelle. De ce point de vue, l’accord signé par les cinq Confédérations est intéressant et laisse supposer que des efforts seront faits en direction des populations les plus âgées. Dominique VERCOUSTRE Président Personnel Association, Directeur des Ressources Humaines Beauté Prestige International. L’association "Personnel Association" regroupe une cinquantaine de DRH de sociétés multinationales, représentant plus de 1 million de salariés Conserver les « Quinquas » en valorisant le transfert de compétences. Pour contribuer au changement de mentalité des patrons, DRH, managers et personnes directement concernées, nous pensons qu’il faut avoir, d’une part, une volonté partagée, et d’autre part une incitation qui encourage tous les acteurs à développer des actions mobilisatrices et exemplaires pour accompagner le changement de culture que doivent conduire les entreprises. Nous nous sommes focalisés sur la valorisation du transfert des compétences. En effet les seniors, au cours de leur parcours professionnel, ont acquis des compétences sur lesquelles nous devons capitaliser pour ne pas perdre du savoir. Au sein de l’entreprise toutes les personnes sont concernées, quel que soit leur niveau, managers à ouvriers. Nous devrons donc identifier les salariés qui ont des compétences à transférer et qui en auront l’aptitude et l’envie. • les entreprises qui auront préparé leurs salariés à faire ce transfert bénéficient d’avantages fiscaux, et le salarié d’exonération d’impôt. • les grandes entreprises pourraient aussi être incitées à participer à ce transfert de compétences auprès de PME qui, ne disposant pas des ressources nécessaires, ne sont pas à même de pratiquer ce transfert. De cette façon, nous contribuons à la remise en cause des préjugés vis-à-vis des « quinquas » et nous devons les convaincre qu’ils ont un avenir professionnel en participant de façon directe ou indirecte au développement des entreprises, avec une valorisation de ces actions. vraie • De plus, les « quinquas » devant rester plus longtemps dans l’entreprise, nous proposons un système qui permet de ne pas alourdir l’évolution de la masse salariale. Ces dispositifs auraient comme avantages particuliers pour les salariés les plus âgés de maintenir la motivation, de valoriser leur expertise, de voir se développer leur contribution à la vie de l’entreprise en en faisant des formateurs-clés, actifs et pilotes des projets de transfert des compétences mis en œuvre. Cela permettra de développer les actions intergénérationnelles. MERLANE AU CŒUR DU MANAGEMENT N°10 - Spécial Gestion des Ages • Ronan CROGUENNOC Directeur Emploi Formation Ressources Humaines UNION SOCIALE POUR L’HABITAT. Des binômes pour favoriser le transfert de connaissance. L’âge moyen de nos salariés est de 44 ans (nous avons 20% seulement de salariés de moins de 35 ans et 11% ont plus de 55 ans) car il est nécessaire d’avoir une certaine « bouteille » pour tenir des postes de gardien d’immeuble. On ne pousse pas massivement les personnels âgés à prendre leur retraite et l’âge de recrutement est, de fait, élevé. On recrute les gardiens avec dix ans d’expérience professionnelle minimum. Nous avons fait des efforts d’intégration d’emplois jeunes dans les années 97/98. Mais cette démarche s’est ralentie. Nous sommes confrontés à un problème de vieillissement des petites équipes et de nécessité de recrutement pour assurer la relève (exemple dans une équipe 5/6 personnes, d’âge moyen de 52 ans alors qu’il faut 2 ans pour faire un bon monteur d’opérations !). Nous avons incité à installer des binômes pour favoriser le transfert de connaissance du patrimoine. Ce n’est pas toujours évident dans les petites équipes. Les équipes terrain se voient offrir des évolutions « horizontales » vers des métiers techniques, administratifs. D’autres sont accompagnés pour rester opérationnels (il y a des expériences en cours) mais les évolutions professionnelles sont en même temps très bouchées. Le métier de gardien d’immeuble est usant… A 50 ans les gardiens souhaitent faire autre chose. Yves GIROUARD Président Cercle MAGELLAN. La France doit attirer les talents. Le problème se pose dans les pays européens. Il y a une pénurie de personnel qualifié, de cadres. Une des possibilités est de restructurer, une autre de faire appel à de la main d’œuvre étrangère. L’Europe s’est saisie de la question. Une task force de la commission européenne travaille sur la mobilité au regard de l’arrivée des pays de l’Europe de l’est (sur des postes d’ouvriers qualifiés par exemple)… attirer des cadres n’est pas évident, cela dépend du secteur d’activité et ce n’est pas du tout simple. La France essaie d’attirer des talents. Autre point, nous allons avoir de réelles difficultés de recrutement de postes d’ouvriers. La tentation peut être grande de délocaliser. Certaines grandes entreprises vont le faire… Le coeur de métier R&D restera. La production se fera ailleurs. Quel sera le rôle de l’état dans la gestion de ce problème ? Si le marché est local ? Si le marché est ouvert ? Si nous avons un turn over de 60 à 70 % sur 5 ans, comment conserver la culture d’entreprise ? Une technologie pointue ? Une autre commission travaille sur le sujet, met en place des procédures et des outils liés aux NTIC pour mettre en commun les savoir et les diffuser. Nous avons lancé des politiques de formation très agressives (Universités d’entreprises) pour faire monter rapidement en compétence les collaborateurs. Les DRH sont sollicités pour inciter les équipes à utiliser ces outils, pour les éduquer…. Nicolas MANCRET Avocat Droit Social HOCHE Société d’avocats. Adapter les contraintes juridiques à la situation économique. Sur des aspects juridiques, nous faisons face à des régimes contradictoires : d’un côté un régime coercitif pour contraindre l’employeur à conserver l’employé, l’interdiction de la discrimination basée sur l’âge, la contribution Delalande, la Loi Fillon du 21 août 2003 sur l’âge de mise en retraite, etc …, et, à l’opposé, des régimes de préretraite légaux ou conventionnels qui permettent de faire partir les salariés (le dispositif « CASA », les préretraites progressives…). Deux solutions parmi d’autres pour améliorer ces situations sur un plan juridique : • Eviter les licenciements • Multiplier les règles. Brigitte GUENARD Directeur THALES Missions et Conseil. Une solution originale pour remobiliser les cadres. Thalès Missions et Conseil a été créé en juin 99 pour « utiliser » des cadres usés, démotivés sur des missions internes : mettre en regard des compétences disponibles et des besoins. Quatre ans après, nous avons une équipe de 60 personnes, réalisons 8 millions d’€ de CA et avons conduit plus de 200 missions. Les collaborateurs passent 18 mois dans la cellule avant de retrouver un poste. C’est un lieu de mobilité, de développement de compétences, de motivation. Positionner ces personnes sur des missions de conseil, c’est leur montrer qu’ils sont capables de se vendre, cela change leur regard sur eux-mêmes et leur permet de se projeter sur ce qu’ils veulent faire demain. Les remettre dans la réalité, en mouvement. Ils retrouvent une identité, une carte de visite. A la sortie, 30% sont restés dans leur filière métier tandis que d’autres ont réactivé des compétences, ont accédé à d’autres métiers, voire « réveillé » des postes transverses qui avaient été supprimés et ont été recréés dans l’entreprise. • Le travail en équipe car nous ne sommes pas des consultants de métier, nous avons besoin de travailler ensemble, de nous appuyer les uns sur les autres, donner, faire vivre la structure, • La confiance : on envoie des seniors en position de conseil… ce ne sont pas des vrais consultants expérimentés mais des gens d’expérience qui font du consulting ; on les forme, on les accompagne. • Le plaisir de travailler • La capacité à se remettre en question. Nous n’avons aucune certitude sur l’avenir, nous pourrions ne plus exister ; il faut être innovant !!! 9 10 • MERLANE AU CŒUR DU MANAGEMENT N°10 - Spécial Gestion des Ages Christiane ROCHE Responsable Gestion des Carrières, Groupe THALÈS. La gestion des âges dans les grands groupes. THALES a signé en novembre 2001 avec deux organisations syndicales (CFDT – CGT) un Accord pour la Valorisation des Expériences Professionnelles et la gestion des fins de carrière : « AVEC » qui s’articule en 3 volets : • Volet développement professionnel • Volet aménagement des conditions de mise à la retraite • Volet cessation d’activité « CASA », avec un nombre de départs en forte décroissance depuis 2001 Au total, environ 1700 départs se feront entre 2002 et 2004 suivant un processus dégressif. Nous avons mis en place un contrôle étroit du dispositif au niveau du groupe et une communication forte sur le sujet • L’accord a démarré par des mesures spécifiques : coaching, tutorat, formations. Très rapidement, on a vu que cela ne réglait pas le problème. Il est préférable de ne pas faire de discrimination même positive. On intègre ces seniors à la politique. On a une panoplie d’outils développés depuis 15 ans… on les utilise. • Dans le domaine de la formation et de la politique de rémunération, des améliorations vis-à-vis des plus de 50 ans apparaissent • Les commissions de suivi de l ’Accord « AVEC » permettent d’entretenir un dialogue social sur ce thème • Nous travaillons au changement culturel, par exemple en supprimant la référence à l’âge dans le discours (dans le support de People Review, la notion d’âge a été éliminée) et dans les actions. • Nous impliquons les RH sur le sujet. Ils ont un rôle de courroie de transmission à jouer et sont garants de la bonne application de cette politique (niveau de rémunération, accès à la formation, à la mobilité) • Deux leviers de motivation ont été identifiés : la formation et la mobilité • Nous avons des retombées médiatiques à ces actions : THALES est vu comme un groupe qui anticipe en matière de politique sociale Jean-Paul CHAZE Louis DUGAS Directeur Régional du Travail, de l’Emploi et de la Formation Professionnelle, Midi-Pyrénées Vice-président Délégué ANDCP. L’entreprise face aux enjeux du choc démographique. L’entreprise est face à trois contraintes externes : Gérer le transfert des savoir-faire et savoir-être dans les entreprises. L’un des plus gros risques face au choc démographique est lié à la perte du savoir-faire qui n’est plus transmis entre les générations. Nous en avons régulièrement des exemples frappants : il faut parfois rappeler des salariés retraités pour travailler sur des machines et appareils de fabrication ancienne. Les technologies changent et les savoirfaire cessent de se transmettre. Il faut également faire face à la perte des savoir-être, qui sont une des composantes de la compétence. Les comportements et les mentalités par rapport à l’entreprise et à la notion de travail évoluent constamment. Différentes actions au niveau régional et national sont en cours pour appréhender cette problématique au niveau des bassins d’emploi ou des secteurs d’activité comme l’aéronautique. Nous travaillons au niveau régional sur des problématiques de GPEC, en lien avec l’aide mise en œuvre à partir de cette année sur des missions de conseil pour les PME. Nous nous rapprochons également du Conseil Régional pour les aspects de formation liés au transfert de compétences dans les entreprises. • La pyramide des âges : du surnombre à la pénurie, avec la nécessité de traiter les deux extrémités (début et fin de carrière) • L’évolution du contexte économique avec l’accroissement de la pression concurrentielle, la mondialisation, l’incertitude associée • L’évolution des mentalités avec la recherche de l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, le zapping des emplois d’où une ambiguïté vis-à-vis de la fidélisation • Quels sont mes enjeux de business : quel est mon métier, ma problématique, quels sont mes atouts humains concurrentiels, ma cohérence organisationnelle, l’efficience de mes process, mes enjeux de productivité ? • Quelle est la situation précise et ses effets sur la pyramide des âges : démographie, typologie, attractivité, analyse du turn over, état des compétences ? • Comment faire face à cela avec ma richesse interne ? quel est l’état des mentalités : comportements individuels et collectifs, aspirations, attitudes, choc de culture. • Revoir le contenu et l’organisation du travail : la cohérence des processus, la répartition des rôles, le développement des compétences • Présenter des challenges pour tous les âges : apprentissage, maturité et expérience • Faire évoluer la culture d’entreprise, les représentations, les styles et discours : communiquer, organiser le team building, mettre en place du coaching • Relever le défi de la pyramide des âges • S’adapter aux changements économiques permanents • Développer les hommes • S’appuyer sur la culture de l’entreprise. MERLANE AU CŒUR DU MANAGEMENT N°10 - Spécial Gestion des Ages • AGENDA 6 JANVIER 2004 Jean-Claude MERLANE a participé à une table ronde le 6 janvier 2004, organisée par l’association , en collaboration avec l’Agefos-PME Midi-Pyrénées, à Toulouse, sur le thème : . L’objectif de ce colloque qui a rassemblé une centaine de participants était de sensibiliser les entreprises aux enjeux économiques et démographiques liés à la formation tout au long de la vie professionnelle et à la gestion de la pyramide des âges. 21 JANVIER 2004 Les premières réunions publiques de l’ (APCMP) ont eu lieu à Toulouse le 21 janvier et le 30 mars 2004. Les thèmes de ces premiers événements étaient : et , consacrés à la présentation d’expériences de coachés et aux perceptions, attentes ou craintes que les PME peuvent avoir face au coaching et aux coachs. Les prochaines réunions auront lieu le 24 juin 2004 et en octobre 2004. Renseignements : Florence LIARD, [email protected] ou Michel FONADE, [email protected] 28 JANVIER 2004 la vie du groupe François PEREZ a animé un atelier-conférence le 28 janvier 2004, en partenariat avec la société , sur le thème : " . A l’occasion du Salon Performance et Compétences qui s’est déroulé au CNIT Paris La Défense. TELEX 10, 11 ET 12 FÉVRIER 2004 10 février 2004 Les 10, 11 et 12 février 2004 a eu lieu au CNIT à Paris "GLOBAL RH 2004", une manifestation placée sous le haut patronage de François FILLON, Ministre des Affaires Sociales, du Travail et de la Solidarité, à l’initiative du . Le 10 février était une journée plénière d’ouverture consacrée au lancement du , au premier anniversaire du et à la cérémonie de remise des , en présence de plus de 700 participants. Noël FORGEARD et Erik PILLET, respectivement Président et DRH d’AIRBUS ont été récompensés par le jury, présidé par Jean-Marie DESCARPENTRIES, PDG INGENICO. Les deux autres binômes récompensés sont les Présidents et DRH des sociétés THALES et LAFARGE. 11 février 2004 MERLANE a animé un des douze ateliers relatifs aux "Défis de la nouvelle génération de DRH", le 11 février 2004, sur le thème : . Cette matinée de travail a été consacrée aux témoignages des clients de MERLANE dans ce domaine : RENAULT Trucks, AVENTIS PASTEUR, Silogic, Agilent Technologies et Groupe Volkswagen France. Renseignements : Carol GUEQUIERE, [email protected]. 3 MARS 2004 MERLANE était le partenaire officiel du 3ème " ", la communauté d’agglomération de Toulouse-Est. Ce petitdéjeuner qui a eu lieu au Centre de Congrès Diagora, à Toulouse-Labège, le 3 mars 2004, avait pour thème : " ". Plusieurs entreprises régionales ont apporté leur témoignage et ont contribué au débat qui était animé par Etienne DUCOS, Rédacteur en Chef du magazine : Actis, Hemotech, Soltim et Silogic. Renseignements : Claudine SUBRA-MAZOYER [email protected]. 4 MARS 2004 MERLANE est le premier partenaire du CIDEM qui a décidé de lancer le en région. Une matinée de travail, suivie d’un déjeuner ont été organisés pour lancer ce mouvement en MidiPyrénées, à Toulouse, le 4 mars 2004, à l’hôtel Crowne Plaza. , Fondateur et Directeur de la Rédaction de la Revue RH&M, était présent aux côtés de , Consultant Associé, pour présenter le mouvement et ses modalités de fonctionnement. Cette première partie a été suivie d’une séance d’échanges sur le thème " ", choisi comme premier sujet de réflexion du mouvement en Midi-Pyrénées, avec la participation de , Directeur Général de l’APEC, , Directeur Régional du Travail de Midi-Pyrénées, , Déléguée Générale de l’UIMM MidiPyrénées, , Chargé de Mission du MIDACT, , DRH Caisse d’Epargne MidiPyrénées. Deux petits-déjeuners débats seront organisés par le Mouvement à Toulouse en 2004 : les 22 juin et 16 novembre au Crowne Plaza Hôtel, place du Capitole. Des réunions de travail entre les membres du Mouvement précèderont ces manifestations. Elles auront lieu au siège de MERLANE, à Labège, de 17h00 à 19h00, les mardi 20 avril, 4 mai, 8 juin pour la manifestation du 22 juin, et les mardi 21 septembre, 5 octobre, 26 octobre pour la manifestation du 16 novembre. Renseignements : Sophie HARPOUTIAN [email protected]. 12 MAI 2004 Suite à ses interventions les 27 janvier et 11 mars derniers, François PEREZ, Consultant Associé, Responsable de l’activité Gestion Stratégique des Ressources Humaines de MERLANE, participe à nouveau le 12 mai prochain à un colloque, organisé par , sur le thème : François PEREZ intervient plus particulièrement sur la question : Pour répondre aux évolutions du marché du conseil, MERLANE se transforme… L’évolution forte des attentes des clients et la transformation du métier de conseil en management qui en découle ont conduit Jean Claude MERLANE, PDG de MERLANE, à repenser l’organisation de son entreprise afin d’être encore plus performant au service de ses clients. A compter du 1er janvier 2004, les équipes spécialisées de MERLANE Consultants, MERLANE Outsourcing et MERLANE Santé sont réunies au sein d’une même structure juridique sous l’appellation « MERLANE ». Notre nouvelle structure à marque unique, met au service de ses clients toutes les synergies entre ses différents métiers : le conseil en gestion des ressources humaines, en organisation, qualité, accompagnement de grands projets RH, la formation et le développement du management, le renforcement de la synergie des équipes de Direction, le coaching, le recrutement et l’externalisation des Services RH. Merlane renforce sa capacité à intervenir à l’international et sur des problématiques multi-culturelles grâce à son réseau de partenaires en Grande Bretagne, Allemagne, Italie, Portugal, Espagne, Amérique Latine, Etats Unis et à la pluri-nationalité de nos équipes permanentes. Afin de poursuivre sa croissance (29% de croissance en 2003), MERLANE prévoit l’embauche d’une quinzaine de consultants expérimentés, basés à Paris, Lyon, Toulouse et Madrid pour compléter l’équipe qui est aujourd’hui composée de 55 collaborateurs. 1er Baromètre Outsourcing RH En collaboration avec le Mastère Spécialisé "Responsable Ressources Humaines" du Groupe Ecole Supérieure de Commerce de Toulouse, MERLANE à lancé la réalisation du , véritable outil prospectif sur les pratiques et les tendances de ce marché en France. Les résultats de cette première enquête nationale seront connus en juin 2004. 11 12 • MERLANE AU CŒUR DU MANAGEMENT N°10 - Spécial Gestion des Ages CARNET a rejoint MERLANE en mars 2003 et travaille depuis cette date sur le projet d’externalisation de la gestion des formations marketing et commerciales ainsi que la gestion du centre de formation de la société LEXMARK France. Diplômé de l’IGS en Gestion des Ressources Humaines, Armel a débuté sa carrière en qualité de Consultant Junior, puis chargé de recrutement. Pendant 4 ans, il a poursuivi son parcours professionnel en entreprise en tant qu’assistant, puis en qualité de Chargé de Formation auprès de l’Immobilière des Chemins de Fer et de Nestlé Waters France. Ses missions essentielles aujourd’hui consistent à assurer la gestion administrative des formations et l’administration du Centre de Formation externalisé pour LEXMARK. Les actes de la journée d’étude du 11 décembre 2003 sont disponibles auprès de : travaille au sein de l’équipe toulousaine de MERLANE depuis mai 2003. De nationalité allemande, Cindy est diplômée de l’Université Technologique de Berlin en Sciences de l’Organisation et Gestion des Entreprises et de l’ESCP-EAP. Elle a acquis l’équivalent d’un DEA en Gestion des Ressources Humaines à Berlin et a poursuivi sa formation par une spécialisation en « Marchés internationaux et Management de Projet » à Paris. Cindy mène alors en parallèle une mission auprès de la Direction du Conseil en Management de RENAULT. Sa mission actuelle au sein de la société MERLANE est une mission de conseil dans le cadre de la mise en place du progiciel SAP dans la fonction Ressources Humaines d’AIRBUS. Ses domaines de compétences de prédilection sont le développement des compétences interculturelles, le développement du leadership et le management de projet. Après avoir passé 20 ans au sein de la société THALES Air Defence dans différents postes des fonctions Ressources Humaines et Contrôle de Gestion, a occupé le poste de Responsable EmploiFormation d’un site en Normandie. Sylvie a rejoint l’équipe MERLANE à Caen en avril 2003 pour collaborer au projet d’externalisation du Service Formation d’une usine de RENAULT Trucks. Elle est diplômée d’un DUT de Gestion des Entreprises et des Administrations et a suivi différents cursus en formation continue relatifs à la gestion des ressources humaines et la gestion de la formation. a rejoint l’équipe lyonnaise de MERLANE en juin 2003, en prenant la responsabilité et l’encadrement de l’équipe dédiée au projet d’externalisation de la gestion de la formation d’AVENTIS PASTEUR. Diplômée de l’Ecole Supérieure de Commerce de Compiègne, Isabelle a complété sa formation initiale par un cycle spécialisé en Ressources Humaines au CNAM. Isabelle a ensuite occupé différents postes – Responsable Marketing et Communication,– avant d’intégrer l’AGEFOS PME en qualité de Conseiller en Formation Senior. Son dernier poste chez BRANDT Industries en qualité de Responsable Formation lui a permis de se professionnaliser dans les domaines de la gestion et l’administration de la formation, son domaine de compétences privilégié aujourd’hui. est venue compléter l’équipe dédiée au projet d’accompagnement à la mise en place du progiciel SAP pour la fonction Ressources Humaines d’AIRBUS. Chantal a débuté sa carrière au Maroc pendant 8 années avant de rejoindre Paris et le Groupe Cogéma à la Direction des Techniques et Services Industriels, puis à la DRH. Elle poursuivra ensuite toute sa carrière au sein de différentes Directions des Ressources Humaines : Van Cleef & Arpels tout d’abord, puis Thalès Avionics et enfin Motorola Semi-Conducteurs à Toulouse. Chantal a rejoint MERLANE en avril 2003. Sa conviction : « La nécessité d’une gestion moderne et adaptée des Ressources Humaines ». Sophie HARPOUTIAN, 05 61 00 91 91, [email protected] Prix des actes : 80 € HT 95,68 € TTC Paiement par virement ou par chèque à l’ordre du Groupe MERLANE ON A LU POUR VOUS apports et . Bernard QUINTREAU Conseil Economique et Social Sous la direction de Marion GILLES et Florence LOISIL, Chargées de mission aux Départements Santé et Compétences de l’ANACT, 2003. Editions Liaisons. Afin d’aider les entreprises à mettre en place une politique de gestion des âges au bénéfice de l’ensemble de leur personnel, l’ANACT publie cet ouvrage au sous-titre significatif. Illustré par 11 cas concrets, ce livre propose une démarche qui doit permettre de construire, à partir d’un diagnostic précis, un véritable plan d’action en la matière. Il identifie également un certain nombre de leviers sur lesquels l’entreprise peut s’appuyer afin d’atteindre un tel objectif. Car la gestion des âges ne concerne pas seulement les seniors mais toutes les tranches d’âge de la population salariée. Il s’agit notamment de prévenir l’usure professionnelle des salariés, de faciliter dès le début de la vie active le maintien dans l’emploi et de bâtir ainsi de véritables parcours professionnels. quelques idées qui vont à contre-courant du discours démographique classique. Il rappelle ainsi, au sujet du vieillissement, que « la recette du succès scientifique et économique ne réside pas dans le nombre ni dans le rapport des classes d’âge, mais dans une alchimie sociale subtile où la liberté de pensée et d’entreprendre jouent un rôle important, sans oublier l’essentiel qui est la disponibilité des capitaux ». Et de remettre en cause d’autres idées reçues, comme celle de l’explosion de la population ou de la menace d’une vague massive d’immigration. L’adieu d’Hervé Bras aux masses est un adieu au nombre : ce n’est pas la quantité d’hommes et de femmes qui compte, mais la qualité du système économique et social. . Claude SEIBEL et Christine AFRIAT, Commissariat général du Plan, Editions La Documentation Française, 2003. La structure démographique de la France va profondément se modifier dans les prochaines années. Le groupe "Prospectives des métiers et qualifications" du Commissariat général du Plan présente les perspectives d’évolution des ressources en main-d’œuvre tant sur le plan quantitatif que qualitatif. Lire aussi : ’ , Hervé Le Bras, Editions de l’aube, 2003. Un petit ouvrage qui fait passer dans un langage clair par Michel AMAR, Commissariat général du Plan, Editions La Documentation Française, 2002. SIÈGE SOCIAL TOULOUSE Actys 3 - BP 57650 - 31676 LABEGE Cedex - Tel : +33 (0)5 61 00 91 91 - Fax : +33 (0)5 61 39 23 16 PARIS 19 rue du 4 Septembre - 75002 PARIS Tel : +33 (0)1 42 96 34 34 Fax : +33 (0)1 42 96 96 44 LYON 11 rue Guilloud - 69003 LYON Tel : +33 (0)4 72 68 61 90 Fax : +33 (0)4 72 34 32 28 MADRID Calle Velázquez, 126-1A - 28006 MADRID Tel : +34 91 411 96 01 Fax : +34 91 745 13 19 MERLANE AU CŒUR DU MANAGEMENT est une publication du Groupe MERLANE Directeur de la publication : Jean-Claude MERLANE Rédacteur en chef : Henry-Jacques BUSSIÈRE Fabrication : Imprimerie LABORIE Rédaction : Comité de Rédaction Crédit photos : Jacques VIEUSSENS Commission paritaire : en cours - ISSN : en cours Site web : www.merlane.com e-mail : [email protected]