la success story

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la success story
Yseop
104 21.2.2012
Société Générale
Richard
HABABOU
DIRECTEUR DE
L’INNOVATION GROUPE
Jean RAUSCHER
U
« En 2007, lorsque j’ai rejoint les fondateurs, le
logiciel fonctionnait, mais seuls des chercheurs
pouvaient l’utiliser. Il fallait transformer cette
invention, fruit de dix-sept années de recherche
d’une équipe de l’ENS de Cachan en innovation…
C’est-à-dire en une invention apte à rencontrer
son marché. Nous avons notamment œuvré à
simplifier l’interface de paramétrage. Notre offre
globale comprend trois produits : Yseop Rules, le
moteur d’intelligence artificielle que les utilisateurs alimentent facilement en règles métier ;
DIGITAL MARKETING
MANAGER
« La direction du groupe Société Générale a pour
visée de devenir la banque de référence en termes de
PRÉSIDENT-DIRECTEUR GÉNÉRAL
n logiciel qui rédigerait des textes aussi
intelligents et structurés qu’un être
humain, à la vitesse de milliers de pages par
seconde ? Serait-ce de la sorcellerie ? Une victoire
par KO de l’intelligence artificielle sur l’esprit
humain, dépossédé par la machine de l’apanage
dont il est le plus jaloux, à savoir la maîtrise
du langage ? Ni l’un ni l’autre… « Notre produit
n’est pas destiné à remplacer l’être humain – les
métiers de l’écriture comme le journalisme vont
continuer à exister –, mais il a pour vocation de
démocratiser l’accès à l’expertise (application
d’une base de connaissance à un contexte particulier pour produire une réponse individualisée),
qui aujourd’hui coûte très cher. Cela bouleverse
complètement la façon d’aborder les marchés du
service en industrialisant par exemple le conseil
à la vente, la relation client ou le marketing individualisé », explique Jean Rauscher, directeur
général d’Yseop, société éditrice du logiciel éponyme. Les enjeux d’une telle innovation de rupture avaient de quoi séduire ce serial entrepreneur. Après avoir, en 1998, introduit en bourse
son entreprise bostonienne Cyrano Inc., et avoir
revendu Sunopsis, sa deuxième société, à Oracle
en 2006, les conditions étaient réunies pour
investir dans un projet de recherche, virtuellement porteur d’une grande évolution sociétale.
Nicolas
MONTETAGAUD
relation clients, en améliorant de façon permanente
la simplicité et la qualité de ses services, explique
Yseop Dialog, qui collecte le contexte ou les données manquantes pour les communiquer à Yseop
Rules et Yseop Text, le générateur de textes intelligents en langage naturel. » Son fonctionnement ? Jean Rauscher lève volontiers le voile sur
la particularité du moteur d’inférence : « Yseop a
franchi un cap car les fondateurs ont compris qu’il
ne fallait pas séparer le “quoi dire” du ”comment
dire”. Technologiquement, cela se traduit par le
fait qu’Yseop Rules n’est pas construit autour d’un
arbre de décision unique et statique. Celui-ci se
crée de façon dynamique à partir des règles – et
des exceptions – qui sont rentrées en vrac. Cela
explique pourquoi les questions qu’il vous pose
ne sont pas prédéfinies. Et c’est le générateur de
texte qui va exprimer la logique de raisonnement
du moteur d’inférence en langage naturel, car
on lui aura enseigné, par exemple, que dans un
contexte donné, il peut utiliser tel ou tel mot. »
Le résultat ? Une production à grande échelle
de diagnostics, comptes-rendus, recommandations ou plans d’actions équivalant à ceux
que pourraient rédiger un expert de chair et
d’os. Le niveau de compétences convoqué est
le même, les documents sont personnalisés
et non répétitifs – vous n’obtiendrez jamais
deux fois le même texte – et les préconisations
d’une rigueur irréprochable. Quant à la clarté
et au style, ils n’ont rien à envier, loin de là, à la
plume humaine, dès lors qu’il est établi que la
licence poétique, nécessaire à un prix Nobel de
Littérature, n’est pas pertinente dans cet exercice. Réellement fascinant !
« Pour qu’Yseop prenne sa pleine mesure, il faut
avoir un nombre important de documents à produire. C’est pourquoi nous nous sommes immédiatement tournés vers les grands comptes,
dont nous avons cherché à rencontrer les directeurs généraux. Parmi eux, Séverin Cabannes,
Richard Hababou. C’est pourquoi la direction de
l’innovation du groupe s’attache à déployer une
innovation ouverte et responsable en jetant des ponts
entre les collaborateurs internes, qui peuvent proposer
des innovations incrémentales, et un écosystème de
partenaires extérieurs qui peuvent nous apporter
des innovations de rupture. Celui-ci inclut des pôles
de compétitivité, des universités et grandes écoles,
ainsi que des organisations comme le Pacte PME,
grâce à laquelle nous organisons deux fois par an des
opérations de mise en relation avec des TPE et des PME.
La coopération du groupe Société Générale avec Yseop
s’est nouée dans le cadre de cette démarche. Nous
avions exploré cet univers de l’intelligence artificielle
mise au service de la relation client et Yseop était la
première, et sans doute la seule entreprise, en mesure
d’industrialiser une réponse experte, formulée dans
un langage à la portée de tous. C’est cette particularité
qui nous a amenés à cofinancer un prototype destiné
à Boursorama, sous forme d’un questionnaire en
ligne, qui est aujourd’hui opérationnel. C’est une
expérimentation de ce qui pourrait être mis en
ligne sur d’autres sites Internet du groupe, mais
105
directeur général délégué du groupe Société
Générale, a immédiatement perçu l’apport
révolutionnaire que pouvait représenter notre
technologie pour le groupe. Il nous a dirigés
vers Richard Hababou, le directeur de l’innovation du groupe, avec lequel nous avons initié deux projets. L’un, réalisé pour le département Stratégies, études et datamining de
BDDF, fait parler les chiffres pour générer un
benchmark Société Générale sur les marchés
de dépôts et de crédits. L’autre est un module
de conseil clients en ligne aujourd’hui sur le site
de Boursorama Banque. Et nous avons encore
ensemble de nombreuses perspectives futures,
de grande envergure. Face à notre technologie,
le groupe Société Générale s’est montré à la
fois audacieux et pragmatique, souligne Jean
Rauscher, plus habitué au scepticisme qu’à
un tel esprit d’ouverture à l’innovation. Cette
collaboration nous a offert la crédibilité, cruciale pour une technologie de rupture et sur
laquelle nous capitalisons aujourd’hui pour
nous développer. Ainsi, nous avons signé avec
une autre grande banque pour un usage différent de notre logiciel, que nous allons déployer
sur 12 000 postes de travail à partir de janvier
2012. Autre contrat qui devrait faire monter
Yseop en compétences : nous venons de livrer
le prototype d’un système de relation client à
Blue Link, la filiale d’Air France dédiée à la gestion du programme Flying Blue. À terme, notre
logiciel qui se décline actuellement en français,
anglais et allemand existera en 26 langues avec
l’aide de ce dernier client. » Ᏹ
aussi en aide au contact client dans les agences
de l’ensemble de notre réseau. Nous travaillons
sur plusieurs nouveaux projets transversaux. »
« La solution d’Yseop fonctionnait déjà sur le site
d’Aramis Auto, un des plus importants vendeurs
en ligne de véhicules, ce qui nous a convaincus,
reprend Nicolas Montétagaud. Elle a été facile à
mettre en place, car sa méthode itérative est très
pertinente pour nourrir le moteur d’intelligence
artificielle en règles métier. Le questionnaire en
ligne a été lancé le 20 juillet sur notre site et affiche
déjà des résultats très encourageants. Le conseil
personnalisé qu’il génère permet de présenter
l’ensemble de notre gamme, plutôt que de renseigner
nos prospects sur un produit donné. Nous avons
déjà pu constater l’effet positif de ce nouveau
service sur les plus hésitants à devenir clients, en
facilitant et accélérant leur prise de décision. »
Yseop en bref
www.yseop.com
Activité Yseop est un éditeur de logiciels, détenu par
ses fondateurs avec des capitaux 100 % français. Son
marché se situe à la confluence de trois spécialités :
la relation client, le conseil et la Business Intelligence.
Effectif 22 personnes.
Implantation Lyon (69) et Paris (75).
Objectif Sur les six premiers mois de l’année 2011,
la croissance d’Yseop a atteint 325 % (chiffre certifié
par un expert-comptable). L’objectif de croissance
pour 2012 est de 150 %.