Les planteurs à la recherche de productivité

Transcription

Les planteurs à la recherche de productivité
Filières
Grande-Bretagne
Les planteurs à la
recherche de productivité
B.R.
Pris entre des cours à la baisse et des coûts
de production en hausse, les planteurs anglais
sont partis à la chasse au rendement et
à l’amélioration des performances techniques.
Par Philippe Caldier
V
que l’amélioration des rendements, du fait de meilleures
pratiques agronomiques (les rendements ont doublé depuis
1960), compense la réduction de 50 % des surfaces plantées.
Depuis 1992, les rendements fluctuent autour de 44,8 t/ha et
la production est relativement stable, légèrement inférieure
à 130 000 ha et à 6 Mt par an (cf. tableau 1). Selon le Potato
Council, l’industrie anglaise de la pomme de terre représente
un chiffre d’affaires de 681 M£ pour les producteurs et de
3,5 Md£ au niveau du consommateur. “On assiste à une
industrialisation croissante des systèmes de production et à
une réduction parallèle de la place des producteurs au sein de
la filière, note le Potato Council qui ajoute que les rendements
semblent avoir atteint depuis peu un plateau du fait de
nouvelles pratiques agronomiques (moins de protection des
Rencontre
L’Écosse exporte aussi du plant
Marck Prentice dirige le service export de
plants au sein du Potato Council, épaulé
par Sophie Lock. Une part importante
de leur budget est consacrée à la
recherche, au transfert de connaissance
aux producteurs et à la promotion du
plant britannique à l’étranger. Lors de
PotatoEurope en Belgique, dix sociétés
privées du secteur plants étaient
regroupées sous la bannière Potato Council
pour rencontrer leurs clients. Chaque
année, sur les 350 000 t de plants produits
en Grande-Bretagne, 100 000 tonnes sont
exportées vers 52 pays comme l’Égypte,
le Maroc, l’Espagne, Israël… La totalité
de ces plants exportés provient d’Écosse,
“région identifiée dans l’Union européenne
comme de classe communautaire,
précise Marck Prentice, et où les normes
sanitaires appliquées sont les plus
strictes d’Europe.” Toutes les étapes de la
production sont sous le contrôle officiel
du gouvernement, par l’intermédiaire de
la Sasa (Science and Advice for Scottish
Agriculture), responsable de la gestion et
de l’administration du système écossais
La Pomme
B.R.
24
éritable porte-voix de l’industrie britannique de la
pomme de terre, le Potato Council est une division
du Bureau de développement de l’agriculture et
de l’horticulture (AHDB, Agriculture and Horticulture
Development Board). Après avoir été stables pendant huit
ans, les taxes prélevées au sein de la profession pour financer
cette structure amorcent une légère augmentation en 20102011, pour atteindre 6 millions de livres sterling * (M£), soit
96 % des recettes annuelles de la structure. Dans son plan
triennal 2011-2014, le Potato Council table sur une nouvelle
augmentation de 3 % de ce budget pour la campagne 20112012, soit 41,38 £/ha pour les planteurs de plus de 3 ha et
18,04 pences/t pour les acheteurs de plus de 1 000 t/an.
Dans sa présentation du secteur, le Potato Council rappelle
de classement des plants. “Les variétés de
plants les plus exportées sont Hermes et
Desiree pour les variétés libres, puis Valor,
Winston, Burren, Cara, Slaney qui, elles,
sont développées spécifiquement pour
l’export”, explique Sophie Lock.
de terre française
Béatrice Rousselle
- Septembre-Octobre 2011 - N° 577
Le Potato Council
réalisait la
promotion
de son plant
écossais lors
de PotatoEurope
en Belgique.
Calendrier
8e congrès mondial à Édimbourg
Source : Potato Council
1 Chiffres clés de la pomme de terre anglaise (plant et fécule compris)
2005 2006
Surfaces
125,9 127,2
(1 000 ha)
Évolution/
- 3,8 % + 1,1 %
année précédente
Rendement moyen des 3 46,1 43,4
dernières années (t/ha)
Production
5,8
5,53
(Mt)
2007
2008
2009
2010
2011*
130,8
130,2
130,2
126,9
127,5
+2,8 % - 0,4 %
-
- 2,6 % +0,4 %
41,4
45,7
47,5
46,2
46,5
5,41
5,95
6,19
5,86
5,92
*Estimations provisoires au 4 août basées sur un échantillon de 2 028 planteurs
représentant 75 % des surfaces enregistrées.
cultures) et de l’introduction de nouvelles variétés.” Sur une
base de données variétales de la pomme de terre britannique
de plus de 150 variétés, une dizaine se partage 55 % des
emblavements, la variété leader restant Maris Piper, avec
21 553 ha plantés en 2011 sur un total de 127 463 ha.
Challenges. Malgré la baisse du nombre de planteurs qui
continuera à l’avenir, la production de pomme de terre
devrait rester stable, ajoute le Potato Council qui estime le
chiffre d’affaires actuel moyen de chaque planteur à environ
270 000 £. L’analyse des chiffres économiques de la filière
met cependant en lumière un producteur anglais pris en
tenaille entre des coûts de production en hausse croissante
et des prix moyens qui ont chuté de 2010 à 2011. Selon le
rapport hebdomadaire Potato Weekly du 22 août 2011, la
cotation hebdomadaire moyenne au 19 août était à 120,65 £/t
(138,73 €/t) contre 170,35 £/t (195,90 €/t) la même semaine
de 2010. La moyenne hebdomadaire n’arrête pas de baisser
depuis le 5 août où elle culminait à 141,29 £/t (162,48 €/t)
du fait d’une abondance de l’offre dans tous les secteurs de
marché et d’une moindre valeur des contrats d’achat. La base
de données de coûts de production, construite depuis 2008
par le Potato Council au sein du quart supérieur des planteurs
britanniques, apporte des informations complémentaires par
type de production (consommation, salade, transformation,
semence). Dans tous les segments, on assiste à une hausse
La Pomme
de terre française
- Septembre-Octobre 2011 - N° 577
n Du 27 au 30 mai 2012, le Potato Council accueillera le
8e congrès mondial de la pomme de terre à Édimbourg
(écosse) qui aura pour thème “Vision mondiale, réussite
locale”. S’articulant autour de ce thème, le programme
donnera des perspectives mondiales et des solutions
locales à l’ensemble de l’industrie, tant du point de vue
technique que commerciale.
Plus d’infos sur www.wpc2012.net ou auprès de Sophie
Lock, Tél. : +44 (0) 2476 478772. B.R.
des coûts totaux de production qui passent à titre d’exemple
de 127 à 149 £/t entre 2008 et 2011 (estimations) pour les
pommes de terre de consommation. Même tendance pour
celles destinées à être consommées en salade dont les coûts
de production passent de 163 £/t en 2008 à une prévision de
188 £/t en 2011. Le poste fertilisation apparaît le plus volatil
et ayant une influence significative sur les changements
intervenus depuis trois ans sur ces coûts de production, sans
oublier les coûts de stockage très variables d’une entreprise à
l’autre. “Les challenges techniques auxquels sont confrontés
les producteurs pour augmenter leur rendement sont
considérables”, note le rapport 2011-2014 du Potato Council
qui souligne qu’à peine plus de la moitié des producteurs
britanniques de pommes de terre dispose de l’irrigation,
tandis que 55 % de la récolte totale est toujours stockée à la
ferme chez les planteurs. La protection des cultures sera une
priorité pour l’industrie de la pomme de terre en 2011-2012
du fait d’une législation européenne limitant la marge de
manœuvre du producteur.
Le Potato Council se félicite cependant du partenariat fort
existant entre planteurs et acheteurs (¾ de la récolte est
dorénavant en contrat pré-saison avec un acheteur donné) ou
des performances du pays à l’export. En effet, de juin 2010 à
mai 2011, les exportations de pommes de terre fraîches ont
bondi de 54,6 % par rapport à la même période de l’année
précédente pour atteindre 270 231 t, cette hausse étant
notamment liée à une forte demande de la part de la Russie
et des pays producteurs du nord-ouest de l’Europe (Belgique,
France, Allemagne, Pays-Bas). Pour l’heure, le Potato
Council mise sur la recherche pratique, le message de cet
été étant focalisé sur la compression des coûts de stockage
pouvant atteindre 10 % du fait d’économies d’énergie. ❚
* 1 £ = 1,15 €
25

Documents pareils