CATÉCHISME DE NOTRE-DAME DE FATIMA ©.fatima.be

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CATÉCHISME DE NOTRE-DAME DE FATIMA ©.fatima.be
CATÉCHISME DE NOTRE-DAME DE FATIMA
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TRENTE NEUVIÈME LEÇON
LE HUITIÈME COMMANDEMENT DE DIEU
DEMANDE :
Quel
est
le
huitième
commandement de Dieu ?
RÉPONSE : Faux témoignage ne diras ni
mentiras aucunement.
D : Qu'est-ce que Dieu nous défend par ce
Commandement ?
R : Dieu, par le huitième Commandement,
nous défend le faux témoignage, le
mensonge, la calomnie, la médisance et le
jugement téméraire.
Dieu, que nous adorons, est Dieu de vérité :
« Vous m'avez racheté, Dieu de vérité » dit le
Prophète-Roi. D'où il suit que tout ce qui est
contraire à la vérité offense Dieu. Il aime
essentiellement la vérité, mais il déteste la
duplicité et le mensonge : « Vous fuirez le
mensonge » est-il dit au livre de l'Exode ; et dans le Nouveau Testament JésusChrist nous recommande de ne rien attester comme vrai que ce que nous savons
certainement être tel. Il nous est donc ordonné de fuir le mensonge, le faux
témoignage et la calomnie, et aussi la médisance et le jugement téméraire, qui, en
soi, ne sont point des mensonges, mais qui peuvent facilement y porter. Il est bien
rare, en effet, que celui qui médit du prochain ou le juge témérairement se contienne
longtemps dans les limites de la pure vérité : de la médisance et du jugement
téméraire au mensonge et à la calomnie, la transition est facile et le pas est
glissant !...
D : Qu'est-ce que le faux témoignage ?
R : C'est une déposition faite en justice contre la vérité.
Paraître comme témoin devant un tribunal, en présence des magistrats établis pour
rendre justice, et déposer contre la vérité, ne pas dire tout ce qu'on sait ou dire le
contraire de ce qu'on sait : voilà ce qu'on appelle rendre faux témoignage, être faux
témoin.
D : Ceux qui sont appelés en témoignage devant les juges sont-ils obligés de
dire la vérité ?
R : oui, ils doivent dire la vérité et ils le promettent par serment ; et s'ils ne la
disaient pas, ils seraient parjures.
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Celui qui est appelé comme témoin devant un juge doit dire toute la vérité, rien que
la vérité ; il s'y engage par serment, en levant la main, et s'il ne la dit pas, il devient
parjure, outrage Dieu, qu'il a pris à témoin, et se rend coupable d'un grave péché
digne de l'exécration de Dieu et des hommes. D'après le code pénal, le faux
témoignage, soit contre celui qui est accusé d'un crime ou d'un délit, soit en sa
faveur, est puni de la peine de l'emprisonnement et d'une amende. On est passible
des mêmes peines quand on suborne des témoins, c'est-à-dire quand on les engage
par argent, par promesse, par menaces ou autrement, à faire une déposition
contraire à la vérité.
D : A quoi seraient-ils tenus, s'ils
rendaient un faux témoignage ?
R : Ils seraient tenus de réparer le
dommage qu'en souffrirait le prochain.
Le faux témoin est obligé non-seulement
de faire pénitence de son acte, mais
encore de réparer tout le dommage qu'il a
causé au prochain ; si, par exemple, il l'a
fait condamner injustement à l'amende, il
doit lui donner une somme égale à celle
qu'il a été obligé de payer ; s'il l'a fait
condamner à la prison et mis hors d'état de
gagner sa vie, il doit réparer le préjudice
qu'il a porté à l'honneur et à la réputation du prochain.
D : Qu'est-ce mentir ?
R : C'est parler contre sa pensée, dans l'intention de tromper.
Mentir, c'est dire une chose contraire à ce qu'on pense dans l'intention de tromper
ceux à qui l'on parle, et de leur faire croire le contraire de ce qu'on a dans l'esprit.
L'essence du mensonge est de parler contre sa pensée : lorsqu'on affirme une chose
que l'on croit vraie, et qui ne l'est pas, c'est une erreur, mais ce n'est pas un
mensonge. Par la raison contraire, quand on affirme comme véritable une chose
vraie que l'on croit fausse, on fait un mensonge tout en disant la vérité. Ainsi le
mensonge ne tire pas sa malice précisément de la vérité ou de la fausseté de ce que
dit, mais de la duplicité du cœur du menteur, qui veut persuader à ceux à qui il parle
le contraire de ce qu'il pense. On peut mentir non seulement par paroles, mais
encore par actions, par gestes, par son silence même, lorsque par telle action, tel
geste, ou même en gardant le silence, on a l'intention de manifester au dehors des
sentiments qu'on n'a pas. Pour qu'il y ait mensonge, il faut parler contre la vérité avec
l'intention de tromper, et que la chose soit vraisemblable : ainsi, si quelqu'un vous
disait qu'il a fait quarante kilomètres à pied dans une heure, ce serait une absurdité,
mais ce ne serait pas un mensonge : car nul de vous ne serait tenté de le croire.
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D : Peut-on mentir par plaisanterie, pour s'excuser, ou pour rendre service au
prochain ?
R : Non, il n'est jamais permis de mentir ; le plus léger mensonge est toujours
un péché véniel, et les menteurs sont méprisés de Dieu.
On distingue trois sortes de mensonges : le joyeux, l'officieux, et le pernicieux. Le
mensonge joyeux est celui que l'on fait pour plaisanter ou pour amuser les autres,
sans qu'il en résulte rien de désavantageux à qui que ce soit. Le mensonge officieux
est celui que l'on fait pour rendre service au prochain ou pour se rendre service à soimême, comme pour se disculper ou prévenir une réprimande. Le mensonge
pernicieux est celui qui porte préjudice au prochain, comme lorsqu'on accuse un
innocent ou qu'on dénie une dette juste.
Tout mensonge, quel qu'il soit, est défendu par la loi de Dieu : « Le juste, dit le
Prophète-Roi, est celui qui dit la vérité telle qu'elle est dans son cœur, et dont la
langue ne trompe jamais ». Que faut-il de plus pour nous porter à n'en jamais
commettre un seul ? Un autre motif qui doit nous porter à ne jamais mentir, c'est le
mépris que s'attirent les menteurs : c'est la honte et l'opprobre dont ils se couvrent.
Le mensonge est regardé comme un vice odieux, comme une hypocrisie qui dégrade
l'homme. Au jugement du monde même le plus pervers, il y a de la bassesse à
mentir ; un homme qui est connu pour menteur est généralement méprisé, au lieu
qu'on ne peut refuser son estime à celui qui a la réputation d'être sincère et vrai dans
ses paroles.
Il n'est jamais permis de mentir ; il n'est point non plus permis d'user d'équivoques ni
de restrictions mentales. L'équivoque consiste à prendre certaines paroles dans un
sens, tandis qu'on sait que ceux à qui l'on parle les prendront infailliblement dans un
autre. La restriction mentale consiste à retenir dans son esprit un sens qu'on
n'exprime pas, le retenant à dessein de tromper ceux à qui l'on parle. Par exemple, je
demande à en enfants s'il a assisté à la messe, et il me répond : Oui, j'y ai assisté ; il
sous-entend : il y a huit jours, et je l'interroge pour savoir s'il y a assisté aujourd'hui ;
cet enfants use de restriction mentale. La restriction mentale, aussi bien que
l'équivoque, détourne le sens des termes déterminé par les circonstances, et jette
par-là nécessairement dans l'erreur ; c'est donc un mensonge, et par conséquent un
péché. Le Saint-Esprit déclare que celui qui se sert de termes qui signifient autre
chose que ce qu'il pense est digne de haine : Qui sophistice loquitur odibilis est ?
Cependant il y a certaines expressions qui ne sont pas vraies à la lettre, et dont on
peut se servir, parce qu'elles sont reçues par la coutume, et que le sens en est
connu. Un salarié sachant son Directeur en réunion dit que celui-ci n'est pas là,
quoiqu'il y soit tout de même réellement : fait-il un mensonge ? Non, parce qu'il n'en
impose point à ceux à qui il parle ; ne sait-on pas que ces paroles signifient : mon
employeur n'est pas disponible, il ne peut vous recevoir ? Les sens de l'expression
est connu, personne ne s'y méprend ; ainsi il n’y a point de mensonge. Enfin,
quoiqu'il faille toujours penser ce qu'on dit, il n'est pas toujours nécessaire de dire
tout ce qu'on pense ; il faut quelquefois user d'une sage réserve, pour ne pas laisser
pénétrer ce qu'il est important de tenir secret ; on ne doit pas pour cela recourir au
mensonge, mais faire en sorte de concilier la vérité et la discrétion.
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D : Qu'est-ce que calomnier ?
R : C'est imputer au prochain des
fautes qu'il n'a pas commises ou
des défauts qu'ils n'a pas.
Noirci la réputation du prochain, en
disant de lui du mal qu'il n'a pas fait,
ou en lui attribuant des défauts, des
vices qu'il n'a pas voilà ce que c'est
que calomnier. La calomnie est un
mensonge pernicieux au plus haut
degré, et elle blesse en même temps
la charité et la justice.
1°) la charité : n'est-ce pas se
montrer l'ennemi de son frère que de
flétrir son honneur ? Jugez-vous qu'on vous aime si l'on use à votre égard d'un
semblable procédé ? Quelle idée l'Esprit-Saint nous a-t-il donnée de ceux qui
tombent dans ce désordre ? Sous quels traits les a-t-il peints ? Les détracteurs sont
haïs de Dieu (Rom., I) et l'abomination des hommes (Prov.,XXIV). Ceux qui dans le
secret parlent mal du prochain ne sont rien moins qu'un serpent qui mord sans faire
de bruit (Eccl.,XI). Leur langue est une flèche qui blesse cruellement (Jer.,IV). Leurs
lèvres distillent le venin des aspics (Ps.,CXXXIX).
2°) La calomnie blesse la justice : la réputation du prochain est son bien, il y a point
de propriété plus sacrée et plus inviolable : et le calomniateur le lui ravit ; il lui
arrache un trésor préférable, dit l'Esprit-Saint, aux plus grandes richesses
(Prov.,XXI). Il est donc dans la force du terme un voleur ; il tue l'honneur, la vie
morale, de son frère !. Enfin, le calomniateur agit en démon : la calomnie est
proprement le péché du diable, qui est appelé dans l'Écriture l'accusateur et le
calomniateur de ses frères (Apoc.,XII).
D : Qu'est-ce que médire ?
R : C'est faire connaître, sans nécessité, les fautes ou les défauts du prochain.
On nuit à la réputation de prochain, ou en disant faussement du mal, et c'est la
calomnie ; ou en révélant sans nécessité ses fautes ou ses défauts réels, et c'est la
médisance. Je dis en révélant sans nécessité : car la médisance est une diffamation
injuste ; or, la diffamation cesse d'être injuste quand il y a des raisons graves de
parler ; un témoin, par exemple, interrogé par les magistrats, leur doit toute la vérité ;
c'est faire une action louable que de révéler à un supérieur, à un père de famille, des
désordres ignorés, afin qu'il les réprime ; c'est un acte de charité de faire connaître à
des particuliers des fautes ou des défauts d'autrui, qui peuvent nuire à leurs bien
spirituels ou temporels. Dans tous ces cas il y a en un certain sens diffamation, mais
il n'y a pas médisance parce que la diffamation n'est point injuste.
D : Est-ce un mal de faire connaître les fautes ou les défauts du prochain,
quand on ne dit que la vérité ?
R : Oui, parce qu'il n'est jamais permis de blesser le prochain dans son
honneur ou sa réputation.
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Faire connaître sans nécessité les torts, les défauts d'autrui, quoiqu'on ne dise que la
vérité, n'est-ce pas violer ouvertement le précepte de la charité qui nous ordonne
d'aimer le prochain comme nous-mêmes ? Voudriez-vous qu'on révélât vos défauts
cachés ? Non certainement, vous devez donc taire ceux de vos frères. Ils sont pleins
d'imperfections et de faiblesse ? Mais vous, êtes-vous parfaits ? Ils ont commis des
fautes : mais leurs péchés font-ils donc vos vertus ? Ils ont leurs défauts : mais
n'avez-vous pas les vôtres ? N’avez-vous pas peut-être ceux mêmes que vous
relevez, que vous publiez, que vous exagérez avec tant de méchanceté ? Quelle
lâcheté, d'ailleurs, que d'attaquer ceux qui, étant absents, se trouvent dans
l'impossibilité de se défendre ! Vous n'osez attaquer de front ! C’est dans l'obscurité
que vous portez vos coups ! Vous médisez par derrière ! Est-il une conduite plus
lâche et plus vile ? et cette conduite est celle de tous ceux qui médisent du prochain ;
aussi le Saint-Esprit les compare à l'animal rampant qui enfonce en silence sa dent
meurtrière : Si mordeat serpens in silentio, nihil eo minus habet qui occulte detrahit
(Eccl.,X).
D : Peut-on écouter la médisance avec plaisir ?
R : Non, il n'est jamais permis d'écouter avec plaisir ce qui peut blesser ou
affliger le prochain.
Si la langue qui se plaît à répandre le
mal porte au péché, l'oreille qui prend
plaisir à le recueillir n'est pas moins en
état de péché. « Munis tes oreilles
d'épines, dit l'Esprit-Saint, et garde toi
d'écouter la langue méchante »
(Eccl.,XXVIII). La médisance est un
glaive à deux tranchants qui tue d'un
même coup deux âmes, et il est
souvent difficile, dit saint Bernard, de
décider lequel est le plus coupable de
celui qui médit, ou de celui qui prête
l'oreille à la médisance. Saint Grégoire
est persuadé qu'il y aura dans l'enfer
autant d'âmes tourmentées pour avoir
entendu des médisances que pour les
avoir faites. Puisqu'il n'est jamais
permis d'écouter avec plaisir la médisance, que faut-il donc faire quand on entend
médire ?
1°) si la personne qui entend médire est supérieure à celle qui dit du mal du
prochain, elle doit lui imposer silence ;
2°) si elle est inférieure ou égale, elle doit détourner la médisance avec adresse en
changeant la conversation ;
3°) si l'on continue, elle doit manifester son mécontentement, au moins par son
silence ;
4°) si tous ces moyens sont inutiles, elle doit se retirer et se séparer des pécheurs,
afin de ne pas périr avec eux.
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D : A quoi est tenu le calomniateur ?
R : Le calomniateur est tenu de se rétracter, et de réparer le dommage qu'il a
causé.
Le calomniateur est tenu de rétracter toutes les faussetés qu'il a publiées sur le
prochain ; il est obligé d'avouer son tort dans toute son étendue. Si sa réputation en
souffre, celle du prochain, qu'il a indignement flétrie, exige impérieusement ce
sacrifice ; sans cela, point de pardon à espérer, et par conséquent point de salut. Un
voleur ne doit-il pas s'il veut se réconcilier avec Dieu et se sauver, restituer le bien
qu'il a usurpé ? Or, le calomniateur a privé le prochain d'un bien plus précieux mille
fois que tous les trésors ; il lui a volé son honneur : il doit donc le lui restituer, et pour
cela rétracter franchement et positivement tout le mal qu'il a inventé contre lui. Ce
n'est pas tout : si la calomnie a causé quelque dommage au prochain, il y a
obligation de le réparer ; le calomniateur est à l'origine, par exemple, qu'un ouvrier a
été mis à pied et a manqué de travail pendant un mois : il doit l'en indemniser et lui
payer la somme qu'il aurait gagnée, s'il ne l'eût pas calomnié.
D : A quoi est tenu le médisant ?
R : Le médisant doit recourir aux excuses, dire le bien qu'il sait de celui dont il
a mal parlé, et réparer, autant qu'il le peut, les dommages qui peuvent résulter
de sa médisance.
Moins grave dans sa nature que la calomnie, la simple médisance a cela de plus
fâcheux qu'elle est plus difficile à réparer. On ne peut pas la rétracter, puisqu'on n'a
dit que la vérité : que faut-il donc faire ? Demander pardon à celui dont on a médit ;
dire de lui tout le bien qu'on en connaît ; prier les personnes devant qui on a mal
parlé de ne point faire usage de ce qu'on leur a dit ; faire tout ce qui est possible pour
détruire l'opinion fâcheuse qu'on a donnée du prochain. De plus, le médisant doit
réparer tous les dommages qui ont pu résulter des mauvais propos qu'il a semés ;
par exemple, il a été la cause que tel marchand a perdu des clients ; il est obligé de
le dédommager de toutes les pertes qu'il a occasionnées. Au reste, quelques
moyens que l'on prenne, il est toujours extrêmement difficile de réparer le mal causé
par la médisance et la calomnie. Les paroles, dit saint Bernard, volent rapidement et
passent légèreté ; dans ce passage, dans ce vol rapide, elles font des plaies bien
dangereuses et bien profondes ; aisément elles s'insinuent dans l'esprit, difficilement
elles en sortent ; et s'il est vrai, comme il est impossible d'en douter, que l'iniquité
subsiste tant qu'elle n'est pas suffisamment réparée, et si c'est ici la plus irréparable
de toutes, combien ne doivent pas trembler devant Dieu les médisants et les
calomniateurs !
D : Qu'est-ce que juger témérairement ?
R : Juger témérairement, c'est concevoir une opinion désavantageuse au
prochain, ou lui prêter de mauvaises intentions sans raison suffisante.
Ce n'est point un péché de juger mal du prochain, quand il y a pour cela un
fondement certain ; par exemple, vous voyez un homme qui fait une action mauvaise
de sa nature : ce n'est point un péché de juger qu'il est coupable, parce que vous
avez une raison on ne peut grave pour porter un semblable jugement. Mais vous
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apercevez une personne qui fait une chose bonne en elle-même, et sans motif vous
lui supposez de mauvaises intentions, vous jugez qu'elle agit par hypocrisie, pour
s'attirer l'estime du monde, etc. ; vous apercevez quelqu'un entrer dans une maison,
et sans raison vous jugez qu'il y entre pour voler ; vous avez perdu un objet, et, sans
en avoir la moindre preuve, vous jugez que c'est un tel qui vous l'a pris ; ce sont là
autant de jugements téméraires, autant de péché contre la charité et la justice :
1°) contre la charité, qui vous défend de faire au prochain ce que vous ne voudriez
pas qu'il vous fit : or, vous ne voudriez pas que, sans raison suffisante, on jugeât que
vous avez tel défaut, que vous avez fait telle mauvaise action ;
2°) contre la justice : puisque vous privez le prochain du droit qu'il a à votre estime
tant qu'il ne vous a donné aucun motif de nourrir dans votre esprit des pensées
défavorables à son égard. Le jugement téméraire est condamné par Jésus-Christ
dans l'Évangile : « Ne jugez point afin, que vous ne soyez point jugés, car vous serez
jugés comme aurez jugé les autres » c'est-à-dire que nous devons nous attendre à
un jugement rigoureux, si nous condamnons nos frères par la témérité de nos
jugements.
TRAITS HISTORIQUES
Les chrétiens qui sont exposés aux médisances et aux calomnies doivent supporter
avec patience cette épreuve que le ciel leur envoie, à l'imitation de Jésus-Christ, qui
supporta avec résignation les faux témoignages et les calomnies dont on le chargea
devant les tribunaux, et les injures et les outrages dont il fut accablé jusque sur la
croix.
Un libertin irrité de ce que saint François de Sales lui avait arraché sa proie, contrefit
l'écriture et le style du saint, et lui prêta le langage de la plus infâme passion. Cette
calomnie fit des dupes sans nombre, et le saint, taxé d'homme corrompu et
d'abominable hypocrite, souffrit patiemment cette inculpation. Mais deux ans après,
le coupable, bourrelé de remords, rétracta publiquement ce qu'il avait avancé.
Un juge, chez qui saint Vincent de Paul habitait, l'accusa de lui avoir volé quatre
écus, et décria ce saint digne de l'admiration de tous les siècles. Peu ému de cette
accusation, Vincent se contenta de dire tranquillement : Dieu sait la vérité. Ce fut là
sa seule réponse pendant six ans que ce soupçon pesa sur lui. Le véritable voleur
finit par se découvrir lui-même.
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