« Si le Parlement fait des lois et si les femmes doivent obéir à ces
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« Si le Parlement fait des lois et si les femmes doivent obéir à ces
« Si le Parlement fait des lois et si les femmes doivent obéir à ces lois, alors les femmes doivent faire partie des instances de prise de décision quant à ces lois. » Millicent Fawcett, fondatrice de l’Union nationale pour le suffrage des femmes, 1897 «Les femmes, en plus de leurs occupations quotidiennes, doivent être associées à tous nos gouvernements» Charte de Kurukan Fuga Mali (1236) PREFACE Près de 20 ans après la Conférence de Beijing sur les femmes et, 15 ans après le Sommet du Millénaire, le Sénégal a franchi un pas important dans le renforcement de la démocratie avec l’adoption de la loi n°2010-11 du 28 mai 2010 qui instaure la parité absolue homme-femme dans toutes les institutions totalement ou partiellement électives. Il reconnait ainsi l’importance de la place des femmes dans la société et le rôle qu’elles doivent jouer dans la démocratie sénégalaise. En effet, cette loi vient corriger la disparité notoire entre les hommes et les femmes sur la scène politique et vise à augmenter la représentation des femmes dans toutes les institutions totalement ou partiellement électives en assurant l’égalité absolue hommes et femmes. Le Sénégal ouvre ainsi la voie dans la région et montre l’exemple avec une loi qui restera dans l’histoire comme un modèle de courage et de volonté de renforcer l’égalité entre les hommes et les femmes. Cette loi, qui constitue un élément structurant pour le cadre normatif du Sénégal en faveur de cette égalité, s’inscrit dans la suite logique des instruments juridiques signés et ratifiés par le Sénégal, à savoir : • La Constitution du Sénégal en son article 7 alinéa 5 qui recommande l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats et fonctions. • La Convention sur l’Elimination de toutes les Formes de Discrimination à l’Egard des Femmes (CEDEF), article 14 (2.) qui enjoint aux « États parties à prendre toutes les mesures appropriées pour éliminer la discrimination à l'égard des femmes dans les zones rurales afin de leur permettre de participer pleinement à l'élaboration et à l’exécution des plans de développement à tous les échelons» • Le Protocole à la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples relatif aux droits des femmes (Protocole de Maputo) en son Article 9 qui - 03 - encourage les Etats à entreprendre des actions positives spécifiques pour promouvoir la gouvernance participative et la participation paritaire des femmes dans la vie politique de leurs pays. Par l’adoption de cette loi, le Sénégal reconnait que l’entrée des femmes dans les sphères de la gouvernance, leur présence et leur point de vue au sein des institutions politiques sont essentiels pour atteindre les objectifs de développement et de justice sociale. Leur participation dans les sphères de prise de décision est capitale et elle est nécessaire pour renforcer la démocratie, les droits humains et la représentation de leurs besoins et intérêts. Cependant, la marche vers l'égalité entre femmes et hommes n'est pas sans écueil. Les débats, survenus lors des élections locales de Juin 2014 sur les listes non paritaires, prouvent que ces acquis doivent être renforcés et que des défis persistent à tous les niveaux, constituant une entrave à l’atteinte des OMD. Le vrai challenge aujourd’hui, c’est de respecter la loi sur la parité et veiller à sa mise en œuvre sans conditions. Veiller au respect de la loi et aux droits des femmes est notre devoir. Cela contribuera au développement du Sénégal en s’assurant que chaque citoyen et citoyenne participe et bénéficie de cette marche vers plus de justice sociale. Nous nous réjouissons de la mise en place du comité pour la défense des droits des femmes et de la promotion de l’harmonisation de la législation sénégalaise avec les conventions internationales. Nous espérons que ce livret de vulgarisation de la loi sur la parité éveillera les consciences en mettant l’accent sur le fait que parvenir à l’égalité des sexes est un gage de l’émergence d’un Etat de droit. Dr Josephine ODERA Représentante et Directrice Régionale, ONU-FEMMES en Afrique de l’Ouest et du Centre - 04 - SOMMAIRE Introduction 06 Constats d’expert/e/s 07 Les statistiques qui justifient la Loi sur la parité 17 La parité selon la sagesse universelle 19 Le Droit International, Africain et Sénégalais pour la parité 25 La justice pour la parité 31 La parité pour respecter pour protéger … 35 - 05 - INTRODUCTION Le 28 mai 2010, le Sénégal a adopté la loi n°2010 - 11 instituant la parité absolue dans les assemblées électives et semi-électives, pour permettre la participation égale des femmes et des hommes dans les instances de prise de décision. Son application aux élections législatives du 1er juillet 2012 a conduit à l’élection de 64 femmes à l’Assemblée Nationale soit 42,66%. Toutefois, cette véritable avancée démocratique est actuellement menacée. En effet, outre le non respect de la loi lors de l’installation du bureau de l’Assemblée Nationale et de l’élection des représentants au parlement de la CEDEAO et de l'UEMOA, une liste non paritaire a été validée à l’occasion des élections locales ; de plus, l’élection des bureaux des différentes collectivités locales n’a pas pris en compte le décret d’application de la loi sur la parité sur instruction expresse d'une circulaire du Ministre de l'Intérieur. C’est dans ce contexte de non-respect de la parité et de son décret d’application n°2011 - 819 du 16 juin 2011 qu’une vingtaine d’organisation de défense des droits de la personne humaine a décidé de se regrouper autour d’un Comité de défense de la parité et de la République, dans toutes ses composantes : - Démocratie : « Le principe de la République du Sénégal est : gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple » (article 1er Constitution du Sénégal) or, le peuple étant composé de femmes et d’hommes, la République et ses instances de gouvernement doivent être également composées de femmes et d’hommes ; - Bonne gouvernance : l’aspect essentiel de la bonne gouvernance réside dans une action gouvernementale prévisible, transparente, éclairée, respectueuse de l’Etat de droit et comptable de ses actions ; - Etat de Droit : C’est l’Etat dans lequel la puissance publique est soumise au Droit. L’objectif général est de mettre en place un comité de veille pour le respect scrupuleux de la loi sur la parité et de son décret d’application. Les Objectifs spécifiques qui ont été retenus sont : 1 : Créer un mouvement pour la préservation des acquis des droits des femmes 2 : Faire respecter les droits des femmes 3 : Accroître la participation des femmes aux instances de prise de décision 4 : Atteindre la parité en tout lieu 5 : Chercher des alliés pour le respect de la parité Notre message à l’Etat est le suivant « La parité, vous l’avez adoptée, il faut l’appliquer » - 06 - CONSTATS D’EXPERT/E/S CONSTATS D’EXPERT/E/S - 07 - Déclaration et Programme d'Action de Beijing à la Quatrième Conférence Mondiale sur les Femmes (15 septembre 1995) « Lorsqu'elles occupent des postes politiques et de responsabilités aux niveaux des gouvernements et des organes législatifs, les femmes exercent une influence qui amène à : • redéfinir les priorités politiques, • inscrire dans les programmes politiques de nouvelles questions qui reflètent leurs préoccupations spécifiques, leurs valeurs et leurs expériences, • répondre à ces préoccupations, • éclairer d'un jour nouveau les questions politiques générales. » - 08 - «Depuis ma libération, je suis plus convaincu que jamais que ceux qui font l'histoire sont les hommes et les femmes ordinaires de notre pays ; leur participation à toutes les décisions quant à l'avenir est la seule garantie d'une véritable démocratie et de la liberté " Nelson MANDELA - 09 - Extrait du Message du Président Abdoulaye WADE à l’Assemblée nationale, lu par son Premier Ministre, M. Macky SALL, 8 décembre 2006 (à la veille des élections législatives de février 2007) «L’histoire politique de notre pays illustre à suffisance l’engagement déterminé et l’enthousiasme constant des femmes dans la mobilisation et l’animation des partis. Mais nous devons reconnaître que, finalement, on leur fait peu de place lorsqu’il s’agit de confectionner les listes pour les soumettre à la sanction du peuple. Premières sur le front politique, elles sont reléguées au second plan quand vient le moment de sélectionner les futurs représentants du peuple. C’est une injustice qu’il convient de réparer au plus vite. Ce faisant, nous restituerons, d’une certaine manière, à la femme sénégalaise, son rôle historique dans l’exercice du pouvoir, la défense de la liberté, de la dignité et de l’honneur. Revisitons notre histoire et pensons à Ndieumbët Mbodj, Yacine Boubou, Ndaté Yalla, Aline Sitoé Diatta. En restant fidèles à notre histoire, nous serons également en conformité avec nos engagements internationaux. (…) Et notre destin en tant que Nation unie et cohérente dans sa diversité, libre, inspirée par l’idéal démocratique, en dépend pour une large part». - 10 - Alin Sitoye Jaata FIGURES HISTORIQUES DU SENEGAL - LES LINGEER, DES FEMMES DE POUVOIR Les actions posées par Yaasin Bubu sont des exemples probants qui montrent que les Lingeer, ces femmes des classes dirigeantes des royaumes wolof, pouvaient grâce à d’habiles stratégies se retrouver au cœur de la sphère publique. lingeer Ndaté Yàlla La lingeer Biigé Ngooné, doyenne de la famille maternelle des Geej du Kajoor n’hésita pas à sillonner l’ensemble des royaumes Wolof de la Sénégambie, au milieu du 18ème siècle, pour rechercher des alliances profitables à son fils Maysa Biigé, prétendant au trône et concurrent de Maawa Mbàcco de la famille maternelle Dorobé. En fait, par la position qu’elles occupent aussi bien aux plans sociaux que politiques, les Lingeer ont pu accumuler la richesse et la force d’influence qui leur permirent de jouer des rôles actifs au sein de leur royaume. L’exemple de deux autres Lingeer Djëmbët et Ndaté Yalla, qui ont vécu dans la première moitié du 19ème siècle dans le royaume wolof du Waalo au moment de la conquête française, le montre aussi clairement. Pendant une quinzaine d’années, la politique de ce royaume fut dominée par la forte personnalité de ces deux Lingeer. Par son mariage avec le souverain du Trarza (royaume maure situé au nord du Waalo), Djëmbët a fait un acte politique considérable, puisque cette alliance permit aux deux royaumes (Waalo et Trarza) de constituer un bloc résistant face au - 11 - colonisateur français. Elle a utilisé sa position privilégiée de Lingeer du Waalo pour profiter du commerce atlantique et accumuler pour sa famille maternelle (Tedjeek), une richesse qui lui permit d’imposer un souverain de son choix à l’assemblée élective du royaume. Ainsi de 1841 à 1846 date de sa mort, la réalité du pouvoir politique au Waalo se trouvait non pas aux mains du roi, mais véritablement entre celles de la Lingeer Djëmbët. La politique de cette Lingeer est poursuivie par sa sœur Ndaté Yalla qui lui succède le 1er octobre 1846. Avec le soutien de son époux (qui n’était pas le souverain), elle prend les rênes du pouvoir et se met à la tête du parti national qui s’était créé face aux velléités de conquête des Français. Jusqu’à la défaite du Waalo devant les troupes françaises en 1855, toutes les correspondances envoyées par les colonisateurs installés dans leur comptoir de Saint Louis ont été en majorité adressées à la Lingeer Ndaté Yalla, reine du Waalo. On peut alors dire que Ndaté a été reine de fait, puisque malgré la présence du souverain, c’est elle qui s’entretenait avec les administrateurs de Saint-Louis et prenait les décisions qui engageaient son royaume. De Yaasin Bubu lingeer du Kajoor au 17ème siècle, à Ndaté Yalla reine du Waalo de 1846 à 1855, en passant par les Lingeer Biigé Ngooné et Djëmbët, on voit que même si les femmes n’ont de rapport avec la politique que par personne interposée, les Lingeer ont su, quand il le fallait, actionner les leviers que leur offrait leur position politique et sociale, surtout celle qu’elles occupaient au sein de leur famille maternelle. Elles ont pu ainsi agir et s’impliquer directement dans les sphères où se décidait l’avenir de leur pays. Rokhaya Fall /Sokhna, Chargée d'enseignements, responsable du laboratoire Femmes, Sociétés et Cultures, Faculté des Lettres et sciences humaines, Université Cheikh Anta Diop de Dakar - 12 - «Que l’on ne me parle pas d’incompétence des femmes dans certains milieux ruraux. Celles-là sont déjà des cadres dans divers domaines, mais elles s’expriment dans leurs langues nationales maternelles, comme du reste c’est le cas de beaucoup d’hommes.» «Que l’on ne me dise pas que c’est une loi qui ne fait pas référence à la compétence car la compétence n’a pas de genre.» «Cette loi, qui rend à la femme sénégalaise une partie de ses droits perdus, est en soi démocratique, juste, humaine ; elle contribuera assurément au développement économique et social de notre pays.» Ekinool Ataba Sékou SAMBOU, député, extrait de son discours à l’Assemblée nationale à l’occasion du vote de la loi sur la parité, vendredi 14 mai 2010. Adja Arame Diène (au centre) (1926-2005) Figure emblématique de la communauté lébou, Présidente du mouvement des femmes du Parti socialiste, Députée durant cinq législatures, de 1983 à 2001 « La première députée à s’exprimer en wolof à l’Assemblée nationale» - 13 - Table ronde sur l'égalité des sexes et la démocratie, Siège de l'ONU, 04 Mai 2011, Helen Clark, Administrateur du Programme des Nations unies (PNUD) http://www.un.org/apps/news/infocus/sgspeeches/statments_full.asp?st atID=1164 (consulté le 6 mai 2011) «Sans la pleine participation des femmes aux processus de décision et aux débats sur les priorités politiques et les options, les questions de grande importance pour les femmes seront soit négligées, soit traitées de manière sous-optimale et insuffisamment informée par les perspectives des femmes ", - 14 - "Une expérience fascinante a eu lieu en Inde après 1993, lorsque la Constitution indienne a été modifiée pour prévoir qu'un tiers des postes de chef de village devaient être réservés aux femmes. Ceux-ci ont été répartis au hasard, de sorte qu'il est devenu possible de comparer si les villages dirigés par des femmes étaient gouvernés différemment de ceux dominés par les hommes. En effet, les dépenses prioritaires étaient différentes. Dans les villages dirigés par des femmes, des pompes à eau ou des robinets ont été installés, et ceux-ci ont également été mieux entretenus. Peut-être parce que la corvée d'eau est le travail des femmes en Inde, mais d'autres services publics ont également été jugés au moins aussi bons que dans les villages dirigés par des hommes. Les chercheurs n’ont pu trouver aucun signe que d'autres types d'infrastructures auraient été négligés. Les populations locales ont indiqué que dans les villages dirigés par des femmes elles étaient beaucoup moins susceptibles d’avoir à payer un dessous de table." Nicholas Krystof, Sheryl Wudunn, lauréats du prix Pulitzer, Half The Sky, Turning Oppression into Opportunity for Women Worldwide, Alfred A. Knopf (publ), New York, 2009, p. 197. - 15 - LA PARITE UNE QUESTION DE PAIX ET DE SECURITE « Les organisations regroupant de manière disproportionnée des jeunes hommes - que ce soient des gangs, des écoles de garçons, des prisons ou des unités militaires - sont souvent particulièrement violentes. Nous pensons que la même chose peut être vrai pour des pays entiers.» Krystof et Wudunn, op. cit. p. 159. «[l]'émancipation de la femme offre une autre voie par laquelle relever les défis géopolitiques tels que le terrorisme. (…) [D]es preuves ont été apportées du fait que plus la voix des femmes compte dans une société, moins il y a de violence. (…) Swanee Hunt, un ancien ambassadeur américain en Autriche maintenant à Harvard, a rappelé la réaction d'un responsable du Pentagone en 2003 à la suite de l’invasion de l'Irak : «Quand je lui ai demandé d'élargir sa recherche des futurs dirigeants de l'Irak , qui avait donné comme résultat des centaines d'hommes et seulement sept femmes, il a répondu, 'Ambassadeur Hunt, nous allons aborder les problèmes des femmes après que nous aurons sécurisé le pays.’ Je me suis demandé à quels «problèmes des femmes» il faisait référence. Moi je parlais de sécurité. » Krystof et Wudunn, op. cit. p. 237. - 16 - LES STATISTIQUES QUI JUSTIFIENT LA LOI SUR LA PARITE LES STATISTIQUES QUI JUSTIFIENT LA LOI SUR LA PARITE - 17 - LES STATISTIQUES QUI JUSTIFIENT LA LOI SUR LA PARITE Taux de représentation des femmes dans les collectivités locales Pourcentage de femmes élues locales • 1996, 14, 46% • 2002 , 11,19%. • 2009, 11, 66% • 2014, …. Pourcentage de femmes maires • En 2002, 6 femmes maires sur 110, soit 5,45%. • En 2009, 10 maires sur 150 soit, 6,66 %. • 2014, … Pourcentage de femmes présidentes de Conseil régional (PCR) • En 2002, une seule femme sur 11 • En 2009 aucune femme sur 14 PCR. Pourcentage de femmes présidentes de communautés rurales • En 2002, une seule femme présidente de communauté rurale sur les 320. • En 2009, 349 communautés rurales : aucune femme présidente de communauté rurale, sauf une sur délégation de pouvoir du PCR homme, un leader religieux musulman • En 2014, Pourcentage de femmes présidentes de communautés départementales (ont remplacé les communautés rurales) ……. Taux de représentation des femmes à l’Assemblée nationale • 2002, 24 femmes sur un total de 120 députés (20%), • 2007, 32 femmes sur un total de 150 députés (21,3%). • 2012, 64 femmes sur un total de 150 députés (42,66%) - 18 - LA PARITE SELON LA SAGESSE UNIVERSELLE LA PARITE SELON LA SAGESSE UNIVERSELLE - 19 - LEÇON N°1 : LEÇON D’ESOPE (L’ETHIOPIEN / L’AFRICAIN) : La fable du Renard et de la Cigogne Leçon donnée, au 7ème - 6ème siècles avant l’ère chrétienne, par l’Africain Esope. Le Renard invite la Cigogne à déjeuner et sert le repas, une purée appétissante, dans une large assiette. C’était gêner la cigogne et la rendre ridicule ; car la purée était liquide et s’échappait de son bec trop fin. À son tour, la Cigogne invita le Renard et servit des morceaux de viande dans une bouteille à col long et étroit : elle pouvait aisément y introduire son bec et manger ; le Renard ne le pouvait pas. A la fin du repas, au Renard qui était resté affamé, la Cigogne demanda s’il avait compris la leçon. Questions : Quelle est la leçon que la Cigogne a apprise au Renard ? Réponse : Les lois ne sont pas neutres. Si tu ne participes pas à l’élaboration de la loi, tes préoccupations, tes priorités et ta vision ne seront pas prises en compte. - 20 - LEÇON N°2 : AU ROYAUME DE NDUMBELAAN (LE ROYAUME DES ANIMAUX) : LE PARTAGE DE BUKKI - L’HYENE Nijaay Gayndé (oncle Lion) a ramené de la chasse un gros gibier qu’il a déposé au milieu de l’assemblée des animaux. Appelant Bukki-L’Hyène, oncle Gayndé lui demande de procéder au partage. Bukki s’approche du gibier et le découpe en trois parts. Posant la patte sur la première part, il décrète : «Cette part-ci est pour Bukki» ; posant la patte sur la deuxième part, il annonce : «Cette part est pour celui qui porte le patronyme de Ndiour» (Ndiour étant le patronyme de l’hyène) ; désignant la dernière part, il clame : « Cette part est pour le premier qui va poser la patte dessus» et sans attendre il pose sa patte sur le dernier tas de viande. Oncle Gaynde s’avance alors vers Bukki et l’étend raide mort d’un seul coup de patte. Le roi de la brousse se tourne alors vers Leuk-le-Lièvre et lui demande de venir procéder au partage du gibier. Leuk s’avance et divise lui aussi la viande en trois tas, puis il annonce à voix haute : «Cette première part est pour oncle Lion ; la deuxième part est pour celui qui s’appelle Ndiaye (Ndiaye est le patronyme du lion) et la dernière part est pour celui qui a étendu raide mort Bukki-l’Hyène d’un seul coup de patte.». Oncle Gayndé s’avance alors vers Leuk-le-Lièvre et lui dit d’un ton approbateur : «Toi tu sais partager». Cochez le partage manquant : Le partage du juste Le partage de l’égoïste Le partage du courtisan - 21 - LEÇON N°3 : LA REPUBLIQUE DES SOURIS Discours de l’homme politique canadien Tommy Douglas (1904-1986) C’est l’histoire d’un lieu nommé «Le pays des souris». Le pays des souris était un lieu où vivaient et jouaient toutes les petites souris. Où elles naissaient et mourraient. Elles vivaient de la même manière que vous et moi. Elles avaient même un parlement. Et tous les quatre ans elles avaient une élection. Elles se rendaient aux urnes et votaient. Certaines se faisaient même conduire en chariot. Un avantage qu’elles n’obtenaient que tous les quatre ans pour être exact. Comme vous et moi. Et à chaque élection, toutes les petites souris prirent l’habitude d’aller aux urnes et d’élire un gouvernement. Un gouvernement constitué d’énormes et gros Chats noirs. Je n’ai rien contre les Chats noirs. Ils étaient de bons compagnons. Ils conduisaient leur gouvernement avec dignité. Ils promulguaient de bonnes lois. C’est-à-dire des lois qui étaient bonnes pour les Chats. Mais ces lois qui étaient bonnes pour les Chats n’étaient pas bonnes pour les souris. Une de ces lois disait que l’entrée de la souricière devait être suffisamment grande pour qu’un Chat puisse mettre sa patte à l’intérieur. Une autre loi disait que les souris ne pouvaient se mouvoir qu’à certaines vitesses afin que les Chats trouvent à manger sans trop d’effort physique. Toutes ces lois étaient bonnes pour les Chats. Mais elles étaient bien dures pour les souris. Et lorsque les souris les trouvèrent de plus en plus difficiles, quand les souris ne purent plus les supporter. - 22 - Elles décidèrent qu’il y avait quelque chose à faire. Alors elles se rendirent en masse aux urnes. Elles votèrent contre les Chats noirs et élurent … des Chats blancs. Les Chats blancs firent une campagne géniale. Ils dirent : «Le pays des Souris nécessite une plus grande vision». Ils dirent : «Le problème avec le pays des Souris … ce sont les entrées rondes de la souricière. Si vous nous élisez nous créerons des entrées carrées. » Et ils firent cela. Et les entrées carrées furent deux fois plus grandes que les rondes. Et ainsi les Chats purent y mettre les deux pattes. Et la vie devint plus dure que jamais. Et quand elles ne purent en supporter plus, elles votèrent contre les Chats blancs. Et elles élurent les Chats noirs de nouveau. Pour plus tard revenir aux Chats blancs. Et de là à nouveau les noirs. Elles essayèrent même avec des Chats moitié-blancs-moitié-noirs. Et appelèrent ça : coalition. Elles essayèrent même un gouvernement fait de Chats tachetés. C’étaient des Chats qui essayaient de parler comme des souris mais qui mangeaient comme des Chats. Vous voyez mes ami/e/s, le problème n’était pas la couleur des Chats. Le problème est qu’ils étaient des CHATS ! Et comme ils étaient des Chats, ils s’occupaient des intérêts des Chats et non de ceux des souris. Puis, arriva de très loin une petite souris, qui avait une idée. Mes ami/e/s, prêtez attention à la personne humble qui a une idée. Elle dit aux souris : «Mes sœurs, écoutez-moi, pourquoi continuons-nous à élire un gouvernement constitué de Chats ? Pourquoi n’élisons-nous pas un gouvernement constitué de souris ?» «Oh, dirent-elles, c’est une bolchévique !» Et elles la mirent en prison. Mais j’aimerais vous rappeler que : «Vous pouvez enfermer une souris ou une personne mais vous ne pouvez pas enfermer une idée.» - 23 - Bilaayi yeen gόori Senegaal man tey maa wax ak yeen Au nom du Tout Puissant, vous les hommes du Sénégal c’est moi qui m’adresse à vous aujourd’hui Bu dee mbooloo ñun man nañ ci yen ñaar S’il s’agit de mobiliser nous pouvons vous surpasser du double Bu de xam-xam jigéen yaa ngi jàŋgal gόor S’il s’agit de savoir, il y a des femmes qui enseignent à des hommes Bu dee am-am jigéen yaa ngi daw ba dee S’il s’agit d’avoir, les femmes se saignent aux quatre veines Té gόor gu fi am mbooloo ñun ñoo la mey baas Et tout homme qui a une forte base (de militant/e/s) nous le doit Té bu ngeen manatul dem ñun ñoo leen di won yoon Et quand vous n’en pouvez plus c’est nous qui vous montrons la voie Kon li leen war mooy ngeen doxal parité bi Donc votre devoir est de mettre en œuvre la parité Fatou Guéwél « Parité » - 24 - LE DROIT INTERNATIONAL, AFRICAIN ET SENEGALAIS POUR LA PARITE LE DROIT INTERNATIONAL, AFRICAIN ET SENEGALAIS POUR LA PARITE - 25 - LE DROIT INTERNATIONAL Convention sur l’Elimination de toutes les Formes de Discrimination à l’égard des Femmes (CEDEF), adoptée le 18 décembre 1979 par l’ONU, entrée en vigueur le 3 septembre 1981, ratifiée en 1985 par le Sénégal, intégrée à la Constitution de 2001 Article 14 de la CEDEF : «1. Les États parties tiennent compte des problèmes particuliers qui se posent aux femmes rurales et du rôle important que ces femmes jouent dans la survie économique de leurs familles, notamment par leur travail dans les secteurs non monétaires de l'économie, et prennent toutes les mesures appropriées pour assurer l'application des dispositions de la présente Convention aux femmes des zones rurales. 2. Les États parties prennent toutes les mesures appropriées pour éliminer la discrimination à l'égard des femmes dans les zones rurales afin d'assurer, sur la base de l'égalité de l'homme et de la femme, leur participation au développement rural et à ses avantages et, en particulier, ils leur assurent le droit : a) De participer pleinement à l'élaboration et à l’exécution des plans de développement à tous les échelons » - 26 - LE DROIT AFRICAIN Protocole à la charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits des femmes (Protocole de Maputo, PCADHP), adopté à Maputo le 11 juillet 2003. Entré en vigueur le 25 novembre 2005, ratifié par la loi du 2 Décembre 2004 Article 9, « Droit de participation au processus politique et à la prise de décisions » : «1. Les États entreprennent des actions positives spécifiques pour promouvoir la gouvernance participative et la participation paritaire des femmes dans la vie politique de leurs pays, à travers une action affirmative et une législation nationale et d’autres mesures de nature à garantir que : a) les femmes participent à toutes les élections sans aucune discrimination; b) les femmes soient représentées en parité avec les hommes et à tous les niveaux, dans les processus électoraux ; c) les femmes soient des partenaires égales des hommes à tous les niveaux de l’élaboration et de la mise en œuvre des politiques et des programmes de développement de l’État. 2. Les États assurent une représentation et une participation accrues, significatives et efficaces des femmes à tous les niveaux de la prise des décisions.» - 27 - REPUBLIQUE DU SÉNÉGAL LE DROIT SENEGALAIS La Constitution Son préambule qui intègre à la Constitution la Convention sur l’Elimination de toutes les Formes de Discrimination à l’égard des Femmes (CEDEF) ainsi que le Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits des femmes en Afrique (Protocole de Maputo) Article 7 alinéa 5 ( La loi organique n°40/2007) ; « La loi favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats et fonctions » La loi n°2010-11 du 28 mai 2010 instituant la parité absolue homme-femme dans les institutions totalement ou partiellement électives de la République (J.O. n° 6544 du 4 septembre 2010) Article 1 : La parité absolue, homme femme, est instituée au Sénégal dans toutes les institutions totalement ou partiellement électives. Article 2 : « Les listes de candidatures sont alternativement composées de personnes des deux sexes. Lorsque le nombre de membres est impair, la parité s’applique au nombre pair immédiatement inférieur. Les listes de candidatures doivent être conformes aux dispositions ci-dessus à peine d’irrecevabilité.» Article 3 : «Les conditions d’application de la présente loi seront définies et précisées par décret.» Article 4 : « La présente loi et ses décrets d’application seront insérés au code électoral. - 28 - DECRET n° 2011-819 du 16 juin 2011 portant application de la Loi instituant la Parité absolue Homme-Femme (J.O. N° 6614 du Samedi 17 Septembre 2011). Article premier. Conformément à la loi n° 2010-11 du 28 mai 2010 instituant la parité absolue Homme- Femme dans toutes les institutions totalement ou partiellement électives, les listes de candidature à l’élection dans lesdites institutions sont, alternativement, composées de personnes des deux sexes, sous peine d’irrecevabilité. Art. 2. - Les institutions totalement ou partiellement électives concernées sont : - les Conseils régionaux, municipaux et ruraux ainsi que leurs Bureaux et Commissions ; - le Sénat, son Bureau et ses Commissions ; - l’Assemblée nationale, son Bureau et ses Commissions, - le Bureau du Congrès du Parlement ; - le Bureau du Conseil Economique et Social et ses Commissions. Pour tout poste de sénateur, député, ou conseiller vacant, le remplaçant doit être du même sexe. Sur les listes de candidatures, la mention du sexe de chaque candidat doit être précisée, à la suite de son nom. Art. 3. - La loi instituant la parité s’applique à tout parti politique légalement constitué, toute coalition de partis politiques et à toutes les listes de candidatures indépendantes. - 29 - La totalité des listes présentées par chaque parti, coalition de parti ou candidature indépendante est déclinée au prorata du nombre d’hommes et de femmes potentiellement éligibles. Lorsque le nombre de candidats sur les listes est impair, la parité s’applique au nombre pair immédiatement inférieur. Pour chaque élection, les partis politiques, les coalitions de partis politiques et les listes de candidatures indépendantes ont l’obligation d’investir un nombre égal d’hommes et de femmes, toutes listes confondues. Art. 4. - Le présent décret abroge toutes dispositions contraires. Art. 5. - Le Ministre d’Etat, Ministre de l’Intérieur, le Ministre d’Etat, Garde des Sceaux, Ministre de la justice, le Ministre d’Etat, Ministre de la Culture, du Genre et du Cadre de Vie, le Ministre de la Décentralisation et des Collectivités locales et le Ministre chargé des Relations avec les Institutions sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution du présent décret qui sera publié au Journal officiel. Fait à Dakar, le 16 juin 2011 Abdoulaye WADE Par le Président de la République : Le Premier Ministre, Souleymane Ndéné NDIAYE. - 30 - LA JUSTICE POUR LA PARITE LA JUSTICE POUR LA PARITE - 31 - REPUBLIQUE DU SENEGAL Un Peuple – Un But – Une Foi COUR D’APPEL DE DAKAR ARRET N° 77 ASSEMBLEE GENERALE du 21/08/2014 Objet : Demande d’Annulation de l’Election du Maire et de ses adjoints du Conseil Municipal de la commune de Keur Massar pour violation de la loi sur la parité et son décret d’application Considérant que les articles 99 du Code général des collectivités locales, LO.25 et L. 253 du Code électoral permettent à tout électeur ou à tout candidat à une élection municipale de réclamer, devant la cour d’appel du ressort, l’annulation des élections du maire et des ses adjoints ; Que s’ils sont élus dans les conditions fixées aux articles 92 à 98 du Code général des collectivités locales, il y a lieu de relever que l’article 1er de la loi n° 2010-11 du 28 mai 2010 instituant la parité absolue homme femme dans toutes les institutions totalement ou partiellement électives et l’article 2 du décret n° 2011-819 du 16 juin 2011 portant application de ladite loi, font obligation d’élire au sein du conseil municipal un bureau alternativement composé de personnes des deux sexes ; Qu’il importe de faire observer, au vu des pièces du dossier, notamment du procès-verbal d’élection du maire et de ses adjoints de la commune de KEUR MASSAR en date du 21 juillet 2014 ainsi que des documents d’identification des personnes élues qui y sont annexés, qu’une seule - 32 - femme figure parmi les huit élus du bureau constitué de : Moustapha Mbengue (maire de sexe masculin), Ousmane Thiouf (premier adjoint de sexe masculin), Maixent KABOU (deuxième adjoint de sexe masculin), Mamadou DIOUF (troisième adjoint de sexe masculin), Karfa DIOUF (quatrième adjoint de sexe masculin), Omar SYLLA (cinquième adjoint de sexe masculin), Marie Louise SY (sixième adjoint de sexe féminin) et Ousmane CISSE (septième adjoint de sexe masculin) ; Qu’il s’en infère que la parité absolue homme femme n’a pas été respectée lors de l’élection du bureau du conseil municipal de KEUR MASSAR lequel n’est pas alternativement composé de personnes de sexes différents ; Considérant que cela étant, l’élection de Moustapha MBENGUE, se faisant en premier, n’est pas entachée d’irrégularité en ce que le maire peut être de l’un ou l’autre sexe conformément aux dispositions des articles 92 et suivants du code général des collectivités locales ; Qu’il sen suit que l’élection des membres du bureau du conseil municipal de la commune de KEUR MASSAR, autre que celle du Maire qui a été régulièrement élu, est entachée d’irrégularité pour violation de la loi instituant la parité ; PAR CES MOTIFS Statuant publiquement, contradictoirement, en Assemblée Générale, en matière électorale et en premier ressort ; En la forme Reçoit la requête introduite par le sieur Amadou Barry conseiller municipal de la commune de KEUR MASSAR ; Au fond Déclare régulière l’élection du maire MOUSTAPHA MBENGUE de la commune de KEUR MASSAR ; - 33 - Annule l’élection des autres membres du bureau du conseil municipal de la commune de KEUR MASSAR pour non-respect de la loi sur la parité ; Ainsi fait, jugé et prononcé par l’Assemblée générale de la Cour d’appel de Dakar régulièrement composée sous la présidence de Monsieur Demba KANDJI, Premier Président : Maïmouna Sow, Papa Makayéré NDIAYE, Ousmane KANE, Amadou Hamady DIALLO, Fatou Binetou NDOYE, Abdou Khadre NDIAYE, Présidents de Chambre, Abdoulaye NDIAYE, Secrétaire Général, Adama SARR, Souleymane SY, Ndèye Marie SOW, Aïssatou BA DIALLO, Malang CISSE, Mamadou Lamine DIEDHIOU, Henriette Diop TALL, Mamady DIANE, Ahmed FALL, Tahir KA, Amadou Moustapha FALL, Younousse KANE et Khokhane SENE, Conseillers en présence de Monsieur Lansana Diaby SIBY, Procureur Général, Monsieur Mame Cor Ndour, Avocat Général, Messieurs El Hadji Gormack TALL, Alioune SARR et Abdou Karim DIOP, Substituts Généraux avec l’assistance de Maître Ndèye Marième DIENG, Administrateur des Greffes, les jour, mois et an que dessus. - 34 - LA PARITE POUR RESPECTER POUR PROTEGER … LA PARITE POUR RESPECTER POUR PROTEGER … - 35 - Pour la Fondation Alliance Française, 8 mars 2011, Journée Internationale de la Femme FADO POUR LES FEMMES "Fado pour les femmes", c'est un poème vivant, c'est-à-dire que là où j'ai laissé des points de suspension, tout le monde peut ajouter (à sa lecture) ses héroïnes. Parfois, dans mes conférences, j'ajoute des héroïnes locales que je respecte, selon la ville ou le pays... Bref, nous ne pouvons pas toutes les citer :-) les grandes dames de l'histoire des femmes, de l'histoire humaine tout simplement. Cléopâtre, je pense à vous ! Me croiriez-vous, si je vous disais que les plus méritantes des femmes d’aujourd’hui voient encore, trop souvent, leurs compétences niées ou placées sous l’égide de quelque mâle dominant, qui aurait succombé à leur charme ? Ainsi, à propos de Dilma Russeff, la nouvelle présidente brésilienne, un journal, qui n’a plus à démontrer son rang de leader d’opinion, Le Monde, a titré sans complexe : « L’élue de Lula. » Il n’est donc point besoin d’être une féministe radicale pour se demander quand s’arrêtera l’infantilisation, pire, la chosification des femmes. Aux oubliés de l’Histoire, il ne reste que l’espoir des lendemains qui chantent. Alors, après chaque révolte, je rêve. Devant les femmes à la fleur coupée Ces déesses à la jouissance mutilée Qui ne goûtent qu’aux douleurs secrètes Je rêve ! - 36 - Devant les voiles pleins d’ombres Que les falsificateurs isolent du monde J’entonne un fado Et je rêve ! Devant les visages tuméfiés Ces beautés cabossées Amoureuses épouvantées par l’être tant aimé Je rêve ! LA PARITE POUR RESPECTER POUR PROTEGER … Devant les trophées de guerre Femmes martyres, violées Comme un ultime outrage fait à l’ennemi Je rêve ! Ici, on viole ! Là, on voile ! Ailleurs on lapide ! Je rêve ! Avec toutes mes sœurs qui pleurent À travers le monde Et réclament justice Je rêve ! Devant les maîtres d’aujourd’hui Tous ces enfants d’hier Oublieux du sein maternel Je rêve ! - 37 - Obstinément Je rêve d’un rendez-vous Non des grands hommes Mais des grands humains Je rêve Et j’entends Rosa Parks nous dire : La dignité est à revendiquer à tout prix Le mot Non ignore le sexe de son émetteur Personne n’est né pour vivre à genoux Alors, du Cap au Tibet De Gaza à Katmandou Redressez-vous ! Je rêve Et je vois Simone Weil La philosophe ouvrière Pour nous tous, elle a éclairé le chemin L’intelligence s’accorde bien au féminin La liberté aussi ! Je rêve et j’écris Chaque page est la peau de mon djoundjoung De son roulement grave Le djoundjoung convoquait les princes guelwaars Mais aussi les princesses Alors, munie de mon djoundjoung, j’appelle. J’appelle Aminata Sarr ! Ma première héroïne, ma grand-mère - 38 - J’appelle Aline Sitoé Diatta ! La Diola sacrifiée pour la liberté de son peuple J’appelle les femmes de N’der ! Qui s’immolèrent par le feu avec leurs enfants Pour échapper à l’esclavage J’appelle Louise Michel ! La vierge rouge Qui sait que seul le savoir libère J’appelle l’armée de ses sœurs ! J’appelle Simone de Beauvoir ! J’appelle Benoîte Groult ! J’appelle Nadine Gordimer ! J’appelle Toni Morrison ! J’appelle Mariama Ba ! J’appelle Taslima Nasreen Et pour égayer le cortège J’appelle Lou Andréas-Salomé ! La belle qui savait tous les usages du feu Et illumina Nietzsche, jusqu’à la folie J’appelle Aung San Suu Kyi ! Qui paie le prix de son rêve de justice Dans les pas de Gandhi J’appelle Wangari Maathai ! La brave Kényane Qui a semé ses graines d’idées en Afrique Pour la planète entière J’appelle Shirin Ebadi ! Qui plante des pousses de paix … - 39 - J’appelle tant d’autres encore. Pour conjurer la surdité de l’Histoire Je tape sur mon djoundjoung, matin et soir Je tape et j’appelle les valeureuses aînées Qui m’ont légué leurs plus beaux rêves Dans un monde où l’on invoque Dieu pour tuer Sans relâche, j’appelle Les femmes et les hommes de bonne volonté À toujours défendre les droits humains Quand les longues nuits d’insomnie Se peuplent de silhouettes craintives Quand les soupirs des malheureuses Menacent d’éteindre la bougie de l’espoir Je hisse des drapeaux rouges Pour circonscrire le gouffre du désespoir Et dans l’opaque bleu nocturne Effrayée par tous ces filets jetés sur l’esprit Je saisis ma rame, ma plume Avec cette plume lourde de toutes mes impuissances Je trace le sillage de mon rêve J’écris. Et même si c’est dérisoire J’écris Toujours ce même rêve : Si c’est trop d’aimer De chérir et de protéger Du moins qu’on respecte Les femmes qui mettent le monde au monde. Fatou Diome - 40 - Jigéen yaay su ñu yaay Femme tu es notre maman Jigéen su ñu dëkkëndo Femme, notre voisine Yaa di su ñu lépp fépp Tu es notre tout, partout Jigéen su ñu xol seddatina Femme notre cœur est de nouveau léger Ndax ku la sooralewul di nga yekk ñamu mbaam Car qui ne t’implique pas produira un plat (projet) tout juste bon pour les cochons Yeen ay asamaan su leen xiinul bilaayi du taw Vous êtes les nuées, si vous ne vous assemblez pas en masse il ne pleut pas Kon xiin leen mu taw Donc assemblez vous afin qu’il pleuve Ismael LO « Jigéen » - 41 - MEMBRES DU COMITE POUR LA DEFENSE DE LA PARITE ET DE LA REPUBLIQUE 1. AFEMS Association des femmes médecins du Sénégal 2. AJS Association des Juristes Sénégalaises 3. AJVA Association des journalistes contre les violences et les abus sexuels 4. ANAFA Association Nationale pour l'Alphabétisation et la Formation des Adultes 5. APROFES Association pour la promotion de la femme sénégalaise 6. CAEDHU Centre Africain pour l’Education aux Droits Humains 7. COSAPERE/ REDHS Collectif Sénégalais des Africaines pour la Promotion de l'Education Relative à l’Environnement 8. COSEF Conseil sénégalais des femmes 9. FAFS Fédération des associations féminines du Sénégal 10. FECSDA Femmes Education Culture Santé et Développement en Afrique 11. GEEP Groupe pour l’Etude et l’Enseignement de la Population 12. GREFELS Groupe de réflexion sur femmes et lois au Sénégal 13. HCDH/BRAO Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme / Bureau de l’Afrique de l’Ouest 14. IDHP Institut des droits de l’homme et de la paix 15. ONDH Organisation nationale des droits de l’homme 16.RADDHO Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme 17. Réseau Siggil Jigeen 18. Wildaf (Sénégal) Femmes, Droit et Développement en Afriques 19. WLUML Women Living Under Muslim Laws 20. Monsieur Daouda Diop (consultant en genre) - 42 -