TOULOUSE : Le docteur Jacques Treil de la Clinique Pasteur a mis

TOULOUSE : Le docteur Jacques Treil de la Clinique Pasteur a mis au point un logiciel pour
scanner les mâchoires des enfants... ou des momies
Article du 10/05/01
Quand les momies sourient en 3 D
Sur l'écran de Jacques Treil, le crâne tourne. On distingue fort bien la mâchoire, les
molaires, les incisives...
Et dans sa machine, Jacques Treil a fait défiler bien du monde: des momies de l'époque
ptolémaïque; des chimpanzés bonobos; des fossiles d'hominidés prêtés par Francis Thackeray,
du muséum de Prétoria, en Afrique du Sud; et bien sûr, le célèbre Millénium Ancestor, ce
papy de six millions d'années, qui, en février dernier, a fait un crochet par la case Pasteur,
venant d'Afrique, et partant vers Paris!
Jacques Treil est un passionné. Pour lui, la science est un fabuleux terrain d'aventure, qui le
fait naviguer de l'aube de l'humanité jusqu'à la pointe de la technologie informatique. Alors,
lorsque son travail à la clinique lui laisse quelque répit, il cherche. Et c'est ainsi qu'il a mis au
point une méthode unique au monde, qui combine le scanner et l'ordinateur, pour l'analyse du
crâne et plus particulièrement de la mâchoire.
POUR LA CHIRURGIE
« L'histoire a commencé avec Jean Casteigt, qui est professeur de chirurgie maxilo-faciale.
Cette spécialité ne disposait jusqu'alors que de radios. Or, il est très difficile de travailler en
deux dimensions, lorsque l'on opère sur le crâne. Voilà pourquoi nous avons d'abord travaillé
sur l'imagerie du scanner, qui permet une vision en trois dimensions de l'objet. »
Poussant plus loin cette recherche, Jacques Treil s'est servi de certains repères pour bâtir une
biométrie tridimentionnelle.
« Ce sont les informaticiens du CIRAD de Montpellier qui m'ont aidé à mettre au point ce
logiciel », précise Jacques Treil.
On comprend tout de suite l'intérêt d'un tel procédé en médecine: les chirurgiens peuvent «
voir » les mâchoires de leurs patients, qui souffrent de prognathisme, ou d'asymétrie faciale.
Les dentistes et orthodontistes vont pouvoir plus aisément réaligner les dents des enfants.
(voir encadré).
Mais surtout, on comprend pourquoi tant de scientifiques font appel à Jacques Treil. Grâce à
sa méthode, l'on sait que la momie du musée Labit devait souffrir de terribles caries dentaires.
Et qu'elle avait des dents de sagesse parfaitement opérationnelles.
« On peut remarquer qu'en quatre mille ans, les dents de sagesse ont tendance à disparaître.
Quatre mille ans, pour nous, c'est beaucoup, mais à l'échelle de l'évolution, c'est si peu... »
soupire Jacques Treil.
C'est un peu comme si, à travers l'ordinateur et à travers les millénaires, la momie nous
adressait un sourire...
Dominique DELPIROUX