Brevet blanc Français_corrigé

Transcription

Brevet blanc Français_corrigé
Corrigé du brevet blanc – Français – Janvier 2016
Question 1.
Deux lieux sont distingués. En vous appuyant sur des éléments précis du texte,
vous montrerez ce qui les oppose.
On distingue deux lieux : le désert, "entre du sable et des étoiles" (ligne 2, mais aussi à la
fin, ligne 22); un "parc chargé de sapins noirs et de tilleuls" dans lequel se trouve "une
vieille maison" (lignes 10 et 11). Le désert est la réalité (triste réalité : "ce corps échoué
sur une grève", ligne14), laquelle s'oppose au souvenir, aux "songes" (ligne 4), à ce que
l'auteur appelle les "enchantements de la mémoire" (ligne 9).
Question 2.
"Il était [...] un parc" (ligne 10)
a) Quelle remarque pouvez-vous faire sur cette construction grammaticale ?
b) A quel genre narratif vous fait-elle penser ?
a) C'est une tournure impersonnelle que l'on peut identifier au pronom personnel "il"
qui ne désigne personne. Le vrai sujet (réel) de "était" serait plutôt "parc" (c'est le parc
qui était...).
b) Cette tournure grammaticale fait penser au genre du conte et à la formule "Il était une
fois".
Question 3.
Montrez en vous appuyant sur des exemples précis des lignes 10 à 21 que
l'évocation des souvenirs ravive les sensations du narrateur.
Dans ce paragraphe (lignes 10 à 21), les sens sont convoqués : l'odorat ("plein du
souvenir de ses odeurs", ligne 15), l'ouïe ("plein des voix", ligne16 ou encore "chant des
grenouilles", ligne 17). Le songe crée une "présence" (ligne 14) dans laquelle l'auteur
peut dire "je m'orientais" (ligne 14). "le goût" (ligne19), enfin, est mentionné.
Question 4.
"enchantements de ma mémoire" (ligne 9)
a) Comment le nom "enchantement" est-il formé ?
b) Quel(s) sens donnez-vous ici à ce mot ?
a) "enchantement" provient du verbe "chanter" qui a ensuite donné "enchanter" (on
chante des formules magiques). Le préfixe "en-" marque le résultat, l'effet. Le nom
"enchantement" désigne l'acte de magie.
b) L'enchantement désigne un sort, un charme au sens premier du terme. C'est aussi un
émerveillement. C'est ce double sens qu'exploite Saint-Exupéry. Le souvenir tient du
sortilège et de la joie.
Question 5.
"J'avais besoin de ces mille repères pour me reconnaître moi-même" (ligne 18).
Quels sont les "mille repères" dont il s'agit ?
Ces "mille repères" sont ceux de la réalité recréée par le souvenir. Ils sont nécessaires en
ceci que le désert dépossède l'individu qui s'est y posé : "Ici, je ne possédais plus rien au
monde" (ligne 1). Conscient de n'être qu'un "mortel" (ligne 1), "un corps échoué" (ligne
14), l'auteur trouve en eux un réconfort qui lui apporte "le sentiment d'une présence,
d'une amitié" (ligne 7). Le mot "présence" est répété à la ligne 14 et s'oppose aux
"absences" (ligne 19) du désert.
Question 6.
Selon vous, pourquoi les songes sont-ils comparés à "des eaux de source" (ligne 5)
? Aidez-vous de l'ensemble du texte pour répondre.
Le thème de l'eau traverse tout le texte : "eaux de source" (ligne 5), "grève" (ligne 14),
"mares" (ligne 17) et même "neige" (dernier mot). On peut inférer qu'une telle
comparaison provient probablement de la soif dont souffre l'aviateur échoué (un autre
mot en rapport avec l'eau). Mais cette comparaison, qui effectue un rapprochement
entre l'eau de source et les songes, donne à ces derniers une idée de pureté souterraine
qui remonte à la surface. L'eau et le songe sont ainsi mêlés et apportent "la douceur"
(ligne 6) et véhiculent les "enchantements de la mémoire" (ligne 9). Ils fertilisent, par
l'imagination, ce désert.
Question 7.
Comment comprenez-vous que le texte puisse se terminer sur le mot "neige" ?
Appuyez votre réponse sur l'ensemble du texte.
L'extrait s'achève sur une nouvelle comparaison qui mêle la réalité froide du désert
nocturne et la blancheur des draps que le souvenir fait surgir de la mémoire. Elle est
amenée progressivement : "Peu importait [...] qu'elle ne pût me réchauffer" (lignes 11 et
12), "la fraîcheur de ses vestibules" (ligne 16), "un message froid" (ligne 23). Mêlant
inextricablement le passé et le présent, elle brouille les repères et crée un goût
"d'éternité" (ligne 23) où les souvenirs franchissent le temps et l'espace pour "rejoindre"
(ligne 17) le protagoniste. Peut-être aussi la blancheur annonce-t-elle le point du jour...
Question 8.
Trouvez-vous que ce texte procure une émotion poétique ? Justifiez votre réponse
à l'aide d'exemples variés.
Ce texte pour être narratif (avec ses imparfaits et ses passés simples dignes d'un conte)
n'en est pas moins poétique. Les deux comparaisons que nous avons relevées révèlent
cette poésie du souvenir. D'autres procédés poétiques peuvent être relevés : l'antithèse
(présence/absence), des rimes ou répétitions de sons ("absences"/"sens"/"silence"), des
phrases au rythme proche de l'alexandrin (voir le dernier paragraphe)... L'auteur évoque
davantage ses souvenirs et ses sensations que des faits. La situation dans laquelle il se
trouve n'engendre donc pas un récit d'événements ayant trait à sa survie dans un désert,
mais plutôt une évocation des "enchantements de la mémoire". C'est un "songe" (le mot
est répété 2 fois) où le coassement des grenouilles est un "chant" (ligne 17).
Réécriture

changements nécessaires.
tous les
« Nous n’étions rien que des mortels égarés entre du sable et des étoiles, conscients
de la seule douceur de respirer...
Et cependant, nous nous découvrîmes pleins de songes. »