Cette belle lady, si svelte, si frêle, cette femme de lait, si brisée, si

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Cette belle lady, si svelte, si frêle, cette femme de lait, si brisée, si
Cette belle lady, si svelte, si frêle, cette femme de lait,
si brisée, si brisable, si douce, d’un front si caressant,
couronnée de cheveux de couleur fauve et si fins, cette
créature dont l’éclat semble phosphorescent et passager,
est une organisation de fer. Quelque fougueux qu’il soit,
aucun cheval ne résiste à son poignet nerveux, à cette main
molle en apparence et que rien ne lasse. Elle a le pied de la
biche, un petit pied sec et musculeux, sous une grâce
d’enveloppe indescriptible. Elle est d’une force à ne rien
craindre dans une lutte ; nul homme ne peut la suivre à
cheval, elle gagnerait le prix d’un steeple chase sur des
centaures ; elle tire les daims et les cerfs sans arrêter son
cheval. Son corps ignore la sueur, il aspire le feu dans
l’atmosphère et vit dans l’eau sous peine de ne pas vivre.
Aussi sa passion est­elle tout africaine ; son désir va
comme le tourbillon du désert, le désert dont l’ardente
immensité se peint dans ses yeux, le désert plein d’azur et
d’amour, avec son ciel inaltérable, avec ses fraîches nuits
étoilées. Quelles oppositions avec Clochegourde ! L’orient
et l’occident, l’une attirant à elle les moindres parcelles
humides pour s’en nourrir, l’autre exsudant son âme,
enveloppant ses fidèles d’une lumineuse atmosphère ;
celle­ci, vive et svelte ; celle­là, lente et grasse.

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