dnb 2015. correction sujet français
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Eléments de correction du sujet de Français juin 2015 Support : ext. de Terre des Hommes, Antoine de SAINT-EXUPERY Première partie : Questions – Réécriture – Dictée 1) Deux lieux sont distingués. En vous appuyant sur des éléments précis du texte, vous montrerez ce qui les oppose. (2 pts) Le premier lieu est le désert où le narrateur a été contraint de se poser. Il est présenté comme un lieu vide, réduit à deux éléments minéraux et lumineux : « entre du sable et des étoiles » (l 2), « entre le sable et les étoiles » (l 22). Ce lieu est aussi un lieu silencieux : « silence fait de mille silences, où les grenouilles mêmes se taisaient » (l. 20-21). Le deuxième lieu est issu de la mémoire du narrateur (« je m'abandonnais […] aux enchantements de ma mémoire » l. 8-9). Il s'agit de sa maison d'enfance dans un parc, au milieu de la végétation (« sapins », « tilleuls » l. 10), pleine de bruits (« voix qui l'avaient animée » l. 16, « chant des grenouilles dans les mares » l. 17). On peut considérer qu'à l'aspect minéral et hostile du désert s'oppose le lieu vivant et réconfortant de la maison d'enfance. 2) « Il était […] un parc » (ligne 10) a) Quelle remarque pouvez-vous faire sur cette construction grammaticale ? (1pt) Il s'agit d'une construction impersonnelle de la phrase, avec l'emploi du pronom « il » sans antécédent. b) A quel genre narratif vous fait-elle penser ? (1 pt) Cette tournure peut faire penser au genre narratif du conte. 3) Montrez en vous appuyant sur des exemples précis des lignes 10 à 21 que l'évocation des souvenirs ravive les sensations du narrateur. (2 pts) Le souvenir de la maison d'enfance ravive les sens du personnage-narrateur qui semblaient jusque là anesthésiés, le corps étant réduit à une seule fonction respiratoire : « conscient de la seule douceur de respirer ». La vue est sollicitée (« sapins noirs », « tilleuls » l. 10), de même que le toucher (« la fraîcheur de ses vestibules » l. 16), l'odorat (« plein du souvenir de ses odeurs » l. 15), l’ouïe (« plein des voix » l. 16, « chant des grenouilles » l. 17), jusqu'au goût qui est réveillé par le souvenir et permet de mieux saisir le désert : « le goût de ce désert » l. 19. 4) « enchantements de ma mémoire » (ligne 9) a) Comment le nom « enchantement » est-il formé ? (0,5 pt) Le mot enchantement est formé du préfixe « en », du radical « chant » et du suffixe « ement » qui sert ici à créer un nom commun. b) Quel(s) sens donnez-vous ici à ce mot ? (1 pt) Le mot « enchantement » peut ici se comprendre dans son sens fort de joie intense, comparable à celle procurée par un beau chant : le narrateur éprouve un vif sentiment de joie en repensant à sa maison natale. Mais le mot enchantement peut aussi se comprendre comme l'évocation du pouvoir merveilleux, magique du souvenir qui transforme le désert en lieu apaisant. 5) « J'avais besoin de ces mille repères pour me reconnaître moi-même » (ligne 18). Quels sont les « mille repères » dont il s'agit ? (1,5 pts) Les « mille repères » sont les divers souvenirs d'enfance du narrateur, souvenirs associés à des sensations qui permettent au narrateur de retrouver son identité : « je n'étais plus ce corps échoué […], je m'orientais » l. 14. 6) Selon vous, pourquoi les songes sont-ils comparés à des « eaux de source » (ligne 5). Aidezvous de l'ensemble du texte pour répondre (2 pts) La comparaison peut s'interpréter de différentes manière : la source est un lieu frais, où l'on peut se désaltérer, retrouver une certaine vigueur. La comparaison des sensations-souvenirs à des eaux de source a alors une valeur méliorative et réconfortante (« la douceur qui m'envahissait » l. 6, « amitié très proche » l. 7_8), d'autant que le narrateur est isolé en plein désert, donc sans doute sans beaucoup d'eau. Le pilote reprend peu à peu vie en s'abreuvant à ses souvenirs. La comparaison peut aussi s'interpréter en prenant en compte le mot « source » comme une référence à l''origine, à la naissance, à l'enfance : le pilote reprend conscience de son identité en retrouvant des sensations de son enfance. 7) Comment comprenez-vous que le texte puisse se terminer sur le mot « neige » ? Appuyez votre réponse sur l'ensemble du texte. (2 points) L'extrait se termine sur le mot « neige » car le narrateur a désormais oublié l'endroit où il se situe réellement (le désert) : « je me découvris plein de songes » (l. 4), « je ne logeais plus entre le sable et les étoiles » (l. 22). Il est entièrement dans ses « songes », dans ses souvenirs : « jusqu'au chant des grenouilles dans les mares qui venaient ici me rejoindre » (l. 17) Mais on peut aussi considérer que le narrateur revoit les « piles de draps blancs comme neige » car il réinterprète le paysage désertique blanc qui l'environne. 8) Trouvez-vous que ce texte procure une émotion poétique ? Justifiez votre réponse à l'aide d'exemples variés. (2 points) Quelques éléments de réponse autour de l'idée de « vision » personnelle, de « rêverie » ou d'émerveillement devant le souvenir. - le texte n'est pas le simple récit d'un atterrissage forcé. Il propose un sens figuré, en réalité un voyage intérieur, une plongée dans la conscience d'un voyageur échoué qui remonte le fil du temps, repart dans son enfance (comparaison des souvenirs à des « eaux de source » pour marquer le réconfort éprouvé par le narrateur, « l'enchantement de ma mémoire », ou à des « repères » qui permettent l'orientation du pilote dans sa conscience...) - le texte propose une vision personnelle du désert par le jeu d'opposition entre deux lieux différents (le désert, la maison d'enfance) qui disparaît au fil des lignes : le réel hostile du désert est gommé par les souvenirs d'enfance qui envahissent la conscience du narrateur. Au néant du désert répond la plénitude de l'identité par le souvenir. - nombreuses métonymies : (« un mortel égaré entre du sable et des étoiles » l. 1-2) qui soulignent la fragilité de l'homme tandis que le souvenir lui confère son « éternité » (l. 23) et donc sa force. Réécriture : Réécrivez ces deux phrases en remplaçant « je » par « nous » et en procédant à tous les changements nécessaires. « Je n'étais qu'un mortel égaré entre du sable et des étoiles, conscient de la seule douceur de respirer... Et cependant, je me découvris plein de songes ». Nous n'étions que des mortels égarés entre du sable et des étoiles, conscients de la seule douceur de respirer. Et cependant, nous nous découvrîmes pleins de songes. Texte de la dictée : Il n'y avait rien d'autre sur la terre, rien ni personne. Ils étaient nés du désert, aucun chemin ne pouvait les conduire. Ils ne voulaient rien. Le vent passait sur eux, à travers eux, comme s'il n'y avait personne sur les dunes. Ils marchaient depuis la première aube, sans s'arrêter, la fatigue et la soif les enveloppaient comme une gangue. La sécheresse avait durci leurs lèvres et leur langue. La faim les rongeait. Ils n'auraient pas pu parler. Ils étaient devenus, depuis si longtemps, muets comme le désert ; pleins de lumière quand le soleil brûle au centre du ciel vide. Jean-Marie Gustave LE CLEZIO, Désert, 1980.