Comment différencier la pédagogie à l`école et au collège?

Transcription

Comment différencier la pédagogie à l`école et au collège?
Les ateliers tournants
Ou
Comment différencier la pédagogie
à l’école et au collège ?
Hervé QUINIO
Inspecteur de l’Education nationale
Véronique BOURGUIGNON
Professeur des écoles
Edition, Juin 2009
SOMMAIRE
• • Le regard de Philippe Meirieu
• • Fiche descriptive
• • Introduction
• • Différentes formes de groupes de travail
• • Organisation des ateliers tournants
• • Organisation matérielle de la classe
• • Proposition d’ateliers
• • Conclusions et bibliographie
Dossier réalisé par
Hervé QUINIO, IEN
Véronique BOURGUIGNON, PE
Edition, Juin 2009
Le regard de Philippe MEIRIEU *
« Est-il raisonnable pédagogiquement et humainement acceptable d’attendre de tous les
enfants ( sous prétexte qu’ils sont dans une même classe ou qu’ils ont le même âge ) qu’ils
manifestent les mêmes capacités, les mêmes intérêts pour les mêmes choses au même
moment ? »
La pédagogie utile, si l’on part de ce constat, induit une organisation matérielle de la classe
élémentaire différente, sur le modèle des classes de maternelle par exemple.
Selon P. MEIRIEU, « la situation impositive collective » consistant à :
… « Présenter à un groupe, des connaissances que chacun des membres doit s’approprier
par une activité intellectuelle individuelle… »
n’est pas adapté, si l’on tient compte du fait qu’un nombre important d’élèves passifs ne pourront y
parvenir. Leur comportement, même discret, se traduit par des manipulations d’outils ( stylo, gomme…).
Partant de cet autre constat, on cherchera à varier les situations d’apprentissage afin de leur venir en
aide.
« La situation individualisée » qui engage le maître à :
… « Mettre en place un dialogue entre chaque apprenant et un programme de travail qui
l’interroge, le guide et l’amène à son rythme vers l’objectif que l’on veut lui faire
atteindre… » dans « L’école mode d’emploi », P. Meirieu, dit qu’il existe un problème pour l’enseignant
lorsque le nombre d’élèves en difficulté est important : comment adapter pour chacun le parcours
d’apprentissage ?
Que font les autres élèves pendant que le maître s’occupe d’un ou deux élèves plus lents ?
.
On peut en conclure qu’il faut tendre à un enseignement plus qualitatif que quantitatif
en diversifiant les méthodes et en différenciant la pédagogie comme expliqué ensuite .
* : Philippe MEIRIEU est pédagogue, directeur de l’Institut national de recherche pédagogique. Il a
travaillé et appliqué la « pédagogie différenciée ».
BIBLIOGRAPHIE : L’envers du tableau, 1995
La pédagogie entre le dire et le faire ou « le courage des commencements »,
1995
Introduction
La pratique professionnelle de l’enseignement en maternelle, comme en élémentaire conduit
l’enseignant à réfléchir au rôle du maître dans la classe :
Si l’on transmet le contenu des programmes de la même façon à tous les élèves , certains s’ennuient
car ils assimilent vite, d’autres ne peuvent suivre, décrochent et finalement s’ennuient également.
Pour le maître, l’organisation des activités pédagogiques relève d’un enjeu qui trouve son sens dans
le rapport entre l’enfant et l’apprentissage .
Différentes formes de groupes de travail
Sur un même
projet
imposé par
l’enseignant.
Sur des projets
différents imposés
par l’enseignant.
Travail de
groupe
Sur des projets
choisis et
élaborés par les
élèves et validés
parll’enseignant.
Sur des projets
choisis par les élèves
dans le cadre
d’objectifs visés par
l’enseignant.
Organisation d’ateliers tournants
Fabriquer deux disques de surface différente, dont le plus grand a environ 1 mètre de diamètre.
Fixation
au tableau de
la classe
Support fixé au mur
avec prénom des élèves
par groupe
Roue mobile avec
titre des ateliers:
LECTURE
GRAPHISME
MATHEMATIQUES
BIBLIOTHEQUE
Descriptif du dispositif
1 ) « LA ROUE »
Un disque est fixé sur un autre disque de taille supérieure.
L’ensemble est placé au tableau, visible de tous les élèves.
• Sur le disque de taille supérieure, on inscrit dans chaque secteur construit en fonction du nombre de
groupes de la classe, la liste des élèves répartis dans les différents groupes (groupes de besoins ou
groupes hétérogènes).
• Sur « cette roue » , on place un support (étiquettes sur cartoline) sur lequel on inscrit les activités.
Toutes les 15 minutes pour les élèves du cycle II, l’enseignant tourne la roue et les quatre groupes pratiquent donc
une nouvelle activité. Pour les élèves du cycle III, on peut allonger la durée des ateliers et passer à 20 minutes ou 30
minutes (capacité de concentration d’un élève selon son âge).
La lecture de la roue constitue donc un premier travail de préparation du lancement des activités.
• Le maître est vigilant à la bonne rotation des ateliers. Le minuteur de cuisine est fort utile pour
matérialiser de façon sonore la rotation des ateliers (début et fin). Si les groupes ne se déplacent pas, un
élève de chaque groupe va chercher le matériel, les documents, les feuilles d’exercice pour son groupe.
2 ) « LE MATERIEL »
Selon les activités, les exercices de lecture, problèmes de mathématiques, les documents de la culture
scientifique ou humaniste constituent le matériel qui est :
•
Posé sur les tables des groupes
•
Ou disposé sur des tables placées le long du tableau, près de la « roue ».
Si les enfants se déplacent, le titre de l’activité doit apparaître sur une étiquette en carton posée sur la
table.
Dans le cas contraire, un élève est désigné par ses pairs pour prendre possession du matériel nécessaire.
Ceci évite le déplacement de tous et responsabilise un élève .
La mise en place d’un travail de groupe implique le respect d’un
certain nombre de règles qui s’imposent tant aux élèves qu’au maître.
L’ORGANISATION MATERIELLE DE LA CLASSE
•
La disposition des tables doit correspondre à la pratique pédagogique. Au cours d’une même séquence, les enfants
peuvent être amenés à travailler selon différentes formes d’organisation :
Le petit groupe ( 4 à 5 enfants ) est adapté à la consultation ou à la recherche de documents, à la formulation
d’hypothèses, à la prise de parole de chacun.
Il permet également l’entraide entre élèves, ce qui correspond à la notion « vivre ensemble » des nouveaux programmes.
Le groupe classe dans sa disposition traditionnelle, répond à la phase de structuration et de synthèse du travail proposé.
• L’enseignant se place au sein d’un atelier dans le cadre « d’ateliers tournants ». Dans cette configuration, les enfants sont
placés en situation de travail autonome ou semi-dirigé intéressant.
LES CONSIGNES
•
Toute consigne doit être écrite sur une feuille ou au tableau.
•
De la clarté des consignes et de leur précision dépend la qualité des résultats obtenus.
•
Il faut aussi veiller à limiter les actions à effectuer pour favoriser la réussite du plus grand nombre.
LA QUALITE DES ECHANGES
•
Chaque groupe doit connaître ses objectifs et la démarche à suivre.
•
Il faut accepter des échanges de niveau sonore plus élevé que lors d’une séance frontale, mais en apprenant aux
enfants dès le début de la mise en place d’ateliers tournants à moduler leur voix.
Ces conditions seront établies ensemble au début de l’année dans les moments de débat consacrés à la vie de la classe.
LA COMPOSITION DES GROUPES
•
Dans les ateliers tournants, la composition des groupes doit être hétérogène pour favoriser l’entraide et motiver les
plus faibles qui constateront que l’erreur est permise et le fait de chacun, même des meilleurs.
•
A certains moments, peuvent être organisés des groupes de besoin où le maître, avec un petit nombre d’enfants,
remédie dans les meilleures conditions aux difficultés repérées en ateliers.
L’AUTONOMIE DES ENFANTS
Objectifs : Amener les enfants à être responsables.
Moyens :
•
Accéder à la prise d’initiatives ( fonctionnement du groupe, choix du référent ).
•
Chercher seul des documents.
•
Réfléchir à la démarche, analyser les résultats.
•
S’exprimer individuellement ou collectivement à l’oral ou à l’écrit.
•
Comprendre que les approximations lexicales ou fautes diverses feront l’objet d’un travail spécifique ultérieur,
individualisé ou non..
Proposition d’ateliers
à titre d’illustration
Au cycle 2 :
Avec un feutre fin.
1. Tu traces une ligne qui entoure les deux formes du milieu.
2. Tu continues en traçant d’autres lignes qui passent toujours au dessus et au dessous des deux
formes et s’agrandissent sur les côtés.
3. Tu recommences en entourant les quatre formes.
Objectifs pédagogiques :
• Lire pour agir.
•
Une multitude d’ateliers est possible, il ne s’agit ici que d’exemples.
Etre capable de s’orienter dans l’espace ; de contrôler la trajectoire de son tracé.
Aspect théorique :
Les activités graphiques développent les capacités motrices, perceptives et intellectuelles de
l’élève.
La rapidité de l’écriture requiert de bons automatismes qui sont travaillés ici sous forme d’un
divertissement.
Au cycle 3 :
Avec des stylos de couleurs différentes .
1.Tu copies sur ton cahier, la poésie choisie.
2.Tu respectes la mise en page demandée au tableau ( titres, paragraphes )
3.Tu utilises les couleurs demandées ( ponctuation, majuscules…)
Objectifs pédagogiques :
• Conduire les élèves à explorer des familles de caractères susceptibles d’enrichir leurs moyens
graphiques.
• Lire pour agir.(consigne au tableau )
Aspect théorique :
Ce type d’exercice a pour but de donner à l’élève l’envie de faire beau, en répondant précisément à une
consigne de présentation. Il gardera par la suite de bons automatismes.
Les conclusions
Il s’agit, on le constate, d’une pédagogie qui remet en cause certains principes de
fonctionnement habituels.
Elle oblige les enseignants à s’investir personnellement dans leurs activités
d’enseignement/apprentissage et à poser un autre regard sur les capacités de communication et
d’autonomie de leurs élèves.
Afin d’optimiser les échanges et la qualité des relations avec les pairs, une forme d’affinité dans
la constitution des groupes s’impose et remédie à la tentation forte de l’enseignant à constituer les
groupes en fonction de critères de niveau. On appellera cette organisation : groupe d’acceptabilité
réciproque ou groupe hétérogène.
C’est elle qui doit être retenue au long cours même si on peut envisager sous forme ponctuelle,
après des évaluations, par exemple des groupes de besoin, donc homogènes.
L’enseignant se doit de voir tous les groupes. Pour ce roulement, soit les groupes tournent d’un atelier
de travail à l’autre, soit le maître se déplace d’un groupe à l’autre.
En appliquant cette organisation, l’enseignant ne dépense plus toute son énergie à courir d’un élève à
l’autre pour répondre aux sollicitations des élèves, comme « un garçon de café qui prend ses
commandes en terrasse », cela permet de :
• placer l’enseignant en situation de pédagogue dans le groupe où il se trouve, en lui évitant de
répondre à des demandes multiples et simultanées des enfants des autres groupes, sans se donner –
le plus souvent - le temps d’y répondre dans le calme et en terme d’aide personnalisée aux
apprentissages des élèves.
• mettre l’enseignant en situation de proximité et d’échanges avec tous les élèves, même les plus
passifs ou timides.
• rendre les élèves plus actifs et moins dépendants de lui.
L’évaluation :
Elle est rendue possible dans le cadre de cette situation de proximité sans exclure les tests et
contrôles simultanés du groupe classe.
Bibliographie
Gestion de la classe et pédagogie générale :
• Les petits groupes d’apprentissage dans la classe
J REID; P. FORRESTAl; J. COOK
Edition Beauchemin, 1996
• La gestion de la classe
Perspectives en éducation et formation De Boeck, 2002
J. FIJALKOW; T. NAULT,
• Apprendre, oui mais comment ?
P. MEIRIEU, ESF, 1987
• Les ateliers d’écriture
C. BONIFACE, Retz, 1992
•
Former des enfants producteurs de textes
J. JOLIBERT, Hachette, 1998