Génération kangourou
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Génération kangourou
" Génération kangourou " Ils dorment dans leur lit d'enfant, mais ont entre 20 et 30 ans. Lovés dans le nid familial … Selon une enquête de l'institut Louis Harris (novembre 1997), un jeune sur deux entre 21 et 24 ans, un sur cinq entre 25 et 29 ans reste au chaud chez ses parents. Ils accumulent les diplômes mais collectionnent les petits boulots en CDD . Les emplois stables à temps complet sont devenus une denrée rare pour ceux qui n'ont pas d'expérience professionnelle. Dans ces conditions, il n'est pas étonnant que les 20 – 30 ans hésitent à quitter le toit familial. Mais l'allongement des études, la précarité économique et le chômage ne suffisent pas à expliquer cette cohabitation prolongée des jeunes et de leurs parents. Ces derniers, en effet, ne sont pas mécontents de garder leurs enfants à la maison. Une manière, peut-être, pour cette génération de soixante-huitards, de retenir leur jeunesse. Et le risque est là : celui de maintenir les jeunes dans l'enfance et de les empêcher de grandir. Françoise Sand, conseillère familiale et conjugale, dénonce le danger psychologique qui pèse sur les pré-adultes et suggère aux parents de les pousser dehors, quitte à les assister financièrement pendant un certain temps. Et ne serait-ce pas là aider véritablement cette génération dont neuf jeunes sur dix, d'après le sondage Louis Harris, déclarent qu'ils quitteraient le foyer familial s'ils en avaient le choix ? quitte à – au risque de devoir RESPECT DE LA VIE PRIVÉE Dans Newsweek : "La gloire sur Internet a un revers" À l’ère de Google et YouTube, être humilié en public peut faire de vous une célébrité - ou un idiot. EN 2002, GHYSLAIN RAZA, un ado canadien potelé se filmait en train de rejouer une scène de combat de "La Guerre des Étoiles", avec un sabre laser fait maison. Une performance maladroite et comique, du fait justement qu’elle n’était pas supposée l’être. Et elle n’était certainement pas destinée au public : une année durant, ou presque, la vidéo est restée sur une étagère du studio de télévision de l’école de Ghyslain Raza, où il l’avait filmée. En 2003, cependant, un autre étudiant découvre la vidéo, la numérise et la publie en ligne. Pour Ghyslain Raza, alors commence le cauchemar. En quelques jours, "Star Wars Kid" se répand comme un virus. La vidéo est reprise sur des centaines de blogs, augmentée de musique et d’effets spéciaux, et vue par des millions d’internautes. Des sites entiers sont dédiés au sujet, dont l’un jedimaster. net se retrouve dans la liste des cinquante meilleurs sites de 2003 de l’hebdomadaire Times. Si cet adolescent avait voulu devenir célèbre, il n’aurait pu souhaiter mieux. Mais dans le cas de Ghyslain Raza, l’affaire a pris le tour d’une humiliation publique, ce qui précisément est ce qu’un gosse redoute le plus. Avis à tous les Raza : dans la génération de ceux qui ont été élevés en ligne, ce genre d’histoires est de plus en plus répandu. Elles servent à rappeler qu’il existe un côté sombre derrière la gloire instantanée que peut procurer l’internet : l’humiliation. Des dizaines de sites Web ont été créées à seule fin d’aider ceux dont le but est d’humilier les autres. On trouve des sites destinés à cracher sa bile sur ses ex (DontDateHimGirl. com), sur ceux qui laissent trop peu de pourboire (la base de donnée Sh..ty Tipper) et à publier les photos prises avec un téléphone portable de mauvais comportements en public et de mauvais conducteurs (hollabackNYC. com). Comme l’explique un livre récemment publié, ce genre de site peut en quelques secondes faire de vous une vedette, ou détruire votre vie.