Club de la presse
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Club de la presse
Club de la presse Numéro 181 Animateurs - Alice Hakizimana Christian Bigirimana Invités - Willy Nyamitwe, Conseiller à la présidence de la république chargée de l’information, la communication et la presse André Palice Ndimurukundo, Journaliste à la radio publique africaine (RPA) Bertrand Bihizi, Journaliste à la radiotélévision nationale du Burundi (RTNB) Eméline Muhorakeye, Directrice de l’information à la radiotélévision Renaissance Première partie Introduction La première partie de club de la presse numéro 181 a été dominée par les derniers développements dans le dossier d’entrainements paramilitaires de jeunes burundais affiliés au parti au pouvoir auxquels ils se livreraient à partir du territoire de la république démocratique du Congo voisine. Quelque 300 nouveaux candidats ex-combattants et jeunes vacanciers se prépareraient à un nouvelle session de formation paramilitaire au Congo sous-couvert de travaux d’utilité publique en province de Muyinga, avait soutenu dernièrement la radio publique africaine. Une équipe de la radiotélévision nationale du Burundi, conduite par le président du conseil national de la communication (CNC), Richard Giramahoro, est allée mener une contre-enquête sur le terrain à Muyinga, avant de démentir les allégations de la RPA. Débat André Palice Ndimurukundo : Au départ, certains de l’administration à Muyinga soutenaient qu’il s’agissait bel et bien d’un camp de vacances pour la fabrication de briques destinées à la construction d’infrastructures d’utilité publique. Mais nos reporters ont constaté que cette activité était plutôt marginal eu égard aux exercices physiques intenses auxquels se livraient les occupants la nuit tombée. Cette situation a beaucoup inquiétée les populations riveraines. Il s’agissait d’une activité à laquelle avait appelée le vice-président du conseil national pour la défense de la démocratie/forces de défense de la démocratie (CNDD/FDD) qui est originaire de Muyinga. Quand l’affaire a commencé à faire du bruit, des occupants de l’école primaire de Kinyami, à Muyinga, ont commencé à déserter. Quant au contre-reportage de la radiotélévision nationale, on est habitué à ce genre de fuite en avant. Nous avons appris que d’autres lieux de rassemblement allaient être crées en Tanzanie. Un gouvernement responsable ne doit pas se créer une milice. Sinon, on risque de se retrouver dans le cas du Rwanda de 1994. Bertrand Bihizi : La radiotélévision nationale n’a pas enquêté à proprement parler. Elle a donné la parole au président du conseil national de la communication(CNC) qui a conclu que le reportage de la radio publique africaine(RPA) n’était pas fondé. Willy Nyamitwe : Il faut une dose de courage pour dire que les informations de la RPA étaient fondées sur des faits vérifiés et vérifiables. Nous nous attendons plutôt à des excuses de la RPA pour s’être trompée. Des camps de travail ont toujours été organisés. Et puis, nous avons à notre niveau dépêché aussi une équipe pour vérifier la véracité des faits et il n’en est rien de tel. Emeline Muhorakeye : Ce qui est sûr, la population a eu peur de ce rassemblement à Kinyame. Seulement voilà, nous aussi, nous avons ramené des images. Mais à chaque fois, le gouvernement dit que ce n’est pas vrai. A la longue, il va y avoir une perte de confiance dans nos institutions. Seconde partie Introduction La seconde partie a été dominée par la façon la meilleure de couvrir la période électorale par les médias à l’approche des échéances de 2015. Les médias n’en font pas assez pour le moment. Débat Emeline Muhorakeye : Il faut reconnaître que la période préélectorale est encore timide. Les partis politiques de l’opposition disent qu’ils ne peuvent pas se réunir librement. Mais les partis qui parviennent à s’organiser bénéficient de la couverture médiatique. Autre chose est qu’on est dans la couverture médiatique de ce qui ne va pas. Le factuel a aujourd’hui plus d’importance que les questions électorales de fond. Bertrand Bihizi : Les médias parlent des élections et pas plus tard qu’hier, le front pour la démocratie au Burundi(FRODEBU) a organisé une conférence de presse centrée sur l’incohérence du calendrier électoral qui prévoit l’enrôlement des électeurs avant la mise en place des démembrements provinciaux et communaux de la commission électorale nationale indépendante (CENI), les tricheries basées sur la distribution sélective de la carte nationale d’identité, etc. La CENI viole sciemment le code électoral. André Palice Ndimurukundo : Dans l’état actuel des choses, il faut un accent particulier sur l’éducation civique et électorale des citoyens. Pour le reste, le calendrier électoral de la CENI viole le code électoral en mettant en avant l’enrôlement des électeurs avant la mise en place de la commission électorale provinciale indépendante (CEPI) et la commission électorale communale indépendante (CECI). Cette violation du code électoral est déjà une forme de fraude électorale annoncée. Willy Nyamitwe : Je suis d’avis qu’il y a des choses à corriger au niveau de la couverture médiatique du processus électoral. Le factuel est pour le moment bien couvert par les médias. La couverture médiatique de fond devrait portait sur la formation des citoyens aux principes et valeurs démocratiques. Il faut aussi dire à la population que la période électorale ne doit pas être caractérisée par la violence. Nous voulons à la fin des élections démocratiques, apaisées, transparentes et équitables. Troisième partie Introduction La troisième partie a été dominée par le regain de violences en république Centrafricaine sur fond de contestation d’un nouveau premier ministre. Débat Bertrand Bihizi : La situation ne fait que dégénérer. On a vu ces derniers jours des manifestations contre la présence de troupes françaises. Cela risque d’aggraver la crise en Centrafrique. L’autre problème est que la classe politique centrafricaine est contre l’intégration de groupes armés. Willy Nyamitwe : La république Centrafrique connaît, en plus, une crise humanitaire sans précédent. Pour le reste, les manifestations étaient dirigées hier contre les militaires français. Avant, c’était contre les troupes rwandaises. La situation devient encore plus compliquée quand on manifeste contre des gens qui sont là pour aider au retour à la paix. Le pays est dans une triple crise sécuritaire, de confiance et humanitaire. André Palice Ndimurukundo : C’est une situation complexe en Centrafrique où plusieurs personnes tirent sur plusieurs ficelles religieuses, politiques, régionales, etc. Avec la France, c’est une question de responsabilité historique entre ancien colonisateur et ancien colonisé. Emeline Muhorakeye : La solution militaire ne va pas suffire dans ce pays. La paix dépend avant tout des centrafricains eux-mêmes. On ne va pas imposer la paix sans leur volonté. Il faut néanmoins que la communauté internationale reste mobilisée pour limiter l’effusion de sang supplémentaire.