Le Musée Juif de Berlin doc.indd

Transcription

Le Musée Juif de Berlin doc.indd
Œuvre : Le Musée Juif de Berlin (1993-1998)
Architecte : Daniel Libeskind (1946-)
Art de l’espace
L’architecte
Né
en
1946,
Daniel
Libeskind
est
un
architecte
polonais
naturalisé américain. Ses parents étaient d’origine juive, survivants de l’Holocauste.
De 1989 à 1998, il s’occupe de la réalisation du Musée juif de Berlin. Première œuvre de l’architecte, ce bâtiment est surnommé le «Blitz» par les Berlinois à cause de sa silhouette vue du ciel.
La LIGNE est l’élément principal qui constitue le projet du bâtiment à son origine. Cette ligne
est celle de l’histoire du peuple juif qui file à travers les siècles pour se briser et se distordre de
façon extrêmement violente au moment de la deuxième guerre mondiale. Se succèdent alors
d’autres lignes : entailles, fêlures, cicatrices dont la guerre a marqué le corps du peuple juif et
auxquelles Daniel Libeskind donne une traduction architecturale dans son projet de musée.
Forme
Fonction
Ce musée n’est pas
qu’une «boîte» vouée à
accueillir les témoignages
de la présence juive en
Allemagne. En effet Daniel Libeskind a conçu son
architecture à l’image de
l’histoire récente des juifs.
La forme extérieure du bâtiment rappelle celle d’un
zigzag, une extraordinaire
ligne brisée, qui plie tout
son volume d’un bout à
l’autre de la parcelle et qui
incarne pour l’architecte
toute la violence, toutes
les cassures de l’histoire
des Juifs en Allemagne.
Au-delà de son aspect
«torturé» se cache un autre
bâtiment, un bâtiment fantôme sur lequel le visiteur
ne cesse de buter sans jamais pouvoir le comprendre tout à fait. Tout au long
du parcours se mêlent
déséquilibre et perte physique des repères, déstabilisante jusqu’au malaise.
Par sa configuration et
son contenu c’est à la
fois un lieu de mémoire et d’exposition, où
prennent place des objets d’art ou des objets
de la vie quotidienne,
des photos, des lettres,
des éléments interactifs
et des espaces multimédia qui témoignent
de l’imbrication étroite
de la vie juive dans
l’histoire
allemande.
Symbolique
Organisé autour de
trois grands axes, les
trois expériences majeures du judaïsme allemand durant la guerre :
la continuité, l’exil et la
mort, le bâtiment propose un parcours qui joue
sur les déséquilibres et
une perte physique des
repères. Un trajet aux
allures d’épreuve sur
les thèmes du déracinement et de la souffrance.
Réalisation similaire
Daniel Libeskind a également
réalisé une autre architecture
ressemblant à celle du Musée
Juif de berlin, il s’agit de la fondation Félix Nussbaum, musée
dédié à la vie et l’œuvre du
peintre déporté.
L’axe de la Mort est un couloir étroit
aux murs et au sol penchés qui débouche sur une porte, un gardien ouvre
la porte et fait pénétrer le spectateur
dans un autre espace : la Tour de
l’Holocauste, tour de béton brut seulement éclairée par une maigre entaille
à son sommet, espace sombre et froid
symbolisant la mort du peuple juif.
L’axe de la Continuité conduit à un escalier étroit et très
long dont l’ascension est éprouvante pour le spectateur
qui accède au terme de cette ascension aux salles du
musée qui se trouvent à l’étage. Cet axe représente
la continuité de la présence des juifs en Allemagne.
L’axe de l’Exil débouche sur le Jardin de l’Exil, situé à l’extérieur du
musée. Le sol du jardin est penché de telle manière que le visiteur
est désorienté et déstabilisé à chaque pas, il est en perte de repères
comme l’est toute personne exilée contrainte de vivre dans un univers
qui n’est pas le sien. Le Jardin de l’Exil est un espace à ciel ouvert
mais il est clôturé par des murs très hauts et il est donc impossible
d’en sortir. Cette sortie à l’air libre n’est alors qu’un semblant d’accès
à la liberté, le spectateur ne peut que pénétrer de nouveau dans le
musée après avoir visité le jardin, ainsi Daniel Libeskind signifie que
l’exil, puisqu’il n’est pas choisi mais forcé, est une sorte de prison.

Documents pareils