Comment ils dirigent leurs traficsdepuislaprison
Transcription
Comment ils dirigent leurs traficsdepuislaprison
24 FRANCE Samedi 3 Octobre 2009 www.laprovence.com COUR D’ASSISES D’APPEL DU RHÔNE ENQUÊTE / Le téléphone portable est devenu l’outil du trafiquant, même détenu Perpétuité confirmée en appelpourl’ex-pompier Comment ils dirigent leurs traficsdepuis la prison Quatre heures de délibéré ont été nécessaires à la Cour et aux jurés, 5 femmes et 7 hommes, pour déclarer Robert Greiner, coupable du viol et du meurtre d’Evelyne Boucher, 16 ans, tuée le 8 décembre 1987 au "pas de la dame" sur le plateau des Angles (Gard). La cour d’assises d’appel du Rhône a condamné l’ancien pompier d’Avignon, âgé de 57 ans, à la réclusion criminelle à per- pétuité, confirmant le verdict rendu par les jurés du Gard. La cour n’a pas suivi la demande de l’avocate générale Jacqueline Dufournet d’assortir la peine d’une mesure de sûreté en raison du risque de récidive. Ce sera le seul point favorable pour la défense qui envisage de former un pourvoi en cassation, Robert Greiner continuant de clamer son innocence. 3 Bruno Hurault EN BREF 4FAIT DIVERS La cocaïne était dans le rhum : un mort Un réseau de trafiquants de cocaïne liquide vient d’être démantelé en région parisienne et en Guadeloupe. Le trafic a été découvert lorsqu’un homme, qui avait bu à son domicile de Claye-Souilly (Seine-et-Marne) ce qu'il pensait être du rhum, est décédé peu de temps après. L’analyse du contenu des bouteilles a révélé qu’elles contenaient en réalité au total 1,4 kg de cocaïne diluée dans de l'eau. L A F E D E R AT I O N N AT I O N A L E DES AGENTS COMMERCIAUX 803511 remercie tous les participants à l'Après-midi du Commercial qui s'est déroulé dans le cadre de la Foire de Marseille, Hall 3. 804509 Nous vous donnons rendez-vous au 1, rue Molière 13001 Marseille Tél : 04.91.13.71.94 [email protected] Par Denis Trossero [email protected] C’ est un secret de Polichinelle, mais un secret bien gardé. Les prisons sont des passoires et celle des Baumettes est un gruyère. Le gruyère a ses trous et la nature a horreur du vide. L’affaire du démantèlement mercredi d’un trafic de drogue entre Marseille et Salon, dirigé depuis la prison des Baumettes, vient nourrir la démonstration. Le procès des trafiquants présumés de la cité du Castellas (15 e ), à Marseille, qui s’est achevé lundi a livré pareil constat. Le téléphone est devenu l’outil majeur du trafiquant en prison. Il importe de ne pas abandonner le terrain. D’autres pourraient s’y installer. L’administration pénitentiaire s’en défend à peine. Même le film "Un prophète" de Jacques Audiard en atteste. "Le portable en prison est une réalité", confie-t-on de bonne source. Les téléphones entrent par les parloirs, souvent en pièces détachées, mais aussi "par projections", dit-on dans le jargon carcéral. On les jette au-dessus des murs depuis l’extérieur. Proches, ex-associés... Les détenus les récupèrent ensuite. Il y a aussi les complicités intérieures. Des surveillants ont été condamnés pour corruption par le passé. En faisant mine de rien voir passer, ils amélioraient l’ordinaire. Pour Me Lionel Febbraro, avocat de l’Observatoire international des prisons (OIP) à Marseille, il y a "un phénomène de banalisa- 0Le surveillant est attentif, mais il est parfois seul à l’étage. Dès lors, les détenus peuvent donner / Photo Florian Launette libre cours à leurs trafics, grâce au portable introduit en douce en détention. tion" : "L’explosion des trafics depuis la détention est directement liée à la surpopulation. Quand il y a un surveillant par étage, que peut-il faire ?" Depuis 6 mois à 1 an, les communications depuis l’intérieur de la prison seraient en hausse. Tel avocat raconte qu’il reçoit régulièrement des appels depuis la "taule", quand ce ne sont pas des SMS. "On ne sait plus comment réagir", glisse-t-il. Il raconte aussi l’anecdote de ce client en prison qui "tchatait" sur internet : "Moi je suis détenu !" Réponse : "Eh ben moi, je suis surveillant !" C’est comme ça qu’il s’est fait pincer. Comment lutter ? On a bien envisagé des systèmes de brouillage, mais la Pénitentiaire reconnaît qu’"ils ne couvrent pas toutes les zones de détention". Pour certains, l’ad- Un détenu qui "tchatait" s’est fait pincer. Il était en relation avec un gardien... ministration ne s’opposerait pas férocement aux portables en prison. "Cela permet d’écouter les conversations", assure cet autre avocat. Le code pénal punit d’un an de prison et de 15 000 ¤ d’amende celui qui fait entrer des objets prohibés et de 3 ans ferme l’intrusion , si le coupable était habilité à pénétrer en détention. Me Alain Lhote rappelle que, chaque semaine, des détenus sont jugés en commission de discipline pour avoir été surpris en possession d’un portable. "C’est quelque chose d’illégal en France, et pour- tant de parfaitement connu de l’administration", note-t-il. Les surveillants des Baumettes avouent eux-mêmes qu’ils ont du mal à faire face. "Nous sommes dépassés par les nouvelles technologies", reconnaît Gérard Migliorini, délégué FO. Le portable entre dans le linge des familles, parfois même caché dans les parties les plus intimes des proches. Certains sont munis de certificats médicaux, prétextant d’hypothètiques dispositifs métalliques d’appareillage. "Quant à l’avocat, il a la valise diplomatique", ironise un surveillant. Et puis, il y a les détenus, fraîchement libérés, qui "viennent jouer les messagers". "Pour rester dans le circuit, ils sont prêts à rendre tous les services", martèle-t-il. La nature a encore horreur du vide. 3 JUSTICE Ces affaires qui refont surface Ben Barka, Polanski, Agnelet... On pensait ces affaires mortes et enterrées. Tombées dans l’oubli. Classées ! Et voilà qu’un beau matin, elles ressurgissent se rappelant au bon souvenir d’une opinion publique qui les avait mises de côté. Mais pas la justice, que seule la prescription contraint à l’amnésie. Petit décryptage à travers quatre affaires qui ont défrayé la chronique. délai de prescription est de 10 ans, il est possible de le rallonger considérablement en multipliant des "actes interruptifs de prescription" (interrogatoire, perquisition, désignation d’un expert...), émanant du parquet, du juge d’instruction ou des enquêteurs. Le délai repart donc à zéro à la date de cet acte. 䉴 MEDHI BEN BARKA Medhi Ben Barka, avait disparu le 29 octobre 1965 à Paris. Malgré deux informations judiciaires, l’affaire n’a jamais été élucidée. 44 ans après, quatre mandats d’arrêts internationaux, signés par un juge parisien, ont été diffusés par Interpol, avant d’être suspendus par le parquet hier soir. Car malgré l’ancienneté des faits, l’affaire n’est pas prescrite. Si en matière criminelle, le 䉴 ROMAN POLANSKI L’agression sexuelle sur une mineure de 13 ans dont est accusé Roman Polanski est vieille de 32 ans. En France, ces faits auraient été prescrits dix ans après la majorité de la victime, en cas de crime (viol) et 3 ans après en cas de délit (atteintes sexuelles). Mais pas aux États-Unis, pays où les faits ont été commis, qui ignorent la prescription. 䉴 MAURICE AGNELET 30 ans, sept juges d’instruction et l’acharnement d’une mère ont été nécessaires pour faire condamner Maurice Agnelet de l’assassinat de sa maîtresse, Agnès Le Roux, riche héritière d’un casino niçois. Mis en examen pour homicide volontaire en 1983, six ans après la disparition de la jeune femme, il obtenait un non-lieu trois ans plus tard. Une plainte pour recel de cadavre déposée par la mère de la victime, permettait la réouverture du dossier en 2000 et de nouveaux éléments, concernant notamment l’alibi du suspect, y étaient versés. Acquitté en première instance, Agnelet était condamné en appel à 20 ans de réclusion. 䉴 MAURICE PAPON Si la prescription de l’action publique s’applique à toutes les infractions avec des délais variables selon leur gravité (1 an pour les contraventions, 3 ans pour les délits et 10 ans pour les crimes), les crimes contre l’humanité sont imprescriptibles depuis 1964. Une "exception" qui a notamment permis de poursuivre et de condamner Barbie et Papon. Par ailleurs, depuis 1995, la loi prévoit des délais de prescription plus longs en matière de terrorisme et de trafic de stupéfiants (30 ans pour les crimes et 20 ans pour les délits). 3 Laetitia Sariroglou