vivre ou survivre en prison

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vivre ou survivre en prison
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OU SURVIVRE EN PRISON
VIVRE OU SURVIVRE EN PRISON
jeudi 27 mars 2014
Compte-rendu de cette conférence
Madame Danielle Merian, avocate honoraire et administrateur de PRisonniers sans Frontières ( PRSF ) est
intervenue le jeudi 13 mars 2014, salle sous le pont dans le cadre du thème d’année « Justice des hommes,
justesse de Dieu »
Avec beaucoup d’émotion et de conviction, Danielle Merian s’est insurgée, preuves à l’appui, contre les
conditions d’incarcération indignes voire inhumaines dans les prisons françaises.
En raison d’une surpopulation inadmissible les personnes détenues sont trop souvent contraintes de vivre
dans des locaux vétustes, insalubres qui ont fait dire aux Parlementaires qui ont visité les prisons après la
bombe qu’a constitué en l’an 2000 le livre de Véronique Vasseur « Médecin-chef à la prison de la Santé »
que nos prisons étaient « la honte de la République ».
La prison ne devrait être qu’un lieu de privation de liberté. C’est ce qu’avait dit le Président Giscard
d’Estaing il y a bien longtemps. La personne détenue devait jouir par ailleurs de tous les droits
fondamentaux.
Or si l’Administration Pénitentiaire respecte la loi dans les Centrales où les condamnés purgent leurs
peines et où ils ont chacun leur cellule, les Maisons d’Arrêt entassent les personnes jusqu’à 4 dans 9M2,
et pas seulement des prévenus, car des condamnés y attendent parfois fort longtemps une place
individuelle dans une Centrale.
L’enfermement collectif est la cause des pires violences : tortures ou meurtres. Le premier des droits en
prison devrait être d’y être en sécurité, de ne pas être enfermé avec des malades mentaux, et de ne pas
écoper du mitard parce qu’on réclame une cellule individuelle conformément à la loi et qu’on refuse qu’un
de plus soit placé dans la cellule.
Le 14 juin 2010 un avocat a fait condamner l’Etat par le Tribunal administratif de Rouen à indemniser 38
détenus de la prison Bonne-Nouvelle de Rouen dont les conditions de détention « n’assuraient pas le
respect de la dignité inhérente à la personne humaine ».
On en arrive là : à faire condamner l’Etat en réclamant l’application de l’Article 3 de la Convention
européenne des droits de l’Homme : « Nul ne peut être soumis à la torture ni à des peines ou traitements
inhumains ou dégradants ».
.
La Cour des Comptes dans son rapport de février 2014 souligne une fois encore les problèmes de prise en
charge psychiatrique des détenus dont l’accès aux soins est « loin de toujours pleinement respecter les
droits fondamentaux ». La Cour somme le gouvernement d’organiser une réelle politique de santé
publique.
Face à ces réalités nous citoyens que pouvons-nous faire pour interpeller les politiques sur des réformes
qui pourraient améliorer le quotidien de beaucoup de prisons :
Il y a des réformes qui ne coûtent rien et qui respecteraient la dignité de toute personne détenue rappelle
Danielle Mérian :
 frapper avant d’ouvrir une cellule. Pourquoi seuls les aumôniers le font-ils ?
 Vouvoyer les personnes,
 les appeler par leur nom et non leur faire aboyer un numéro matricule,
 arrêter les fouilles à nu avant et après les parloirs aussi humiliantes pour les personnes incarcérées que
dégradantes pour les surveillants qui exécutent une telle besogne.
 supprimer la casier judiciaire qui est d’un autre âge et qui empêche le retour à l’emploi.
Au ZIMBABWE en 1992 on a introduit le Travail d’Intérêt Général dans le code pénal pour que la gestion
de la délinquance se fasse au sein de la société (école, municipalité, hôpital, association reconnue d’utilité
publique ). Une évaluation après 4 ans a montré que 91% des 18000 condamnés avaient accompli leur
peine de manière satisfaisante, avec un taux de récidive fortement à la baisse et un coût six fois inférieur
à celui de l’emprisonnement.
C’est sur cette constatation que Danielle Merian a clos son intervention et a répondu aux nombreuses
questions de l’assistance.
La prochaine et dernière réunion de l’année du cycle consacré à « la justice des hommes, justesse de Dieu
» aura lieu le
jeudi 15 mai a 20h45.
A cette occasion un bilan de l’année sera réalisée et nous amorcerons une réflexion sur le thème du
pardon.
Retenez la date et Venez nombreux !!!