Voix du silence et écritures de la marginalité dans l`œuvre de J.M.
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Voix du silence et écritures de la marginalité dans l`œuvre de J.M.
SONIA FERHANI – ENS de Lyon (ED 3LA, LIRE) Voix du silence et écritures de la marginalité dans l’œuvre de J.M. Coetzee Sous la direction de Madame Vanessa Guignery, ENS de Lyon. Le propos de cette thèse consistera à étudier la construction d’une voix du silence dans l’œuvre de l’écrivain sud-africain contemporain J.M. Coetzee. Par le biais de l’analyse de l’hybridation du langage et des stratégies d’écriture de la marginalité, mais aussi des choix de voix narratives et des points de vue, il s’agira de mettre en avant la manière dont Coetzee parvient à déconstruire la parole et le sens, presque physiquement, dans le texte. L’Afrique du Sud est au cœur de la première partie de l’œuvre de J.M. Coetzee : à la fois inspiration et théâtre de ses personnages, l’Afrique du Sud se transforme en un lieu d’affrontements culturels, politiques et sociaux, où divers courants paradoxaux et opposés luttent ; ces mêmes caractéristiques en font aussi un lieu de synthèse de multiples influences culturelles et ethniques qui font toute l’originalité de la culture sud-africaine. De nombreuses études se sont intéressées à la figure de l’écrivain public dans leur traitement de l’œuvre de J.M. Coetzee, à cet intérêt tout particulier qu’il porte à l’éthique et au jeu politique pendant l’Apartheid. Nous nous intéresserons à la dynamique des rapports entre les sexes et les différentes ethnies, et nous nous proposons de démontrer comment Coetzee bouleverse ces rapports dans la hiérarchie existante dans la communauté sud-africaine et comment il renouvelle les contours du langage et du dialogue littéraire pour donner une voix à ceux qui n’en ont pas. En mettant délibérément en scène des personnages a priori marginalisés, par leur position sociale, leur sexe, leur incapacité à s’exprimer, il interroge la capacité du langage à donner une voix aux exclus. On étudiera la construction d’une voix du silence chez J.M. Coetzee en replaçant spécifiquement sa production littéraire dans le contexte culturel, historique et géographique de l’Afrique du Sud des années 1970 à la Commission Vérité et Réconciliation (1995-1998), mais aussi en sortant du carcan historiciste que les problématiques à visée universelle de Coetzee rejettent. En effet, l’écrivain cherche sans cesse à élever le débat hors de son immédiateté géographique et vise à l’universalité. Coetzee cherche à mettre en évidence les enjeux du rapport entre dominé et dominant (qu’il soit lié au genre ou à la race), pardelà la situation sud-africaine à proprement parler, ce qui justifie la complexité de sa production et sa dimension universelle. Corpus Le corpus sur lequel s’appuie l’étude de la construction d’une voix du silence chez J.M. Coetzee se compose presque exclusivement des œuvres de ce que nous appellerons sa « période sud-africaine ». Entre 1974 et 1999, période qui nous intéresse, il publie huit romans : Dusklands (1974), In the Heart of the Country (1977), Waiting for the Barbarians (1980), The Life & Times of Michael K (1983), Foe (1986), Age of Iron (1990), The Master of Petersburg (1994) et Disgrace (1999). Ces œuvres font partie des plus importantes de Coetzee et elles sont la parfaite illustration d’un projet littéraire construit qui débute en plein cœur de l’Apartheid et s’étend jusqu’au lendemain de la Commission Vérité et Réconciliation (1998).