imagerie du failed back syndrome
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ARTICLE ORIGINAL IMAGERIE DU FAILED BACK SYNDROME JC DOSCH, JL DIETEMANN Figure 2 : Sciatalgie post opératoire. Trajet aberrant de la vis sacrée droite en conflit avec le plexus lombosacré. Cet article a fait l’objet d’une communication lors du récent congrès du GIEDA Inter-Rachis qui s’est déroulé les 12 et 13 décembre 2008 à Bruxelles L e radiologue spécialisé en pathologie rachidienne et ostéoarticulaire est de plus en plus confronté à l’imagerie du rachis lombaire opéré. Faut-il voir dans cette nouvelle inflation d’examen les effets voire les méfaits d’une pratique chirurgicale en pleine expansion ? Si les performances des outils dont dispose le radiologue autorisent un état des lieux quasiment exhaustif dans sa recherche du normal et du pathologique, il ne lui appartient pas de décréter d’une manière générale ce qui relève de l’erreur ou l’alea thérapeutique, de l’échec ou de la complication. Ce n’est parce que les images parlent aisément à l’œil qu’il faut leur faire dire n’importe quoi. Ainsi la mise en œuvre d’une imagerie post-opératoire doit prendre en compte : 1- Les modifications de la symptomatologie clinique. 2- Le type et le délai opératoire. 3- Le bilan préchirurgical à titre d’examen comparatif. 4- Le suivi radiologique post-opératoire. Le choix définitif du type d’examen (radiographie conventionnelle, scanner, imagerie par résonance magnétique) n’appartient qu’au radiologue selon la formule : le bon examen pour une pathologie donnée en fonction du profil du patient. Quant à l’interprétation des images, elle exige avant tout une bonne connaissance des aspects postopératoires normaux. L’imagerie par résonance magnétique (IRM) C’est l’exploration idéale en l’absence d’implant métallique. Une exploration bien menée, avec un minimum de 4 à 5 séquences (coupes sagittale et axiale en pondération T1 et T2 avec selon le cas saturation de la graisse) dure environ 30mn. L’injection de gadolinium ne doit être systématique. Le scanner (CT) Il ne s’envisage qu’en complément de l’IRM. Il permet de mieux étudier les structures osseuses, en particulier les sténoses ou les greffes, et certaines anomalies difficiles à interpréter en IRM, à savoir les densités calcique, aérique et métallique. L’injection intraveineuse de produit de contraste iodé n’améliore pas le rendement diagnostique. Le discoscanner reste une alternative en cas de discordance entre la clinique et les données de l’IRM. LES ASPECTS POSTOPÉRATOIRES NORMAUX La poche herniaire Elle reproduit l’image préopératoire de la hernie discale. Cette poche est le résultat d’une réaction œdemato-inflammatoire expliquant la prise de contraste hétérogène après injection de produit de contraste en l’occurrence du gadolinium pour l’IRM. Cette image “fantôme” de la hernie disparaît vers la 7ème semaine (1, 2). La radiographie standard Elle reste incontournable pour apprécier l’évolution de l’espace discal, les modifications des plateaux vertébraux, les laminectomies, la position des implants, la mobilité intervertébrale segmentaire ou totale, l’équilibre sagittal du rachis. Sa rentabilité diagnostique est faible. La cicatrice chirurgicale La voie d’abord est parsemée de phénomènes hémorragique, œdémateux, inflammatoire que l’IRM avec injection met particulièrement bien en évidence. En phase précoce, cette prise de contraste ne doit pas être prise pour une pathologie infectieuse (figure 1). Elle peut persister plusieurs années après l’intervention. On parle alors volontiers de “fibrose”. Il est désormais admis qu’il n’y pas de lien entre ces constatations et la symptomatologie clinique (3, 4). (1) AXS INGENIERIE, 19 allée James Watt Bâtiment C, BP 20005 Bordeaux Technowest, 33702 MERIGNAC (2) Université de Lyon, F-69622, Lyon, France ; Université Lyon 1, F-69622, Villeurbanne, France ; INRETS, UMR_T9406 Laboratoire de Les modifications des plateaux vertébraux Dans environ 20% des cas apparaît une réaction de type Modic I. Elle peut être une réponse de défense liée au geste chirurgical (5). LES TECHNIQUES D’IMAGERIE Le Rachis - Tome 5 - N° 1 Janvier - Février 2009 chaque type d’intervention chirurgicale. Les principales causes sont : L’erreur de niveau opératoire Exemple classique des sciatalgies persistantes après cure de hernie. Il faut y penser à titre systématique en cas de malformation transitionnelle. La prévention repose sur une bonne identification du niveau vertébral par un repérage radioscopique pré ou peropératoire. a b Figure 1 : Cicatrice post-opératoire. Coupes axiales en pondération T1 avant injection (a) et après injection de Gadolinium avec saturation de la grasse (b). Aspect normal en hyposignal (a) et en hypersignal (b) d’un remaniement de la voie d’abord chirurgicale par un tissu cicatriciel entourant la racine L5 droite. Pas de signe de compression ou rétraction. La radiculite Les deux signes cardinaux que sont l’épaississement des gaines radiculaires et leur prise de contraste dans le trajet intradural traduisent une rupture de la barrière hémoméningée (6). Bien qu’inconstants, ces signes sont très fortement corrélés avec la symptomatologie clinique et peuvent servir d’aide à la décision opératoire en cas de doute sur une radiculalgie discogénique. Ils peuvent persister jusque au 6ème mois postopératoire chez le patient asymptomatique (2, 7). L’ectasie durale En cas de laminectomie élargie on constate souvent une extrusion de la face postérieure du sac dural. Cette déformation ne doit pas être confondue avec une pseudoméningocèle. Elle diminue progressivement en 5-6 mois. LES CAUSES D’ÉCHEC IMMÉDIAT A l’exception de l’infection, elles sont plus ou moins propre à 19 La pseudo-méningocoele Elle est due à une brèche méningée en cours d’intervention et se présente comme une poche remplie de liquide cérébro-spinal. Le diagnostic est facile en IRM : collection de type liquidienne, hypointense en pondération T1, hyperintense en pondération T2, sans véritable paroi. Sa fréquence est estimée à moins de 1%. L’incursion d’une gaine radiculaire dans cette “méningocoele” peut être responsable de radiculalgie (8, 9). L’hématome post-opératoire Il survient principalement dans les heures ou les jours qui suivent une cure de canal lombaire étroit (CLE). L’IRM montre un syndrome de masse très hétérogène en hypo, iso ou hyper signal selon le degré de dégradation de l’hémoglobine. L’extension en hauteur peut être responsable d’une compression de la queue de cheval. braux, un abcès épidural, des modifications des parties molles périvertébrales. Le plus souvent elle ne fait que reprendre les modifications pré-opératoire, auquel cas il faut savoir répéter l’examen si la symptomatologie clinique et biologique persiste (10). Il est bon de rappeler qu’une IRM strictement normale avec un Modic II dans les corps vertébraux a 100% de valeur prédictive négative (11). LES CAUSES D’ÉCHEC TARDIF La récidive de hernie discale C’est la cause la plus fréquente de récidive de radiculalgie. Elle survient dans 80% au même étage et dans 20% aux étages adjacents. Le risque de récidive est inversement proportionnel au degré de dégénérescence discale préopératoire, ainsi plus le stade de Pfirrmann est élevé, plus le risque est faible (12). Le diagnostic IRM est aisé (13, 14). La hernie se présente sous forme d’un effet de masse de signal identique en pondération T1 à celui du disque, voire légèrement plus intense si elle est exclue. Après injection de Gadolinium on constate une prise de contraste en périphérie de la hernie en rapport avec la cicatrice ou une banale réaction granulomateuse inflammatoire (figure 3). Le doute est permis si le délai entre l’injection intraveineuse de produit de contraste et les séquences est élevé. En effet une prise de contraste tardive est possible au sein de la hernie, de sorte qu’en l’absence de séquence précoce elle peut en imposer pour une cicatrice opératoire. L’intensité de la prise de contraste, toujours moindre en cas de hernie, peut dans ce cas, sauver la situation. Un trajet de vis aberrant sur ostéosynthèse C’est une bonne indication de scanner. L’exploration est menée sans injection de produit de contraste en acquisition volumique hélicoïdale en haute résolution avec reformation systématique dans les trois plans de l’espace sur le trajet des vis. Les zones de conflit sont le récessus latéral, les trous sacrés et sur la face antérieure du sacrum le plexus lombosacré (figure 2). La fracture sur arc postérieur restant Une arthrectomie unilatérale peut par excès ou transfert de contrainte mécanique engendrer une fracture du processus articulaire homo- ou controlatéral. La solution de continuité est bien visible au scanner. L’IRM montre surtout des signes indirects à savoir, un hypersignal T2 de la jonction pédiculoarticulaire persistant au delà du 6ème mois. L’infection précoce Le diagnostic repose sur la biologie et la ponction discale à visée bactériologique. L’IRM est indispensable. Dans le pire des cas elle montre une extension de l’œdème médullaire dans les corps verté- L’arachnoïdite Il s’agit d’une réaction inflammatoire affectant les enveloppes méningées. Son extension aux gaines radiculaires entraîne à terme des phénomènes d’adhérence entre les racines. ARTICLE ORIGINAL a b atteintes osseuses. Le scanner montre mieux les ostéolyses et les séquestres. Les deux techniques se complètent et guident utilement le radiologue pour la ponction biopsie. Les germes en cause sont souvent multiples : staphylocoques aureus ou épidermidis, entérocoques, germes anaérobies. L’instabilité rachidienne Les causes en sont principalement iatrogènes, citons : la méconnaissance préopératoire d’une lyse isthmique ou de tout autre type d’instabilité potentielle (figure 6), une résection osseuse trop large, une arthrectomie bilatérale non instrumentée, une spondylodiscite, une pseudarthrose. Les radiographies dynamiques sont dans ce cas particulièrement indiquées. La pseudarthrose En cas d’arthrodèse, la fusion osseuse devrait être radiographiquement complète et visible dans les 6 à 9 mois qui suivent l’opération. Elle est obtenue dans 68 à 95% des cas selon les études (18). Le diagnostic de fusion repose classiquement sur la radiographie standard de face et de profil et sur les épreuves dynamiques en flexion-extension. Les arguments pour une fusion sont ; l’absence de mobilité ou une mobilité inter-segmentaire inférieure ou égale à 3 degrés, une hauteur discale conservée, l’absence de liseré clair autour du matériel, l’absence de bris ou de démontage du matériel. Plusieurs articles contestent la place effective de la radiographie au motif qu’elle majore selon les auteurs les taux réels de pseudarthrose ou de fusion (19-21). On ne parlera de retard de consolidation qu’après 9 à 12 mois d’évolution. Objectivement le doute est permis devant un pincement discal progressif en dépit d’une fixation postérieure rigide, un spondylolisthésis progressif, une migration de a b c d e f g h Figure 6 : Echec de cure de canal lombaire étroit. Bilan préopératoire en faveur d’un spondylolisthésis arthrosique (a, b, c). Bilan de réévaluation à 3ans pour récidive de la symptomatologie (d, e, f). Contrôle postopératoire de face respectivement 2 ans (g) et 3 ans (h). Aggravation du spondylolisthésis (a, d). Bonne décompression sur les coupes transdiscales (b, e). Repousse osseuse au niveau des lames (e, f) responsable d’un comblement des espaces interapophyso-lamaires (g, h). RÉFÉRENCES c Figure 3 : Récidive de hernie discale. Coupe axiale en pondération T1 (a). Coupes axiale et sagittale en pondération T2 avec saturation de la graisse après injection de Gadolinium (b, c). Notez la prise de contraste en périphérie de la hernie discale et la compression du fourreau dural. a b c d Figure 4 : Spondylodiscite sur arthrodèse L3-L4. Contrôle post-opératoire précoce (a). Le contrôle au 7ème mois révèle une atteinte du disque sous-jacent (b). Confirmation scanographique de la spondylodiscite (c, d). L’incidence varie entre 6 et 20%. Ross décrit trois types en IRM : le type I avec agglutination des racines au centre du sac dural, le type II avec agglutination des racines en périphérie du sac dural et impression de sac vide, le type III correspondant à une pseudotumeur de l’espace sous-arachnoïdien (15). L’atteinte peut être diffuse ou focale (16). L’infection rachidienne C’est une complication heureusement fort rare. Son incidence varie selon le geste chirurgical : moins de 1% pour la discectomie, de 1 à 5% pour la chirurgie sans instrumentation, plus de 6% pour la chirurgie avec instrumentation (17). Au stade chronique le diagnostic de spondylodiscite (figure 4) ou de sepsis (figure 5) ne pose généralement pas de problème. L’IRM montre bien l’étendue des lésions, les collections abcédées, les réactions inflammatoires, les Figure 5 : Sepsis. 1. Ostéolyse à bord net condensé en faveur d’un descellement d’origine mécanique 2. Ostéolyse à bord flou en faveur d’un descellement d’origine septique ou inflammatoire. Le Rachis - Tome 5 - N° 1 Janvier - Février 2009 la greffe, un bris de matériel, une résorption ou une perte progressive de la densité de la greffe, une ostéolyse autour des implants, un liseré clair de plus de 2 mm entourant toute la greffe (22). Le scanner à haute résolution (MSCT) est sensé apporté la solution. Cette technique semble fiable pour les arthrodèses antérieures utilisant des cages en carbone (23). Elle reste malheureusement sujette à caution pour les greffes postérieures (24). L’IRM malgré une résolution spatiale moindre offre, par l’intermédiaire du signal de Modic, une approche fonctionnelle de l’arthrodèse. En cas de fusion le Modic 1 évolue vers un Modic 2. La persistance ou l’apparition d’un Modic 1 est le témoin d’une instabilité ou d’une réaction inflammatoire persistante faisant craindre ■ une pseudarthrose (19, 25). 20 1. Sarrazin J.L. (Imaging of postoperative lumbar spine). J Radiol, 2003. 84(2 Pt 2): p. 241-50; quiz 251-2. 2. Van Goethem J.W. et al. MRI after successful lumbar discectomy. Neuroradiology, 1996. 38 Suppl 1: p. S90-6. 3. Annertz M. et al. No relationship between epidural fibrosis and sciatica in the lumbar postdiscectomy syndrome. A study with contrast-enhanced magnetic resonance imaging in symptomatic and asymptomatic patients. Spine, 1995. 20(4): p. 449-53. 4. Coskun E. et al. Relationships between epidural fibrosis, pain, disability, and psychological factors after lumbar disc surgery. Eur Spine J, 2000. 9(3): p. 218-23. 5. 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