Le divorce pour altération définitive du lien conjugal
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Le divorce pour altération définitive du lien conjugal
Christèle CLEMENT Fiche de niveau 3. Droit de la famille / divorce / Février 2007 Le divorce pour altération définitive du lien conjugal Soumis au jeu des articles 237 et 238 du Code civil, le divorce pour altération définitive du lien conjugal est un divorce contentieux, prononcé à la demande d'un seul époux sur le fondement d'une cause objective. S'il prend aujourd'hui la place de l'ancien divorce pour rupture de la vie commune, il n'en transforme pas moins substantiellement le régime en vue d'en renforcer l'attrait pour les couples et de marginaliser le divorce pour faute. I. Cause Une cause unique justifie le prononcé du divorce pour altération définitive du lien conjugal. Comme l'indique la dénomination légale retenue pour désigner cette forme de divorce, elle réside dans le fait que le lien conjugal unissant les époux se trouve définitivement altéré. La loi définit plus précisément deux situations de nature à faire preuve d'un tel état de fait. La première consiste en la cessation de toute communauté de vie entre les époux pendant deux années au moins avant l'assignation en divorce. Cette séparation s'entend d'une séparation à la fois matérielle et affective. Le droit au divorce qu'elle ouvre fait douter de la vigueur de l'obligation légale de cohabitation née du mariage. La seconde situation légalement retenue comme propre à rendre compte de l'altération irrémédiable du lien matrimonial tient à la présentation par l'un et l'autre des conjoints de deux demandes en divorce concurrentes, l'une principale sur le fondement de la faute, l'autre introduite à titre reconventionnel pour altération définitive du lien conjugal. Aux termes de la loi, pareille circonstance suffit en effet à établir l'altération définitive du lien conjugal unissant les époux, sans qu'il y ait lieu de constater leur séparation. Aussi, dès que le juge rejette la demande en divorce pour faute, il n'a d'autre choix que de relever l'existence d'une altération définitive du lien conjugal entre les conjoints et de prononcer le divorce sur ce fondement. II. Procédure Sauf à être demandé à titre reconventionnel par un époux assigné en divorce pour faute par son conjoint, le divorce pour altération définitive du lien conjugal obéit au régime procédural arrêté pour tout divorce contentieux. La requête initiale qui en marque le début ne doit donc en aucun cas indiquer le fondement de la demande. Dans ces conditions, et puisque l'assignation qui doit intervenir dans les 30 mois de l'ordonnance de non-conciliation fixe seule le seuil du délai minimal de séparation des époux légalement exigé, le couple peut engager la procédure alors même qu'il n'a pas encore cessé toute vie commune. Le juge qui constate la séparation suffisamment longue des époux ou qui rejette la demande principale en divorce pour faute formée contre un conjoint ayant reconventionnellement demandé le divorce pour altération définitive du lien conjugal prononce le divorce sur ce dernier fondement. III. Effets Les effets du divorce pour altération définitive du lien conjugal sont déterminés selon le droit commun. Ils se détachent donc aujourd'hui de la cause du divorce. Définis de préférence par les époux dont l'accord est sur ce point encouragé ou par le juge à défaut d'entente entre eux, ils n'accablent plus nécessairement l'époux demandeur et ne favorisent plus systématiquement son conjoint. Tout au plus celui-ci n'assume-t-il pas en principe les dépens de l'instance et peut-il réclamer l'octroi de dommages-intérêts à titre de réparation du préjudice que lui cause le prononcé du divorce. Mais il ne peut plus se prévaloir de la gravité des conséquences qu'engendre pour lui la dissolution de l'union pour empêcher le prononcé du divorce. La clause dite d'exceptionnelle dureté qui avait autrefois cours dans le divorce pour rupture de la vie commune a en effet été supprimée de la nouvelle procédure. Au-delà même, s'il a en principe le droit de réclamer une prestation compensatoire, l'époux défendeur peut être condamné à en verser une à son conjoint si les conditions légales requises à ce titre se trouvent réunies. Bibliographie - A. BENABENT, La réforme du divorce article par article, éd. Defrenois 2004, n°32 à 36 p.44 et s. - G. CORNU, Droit civil – La famille, éd. Montchrestien Précis Domat Droit privé 9ème éd. 2006, n°356 à 366 p.542 et s. - F. GRANET et P. HILT, Droit de la famille, PUG Coll. Le Droit en plus, 2ème éd. 2006, n°129 à 137 p.66 et s. - J. HAUSER, Cas de divorce – Divorce pour altération définitive du lien conjugal, in Jurisclasseur civil art.237 et 238 Fasc.70 (éd.2005) - J. HAUSER, Le divorce pour altération définitive du lien conjugal et la société de la réalité, in Droit de la Famille février 2007 Etude 3 p.7 - P. MALAURIE et H. FULCHIRON, Droit civil – La famille, Defrenois 2ème éd. 2006, n°680 à 694 p.277 et s. - F. TERRE et D. FENOUILLET, Droit civil – Les personnes, la famille, les incapacités, Précis Dalloz 7ème éd. 2005, n°568 à 574 p.491 et s.
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