Le divorce devient-il la première cause des ferme

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Le divorce devient-il la première cause des ferme
LE MAGAZINE EN LIGNE POUR LES CLIENTS ENTREPRISES
Absence de contrat
Le divorce devient-il la première cause des fermetures de PME?
Un restaurant qui ne désemplit pas mis en vente parce que ses propriétaires divorcent: il n’y a pas de contrat de mariage. Le conjoint qui
souhaite reprendre l’affaire serait obligé de verser sa part à l’autre. Le
problème, c’est qu’il n’a pas assez d’argent.
U
n ingénieur a partagé son
entreprise avec sa femme
lors de sa fondation: il
en détient 95 pour cent, sa
femme 5 pour cent. Après le
divorce, le bureau continue ses
activités, mais son ex-femme
demande une pension alimentaire supérieure à ce que
son ex-mari peut gagner.
Bon nombre de conseillers
d’entreprises n’osent pas,
quant à eux, demander
d’emblée à leurs clients si
tout va bien dans leur vie
privée et s’il ne faut pas
s’attendre à de mauvaises
surprises. Ils craignent que
leurs clients ne s’offusquent
de ce genre de questions.
La question se pose régulièrement et de plus en plus
souvent: le divorce devient-il
la première cause des fermetures de PME? Lorsqu’ils
démarrent, beaucoup de fondateurs d’entreprise songent
uniquement aux perspectives et aux risques que représente le marché. Occulter
ainsi le danger que peuvent
représenter les problèmes
d’ordre privé est un manque
de
professionnalisme.
Pourtant, outre l’insolvabilité,
les raisons personnelles et
privées sont depuis longtemps
la cause la plus fréquente
de l’échec d’une PME.
D’après une étude réalisée
par l’Institut suisse pour les
petites et moyennes entreprises, près de 90 pour cent
des entreprises suisses sont
des sociétés familiales, alors
que le taux de divorce dépasse
en Suisse les 40 pour cent.
S’il n’est pas possible de se
protéger d’un divorce et du
stress qu’il génère, on peut en
revanche se prémunir contre
une faillite d’entreprise causée
par la séparation de ses propriétaires. Selon les experts,
le meilleur moyen de le faire
est de conclure un contrat de
mariage excluant les procédures de divorce «excessives».
Cela n’implique pas nécessairement une séparation des
biens: on peut rester au régime
matrimonial de la «participation aux acquêts» et déclarer
l’entreprise comme étant la
propriété de l’entrepreneur.
Dans ce cas, seul le patrimoine
est partagé, pas l’entreprise.
Conséquence
positive:
l’entreprise peut alors garder
ses liquidités et continuer de
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travailler. Mais cela ne permet
généralement pas d’atténuer
le stress et les souffrances
causés
par
le
divorce.
Josef Nyary
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Absence de contrat
Enfants et PME sont les victimes des divorces
Dans la vie privée, les enfants font souvent les frais des divorces. Mais
l’entreprise dont on est propriétaire peut aussi subir les conséquences
d’une séparation, et c’est moins connu
S
ans contrat de mariage,
c’est le régime matrimonial de la «communauté réduite aux acquêts»
ou de la «participation aux
acquêts»
qui
s’applique
en principe d’un point de
vue légal. Ce qui signifie
que tout est alors partagé:
l’entreprise, la fortune et,
chose que l’on oublie malheureusement trop souvent, tous
les biens acquis communs
(«les acquêts»). Par contre,
chacun garde ses dettes pour
soi: une piètre consolation.
Pour les petites et moyennes
entreprises (PME) surtout,
une séparation représente
souvent une catastrophe financière qui, dans le pire des
cas, peut sonner le glas de la
société. Car un maître artisan
qui, ayant divorcé, est censé
rembourser à son ex-femme la
moitié de la valeur des biens
immobiliers, des machines
et du parc de véhicules n’y
arrivera jamais, même avec la
meilleure volonté du monde.
Un contrat de mariage conclu à
temps permet de se protéger:
à la communauté réduite aux
acquêts il substitue deux autres
régimes matrimoniaux qui, eux
au moins, n’entraîneront pas la
mort immédiate de l’entreprise.
La communauté des biens: elle
distingue les biens propres de
l’épouse, les biens propres de
l’époux et les biens communs
qui appartiennent au couple.
En cas de divorce, seuls les
biens communs sont partagés.
L’entreprise sera sauvée si le
contrat la rattache au moins en
majorité aux biens propres soit
de l’épouse, soit de l’époux.
respective. Dans ce cas, il
est par exemple important de
ne pas partager une entreprise commune à parts égales.
Pour le conjoint décidé à gérer
seul l’entreprise après un
éventuel divorce devrait déjà
être prévue par le contrat de
mariage une part clairement
majoritaire à cette dernière.
Il a souvent été constaté qu’un
droit de garde commun sur les
enfants pouvait bien fonctionner. Mais pour ce qui est
d’une entreprise, il est plus
qu’exceptionnel qu’un couple
divorcé réussisse à continuer
de la gérer avec succès.
Josef Nyary
La séparation des biens:
elle ne prévoit pas de biens
communs. Après séparation,
chacun conserve sa propriété
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Sans vous, je n’y serais pas arrivé!
Un jour, la nouvelle se répand comme une trainée de poudre. Et la plupart du temps, plus vite qu’on ne le pense, les rumeurs vont bon train:
le chef a des problèmes de couple, la cheffe veut divorcer. L’entreprise
va peut-être fermer et, une fois de plus, ce sont les salariés qui payeront les pots cassés!
C
es rumeurs sont un
véritable poison pour
n’importe quelle entreprise. Le meilleur antidote
est une communication aussi
sincère que possible entre le
chef et ses collaborateurs. Car
à la fin, tout finit par se savoir ...
«Dans un premier temps,
les collaborateurs doivent
être informés sans détour
de la situation», déclare la
professeure Heike Bruch, de
l’université de St-Gall. Et ceci
vaut pour toutes les crises: les
cadres doivent montrer aux
collaborateurs qu’ils sont pris
au sérieux! Le fait d’être clair
avec ses employés permet
de renforcer la confiance,
en particulier lorsqu’il s’agit
de crises d’ordre privé.
Lorsqu’ils sont touchés par une
crise personnelle, les chefs de
PME ont souvent tendance à
passer soudain d’un comportement plutôt convivial à un
style de management autoritaire. Une attitude dangereuse,
qui ne fait qu’alimenter les
doutes quant à la capacité du
chef à faire face à la situation.
Comme chacun sait, une
crise est également difficile
à surmonter pour le chef et
demande de sa part beaucoup
de force, de concentration et
de résistance nerveuse. A plus
forte raison quand la crise privée
dégénère et que s’annonce
un divorce. A ce moment-là,
tourner encore autour du
pot coûte non seulement
de l’argent, mais aussi de
la crédibilité. Et, une fois
entamée, celle-ci est souvent
plus difficile à restaurer qu’à
réparer des pertes financières.
Les chefs peuvent tout à fait
compter sur la compréhension
de leurs collaborateurs si
ceux-ci sont informés de
manière claire. Le sentiment
de compassion, voire de pitié,
peut même inciter certains
collaborateurs à se dépasser
pendant la crise que traverse
l’employeur et à être ainsi
d’une aide précieuse. Le fait
d’apprendre soudain que
risquent de survenir des événements dramatiques renforce
souvent l’esprit d’équipe. Il
peut en résulter un sentiment de
cohésion consolidant pendant
des années la solidarité
au sein de l’entreprise.
Considérer la crise comme une
chance – cette formule qui
paraît galvaudée est pourtant
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très proche de la réalité lorsqu’il
s’agit de remettre l’entreprise
sur les rails. Grâce au soutien
moral de son personnel, le
chef est mieux en mesure
de surmonter la crise qu’il
traverse dans sa vie privée.
Il n’a pas à s’inquiéter de sa
réputation, de sa crédibilité
ni de son autorité, puisqu’il a
toujours joué cartes sur table.
Et il s’en trouve récompensé.
Au final, c’est le positif qui
l’emporte. Le supposé revers
– privé et professionnel –
peut même, sait-on jamais?,
donner
naissance à une
nouvelle dynamique, à une
dynamique inattendue, à un
esprit nouveau, et doper ainsi
commandes et chiffre d’affaires.
«Dans une entreprise, une crise
privée constitue une chance
lorsqu’elle est acceptée comme
une obligation de procéder à
des changements», explique
Martin Niederberger, Director
Advisory Support de BDO AG
et spécialiste des crises. «Des
problèmes privés soudains
peuvent ralentir ce processus
mais
aussi
l’accélérer.»
Une fois les difficultés
surmontées, une petite phrase
de solidarité du genre: «Sans
vous, je n’y serais jamais
arrivé», ne peut pas faire de mal.
Joachim Zoellner
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