les enfants du divorce - Livre de Ghylaine Manet
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les enfants du divorce - Livre de Ghylaine Manet
La vie des associations LES ENFANTS DU DIVORCE Ghylaine Manet, psychanalyste, hypnothérapeute, diplômée EMDR-Europe, Sophrologue-analyste©, auteur de " RESPIREZ LA VIE " « QUAND LES PARENTS SE FONT LA GUERRE » Chiffres du divorce (source Planétoscope) : En 2011, 44,7% des mariages finissent en divorce. Dans 15 à 20% des divorces, c'est la guerre. En moyenne les hommes ont 41 ans et les femmes 44 ans. En 2011, 1,6 millions d'enfants vivent dans une famille recomposée. 250 000 enfants subissent un divorce chaque année. LE PETIT PIERRE « Il était une fois… papa et maman vivaient ensemble. On avait une grande maison avec un jardin. Et un jour ils m'ont dit : « Ne t'inquiète pas, on t’aimera toujours mais papa et maman vont se séparer parce qu'ils ne s'aiment plus. Tu auras maintenant deux maisons. » Le petit Pierre n'a pas été trop surpris. En effet il les a bien entendus se disputer trop souvent. Quelquefois il ne dormait pas. Ils croyaient qu'il dormait, il faisait semblant. Il se rendait bien compte du haut de ses 10 ans que ça allait mal finir un jour. « Un soir, alors qu'ils avaient oublié de chuchoter, pour que je ne les entende pas, j’ai descendu les escaliers, doucement, et j'ai alors tout compris. Ils se disputaient pour savoir qui allait me garder, quel jour, quel week-end. C'était dur, On me découpait en morceaux » L'enfant n’est pas une maison, n'est pas un meuble. Il ne peut pas faire l'objet d'un marchandage. L'enfant confié à l’un ou à l’autre n'est pas une béquille. Dans les cas de divorces difficiles, il devient un otage, un messager manipulateur parce que manipulé, infirmier, sauveur et protecteur du parent délaissé. Le mal est fait. L'enfant garde une blessure profonde. Il se sent coupable de ce désastre et s'en souviendra dans son couple futur. LE COMPORTEMENT DE L’ENFANT ET LES SYMPTÔMES QUI OBLIGENT À CONSULTER. Les symptômes que l’enfant montre permettent d’évaluer son niveau de perturbation. Le premier élément vient de l'observation du monde scolaire. A-t-il un comportement silencieux, renfermé ou agressif ? Son niveau scolaire est-il en baisse ? Manque d'attention ? Manque de concentration ? Est-il souvent fatigué le matin ? Note-t-on un manque de participation aux jeux, aux activités ? A-t-il des camarades ? A la maison, l’enfant s’enferme volontairement dans sa chambre pour jouer sur son ordinateur ou à ses jeux vidéo. Son manque de communication à la maison, ses brusques mouvements de colère, d'agacement, ses insultes, sa tristesse, son ennui doivent alerter les parents. A-t-on remarqué une violence en paroles et en gestes, envers lui-même et envers les autres, sans pouvoir identifier la cause réelle de ce comportement ? L’enfant comme l’adolescent ont besoin d’aide extérieure à la famille. Le dialogue est une nécessité pour sortir de cet isolement psychique et de cette souffrance morale. LES SYMPTÔMES QUI OBLIGENT LES PARENTS À CONSULTER. L'école demande qu’il y ait une consultation pour l'enfant hyperactif, violent, agressif. Mais d’autres symptômes sont récurrents : les problèmes de sommeil, les cauchemars de l'enfant, les accès de boulimie, d’anorexie, les crises de panique, la spasmophilie, les crises de colère, les crises de larmes, les nausées, les céphalées, les maux de ventre, l’énurésie, les tocs, les tics… Ces symptômes s'atténuent au fil des séances de psychothérapie jusqu'à disparaître si le climat familial devient plus sécurisant, si l'enfant réussit à s'échapper du monde anxiogène des adultes. LA PSYCHOTHÉRAPIE La consultation est un lieu de médiation dans un premier temps. Le contact avec les enfants demande beaucoup d’attention. Il faut créer un lien, une confiance, une curiosité. En général, ils n’aiment pas se livrer, ils sont méfiants. La situation conflictuelle qu'ils vivent chaque jour développe leur sensibilité, l'envie de se protéger du monde extérieur qui leur est hostile. Il est intéressant d’avoir des informations de l’enfant en premier lieu. Que savent-ils réellement ? Quel est leur degré de souffrance? Que peuvent-ils accepter ? Quand la glace est rompue, à partir du commentaire de dessins, ils racontent le drame qu'ils vivent. Les dessins des enfants témoignent de leurs difficultés, de leurs souffrances à vivre la séparation. Ces dessins servent de point de départ à la consultation. Ils ont dessiné leur problème. Pierre, 10 ans, se sent tiraillé entre deux maisons (dessin 1). La mère ne se rendait pas compte que c’était son problème. « Nous avons divorcé depuis 4 ans et il ne s’est jamais plaint ». Il est venu, en fait, pour la peur de l’avion. Dessin 1 : Avant le divorce Aurélie, que j'avais vue il y a plus d'un an pour un problème de surpoids avait dessiné sa famille (dessin 2). Elle est revenue avec sa mère. Au début de leur entretien, alors que l'enfant dessinait, Dessin 2 : Le divorce. Bulletin Médical N°64 - Novembre 2013 29 La vie des associations sa mère m'apprend qu'elle va divorcer. Il y a huit jours en présence de son mari, elle l'a annoncé à sa fille. Aurélie n'a pas pleuré et n'a rien dit pendant ces huit jours (dessin 3). Elle a dit son chagrin d'une autre manière. Dessin 3 : Déchirée entre les 2. Recevoir les parents est indispensable. Malheureusement souvent un des parents manque. Il a trop souvent manqué dans le couple, ce qui a été justement un élément perturbant pour la vie du foyer. Le travail de psychothérapie favorise la prise de conscience de la situation présente. « Ici et maintenant », dans un climat de sérénité et de confiance. Qu’est-ce qui apparaît ? Quelles sont les possibilités matérielles, quel soutien affectif, quelles ressources familiales, quels projets pour chacun ? Quelles sont les solutions qu'ils ont trouvées eux-mêmes pour rendre la situation au moins supportable pour l'équilibre psychoaffectif et physique de l’enfant ? Ensuite viennent des séances de relaxation, de mise en confiance en sophrologie avec des techniques pour vider la colère, de séances d’autohypnose enregistrées, des contes thérapeutiques, des techniques d’EMDR pour désensibiliser les scènes traumatisantes. L'ANNONCE DE LA RUPTURE. QUE LEUR DIRE ? L’annonce doit se faire quand les parents l'ont définitivement décidé. Ils le font ensemble, calmement, simplement pour ne pas transmettre leur angoisse et leur ressentiment. Ils prennent leur temps un week-end plutôt qu'une soirée afin de permettre à l'enfant de supporter le choc, de commencer l’assimilation, de laisser aller les émotions, d’être là pour les recevoir. C’est un long processus qui commence à l'écoute de l'enfant, et de ses questionnements. Heureusement beaucoup de parents sont conscients de leurs responsabilités. Dans le conflit, les adultes révèlent leur personnalité : leur honnêteté, leur générosité, la philosophie de leur vie, la dignité humaine. Si chacun oublie son ego, sa jalousie, son avidité, son orgueil, la situation devient concevable. Mieux vaut se séparer à l'amiable, ce qui ne donne pas à l'enfant une impression de mort, de fin inéluctable, de destruction de la vie, de l'impossibilité d’aimer et d’être aimé. Les divorces qui se passent mal ont été mal annoncés, mal préparés par des parents qui ont eu souvent des comportements pathologiques, voire limites : perpétuelles disputes, dévalorisation de l’un par l'autre, insultes, gestes violents devant les enfants ou à leur insu. 30 Novembre 2013 - Bulletin Médical N°64 Il est impératif de laisser l'enfant en dehors du règlement de comptes. Il est nécessaire d'éviter une situation paradoxale. Ce n'est pas clair, si l'un des parents laisse entrevoir une possibilité de retrouver son partenaire, l'enfant va espérer le retour à la vie antérieure. C’est lui rendre impossible le travail de deuil. À son insu, l'enfant va chercher à être le raccommodeur du couple. Il entre alors dans une pensée magique qui le rendra incapable d'assumer la réalité. Il n'est pas bon de le laisser croire à l’impossible. Cela ne dépend pas de lui. Il ne pourra pas se construire. Il restera dans l'illusion, et dans la souffrance d'être impuissant à réparer l'irréparable. Il se sentira coupable de la rupture, alors qu'il est une victime innocente. Toutes ces pensées empoisonneront quelques années de sa vie. Nous avons des témoignages lors d'analyses de patients adultes. UN EXEMPLE D’ANNONCE : « Ce sont les affaires d'adultes. Ton père et ta mère seront toujours là pour toi. Tu as une vie à construire, toi aussi tu deviendras amoureux, tu comprends ce que c'est que d'aimer, d'être déçu ou de décevoir ton ami. Regarde dans ta classe, au début de l’année, qui avais-tu comme ami ? Six mois plus tard. Que sont devenus tes amis ? Tu vois combien cela change. Et pourquoi t’ont-ils quitté ? Pourquoi tu ne les as plus aimés ? C’est ton histoire. Ton papa et ta maman t’ont donné la vie, ils t’aiment. Ton papa et ta maman ont aussi leur histoire. Cela ne te concerne pas, tu n'es pas coupable. Ils t’aimeront toujours. Tu es en sécurité. N'oublie pas que tes parents seront toujours là pour te soutenir, pour te conseiller, pour t'écouter comme avant. Ils seront là pour tes études et le choix de ta profession, tout au long de ta vie. » En effet, même divorcés, les parents doivent garder leur rôle pour l'éducation de leurs enfants. Le père avec sa parole, sa loi, est essentiel pour sa socialisation. La mère est nourricière et sécurisante. Les deux parents doivent parler d'une même voix, c’est une règle d’or dans toutes les situations, même s’ils sont divorcés. Dans cette situation de rupture, les enfants cherchent toujours les limites et les parents coupables ont du mal à faire face aux scènes de chantage des enfants. Souvent l'enfant est au milieu d'un psychodrame. Les adultes se déchirent. L'alcool et le cannabis font partie des soirées où l'on s'étripe sans même se soucier de la présence de l'enfant que l'on juge trop petit pour comprendre alors qu'il ressent profondément la détresse. Quelquefois, au fil des années, il devient l'acteur et imite le comportement excessif de ses parents. Alors il se met en colère, il répond, il insulte, il refuse les règles et il fait payer sa souffrance en développant une situation infernale pour l’ensemble de la famille. Il devient le metteur en scène d’un drame sans précédent. Il apprend la toute-puissance. Et dès sa préadolescence, c'est lui qui fixe d'autres règles : l'argent de poche, les vacances, les sorties, les achats exagérés, pire encore il consomme de l’alcool et fume pour choquer, pour alerter et pour exister. Il jette des phrases culpabilisantes : « vous ne m’avez jamais aimé, je n’ai pas demandé à naître » et c'est souvent la mère qui en est la première victime. Elle en souffre. Une thérapie devient indispensable. Anna Freud, psychanalyste des enfants, décédée en 1982 à Londres, écrivait à ce propos que la mère était souvent rejetée en dépit de son dévouement. « Aucun être humain n'est totalement aimé. » La vie des associations Pour les femmes, avoir un enfant est la réalisation de leur vœu le plus profond. Elles sont, sur le plan affectif, plus mère et épouse,... Mais, contre toute attente... Quelle que soit la profondeur du dévouement maternel, il ne peut satisfaire les demandes sans limites de l'enfant. Le plus doux et le plus attentionné et père est altéré dans les fantasmes conscients et inconscients du garçon jusqu'à devenir un monstre et un ogre : figure castratrice terrifiante. Le conseil d’Anna Freud : discerner les éléments de fantasmes de ceux de la réalité. Faits récents : les papas se mobilisent pour réclamer la garde de l'enfant donné très souvent à la mère. Ils n’hésitent pas à défrayer la chronique et à monter sur les grues pour alerter l'opinion (SOS papa 2013, Montpellier et le centre Pompidou, Nantes). QUE CONSEILLER DANS CES MOMENTS DE TROUBLE INTENSE ? Beaucoup d'enfants s'ennuient et perdent le goût de l'effort dans une discipline, et plus encore dans ces moments traumatisants ; choisir dans les sports de combat, les arts martiaux, les sports de compétition (équitation, tennis, golf, natation, escrime, escalade, voile). Ces dérivatifs positifs leur permettront de nettoyer leur mental, de s'investir, d'avoir des règles, de vivre en groupe, de communiquer avec leurs pairs, d'employer leur temps différemment, de se confronter à des apprentissages et de découvrir leurs ressources. Ils auront d'autres repères, ils retrouveront le goût du plaisir et de l'effort. Mettre à profit le temps nécessaire pour que les parents retrouvent une sécurité affective chacun de leur côté et sécurisent l'enfant. PROTÉGER L’IMAGE DE L’AMOUR ET DU COUPLE. Ne pas oublier que le couple des parents qui se séparent donne à l'enfant une image négative du couple et de l'amour. Il est nécessaire de valoriser l'amour pour que l'enfant puisse un jour être heureux avec une personne de son choix. Un divorce n'est pas une fin de vie. Les partenaires doivent continuer à croire au bonheur. La thérapie pour chacun sera nécessaire pour calmer, désensibiliser les situations traumatisantes retrouver la joie de vivre et être capable de nouveau de faire confiance. Chacun des parents peut reconstruire un couple. Aujourd'hui c'est le déchirement pour tous. Mais demain, pour les enfants et pour les parents divorcés, si le travail du deuil s’est bien déroulé, une autre vie peut commencer. Chacun doit se donner le droit au bonheur et à l’amour. INSTITUT MILTON H ERICKSON DU PACIFIQUE ET DE NOUMEA Association Loi 1901 Membre de la confédération francophone d’hypnose et de thérapies brèves (CFHTB). Membre de la Fondation Erickson de Phoenix (Arizona) ; Membre de la Société Internationale d’hypnose. (I.S.H.). Membre de la Société Européenne d’hypnose. BP 2087 Tel: (687) 26 97 68 9 impasse Fernand Legras, Baie des Citrons - NOUMEA Mail: [email protected] www.institut-miltonerickson-pacfique.com INITIATION 4 jours en 2 Week-Ends - 32 h, coût 76 000 CFP 15 et 16 mars, 22 et 23 mars 2014 de 8h à 12h et de 13h à 17h PERFECTIONNEMENT : Dates à prévoir avec le groupe constitué. Les participants peuvent avoir été initiés dans une autre formation. 4 jours en 2 Week-Ends : 32 h, coût 76 000 CFP. De 8h à 12h et de 13h à 17h. Contes et métaphores : 40 000 CFP. 22 et 23 février 2014, de 8h à 12h et de 13h à 17h. Une initiation à l’utilisation des métaphores. L’initiation à l’hypnose n’est pas obligatoire. Hypnose et traitement de la douleur : Samedi 24, dimanche 25 et lundi 26 mai 2014 sur 3 jours 55 000 F, de 8h à 12h et de 13h à 17h. Versements échelonnés possibles pour tous les modules. Supervisions toute l’année en soirée à définir avec les groupes constitués. Les stagiaires formés dans d’autres structures sont acceptés s’ils sont profession de santé. Enseignement par Ghylaine Manet, psychanalyste, auteur, hypnothérapeute ericksonienne (CFHTB), thérapeute du couple, certifiée EMDR– Europe, membre FF2P (Fédération française de Psychanalyse et de Psychothérapie). Conférencière. Joie dans la famille recomposée. N’hésitez pas à nous contacter pour de plus amples renseignements Bulletin Médical N°64 - Novembre 2013 31