Description de l`unité

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Description de l`unité
La Maison Radieuse de Rezé – DECOUVRIR -> ‘une habitation de grandeur conforme’
Description de l’unité
L’immeuble se caractérise techniquement par l’utilisation de pilotis, qui expriment la
séparation des fonctions portantes et des cloisons ; le plan libre : ce ne sont plus les murs qui portent,
mais les poteaux, ce qui permet une grande liberté dans l'
agencement des volumes ; la façade libre :
comme elle ne porte plus, elle peut se faire très mince, voire être entièrement en verre (les façades
non porteuses laissent apparaître à travers les baies vitrées la Loire, Rezé, Nantes…) ; la fenêtre en
longueur : elle laisse entrer la lumière à flots ; le toit terrasse : à la place des combles que l’on
trouverait dans un immeuble classique. Sur le toit terrasse, outre l’école bordée par une piste de
promenade, on trouve un préau d’accès à l’école, une aire de jeux pour les enfants au sud, un
promontoire au nord, deux cheminées d’aération et un belvédère au dessus des volumes des cages
d’ascenseurs.
Les vides laissés par les escaliers permettent de créer de nombreux locaux utilisés par
l’association des habitants. On y trouve les lieux des activités dispensées par l’association : un télé
club jusqu’à la fin des années soixante-dix, une salle de réunion pour les conseil d’administrations ou
les réunions publiques, une petite salle de sport, un atelier bricolage et un club photo ou encore un
club vêtement.
Par rapport à l’unité d’habitation de Marseille l’isolation phonique a été renforcée afin de
respecter les normes HLM de l’époque. Les planchers en béton armé, la technique des dalles
flottantes et l'
utilisation du béton cellulaire assurent une bonne insonorisation phonique. Une
ventilation mécanique installée depuis l'
origine assainit le logis. L’insonorisation entre deux
appartements mitoyens est obtenue par le coulage de la paroi de béton entre deux épaisseurs de
béton cellulaire, formant un coffrage perdu. La technique est révolutionnaire pour l’époque.
L’insonorisation verticale est assurée par une dalle flottante de sept centimètres d’épaisseur qui
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associe divers matériaux (isorel mou , laine de verre et revêtement de sol en Dalami) et les conduits
de chauffage au sol. D'
autre part, l'
isolation acoustique entre le séjour et la chambre à coucher
principale était considérablement améliorée par la réduction de l'
ouverture à double hauteur séparant
les deux volumes, conformément aux normes HLM de l'
époque.
Cependant, l'
isolation phonique, au départ excellente, s'
est dégradée avec le temps et les
techniques de sonorisation toujours plus puissantes. Les nombreux trous dans les murs mitoyens
laissent dorénavant passer les sons sourds de basses trop fortes : télévision (à fort volume), chaînes
hi-fi surpuissantes ou encore aboiements de chiens. Mais n'
est-ce pas là un problème général qui
dépasse le cadre de la Maison Radieuse ? Néanmoins, en règle générale, l'
isolation reste encore de
qualité.
Surfaces et répartitions des deux cent quatre-vingt quatorze appartements :
type B
type C
type D
type E
30 m²
46 m²
57 m²
68 m²
type F 82 m²
type G 96 m²
29 appartements
46 appartements
15 appartements
190 appartements (correspondant à un type 4 avec trois chambres,
type de l’appartement témoin)
5 appartements
9 appartements
Les appartements les plus nombreux sont traversants (190 appartements type E) avec deux
variantes : montants (chambres à l’étage) et descendants. Les appartements traversants font 3.66 m
de large pour 19 m de long. Chaque appartement possède deux balcons (appelés loggias) d’1,40
mètre de profondeur orientés est et ouest. Les brise-soleil installés en façades laissent passer la
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Panneaux de fibres isolants, toujours utilisés aujourd’hui
La Maison Radieuse de Rezé – DECOUVRIR -> ‘une habitation de grandeur conforme’
lumière en hiver et la retiennent en été. La réduction de largeur de l’immeuble par rapport à Marseille
a provoqué la suppression du vide sur séjour dont il ne subsiste qu’une trémie au-dessus de l’escalier
intérieur. Les pans de verre sont équipés de doubles vitrages et sont agencés à la manière des
tableaux abstraits de Piet Mondrian.
La cuisine possède les mêmes équipements réduits qu’à Marseille (plan, dispositif d’aération hotte-, placard à double entrée ouvrant depuis la rue pour les livraisons, meuble passe plat). L'
usage
flexible de casiers de rangement, issus des travaux de Le Corbusier, C. Perriand et J. Prouvé, permet
une organisation fonctionnelle de la cuisine. Les sanitaires comportent une salle d’eau (douche et
lavabo), munie d’un sol étanche, de deux portes arrondies (conférant à l’appartement un petit air de
paquebot) et d’un seuil élevé.
Le bâtiment est construit sur une ossature en béton armé dont les planchers, les plafonds et
les murs des appartements sont indépendants. L’unité d’habitation est sur pilotis et repose sur un sol
artificiel, réservant ainsi le sol naturel aux espaces verts, à la circulation, aux équipements sociaux,
culturels et sportifs. Comme son nom l’indique, l’unité d’habitation n’est qu’un élément d’un ensemble
plus vaste élaboré à l’échelle d’une ville.
Le Corbusier qualifie la cité radieuse d’« unité d’habitation de grandeur conforme » car les
dimensions des pièces et l’organisation des équipements sont étudiées en relation avec la dimension
du corps humain. Le Corbusier a mis au point une gamme de mesures harmoniques "à l'
échelle
humaine" : le Modulor. L’édifice est ainsi réalisé selon les proportions d'
un homme d'
une hauteur de 1,
83 m dont la main s'
élève à 2,26 m du sol (niveau du plafond). Son assise est fixée à 0,70 m et il
s'
accoude debout à 1,13 m ou 1,40 m. La cellule d’habitation a une largeur de 3,66 mètres.
L’architecte propose un mode d’aménagement basé sur le système « soleil-espace-verdure ».
Répartis en vingt-trois types, les appartements en duplex de la cité radieuse, d’une surface supérieure
de 40 à 50 % à celle des HLM de l’époque, bénéficient de la double orientation. Les habitants
disposent de nombreux équipements collectifs, dont une rue commerçante en étage (qui ne sera
appliqué qu’à l’unité de Marseille) et, sur le toit terrasse, une école maternelle et des équipements
sportifs (idem).
Sur les façades est et ouest ainsi que sur le pignon sud, les loggias sont des prolongements
vers l’extérieur des appartements. Ces derniers sont constamment baignés par la lumière du soleil
bien qu’ils soient très profonds (vingt-quatre mètres à Marseille, dix-neuf à Rezé) grâce à l’orientation
nord-sud de l’immeuble. Il n’y a pas de vis-à-vis et le principe d’emboîtements des cellules éloigne la
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promiscuité. Les aménagements intérieurs réalisés avec la collaboration de Charlotte Perriand ,
bénéficient d’installations et d’une organisation exceptionnelles, surtout pour cette époque. Les
isolations acoustiques et thermiques étaient excellentes. D’autre part, l’immeuble dispose d’un parc
paysager pour que les enfants puissent jouer en liberté et en toute tranquillité.
En définitive, un logement social de très grande qualité.
::: Pierre-Yves Jordan © 2003. Tous droits réservés :::
// Le texte est issu du Mémoire de Pierre-Yves Jordan « L’utilité d’un site Internet pour la Maison Radieuse de Rezé » écrit dans
le cadre du Diplôme Universitaire Dumac (Université de Nantes).
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Architecte d'
intérieur et designer, Charlotte Perriand (1903-2002) fut la collaboratrice de Le Corbusier de 1927 à 1937.