Pilar Albarracín communiqué - Musées nationaux des Alpes Maritimes

Transcription

Pilar Albarracín communiqué - Musées nationaux des Alpes Maritimes
communiqué
Pilar Albarracín
Asnería
15 février - 23 juin 2014
Musée national Pablo Picasso
la Guerre et la Paix, Vallauris
Vernissage samedi 15 février 2014 à 11h
Cette exposition est organisée par les musées
nationaux du XXème siècle des Alpes-Maritimes
Lorsque Pablo Picasso peint en 1952 La Guerre et la Paix pour la chapelle de Vallauris, il introduit, pour
symboliser les ravages des conflits et des luttes, l’image d’un livre piétiné par un attelage belliqueux.
Ce détail du panneau La Guerre ouvre la réflexion sur la place du savoir dans la civilisation. En écho à
l’œuvre du maître espagnol, le musée national Pablo Picasso, La Guerre et la Paix, présentera tour à
tour en 2014 les installations de deux artistes espagnoles, Pilar Albarracín (du 15 février au 23 juin
2014) et Alicia Framis (du 5 juillet au 13 octobre 2014). Ces deux propositions s’articulent autour du
livre comme mise en perspective de l’histoire.
Dans ses performances-vidéos, ses installations et ses photographies, Pilar Albarracín, née en 1968 à
Séville, se joue du folklore hispanisant, du flamenco à la tauromachie, tout en brocardant les
stéréotypes liés à la femme espagnole. Dans un langage parodique, l’artiste se met elle-même en
scène, endossant ces insignes pittoresques qui ont façonné l’imaginaire populaire lié à l’Espagne. Ses
œuvres font également une large place à un bestiaire animalier doté d’une riche symbolique.
Parmi les animaux qu’affectionne Pilar Albarracín, c’est l’âne qui est au centre de l’œuvre placée dans
la chapelle de Vallauris. Au sommet d’un monticule d’ouvrages trône un âne naturalisé, figure de la
fable mais aussi créature tout droit surgie des Caprices de Goya. Avide de connaissance, l’âne est
redressé dans une attitude humaine et brandit un ouvrage. Il incarne un monde à l’envers où la soidisant bêtise animale devient figure d’érudition. Le piédestal livresque lui confère une souveraineté
qui prête à sourire. Derrière la divertissante fable visuelle se cache une morale sur les dérives d’une
érudition si volontairement ostentatoire. L’accumulation désordonnée de livres offre en effet une
image troublante de la constitution et de la transmission du savoir, tout en interrogeant notre propre
rapport à la pensée, à la culture.
Cette exposition a été réalisée avec l’aide de la bibliothèque municipale de Nice.
Commissariat :
Maurice Fréchuret, conservateur en chef du Patrimoine, directeur des musées nationaux du XX ème
siècle des Alpes-Maritimes
Sarah Ligner, conservatrice au musée national Marc Chagall
-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------M
Musée national Pablo Picasso
Place de la Libération - 06220 Vallauris
T +33 (0)4 93 64 71 83
Tous les jours sauf le mardi et le 1er mai, de 10h
à 12h15 et de 14h à 17h
Tarifs sous réserve de modifications : 4 €, réduit 2 €,
gratuité pour les moins de 26 ans (U.E) et pour tous le
1er dimanche du mois
Contacts presse :
Hélène Fincker
[email protected]
T +33(0)6 60 98 49 88
Françoise Borello
[email protected]
T +33(0)4 93 53 75 73
1
Pilar Albarracín, Asnería, 2010, livres et âne naturalisé, dimensions variables, Production Centre d’Art LE LAIT ©cliché Phoebé Meyer © Pilar Albarracín courtesy
Galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois, Paris
press release
When Pablo Picasso painted War and Peace for Vallauris chapel in 1952, he introduced the image of a book
being stamped on by a team of belligerent horses to symbolise the ravages of conflicts and struggles. This
detail from the War panel makes us think about the place of knowledge in civilization. In 2014, as an echo to
the Spanish master’s work, the National Pablo Picasso Museum, “War and Peace”, will be presenting
installations by two Spanish artists in turn, Pilar Albarracín (15 February to 23 June 2014) and Alicia Framis (5
July to 13 October 2014). The two exhibitions are based on the idea of books as a historical perspective.
In her video-performances, installations and photographs, Pilar Albarracín, born in Seville in 1968, uses
Hispanic folklore, from flamenco to bullfighting, while making fun of the stereotypes linked to Spanish women.
Using the language of parody, the artist places herself centre-stage, taking on those picturesque insignia that
have shaped the popular view of Spain and things Spanish. Her works also makes considerable use of a bestiary
offering a wealth of symbolism.
One of Pilar Albarracín’s favourite animals is the donkey, which is at the centre of the work placed in Vallauris
chapel. On top of a mound of books sits a stuffed donkey, a character from a fable but also a creature straight
from Goya’s Caprichos. Eager to learn, the donkey sits up straight in a human posture, holding up a book. He
embodies a world on its head in which so-called animal stupidity becomes a figure of erudition. The pedestal of
books gives him a sovereignty that makes us smile. Behind the entertaining visual fable is a moral concerning
the destructive impact of such deliberately ostentatious erudition. The disorderly pile of books offers a
disturbing image of how knowledge is built up and passed on, and questions our own relationship with thinking
and culture.
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comunicado de prensa
Cuando Pablo Picasso pinta en 1952 La Guerra y la Paz para la capilla de Vallauris, éste Introduce, para
simbolizar los estragos de los conflictos y de las luchas, la imagen de un libro pisoteado por un carro de guerra
tirado por caballos. Este detalle del cuadro La Guerra abre la reflexión acerca del papel del conocimiento en la
civilización. Haciéndose eco de la obra del maestro español, el museo nacional Pablo Picasso, “La Guerra y la
Paz”, presentará, una después de otra, en 2014, las instalaciones de dos artistas españolas, Pilar Albarracín (del
15 de febrero al 23 de junio de 2014) y Alicia Framis (del 5 de julio al 13 de octubre 2014). Estas dos propuestas
están basadas en torno al libro como puesta en perspectiva de la historia.
En sus composiciones - videos, sus instalaciones y sus fotografías, Pilar Albarracín, nacida en 1968 en Sevilla,
juega con el folklore hispánico, del flamenco a la tauromaquia, satirizando los estereotipos ligados a la mujer
española. En un lenguaje de parodia, la artista entra ella misma en escena, poniéndose estos símbolos
pintorescos que han dado forma al imaginario popular vinculado a España. Sus obras dejan también un amplio
lugar para un bestiario animal dotado de un rico simbolismo.
Entre los animales a los que es aficionada Pilar Albarracín, se encuentra el asno, que está en el centro de la
obra situada en la capilla de Vallauris. Desde la cima de un montículo de obras domina un asno naturalizado,
figura de la fábula pero también criatura directamente surgida de los Caprichos de Goya. Ávido de
conocimiento, el asno se incorpora en una actitud humana y sostiene un libro. Éste encarna un mundo al revés,
donde el denominado zopenco animal se convierte en figura de erudición. El pedestal de libros le confiere una
soberanía que provoca risa. Detrás de la divertida fábula visual se esconde una moral acerca de las
desviaciones de una erudición voluntariamente ostentosa. La acumulación desordenada de libros ofrece, en
efecto, una imagen turbadora de la constitución y de la transmisión del conocimiento, cuestionando, al mismo
tiempo, nuestra propia relación con el pensamiento, con la cultura.
2
sommaire
Communiqué
Presse release
Comunicado de prensa
p. 1
Biographie
Oeuvres de Pilar Albarracín dans les collections publiques et privées
p. 4
Bibliographie
Publications - catalogues
p. 5
Extraits de l’entretien entre Pilar Albarracín et Sarah Ligner,
janvier 2014
p. 8
Extraits :
Fabien Faure, Ces animaux qui se glissent dans la peau des hommes
(à propos d’une oeuvre de Pilar Albarracín).
Extrait du catalogue d’exposition Fabulations, édité par
le Centre d’Art le LAIT, 2010
p. 9
Extraits :
Elena Schhetti, Confabulare d’artiste. Extrait du catalogue de
l’exposition Fabulations, édité par le Centre d’art le LAIT, 2010
p. 10
Patrice Joly, extrait du communiqué de l’exposition Safari
(Lieu Unique, Nantes, 2011)
Visuel disponible pour la presse
p. 11
Partenaires
p. 12
3
biographie
Née en 1968 à Séville (Espagne)
Vit et travaille entre Séville et Madrid
www.pilaralbarracin.com
collections publiques
Musée d'art moderne de la Ville de Paris, Paris, France
Fondation Antoine de Galbert, Paris, France
Collection Altadís, Espagne / France
Collection Testimoni de la Caixa de Barcelona, Barcelone, Espagne
Fundación Unicaja, Espagne
Instituto Andaluz de la Mujer, Espagne
Diputación Provincial de Málaga, Espagne
Fundación Montenmedio Arte Contemporáneo, Cádiz, Espagne
Collection de la Consejería de Cultura y Deportes de la Comunidad de Madrid, Madrid, Espagne
MUSAC. Museo de Arte Contemporáneo de Castilla y León, León, Espagne
Centro Andaluz Arte Contemporáneo, Séville, Espagne
Centro de Arte Contemporaneo de Málaga, Málaga, Espagne
Fundación Real Maestranza de Caballería de Sevilla, Séville, Espagne
Espagne Fondation Coca-Cola, Madrid , Espagne
Collection MP, Séville, Espagne
Collection Banco Portugués de Negocios, Lisbonne, Portugal
4
bibliographie
monographies
2012 Le duende volé, Musée Despiau-Wlérick, Mont-de-Marsan, France
2011 Coreografías para la salvación, textes de David Florido et Rosa Martinez, La Conservera,
Murcia, Espagne
2010 Fabulations, Centre d’Art Le Lait, Albi, France
Recuerdos de España, M.ª José Balcells et Carol Yinghua Lu, Institut Cervantes de Tokyo, Japon
2008 Pilar Albarracín, Mortal Cadencia, La Maison Rouge, édition Fage, Lyon, France
2004 Pilar Albarracín, Reales Atarazanas de Sevilla, édition Junta de Andalucía, Séville, Espagne
2003 Pilar Albarracín, édition Actes Sud / Altadis, Paris, France
2002 Buscando a Herr Traumerreger, Fundació la Caixa, Barcelone, Espagne
publications, catalogues
2013 La distance juste, Galerie GP. & N. Vallois, Paris, France
Mon île de Montmajour, commissaire : Christian Lacroix, Abbaye de Montmajour, Arles, France
Au Bazar du genre, MUCEM, Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée, Marseille,
France
2012 The Desire for Freedom. European Art Since 1945, Deutsches Historisches Museum, Berlin,
Allemagne; Palazzo Reale, Milan, Italie ; Kumu Art Museum, Talinn, Estonie, Cracovie, Pologne
2011 Hombres y mujeres en Andalucía. Imágenes desde el arte contemporáneo, Elena Sacchetti,
Fundacíon Pública Andaluza Centro de Estudios Andaluces, Consejería de la Presidencia, Junta
de Andalucía, Séville, Espagne, p. 104-110
La imagen como fábrica. Fotografía contemporánea en Andalucía, Juan-Ramón Barbancho,
Fundación Pública Andaluza Centro de Estudios Andaluces, Consejería de la Presidencia,
Junta de Andalucía, Séville, Espagne, p. 69-71
2010 Identidades sociales y memoria colectiva en el arte contemporáneo andaluz. Fundación Pública
Andaluza Centro de Estudios Andaluces, Consejería de la Presidencia, Junta de Andalucía, Séville,
Espagne, p. 88-103
Feminist Studies, Volume 36, Number 1. University of Maryland, College Park, Maryland, Etats-Unis,
p. 165
Corpus, Nacional Centre for Contemporary Arts (NCCA), Moscou, Russie, p. 8-9
2009 Une forme pour toute action. Le Printemps de Septembre, Toulouse, France, p. 40-41
The Body in Contemporary Art, Sally O’ Reilly, édition Thames & Hudson, Londres, Grande-Bretagne,
p. 75
TINA B., The Prague Contemporary Art Festival, Prague, Tchécoslovaquie, p. 36-37
Corpos Estranhos, fundation Memorial da America Latina, Galerie Marta Traba, Musée d’Art
Contemporain USP, Sao Paulo, Brésil
5
2008 Ideas y propuestas para el Arte en España, Arco, Dirección General de Bellas Artes y Bienes
Culturales, Madrid, Espagne, p. 9
Fluid street. Alone, together, (texte) Maaretta Jaukkuri, Helsinki, Finlande, p. 74-79
Viva la muerte. Arte y muerte en Latinoamérica, Gerald Matt et Álvaro Rodríguez Fominaya, Centro
Atlántico de Arte Moderno, Canarias, Espagne, p. 264-267
2007 De Cuerpo Presente Narrativa del cuerpo en Andalucía, (texte) Juan-Ramón Barbancho, Séville,
Espagne
Global feminism new directions in contemporary art, Brooklyn Museum, New York, Etats-Unis
Os Trópicos : visoes a partir do centro do globo, Centro cultural Banco do Brasil, Rio de Janeiro, Brésil,
p. 192-193
Gehen bleiben. Bewegung, Körper, Ort in der Kunst der Gegenwart, Kunst Museum Bonn, Allemagne,
p. 230
2006 Il corpo postorganico, Teresa Macrí, Costland Editori, Milan, Italie
2005 Dialectis of Hope, 1ère Biennale d'Art Contemporain de Moscou, Moscou, Russie
Always a Little further, 51ème Biennale Internationale d'Art Contemporain de Venise, Italie
Here comes the sun, Magasin3, Stockholm Konsthall, Stockholm, Suède
Çekim Merkezi Centre of Gravity, Istanbul Modern, Istanbul, Turquie
2004 Cuerpos sexuados y ficciones identitarias, (texte) Méndez Lourdes, Séville, Espagne
La Alegría de mis sueños, 1ère Biennale d'Art Contemporain de Séville, Espagne, p.82-85
Las rutas del Arte Contemporáneo en Andalucía, (texte) José Antonio Chacón Álvarez, Fundación
José Manuel Lara Séville, Espagne, édition Rutas Culturales, p. 126-132
2003 The Real Royal Trip, catalogue : Contemporay Art Center, Spanish Ministry of Foreign Affairs,
édition Alanna Heiss, P.S.1, New York, Etats-Unis, p. 59-71
Monocanal, édition Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía, Madrid, Espagne, p. 94-97
2002 Muestra de arte conemporáneo andaluz, édition Centro Cultural de Monte Séville, Madrid,
Espagne
Bello Género, El : Convulsiones y permanencias actuales, édition Comunidad de Madrid, Espagne
Big Sur : Neue spanische Kunst / Arte nuevo español, édition Hamburger Bahnhof - Museum,
Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía, Madrid, Espagne
2001 Arte y naturaleza, édition Fundación Montenmedio Arte Contemporáneo, Vejer de la Frontera
Concerning Spanish Contemporary Art, Ministerio de Asuntos Exteriores, Barcelone, Espagne
Articles de presse (sélection)
2013 Johanna Luyssen, Le souk du genre, in Causette, n°37, juillet-août, p. 92
Roland Yvanez, MuCEM : Noir ou Bleu, il ou elle, qu’avons-nous en commun?, in cesar.fr, 6 juin
Claire Bommelaer, Du rêve méditerranéen à la… question du genre, in Le Figaro, 4 juin, p. 30
n.s., Pilar Albarracín, in Es Madrid no Madriz Magazine, juin, p. 42-57
Anaïs Crouzet, Le MuCEM à la croisée des genres en Méditerranée, in Objectif Méditerranée, juin
Judicaël Lavrador, Les 6 expositions à ne pas manquer, in Beaux-Arts Magazine, n°348, juin, p.138
Caroline Bourgine, Le pur & l’impur, in La revue de la Cité et de la Musique, n°71, janvier-juin, p.20-21
2012 Julie Crenn, Pilar Albarracín : Cosmos Culottes, in Inferno magazine, 28 juin
Roxana Azimi, Les dessous chics, in Le Quotidien de l’Art, 22 juin
Arianne Kupferman Sutthavong, interview : L’origine du Nouveau Monde de Pilar Albarracín, in
toutelaculture.com, 13 juin
J. Elizaren, En la piel de Picasso, in http://www.elcorreo.com, 18 mai
6
2011 Valérie de Maulmin, Les fastes de la Fiac, in Connaissance des Arts, novembre, p. 110-111
Philippe Piguet, Star System, in L’Oeil, novembre, p. 39
n.s Safari art animaliste, in les inrockuptibles, n°809, juin, p. 22
Jeanette Zwingenberger, Pilar Albarracín, in Artpress 2, N°20, février-avril, p. 97
2010 Didier Arnaudet, Pilar Albarracín, in Artpress, n° 371, octobre, p. 85-86
Eric Mangion, Pilar Albarracín. On the Wild Side, édition le Printemps de Septembre, septembre
2009 n.s, Pilar Albarracín, in Artpress, n° 358, juillet-août, p. 8
Thiphaine Le Roy, Pilar Albarracín ou l’envers du folklore, in Libération, 30 juin
Frédéric Bonnet, Réconcilier les Espagnols avec leur passé, in Le Journal des Arts, n°306, 26 juin, p. 13
2008 Jean-Louis Pinte, Une Andalouse à Paris, in Madame Figaro, avril
n.s, Pilar Albarracín, Más allá del olé, in Lamono, avril
Gérard Lefort, Expo Albarracín, in Libération, 16 mars
n.s, Tout feu, tout flamme, in Le Monde, 23 février
n.s, La humillación orgullosa del toro de Albarracín, in El País, 14 février
n.s, Ponemos poca pasión en nuestros actos cotidianos, in La Vanguardia, 27 janvier
David Mangana, Furia ante el espejismo, in Diario de Noticias de Alava, 26 janvier
Txema G. Crespo, La visión de la mujer sacude Monterhermoso, in El País, 26 janvier
2007 Sarah Wildman, Running with the Bulls, in Artnews, septembre, p. 118-119
2006 Celso Martins, Pilar Albarracín, 1er juillet, p. 48-50
2005 Paul Ardenne, 9ème Biennale d’Art Contemporain d’Istanbul, Turquie, in Artpress, n°318, janvier
7
Extraits de l’entretien
entre Pilar Albarracín et Sarah Ligner
janvier 2014
L’âne est un animal qui revient à plusieurs reprises dans vos œuvres. La symbolique de l’âne ne s’attache pas
seulement au folklore hispanique, même si on peut penser éventuellement à Don Quichotte, le roman de Miguel
de Cervantes. Que représente cet animal pour vous ?
Dans la majeure partie de mes travaux, j’aime que des informations se superposent. Mes messages jouent avec
l’ambiguïté entre ce qui est évident et ce qui est dissimulé, latent. La symbolique qui accompagne l’âne, des
fables d’Asie et d’Europe, d’Ésope, Phèdre et tant d’autres, les fabliaux du Moyen Âge, les fables de Jean de La
Fontaine et de Florian, se mêle à mes propres expériences personnelles et les souvenirs de mon enfance dans
le sud de l’Espagne.
Cet âne redressé dans une attitude humaine est très intriguant. Où avez-vous trouvé cet âne naturalisé ? A-t’ il
une histoire particulière ?
Toutes les œuvres que je crée recèlent une histoire particulière… La taxidermie est un moyen que j’ai utilisé
dans plusieurs travaux. L’évolution de son utilisation depuis le XVII e siècle m’intéresse, époque à laquelle elle
est apparue dans les cabinets de curiosités, précurseurs des premiers musées d’histoire naturelle, jusque dans
ses usages les plus contemporains. La taxidermie conserve l’aspect physique de l’animal mais vous offre la
possibilité de modeler son attitude et de l’utiliser dans des représentations d’une apparence réaliste mais
inconcevables dans le monde réel. Le rendre possible dans le contexte de l’art, tel est mon travail.
L’installation Asnería constitue une image à la fois simple et percutante, dont les références historiographiques
(dans la peinture, la gravure et la littérature anciennes) sont multiples (les plus évidentes étant les Caprices de
Goya ou les Fables de la Fontaine). En quoi cependant peut-on dire que cette œuvre est une œuvre
contemporaine ?
Pour nombre de mes œuvres, je puise dans des références formelles très explicites, ainsi dans le cas présent la
série de gravures de Goya, las Asnerias. Leur intention moralisatrice et instructive m’intéresse, de même que
leur dimension formelle. La pensée et la création artistique contemporaine nous offrent la possibilité de
travailler simultanément avec des formes qui renvoient à la tradition, mais qui apparaissent dans un contenu
renouvelé.
Les animaux ont souvent pris la place des hommes dans la littérature, particulièrement dans les fables, pour se
moquer de certains travers humains. Derrière le rire se cache ainsi tour à tour une volonté de dénoncer ou
d’instruire. Souvent, dans vos œuvres, vous privilégiez un ton satirique. Considérez-vous cela comme une arme
politique ?
L’artiste, à travers son œuvre, fait part au reste de la société de ses préoccupations, à la fois personnelles et
politiques. L’art est pour moi un espace de réflexion et le moyen de traduire et de donner une forme plastique
aux préoccupations intérieures de l’être humain. C’est à travers lui que les passions individuelles s’articulent
avec les tensions du contexte social et culturel dans lequel elles naissent. L’humour, l’ironie et le sarcasme me
servent à déconstruire des notions présentées historiquement comme des vérités indiscutables.
Pablo Picasso a déclaré un jour « La peinture n’est pas faite pour décorer les appartements : c’est une arme
offensive et défensive contre l’ennemi ». Avec cette arme, il a réalisé en 1952 une allégorie pour la chapelle de
Vallauris : La Guerre et la Paix. Au-delà de cet engagement politique, l’imagerie de Picasso se nourrit d’un
thème qui vous est également cher : la corrida, où se mêlent animalité, virilité, féminité. Comment situez-vous
votre travail par rapport au sien ?
Plusieurs thèmes récurrents se retrouvent dans nos œuvres, mais le fait qu’il soit un homme et moi une femme
rend nos regards très différents. Nous venons de la même zone géographique, c’est une raison qui peut
expliquer que nous partageons un intérêt commun pour certains sujets liés à ce contexte géographique. Mais
l’époque différente à laquelle appartient chacun de nous apporte des éléments qui distinguent son œuvre de la
mienne. Le lien le plus fort entre nous est cette perception de l’art comme outil politique.
8
extraits de textes
Fabien Faure
Ces animaux qui se glissent dans la peau des hommes (à propos d’une oeuvre de Pilar Albarracín)
Extrait du catalogue d’exposition Fabulations, édité par le Centre d’Art le LAIT, 2010
« Quel est donc cet âne, alors, qui se tient, là, avec son poids d’évidence mystérieuse, réveillant en
nous des restes de croyance dont nous ne serions pas parvenus à nous défaire complètement ?
Et quelle image altérée de l’humanité cet être indécidable donne-t-il à lire ? »
« Le spectateur, que j’imagine aussi surpris que je le fus moi-même, découvre, dans une demipénombre, une installation comportant en son centre un âne dressé sur son séant, trônant au
sommet d’un tas vaguement pyramidal, qui rassemble plusieurs milliers de livres. Si la présence de cet
âne semble, à première vue, peu conforme aux usages d’un lieu dévolu à l’exposition d’œuvres
contemporaines, c’est qu’il s’agit là d’un âne naturalisé, mis en forme, puis mis en scène de sorte qu’il
s’offre physiquement à la vue, tenant entre ses pattes avant un livre à couverture rouge. L’ouvrage, du
reste, semble mobiliser toute son attention. Mais, pour déconcertante qu’elle puisse être dans un
premier temps, l’œuvre porte à considérer trois questions essentielles. La première d’entre elles est
générale, et concerne la physicalité animale dans l’art récent. Découlant directement de celle-ci, la
seconde porte sur le recours, de la part d’artistes contemporains à la taxidermie et à ses objets. La
troisième, enfin, touche aux valeurs symboliques et complexes de l’asinité dans la tradition
occidentale, s’agissant de l’histoire de l’art comme de celle des idées. (…)
L’âne, lecteur de Pilar Albarracín, montre un même « traitement » anthropomorphique de l’animal.
Une telle transformation se donnant comme réversible, il serait tout juste d’y reconnaître
l’animalisation d’une situation humaine, dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle est étrangère à ce
qui constitue la réalité vivante de l’équidé. Aussi l’animal humanisé de l’artiste espagnole apparaît-il
comme infiltré par l’image, par le monde des images, un monde qu’il contamine à son tour, selon un
mimétisme à double sens. S’agissant non plus seulement de représentations iconiques, mais de
constructions symboliques, ce processus rappelle manifestement le dispositif caractéristique de la
fable, dans laquelle l’animal ramené à un archétype n’emprunte pas tant ses traits à la faune des
campagnes et des contrées lointaines qu’à une histoire culturelle lourde d’usages, de devoirs, de
prescriptions et autres règles de conduite.»
« Les livres surnuméraires sur lesquels l’âne est juché ajoutent encore à cette intrusion du réel tout
encombré d’images et de savoirs auxquels on ne sait trop fixer de limite. Car ces ouvrages entassés,
prématurément usés, jaunis et cornés, mais surtout quasiment oubliés car devenus illisibles pour la
plupart d’entre eux, ne connaîtront pas le destin de la moindre des fables d’Esope ou de La Fontaine.
Leur parution n’est certes pas très ancienne, mais sont déjà frappés d’obsolescence (…). Il
n’intéressent déjà plus guère que les marchés aux puces, où certains marchands les achètent au poids.
Car, pour la plupart d’entre nous, que faire, aujourd’hui, des mémoires de quelque obscur ministre
nous entretenant d’un gouvernement de la Troisième République ? Que faire des confidences d’un
général en retraite, jadis reconverti dans l’humanitaire ? Que faire, encore, de la stratégie
commerciale d’un publicitaire « révolutionnaire » et oublié ? (…) Autant dire que cet âne très occupé
a l’air de perdre son temps.»
9
Elena Schhetti
Confabulare d’artiste
Extrait du catalogue de l’exposition Fabulations, édité par le Centre d’art le LAIT, 2010
« Alors que la sagesse populaire regorge de proverbes, d’aphorismes et de dictons dans lesquels les
hommes s’approprient certain comportements, vices ou vertus propres aux animaux, dans les fables
orales ou écrites, ce sont les animaux qui prennent des traits humains ou symbolisent une forme de
critique sociale.
L’on doit à Pierre Pithou et Jacques Sirmond d’avoir, à la fin du XVIième siècle, fait renaître l’intérêt pour
les fables, style aux origines très anciennes. Dans leur sillage, Jean de La Fontaine a sorti de l’oubli les
oeuvres d’Ésope et de Phèdre, permettant leur diffusion en Europe. La littérature du siècle des
Lumières a rendu possible l’interprétation d’une rationalité sous-jacente au camouflage animal et la
reconnaissance de son grand potentiel didactique, alors que la représentation artistique moderne, en
particulier celle de Goya dans ses Caprices, a rendu intemporel un discours graphique social et critique
du point de vue politique.
Ces prémices nous situent aux portes d’un monde de « fabulations » dans lequel Pilar Albarracín
pénètre et qu’elle parcourt pour nous le transmettre de nouveau avec son style narratif particulier.
Les écrits des anciens hommes de lettres deviennent sculpture, projection vidéo, dans des installations
où l’aspect pédagogique originaire du genre glisse vers le ton de l’invective propre aux
réinterprétations caractéristiques de Goya.
Pilar Albarracín se livre à une critique sous-jacente, en aucun moment explicite et parfois atténuée par
un léger humour. Elle fait référence à une série de symboles et de figures dont la signification,
socialement convenue, est profondément enracinée dans notre culture et constitue le contrefort de
l’imaginaire collectif. Dans toute l’œuvre de l’artiste espagnole, le recours à l’allégorie et à la figure
métaphorique vient enrichir le langage employé. (...)
En référence directe aux célèbres Asnerías [Âneries] de Goya et, en particulier, au Caprice 37 – ¿Si lo
sabrá más el discípulo? [Le disciple peut-il en savoir plus que le maître ?] – et au Caprice 39 – Hasta su
abuelo [Jusqu’à son aïeul] –, dans lesquels l’âne était le symbole de l’ignorance et représentait la
stupidité des puissants, Pilar Albarracín a réalisé une installation dans laquelle un âne, juché sur une
pyramide de livres ayant été apparemment tous lus, lit attentivement un traité d’art. Elle évoque ainsi
le pouvoir des élites dominantes, soi-disant cultivées et instruites, qui assoient leur autorité sur une
connaissance éphémère et sur l’étalage de leur érudition. Elle cherche aussi à provoquer un système
qui attribue une valeur à une oeuvre, un créateur ou à des idées. Avec cette installation, l’artiste
espagnole soulève sans détour et avec une volonté de revendication une question qui a suscité dans
les sciences sociales un intérêt d’ordre davantage explicatif. (...) Ainsi, comme le suggère Pilar Albarracín, l’art ne serait pas exempt de l’« ordre de domination » qui gouverne la plupart des aspects de la
vie sociale. »
Patrice Joly
Extrait du communiqué de l’exposition Safari
(Lieu Unique, Nantes, 2011)
« Avec son installation monumentale d’un âne trônant sur une montagne de livres, Pilar Albarracin
reprend les codes de la tradition fabuliste : l’utilisation du camouflage de l’animal pour exprimer un
certain nombre de sentences, remettre en question des états de fait ou encore contester l’ordre
social. À la fin du XVIIIème siècle émerge la figure de Goya et de ses Âneries que l’artiste espagnole
connaît bien ; ces dernières reprennent le motif de l’animal dans des micro-allégories acides visant
avant tout l’édifice politique. Il semble bien qu’avec cet âne à contre-emploi sur son monde de livres,
on assiste à la reprise de cette forme perpétuelle de la critique d’une élite juchée sur des montagnes
de marchandise intellectuelle mais dont on soupçonne le contact pour le moins superficiel d’avec leur
contenu.»
10
visuel disponible pour la presse
Pilar Albarracín, Asnería, 2010,
livres et âne naturalisé,
dimensions variables,
Production Centre d’Art LE LAIT
© cliché Phoebé Meyer
© Pilar Albarracín
courtesy Galerie Georges-Philippe
et Nathalie Vallois, Paris
11
partenaires
Dans le charme d'un quartier plus que millénaire et aux abords du
musée Chagall où soufflent l'art et l'esprit, s'élève dans un écrin
de verdure et entouré de demeures aux allures royales, le Petit
Palais, lieu où vécu autrefois l'un de nos plus illustres hommes de
théâtre et écrivain, Sacha Guitry. Un lieu où règnent calme et
raffinement, idéal pour la détente, la culture ou les affaires.
C’est dans cet esprit, où l’art a toujours été mêlé à la vie de ce
merveilleux petit hôtel, que Le Petit Palais a le plaisir de s’associer
aujourd’hui aux événements du musée national Marc Chagall.
Le Petit Palais
17 Avenue Emile Bieckert
06000 Nice
Tél. : +33 (0)4 93 62 19 11
Le Bistrot chic « Café Llorca » du Chef étoilé Alain Llorca est sur la célèbre
place de l’Homme au Mouton de Picasso, à Vallauris. «Vallauris évoque
pour moi des moments privilégiés lorsque tout enfant je me promenais
avec ma famille dans ce beau village. Tout naturellement, c’est là que j’ai
crée mon 1er Café Llorca.». Alain Llorca
C’est en souvenir de la grâce de ces moments que Llorca passait à
Vallauris dans les pas de Picasso, qu’il ouvre sa table au musée national
Pablo Picasso, La Guerre et la Paix le temps d’un partenariat.
Café Llorca Vallauris
Place Paul Isnard
06220 Vallauris
Tél. : +33 (0)4 93 33 11 33
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