L`avant Master System

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L`avant Master System
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L’avant Master System
E
n 1983, Nintendo lance au Japon ce qui va devenir un véritable phénomène de société : la Family Computer,
plus communément appelée Famicom. Deux ans plus tard, SEGA alimente le marché nippon de sa Mark III,
déclinée en Occident sous le nom de Master System. On pourrait penser que l’histoire des consoles, pour le
constructeur, débute en ce milieu des années quatre-vingt et qu’elle va se poursuivre dans les années
quatre-vingt-dix avec l’émergence de machines toujours plus sophistiquées. Mais ce serait aller un peu vite en
besogne, en oubliant que SEGA s’est bien confrontée à Nintendo dès l’année 1983, avec l’arrivée de la SG-1000.
Nous allons retracer ici l’évolution de SEGA à travers ces consoles assez méconnues.
F
orte de son succès avec sa
borne d’arcade Periscope en
1968, SEGA devient un acteur majeur du marché du divertissement. Il
faut dire que sa première tentative
en la matière marque les esprits.
Periscope est en effet la plus grande
borne d’arcade jamais réalisée à
l’époque et les retours sont plus
que positifs, si bien qu’Américains
et Européens se renseignent pour
obtenir le droit de la distribuer sur
leur continent respectif. S’ensuit
une décennie ponctuée de nombreuses réussites, la firme allant
de trouvaille en trouvaille. C’est en
1976 qu’elle conçoit le logo que nous
connaissons tous, le fameux SEGA
avec ses lettres bleues traversées
d’un sillon blanc.
En 1983, David Rosen, le créateur attitré de la firme, quitte son
poste à la tête de SEGA of America. Avec des fonds personnels, il
rachète la société de distribution
d’Hayao Nakayama, son collaborateur de longue date. Entre les
deux hommes, il existe une véritable relation de confiance. L’idée
de Rosen est de relancer SEGA au
Japon et d’en faire une place incontournable du divertissement. Pour
trente-huit millions de dollars, il
acquiert les parts de l’entreprise
de son ami et lui laisse les rênes.
Hayao Nakayama est un homme
de caractère, qui a dû se battre
pour contrecarrer la volonté de ses
parents de faire de lui un médecin.
Othello Multivision FG-1000
Conçue par la société Tsukuda Original, la console Othello Multivision FG-1000 n’est
autre qu’un clone de la SG-1000. Capable d’accueillir les cartouches SG-1000 –
­SC-3000, il s’agit d’un système qui inclut également le jeu Othello (à l’instar de
la Master System II avec Alex Kidd). D’autres jeux et logiciels, produits par la
marque Othello Multivision, sont également proposés aux consommateurs.
C’est une sorte de « version plus » de la SG-1000 de base. L’idée de SEGA était
de faire de la SG-1000 un standard comme le MSX mais la sauce n’a pas véritablement pris. Tsukuda Original sortira également, quelque temps plus tard, l’Othello
Multivision FG-2000, avec un port contrôleur secondaire.
SUBROC-3D.
Malgré ses études de médecine, il
a rapidement abandonné son cabinet pour se concentrer sur l’univers du commerce. Très ouvert à
la culture occidentale et parlant
l’anglais couramment, l’entrepreneur se lance alors dans une course
contre la montre en matière de
recherche et développement. En
1982, SEGA lance Zaxxon, qui n’est
autre que le premier jeu de tir en
vue isométrique. Un an plus tard,
la société récidive avec SUBROC3D qui, comme son nom l’indique,
utilise bel et bien de la 3D, ou plutôt de la stéréoscopie, qui donne
une impression de relief bluffante
pour l’époque.
Ouverture d’un marché
Au début des années quatrevingt, le Japon voit débarquer les
premiers ordinateurs personnels,
dont les claviers se branchent sur
le téléviseur. C’est le cas notamment du MSX. SEGA souhaite alors
surfer sur cette vague et lance en
1982 la conception d’un système
informatique visant à ouvrir cet
univers assez fermé (ou en tout cas
complexe) à des novices. Première
surprise et non des moindres, les
ingénieurs de SEGA s’appuient sur
les caractéristiques techniques de
la Colecovision pour architecturer
leur ordinateur personnel, qu’ils appellent SC-3000. Comme la console
de CBS, le nouveau-né transporte
16 ko de RAM et peut afficher jusqu’à
seize couleurs simultanément. Le
tout est orchestré par un processeur
central NEC cadencé à 3,58 Mhz.
Autant dire que le SC-3000 est plutôt
une belle bête. Il utilise un langage
BASIC assez proche de celui de Microsoft, capable d’analyser jusqu’à
quatre-vingt-onze commandes. En
revanche, à cause d’une mémoire
morte (ROM) quasi absente, l’utilisateur doit charger le programme
BASIC à chaque allumage de l’ordinateur via une cartouche séparée. Dans un premier temps, SEGA
compte le lancer au printemps 1983
mais un incident de dernière minute
va réfréner ses ardeurs : son concurrent direct, Nintendo, s’apprête à
lancer au mois de juillet une console
de salon dont l’ambition est de révolutionner le jeu vidéo, tout en l’amenant au cœur des foyers familiaux.
Pour contrer cette annonce, SEGA et
Hayao Nakayama décident de créer
à leur tour une console de salon, la
SG-1000 (pour SEGA Game 1000),
basée sur l’architecture du SC-3000.