L`enfant un bien de consommation comme un autre

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L`enfant un bien de consommation comme un autre
L'enfant un bien de consommation comme un autre Le ventre des femmes une marchandise comme une autre C'est parce qu’il considère que le petit X. âgé de seulement 20 mois lui appartient pour être selon lui conçu de ses gènes, que Yoann Delorme à la rage et la haine, que les juges sont des voleurs et qu' il jure sur la tête de sa mère qu'il ira Jusqu’ au bout.( France 2 mardi 25/11/14) que les juges lui ont volé son cadeau de NOEL (sic ) Ce fait divers a enflammé les médias le temps que le sensationnel de l'événement ne laisse place à un autre fait divers. Alors que la famille adoptive du petit X. Attendait la décision de la cour d appel de Rennes qui allait sceller le destin de l ´enfant un autre enfant du même âge, objet d'un conflit entre ses parents sépares tombait malencontreusement ou intentionnellement du parapet d'un pont ou il faisait ses premiers pas à 21heures un soir d’hiver. Crime ou accident l'enquête le dira.. La liste est longue de ces enfants enjeu des conflits d’adultes. Enfant butin, enfant cadeau de Noel l''enfant-­‐roi est aussi un enfant martyr. . Cet enfant là qui attise toutes les convoitises n'est plus une personne il est devenu un bien que chacun doit avoir pour satisfaire son patrimoine affectif. Alors qu'il devrait être un sujet de droit, il est devenu un objet de droit. Le droit à l'enfant a pris le pas sur les droits de l'enfant. Un enfant ballotté dans un double mouvement paradoxal, sublimant le tout biologique, et valorisant le tout affectif, les décisions judiciaires le concernant ont toutes pour fil rouge l’intérêt de l'enfant, que l'on peine cependant à comprendre tant il parait peu cohérent et défini souvent à l'aulne de l'intérêt particulier des adultes qui se le disputent ou se l’arrachent. Pour mémoire, dans les années 1960 la France assistait médusée à des faits divers déchirant d’enfants placés dans leurs familles adoptives et réclamés à des âges avancés 2, 3, 4 ans par des familles biologiques. A l’époque quand un parent de naissance ne souhaitait pas garder son enfant, il pouvait le déposer à la DDASS ou à des œuvres privées, et la mère au moment de son accouchement pouvait bénéficier de l’anonymat. L’enfant recueilli était alors confié en adoption. Le cadre de l’adoption était alors possiblement remis en cause durant de longues années et l’enfant retiré à sa famille adoptive pour être rendu à sa famille dit biologique. Alarmée par ces situations et consciente des dégâts psychiques que ces séparations brutales causées aux enfants, l’opinion publique vota en 1966 l’adoption plénière, une filiation définitive et substitutive à la filiation biologique, et ce une fois le délai de rétraction accordée aux parents de naissance dépassé, à savoir trois mois. Ce délai est aujourd’hui de deux mois. Pendant ce temps les futurs parents adoptifs doivent passer par un long parcours d’enquêtes sociale, médicale et psychologique pour avoir leur agrément. Un demi-­‐siècle plus tard, un enfant abandonné à la naissance puis placé dans une famille en vue d’être adopté, fait à 20 mois la une des médias, bafouant ses droits fondamentaux à une vie privée. Son histoire est étalée, son intimité révélée. L’enfant abandonné ne semble alors plus une personne, il perd ses droits de naissance d’être protégé par un contexte juridique qui reconnait à l’enfant son statut d’être humain. Quant à la femme qui l'a mis au monde dans le cadre légal du droit des femmes-­‐ accouchement dit sous X-­‐ elle voit son nom exposé. Derrière cette affaire peu sensible aux droits des femmes et des enfants, un homme réclame l’enfant telle une chose qu’on lui aurait volée, affirmant haut et fort qu’il lui changera même son prénom pour mieux se l’approprier. Il s’autoproclame sur un mode musclé et persuasif le père de l’enfant (à ce jour pas de recherche ADN n’ont été faites) et les médias relaient ses paroles, et celles de ses habiles et polémiques avocats qui savent tirer les ficelles de deux sujets maintes fois exploités : l’homme victime du pouvoir d’enfanter des femmes et l’enfant né sous X privé de ses origines. La ficelle est grosse mais toujours aussi efficace : mettez en avant deux bons vieux thèmes explosifs pour faire oublier l’essentiel. A l’heure de la quête de l’égalité, à l’heure où le droit des hommes et des femmes devraient pouvoir se re-­‐questionner au regard des progrès-­‐PMA, FIV, Don de gamètes-­‐Mère porteuse-­‐
qui posent la question centrale de qu’est-­‐ce qu’être père, qu’est-­‐ce qu’être mère ?, le débat s’embourbe, manque de hauteur et de dignité, réduisant l’homme et la femme en guerriers et l’enfant en butin. A l’heure où se dessine les 40 ans de combat du droit des femmes-­‐loi Veil-­‐ la femme et son ventre restent à la merci d’une société paradoxale et ambivalente qui n’en finit pas de vouer une haine féroce et contagieuse à l’organe le plus politique de la femme-­‐ son ventre-­‐ allant jusqu’à attaquer les droits de l’enfant enfanté. Dans l’affaire qui nous occupe si une faute administrative a été commise, ayons le courage de la reconnaitre et plaçons l’enfant au cœur de ses besoins et de ses droits : droit dès la naissance à une famille, droit à la stabilité, droit à la vie privée. Pour éviter qu’un autre enfant demain soit dans la tourmente de querelles d’adultes, travaillons à la reconnaissance de droits clairs et égaux de l’homme et de la femme et ne tombons pas dans le cliché du fait divers qui déshumanise les questions centrales qu’il soulève. Sophie Marinopoulos Mary Plard Psychanalyste avocate-­‐ droit de la famille « Combattre les petites philosophies du pénis » « paternités imposées » Editions LLL 2012 Editions LLL 2013