Un sacrifice d`action de grâce

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Un sacrifice d`action de grâce
Pause Carême 2012
Anne-Noëlle Clément, Déléguée diocésaine à l’oecuménisme
et chargée de formation pour le Diocèse de Valence
ainsi que directrice d’Unité Chrétienne à Lyon
Mardi 6 mars
Un sacrifice d’action de grâce
Je vous propose de méditer aujourd’hui le psaume de la liturgie de ce jour dans lequel il est question de
sacrifice, et même d’holocauste1.
Quelle que soit sa forme, le sacrifice dans les religions antiques était destiné à établir ou rétablir la
communion entre les hommes et Dieu, à s’attirer les bonnes grâces de la divinité.
Dans le judaïsme ancien, le sacrifice se situait dans le cadre de l’Alliance entre Dieu et son peuple, on offrait
dans le Temple des sacrifices pour le péché, des sacrifices de communion et des sacrifices d’action de grâce.
Dieu aimerait-il les sacrifices, en a-t-il besoin pour pardonner à son peuple ? Le psaume semble hésiter, il fait
dire à Dieu : « vais-je manger la chair des taureaux et boire le sang des béliers ? ». Dieu ne prend pas plaisir à
ce que les humains lui offrent, il n’en a pas besoin, l’important est le sens, la signification de ce qui est fait.
Tous les prophètes d’Israël insistent : les sacrifices sont vains s’ils ne sont pas accompagnés d’une vie dans la
fidélité à l’Alliance et la justice entre les hommes.
Puisque le temps des sacrifices sanglants dans le Temple de Jérusalem est révolu, les chrétiens doivent-ils
offrir d’autres sacrifices, par exemple en se privant de ce qui leur fait plaisir ? C’est dans ce sens que le
dictionnaire comprend le mot “sacrifice“ : « un renoncement volontaire ou forcé à un bien ». Dieu a-t-il
besoin que nous nous imposions des privations pour nous pardonner ? Dieu se plairait-il à notre souffrance,
souffrance qui serait signe de notre désir de conversion ? A trop insister sur cette dimension du sacrifice, c'està-dire sur son versant négatif2, nous faisons du Carême un temps de peines et de renoncements, avec nos
tristes “faces de Carême”… Peut-être avons-nous à redécouvrir l’autre côté du sacrifice, le versant positif :
l’offrande, le don, l’oblation ? L’abbé Pierre disait : « On ne possède vraiment que ce que l'on est capable de
donner. Autrement on n'est pas le possesseur, on est le possédé. » Redécouvrir que la dépossession libère, que
ce que l’on garde serré contre soi meurt étouffé mais que le don se multiplie à profusion…
N’oublions pas qu’en christianisme, le dynamisme du sacrifice est inversé : c’est Dieu qui, en Jésus, nous a
ouvert l’accès au sanctuaire, une fois pour toutes, et s’offre à nous. Dans la foi chrétienne, les hommes n’ont
pas à offrir des sacrifices à Dieu pour entrer en communion avec Lui et être pardonnés. Le mouvement
premier est descendant : c’est Dieu qui se donne, et l’homme ne fait que répondre à ce don de Dieu, il n’a
qu’à accueillir cet amour premier.
1
2
négatif.
Un holocauste était un sacrifice où la victime était brûlée.
Tout sacrifice comporte deux versants : l’offrande ou oblation, versant positif, et la destruction ou l’immolation, versant
Le psaume invite le lecteur à offrir à Dieu « le sacrifice d’action de grâce ». Qu’est-ce à dire pour nous
aujourd’hui ? Le sacrifice d’action de grâce est acte de reconnaissance envers Dieu de qui tout vient, Dieu qui
nous donne en surabondance, acte d’offrande prélevée sur ce que nous avons reçu de Lui. Les paroles de
l’Offertoire de la messe le disent ainsi : « tu es béni, Dieu de l’univers, toi qui nous donnes ce pain, fruit de la
terre et du travail des hommes, nous te le présentons… » Cette prière exprime magnifiquement que tout vient
de Dieu, « toi qui nous donnes ce pain », et que pourtant ce pain vient et de la terre qui a fait pousser le blé, et
de notre travail qui a semé, moissonné et transformé le blé en farine puis en pain. Le sacrifice d’action de
grâce est une attitude eucharistique.
« Qui offre le sacrifice d’action de grâce, celui-là me rend gloire. »
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